{"165242":{"id":"165242","parent":"165079","time":"1575041393","url":"http:\/\/newsnet.fr\/165242","source":"http:\/\/reporterre.net\/A-DEC-Made-in-Bangladesh-le-combat-des-ouvrieres-textiles-pour-une-vie-digne-Made-in","category":"R\u00e9seau social","title":"Au Bangladesh, la bataille pour la vie des ouvri\u00e8res du textile","catalog-images":"5\/\/4\/2\/newsnet_165242_c4955c.jpg\/newsnet_165242_1aaa17.jpg\/newsnet_165242_d3c07f.jpg\/newsnet_165242_3RqP4o9xAls.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165242_1aaa17.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/au-bangladesh-la-bataille-pour-la-vie-des-ouvrieres-du-textile","admin":"newsnet","views":"420","priority":"2","length":"11052","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003ELe film \u00ab Made in Bangladesh \u00bb, de Rubaiyat Hossain, raconte le quotidien et le combat pour leurs droits d'un groupe d'ouvri\u00e8res de l'industrie du textile bangladaises. Cette fiction s'inspire de la vie de Daliya Akter, que Reporterre a rencontr\u00e9e.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EShimu, 23 ans, travaille dans une usine de pr\u00eat-\u00e0-porter \u00e0 Dacca, au Bangladesh. Soumise \u00e0 des conditions de travail de plus en plus dures, elle d\u00e9cide de monter avec ses coll\u00e8gues toutes des femmes un syndicat, malgr\u00e9 les menaces continues de la direction et le d\u00e9saccord de son mari. Se d\u00e9roulant en 2013, le film \u003Ci\u003EMade in Bangladesh\u003C\/i\u003E, dont \u003Ci\u003EReporterre\u003C\/i\u003E est partenaire, raconte le combat de cette jeune femme, sa lutte salvatrice contre l'exploitation du \u003Ci\u003E\u00ab manageur \u00bb\u003C\/i\u003E, l'autorit\u00e9 d'un mari au ch\u00f4mage et la \u003Ci\u003E\u00ab la pression d'en haut \u00bb\u003C\/i\u003E, qui impose au minist\u00e8re du Travail de ne pas donner la signature finale n\u00e9cessaire \u00e0 la cr\u00e9ation du syndicat.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003EMade in Bangladesh\u003C\/i\u003E est une fiction mais s'inspire de la vie r\u00e9elle de Daliya Akter, une ouvri\u00e8re du textile bangladais. \u00c0 l'\u00e2ge de 12 ans, a-t-elle racont\u00e9 \u00e0 \u003Ci\u003EReporterre\u003C\/i\u003E, Daliya a fui sa famille et la campagne pour Dacca, la capitale du pays, apr\u00e8s avoir \u003Ci\u003E\u00ab pris peur \u00bb\u003C\/i\u003E lorsque ses parents l'ont \u003Ci\u003E\u00ab donn\u00e9 en mariage \u00e0 [son] cousin \u00bb\u003C\/i\u003E de 40 ans. \u00c0 Dacca, elle \u00e9tait log\u00e9e par un autre cousin mais a rapidement cherch\u00e9 du travail car ce dernier \u003Ci\u003E\u00ab battait sa femme et ses enfants \u00bb\u003C\/i\u003E. Daliya assistait \u003Ci\u003E\u00ab \u00e0 de nombreuses violences \u00bb\u003C\/i\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003E\u00ab On devait se cacher dans les toilettes quand des enqu\u00eateurs publics venaient inspecter \u00bb\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAu bout d'un mois dans la capitale, elle a trouv\u00e9 un emploi dans une usine de chaussures et a commenc\u00e9 \u00e0 travailler, malgr\u00e9 son jeune \u00e2ge. Cette ill\u00e9galit\u00e9 ne posait pas de probl\u00e8me au \u003Ci\u003E\u00ab manageur \u00bb\u003C\/i\u003E qui \u003Ci\u003E\u00ab connaissait tr\u00e8s bien [l'\u00e2ge de Daliya et de ses coll\u00e8gues] gr\u00e2ce au dossier de vaccination \u00bb\u003C\/i\u003E, mais ordonnait aux mineures de se \u003Ci\u003E\u00ab cacher dans les toilettes quand des enqu\u00eateurs publics venaient inspecter \u00bb\u003C\/i\u003E. Le travail des enfants \u003Ci\u003E\u00ab se serait am\u00e9lior\u00e9 \u00bb\u003C\/i\u003E depuis l'effondrement du Rana Plaza [\u003Ca href=\"#nb1\" id=\"nh1\"\u003E1\u003C\/a\u003E], et les enqu\u00eateurs feraient \u003Ci\u003E\u00ab plus attention maintenant \u00bb\u003C\/i\u003E, a dit Daliya \u00e0 \u003Ci\u003EReporterre\u00ad\u003C\/i\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165242_c4955c.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003EDaliya Akter, inspiratrice du film, devant les personnages de \u00ab Made in Bangladesh \u00bb.\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003E\u00c0 cette \u00e9poque, en tout cas, les conditions sanitaires et de s\u00e9curit\u00e9 \u00e9taient particuli\u00e8rement dangereuses pour les ouvri\u00e8res et les ouvriers. Au bout de quelques mois, \u003Ci\u003E\u00ab \u00e0 cause de la pollution et de la fum\u00e9e dans l'usine \u00bb\u003C\/i\u003E, Daliya tomba gravement malade et rentra chez ses parents pour se r\u00e9tablir. Lors de son retour \u00e0 Dacca, elle fut embauch\u00e9e dans une usine de pr\u00eat-\u00e0-porter, o\u00f9 elle gagnait 350 takas (autour de 3,5 euros) par jour, somme dont elle envoyait la moiti\u00e9 \u00e0 sa famille ce qu'elle fait \u003Ci\u003E\u00ab encore aujourd'hui \u00bb\u003C\/i\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais Daliya une \u003Ci\u003E\u00ab combattante \u00bb\u003C\/i\u003E, aux yeux de Rubaiyat Hossain, la r\u00e9alisatrice du film ne s'est pas content\u00e9e de son sort et s'est engag\u00e9e dans un combat syndical d\u00e9termin\u00e9 aux c\u00f4t\u00e9s de ses coll\u00e8gues. Une amie de l'usine dot\u00e9e d'une exp\u00e9rience syndicale lui a appris ses droits un terme \u003Ci\u003E\u00ab que je ne connaissais m\u00eame pas \u00bb\u003C\/i\u003E, dit-elle. Ses coll\u00e8gues sont rapidement devenues ses amies, \u00e0 la fois par la proximit\u00e9 physique dans l'usine et par la longue marche quotidienne \u003Ci\u003E\u00ab jusqu'\u00e0 une heure ensemble \u00bb\u003C\/i\u003E qu'elles faisaient pour rejoindre l'usine. C'est cette solidarit\u00e9 qui \u003Ci\u003E\u00ab nous a permis de r\u00e9colter assez de signatures \u00bb\u003C\/i\u003E, explique Daliya.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EElle et ses amies ont subi de nombreuses menaces, de leur patron et de leur famille. \u003Ci\u003E\u00ab Le manageur a appel\u00e9 plusieurs fois des membres de ma famille. D'abord, mon p\u00e8re, qui, avec ma m\u00e8re, m'a demand\u00e9 de sortir de l\u00e0. \u00bb\u003C\/i\u003E \u00c7a a ensuite \u00e9t\u00e9 le tour de son mari, \u003Ci\u003E\u00ab \u00e0 qui le manageur a propos\u00e9 un pot-de-vin, en lui disant que je n'avais plus besoin de travailler \u00bb\u003C\/i\u003E. Quant au minist\u00e8re du Travail, Daliya \u003Ci\u003E\u00ab sentait la r\u00e9sistance de la haute administration, un blocage au-dessus \u00bb\u003C\/i\u003E. Ce moment difficile, o\u00f9 \u003Ci\u003E\u00ab s'\u00e9taient accumul\u00e9es des pressions de tous les c\u00f4t\u00e9s \u00bb\u003C\/i\u003E, a rendu la jeune femme \u003Ci\u003E\u00ab pr\u00eate \u00e0 se suicider \u00bb\u003C\/i\u003E. \u003Ci\u003E\u00ab Apr\u00e8s \u00eatre all\u00e9e plusieurs fois, deux ou trois fois par semaine \u00bb\u003C\/i\u003E au minist\u00e8re sans obtenir de r\u00e9ponse du bureaucrate, Daliya a fini par le menacer de se pendre dans son bureau s'il n'autorisait pas le syndicat. Il a donc fini par signer l'autorisation.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003E\u00ab Le Bangladesh est en m\u00eame temps b\u00e9n\u00e9ficiaire et victime de la \"fast-fashion\" \u00bb\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAu Bangladesh, environ quatre millions d'ouvri\u00e8res et d'ouvriers sont employ\u00e9s \u00e0 bas co\u00fbt dans quelque 4.500 ateliers de textile, dans lequel les femmes parfois mineures repr\u00e9sentent 85 % de la force de travail. C'est un secteur d'activit\u00e9 vital pour le pays, qui lui rapporte 30 milliards d'euros par an et repr\u00e9sente 80 % de ses exportations, principalement \u00e0 destination de l'Europe et de l'Am\u00e9rique du Nord. Mais la premi\u00e8re industrie du pays continue de sous-payer ses ouvriers.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL\u00e0 est tout le paradoxe du Bangladesh. Selon \u003Ca href=\"https:\/\/www.banquemondiale.org\/fr\/news\/feature\/2016\/10\/14\/rising-bangladesh-brings-hope-ambition-and-innovation-to-end-poverty\"\u003Ela Banque mondiale\u003C\/a\u003E, le pays conna\u00eet depuis dix ans une croissance \u00e9conomique exceptionnelle gr\u00e2ce aux exportations de textile, qui lui a permis de faire chuter de plus de 20 % le taux d'extr\u00eame pauvret\u00e9 dans le pays en quinze ans. J\u00e9r\u00e9mie Codron, sp\u00e9cialiste de ce pays et enseignant \u00e0 l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) de Paris estime ainsi que \u003Ci\u003E\u00ab le Bangladesh est en m\u00eame temps b\u00e9n\u00e9ficiaire et victime de la\u003C\/i\u003E \u003Ca href=\"https:\/\/reporterre.net\/Quoi-mes-vetements-polluent-Voici-comment-m-habiller-ecolo\"\u003Efast-fashion\u003C\/a\u003E \u00bb b\u00e9n\u00e9ficiant d'une croissance de l'emploi mais sous l'emprise d'une \u003Ci\u003E\u00ab demande pressurant les ouvriers locaux \u00bb\u003C\/i\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ER\u00e9pondant \u00e0 la demande grandissante de pr\u00eat-\u00e0-porter en Europe et aux \u00c9tats-Unis, qui captent \u003Ca href=\"https:\/\/www.tresor.economie.gouv.fr\/Articles\/2018\/12\/27\/le-commerce-exterieur-du-bangladesh-en-2017\"\u003Eplus de 60 % des exportations bengalis\u003C\/a\u003E, ces usines servent de fournisseurs aux multinationales occidentales. C'est le cas par exemple du g\u00e9ant du pr\u00eat-\u00e0-porter Zara qui \u003Ci\u003E\u00ab puise largement l'efficacit\u00e9 de son mod\u00e8le dans la main-d'œuvre sous-pay\u00e9e qui fabrique ses produits en Turquie, en Inde ou au Bangladesh, en d\u00e9pit des profits colossaux que g\u00e9n\u00e8rent l'enseigne et sa maison-m\u00e8re \u00bb,\u003C\/i\u003E selon \u003Ca href=\"https:\/\/ethique-sur-etiquette.org\/Le-cout-du-RESPECT-selon-Zara-1368\"\u003Ele rapport du collectif \u00c9thique sur l'\u00e9tiquette\u003C\/a\u003E. L'enseigne captant 90 % des b\u00e9n\u00e9fices g\u00e9n\u00e9r\u00e9s par les diff\u00e9rents acteurs de la cha\u00eene, l'ONG propose \u003Ci\u003E\u00ab une r\u00e9partition de la valeur qui prend en compte le versement d'un salaire vital \u00e0 l'ensemble des salari\u00e9s de la cha\u00eene d'approvisionnement \u00bb\u003C\/i\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EUne forte \u003Ca href=\"https:\/\/www.acte-international.com\/web\/aw_16642\/fr\/bangladesh-hausse-du-salaire-minimum-dans-l-industrie-textile-habillement\"\u003Erevalorisation du salaire minimum est intervenue en d\u00e9cembre 2018\u003C\/a\u003E, jusqu'\u00e0 82 euros par mois, et ce alors qu'il n'avait pas augment\u00e9 depuis 2013. Mais cette hausse \u003Ci\u003E\u00ab a plut\u00f4t suscit\u00e9 la col\u00e8re \u00bb\u003C\/i\u003E des syndicats ouvriers, explique Nayla Ajutlouni, d'\u00c9thique sur l'\u00e9tiquette. Ils en demandaient le double, au vu de l'augmentation du co\u00fbt de la vie et notamment du logement. Pour M\u003Csup\u003Eme\u003C\/sup\u003E Ajutlouni, \u003Ci\u003E\u00ab le niveau des salaires reste trop bas, avec des heures de travail d\u00e9mesur\u00e9es et une forte r\u00e9pression des syndicats ou des manifestations \u00bb\u003C\/i\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/youtube.com\/watch?v=3RqP4o9xAls\" target=\"_blank\"\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-chain\"\u003E\u003C\/span\u003E youtube\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165242_d3c07f.jpg\" \/\u003E\u003Cbr \/\u003E\n\u003Cul\u003E\u003Cli\u003E\u003Cb\u003EMade in Bangladesh\u003C\/b\u003E, film de Rubaiyat Hossain, 2019, 1 h 30. Au cin\u00e9ma le 4 d\u00e9cembre. \u003Ci\u003EReporterre\u003C\/i\u003E est partenaire du film.|\u003C\/li\u003E\u003C\/ul\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh1\" id=\"nb1\"\u003E1\u003C\/a\u003E] Le 24 avril 2013, le Rana Plaza, immeuble abritant des ateliers de confection textile, s'est effondr\u00e9, tuant 1.138 travailleuses et travailleurs et en blessant plus de 2.000 autres.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ESource :\u003C\/b\u003E Victor Chaix pour \u003Ci\u003EReporterre\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EPhotos :\u003C\/b\u003E \u00a9 \u003Ci\u003EMade in Bangladesh\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/reporterre.net\/A-DEC-Made-in-Bangladesh-le-combat-des-ouvrieres-textiles-pour-une-vie-digne-Made-in\"\u003Ereporterre.net\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E"}}