{"165406":{"id":"165406","parent":"0","time":"1575367958","url":"http:\/\/newsnet.fr\/165406","source":"http:\/\/reseauinternational.net\/somalisation-du-sahel-senliser-sadapter-ou-partir\/","category":"Afrique","title":"Somalisation du Sahel - S'enliser, s'adapter ou partir ?","catalog-images":"5\/\/2\/newsnet_165406_140dac.jpg\/newsnet_165406_883209.jpg\/newsnet_165406_46b079.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165406_46b079.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/somalisation-du-sahel-s-enliser-s-adapter-ou-partir","admin":"newsnet","views":"343","priority":"3","length":"29075","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165406_46b079.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003Epar Richard Lab\u00e9vi\u00e8re.\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe 25 novembre dernier, un h\u00e9licopt\u00e8re de combat \u003Ci\u003ETigre\u003C\/i\u003E et un h\u00e9licopt\u00e8re de transport de type \u003Ci\u003ECougar\u003C\/i\u003E se sont \u00e9cras\u00e9s apr\u00e8s s'\u00eatre heurt\u00e9s lors d'une op\u00e9ration de combat men\u00e9e dans le sud-est du Mali. Treize militaires fran\u00e7ais ont p\u00e9ri dans ce crash qui a eu lieu dans la soir\u00e9e. Selon les premiers \u00e9l\u00e9ments de l'enqu\u00eate, la collusion entre les deux a\u00e9ronefs, \u00e9voluant \u00e0 tr\u00e8s basse altitude, serait \u00e0 l'origine du choc. Ils participaient \u00e0 une op\u00e9ration d'appui aux commandos de la force \u003Ci\u003EBarkhane\u003C\/i\u003E. Engag\u00e9es au sol depuis quelques jours, les Forces sp\u00e9ciales traquaient un groupe de terroristes, rep\u00e9r\u00e9 quelques heures plus t\u00f4t, \u00e9voluant en pick-up et \u00e0 moto. Appuy\u00e9 par une patrouille de \u003Ci\u003EMirage 2000,\u003C\/i\u003E l'h\u00e9licopt\u00e8re \u003Ci\u003ECougar\u003C\/i\u003E - avec \u00e0 son bord six commandos de montagne et un chef de mission - a alors \u00e9t\u00e9 engag\u00e9 pour coordonner l'ensemble de l'op\u00e9ration, tout en pouvant intervenir afin d'assurer l'extraction imm\u00e9diate d'\u00e9l\u00e9ments au sol. Vers 19 h 40, pendant la manœuvre destin\u00e9e \u00e0 pr\u00e9parer l'engagement avec l'ennemi, le \u003Ci\u003ECougar\u003C\/i\u003E et un \u003Ci\u003ETigre\u003C\/i\u003E sont entr\u00e9s en collision, s'\u00e9crasant \u00e0 courte distance l'un de l'autre. Aucun des militaires embarqu\u00e9s n'a surv\u00e9cu.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECes pertes portent \u00e0 41 le nombre de soldats fran\u00e7ais tu\u00e9s depuis le d\u00e9clenchement de l'op\u00e9ration \u003Ci\u003EServal\u003C\/i\u003E, en janvier 2013. Le dernier mort en date \u00e9tait un brigadier du 1er Spahis, tu\u00e9 par un IED (\u00ab\u00a0engin explosif improvis\u00e9\u00a0\u00bb de conception artisanale), \u00e9galement dans le m\u00eame secteur de Menaka, le 2 novembre dernier. Cet accident cause l'un des plus lourds bilans humains essuy\u00e9s par l'arm\u00e9e fran\u00e7aise depuis l'attentat du Drakkar, \u00e0 Beyrouth en 1983.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa \u00ab\u00a0Doctrine Bent\u00e9geat\u00a0\u00bb n'est pas respect\u00e9e\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECe drame repose, une fois de plus, les indispensables questions li\u00e9es \u00e0 nos \u00ab\u00a0op\u00e9rations ext\u00e9rieures\u00a0\u00bb (OPEX). De quoi parle-t-on\u00a0?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED'apr\u00e8s la d\u00e9finition traditionnelle donn\u00e9e par le minist\u00e8re des Arm\u00e9es, les OPEX sont les \u00ab\u00a0interventions des forces militaires fran\u00e7aises en dehors du territoire national\u00a0\u00bb. La qualification d'OPEX r\u00e9sulte d'un arr\u00eat\u00e9 du ministre des Arm\u00e9es, qui porte ouverture du th\u00e9\u00e2tre d'engagement en pr\u00e9cisant la zone g\u00e9ographique et la p\u00e9riode concern\u00e9es. Les OPEX se distinguent des forces pr\u00e9positionn\u00e9es dans des bases en Afrique en vertu d'accords de d\u00e9fense ou en mer. En amont du d\u00e9ploiement des forces, le Centre de planification et de conduite des op\u00e9rations (CPCO) fait diverses propositions de noms des op\u00e9rations parmi lesquelles la pr\u00e9sidence de la R\u00e9publique choisit la d\u00e9nomination retenue. Les op\u00e9rations r\u00e9centes ont pour nom \u003Ci\u003EHarmattan\u003C\/i\u003E (Libye, 2011), \u003Ci\u003EServal\u003C\/i\u003E (Mali, 2013), \u003Ci\u003ESangaris\u003C\/i\u003E (R\u00e9publique centrafricaine, 2013), \u003Ci\u003EBarkhane\u003C\/i\u003E (Sahel, 2014) ou \u003Ci\u003EChammal\u003C\/i\u003E (Irak, Syrie, 2014). A ces OPEX, il convient d'ajouter 5 op\u00e9rations lanc\u00e9es ant\u00e9rieurement \u00e0 cette date mais toujours en cours\u00a0: en Isra\u00ebl (depuis mai 1948), au Liban (1978), au Sina\u00ef (1982), dans le golfe de Guin\u00e9e (1990) et au Sahara occidental (1991).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAfin de mener correctement ces OPEX, le g\u00e9n\u00e9ral Henri Bent\u00e9geat - chef d'\u00e9tat-major des arm\u00e9es (CEMA) du 30 octobre 2002 au 4 octobre 2006 - avait tent\u00e9 de stabiliser des r\u00e8gles d'engagement, commun\u00e9ment baptis\u00e9es \u00ab\u00a0doctrine Bent\u00e9geat\u00a0\u00bb. Ces r\u00e8gles sont aussi simples que limpides, reposant sur trois principes\u00a0: 1) des op\u00e9rations courtes (dans le temps) avec un point d'entr\u00e9e et un point de sortie\u00a0; 2) une mission clairement d\u00e9finie avec un ou des ennemi(s) tout aussi clairement identifi\u00e9(s)\u00a0; 3) enfin, l'acquis d'un soutien indispensable de la repr\u00e9sentation nationale devant savoir pourquoi et comment on engage nos soldats.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELimpide, en effet, cette \u00ab\u00a0doctrine\u00a0\u00bb soulignait un invariant \u00e9vident et absolument incompressible de toutes les OPEX\u00a0: au bout d'un certain temps, n'importe quelle arm\u00e9e \u00e9trang\u00e8re intervenant hors de ses fronti\u00e8res est per\u00e7ue, par les populations locales, comme une force d'occupation. En f\u00e9vrier 2006, l'auteur de ces lignes a eu l'occasion de s'entretenir avec le g\u00e9n\u00e9ral Bent\u00e9geat pour la revue \u003Ci\u003ED\u00e9fense\u003C\/i\u003E (des auditeurs de l'IHEDN\/Institut des Hautes \u00c9tudes de D\u00e9fense Nationale), afin de pr\u00e9ciser le r\u00f4le de nos arm\u00e9es dans la lutte contre le terrorisme \u003Ca href=\"#nb1\" id=\"nh1\"\u003E1\u003C\/a\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EExtraits\u00a0:\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00a0\u003Ci\u003ELes arm\u00e9es participent \u00e0 la lutte contre le terrorisme de plusieurs mani\u00e8res, \u00e0 travers la recherche et l'exploitation du renseignement, par les diff\u00e9rentes missions de protection nationale et \u00e0 travers les op\u00e9rations ext\u00e9rieures. Tous les efforts qui vont dans le sens de la stabilisation ou du r\u00e9tablissement d'\u00c9tats \u00e0 la d\u00e9rive doivent \u00eatre soutenus. Ces efforts sont autant d'investissements qui concernent aussi notre s\u00e9curit\u00e9. On le sait, les groupes terroristes se d\u00e9veloppent et fructifient principalement sur les terreaux d'instabilit\u00e9 politiques et \u00e9conomiques. Les r\u00e9ponses ne passent pas seulement par l'usage de la force\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEt le g\u00e9n\u00e9ral Henri Bent\u00e9geat concluait\u00a0:\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00a0\u003Ci\u003EL\u00e0 aussi, nous sommes confront\u00e9s \u00e0 des choix de m\u00e9thode. Penser que l'emploi de moyens coercitifs ne fait que renforcer le terrorisme ne signifie pas, \u00e0 contrario qu'il faut attendre et ne rien faire. Ignorer de futures menaces en gestation serait tout aussi irresponsable. Certes, il ne faut pas confondre l'irr\u00e9dentisme ou les banditismes locaux avec du terrorisme et voir Al Qa\u00efda partout... Cela dit, il s'agit de ne pas laisser se d\u00e9velopper de nouveaux r\u00e9seaux. Entre ne rien faire et mal faire, il y a de nombreuses alternatives et nous y travaillons\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E Le 2 f\u00e9vrier 2013 - soit 22 jours apr\u00e8s le d\u00e9clenchement de l'op\u00e9ration \u003Ci\u003EServal\u003C\/i\u003E -, le pr\u00e9sident Fran\u00e7ois Hollande est accueilli en h\u00e9ros \u00e0 Tombouctou. Durant la m\u00eame journ\u00e9e place de l'ind\u00e9pendance \u00e0 Bamako, il d\u00e9clare\u00a0: \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Ec'est le plus beau jour de ma carri\u00e8re politique\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb. Avec 2000 hommes, blind\u00e9s et avions de chasse, l'arm\u00e9e fran\u00e7aise a fait fuir les jihadistes de Konna, Douentza, Gao, Tombouctou et Kidal. Emport\u00e9 par son enthousiasme, le pr\u00e9sident de la R\u00e9publique affirme sa d\u00e9termination \u00e0 \u00e9radiquer le terrorisme au Mali. Avec ce discours, la \u00ab\u00a0doctrine Bent\u00e9geat\u00a0\u00bb vole en \u00e9clat et l'intervention militaire fran\u00e7aise s'installe dans la dur\u00e9e\u00a0; dur\u00e9e dont personne n'est en mesure d'estimer la fin. Le g\u00e9n\u00e9ral Fran\u00e7ois Lecointre (CEMA) ne vient-il pas de redire que \u00ab\u00a0nous sommes au Mali pour 15 ans...\u00a0\u00bb, pr\u00e9vision optimiste selon plusieurs experts militaires\u00a0!\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EUlt\u00e9rieurement, apr\u00e8s les attentats du 13 novembre 2015 et suite \u00e0 la tuerie de la Promenade des Anglais \u00e0 Nice le 14 juillet 2016, Fran\u00e7ois Hollande - comme l'avait fait George W. Bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 - d\u00e9clare \u00ab\u00a0la guerre au terrorisme\u00a0\u00bb. M\u00eames causes, m\u00eames effets d\u00e9sastreux. Le terrorisme est une technique asym\u00e9trique de violence extr\u00eame. On d\u00e9clare la guerre \u00e0 un ennemi identifi\u00e9, pas \u00e0 un mode op\u00e9ratoire. Apr\u00e8s l'injure faite au temps, c'est le deuxi\u00e8me principe de la \u00ab\u00a0doctrine Bent\u00e9geat\u00a0\u00bb qui est ignor\u00e9e. Quant au d\u00e9bat parlementaire sur les conditions d'engagement de nos soldats (troisi\u00e8me principe), il n'aura jamais lieu...\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ERetour sur engrenage\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe 10 janvier 2013 \u00e0 8 h.30, les jihadistes d'Ansar Eddine - command\u00e9s par le chef de guerre touareg malien Iyad Ag-Ghali - attaquent la ville de Konna, qui ouvre la route de S\u00e9var\u00e9-Mopti \u00e0 quelque 600 kilom\u00e8tres de la capitale Bamako. Le m\u00eame jour, le Conseil de s\u00e9curit\u00e9 de l'ONU se r\u00e9unit en urgence \u00e0 la demande de la France. Le pr\u00e9sident malien Dioncounda Traor\u00e9 a adress\u00e9 une demande d'aide militaire au m\u00eame Conseil.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe 11 janvier 2013, lors de ses vœux au corps diplomatique, Fran\u00e7ois Hollande indique que la France \u00ab\u00a0r\u00e9pondra pr\u00e9sente, aux c\u00f4t\u00e9s de ses partenaires africains, \u00e0 la demande malienne\u00a0\u00bb. Vers 11 h, apr\u00e8s avoir r\u00e9uni un Conseil de d\u00e9fense, le pr\u00e9sident fran\u00e7ais donne l'ordre aux arm\u00e9es d'engager le combat en appui de l'arm\u00e9e malienne dans le cadre de l'op\u00e9ration \u003Ci\u003EServal\u003C\/i\u003E, qui \u00ab\u00a0durera le temps n\u00e9cessaire\u00a0\u00bb. Les 12 et 13 janvier, quatre Mirage 2000-D effectuent des bombardements dans le nord du pays, notamment \u00e0 proximit\u00e9 de Gao. Le m\u00eame jour, le ministre des Affaires \u00e9trang\u00e8res Laurent Fabius d\u00e9clare que \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Ela progression des groupes islamistes vers le sud est stopp\u00e9e\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb. Le m\u00eame jour, Omar Ould Hamaha, dit le \u00ab\u00a0Barbu rouge\u00a0\u00bb d\u00e9clare \u00e0 \u003Ci\u003EEurope-1\u003C\/i\u003E\u00a0:\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00a0\u003Ci\u003ELes Mirage ont bombard\u00e9 Gao. Ils \u00e9taient \u00e0 13 000 m\u00e8tres d'altitude. Qu'ils descendent sur le terrain si c'est des hommes\u00a0! On les re\u00e7oit \u00e0 bras ouverts. La France a ouvert, pour tous les Fran\u00e7ais, les portes de l'enfer. Elle est tomb\u00e9e dans un pi\u00e8ge beaucoup plus dangereux que l'Afghanistan, l'Irak ou la Somalie. Et ce n'est que le commencement\u00a0!\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDu 22 au 28 janvier, de nouvelles op\u00e9rations a\u00e9riennes visent \u00e0 s\u00e9curiser la \u00ab\u00a0boucle du Niger\u00a0\u00bb. Le 25 janvier, une op\u00e9ration a\u00e9ro-terrestre permet de reprendre l'a\u00e9roport de Gao et le pont de Wabaria. Les troupes fran\u00e7aises reprennent, associant quelques unit\u00e9s de l'arm\u00e9e malienne, Tombouctou le 27 janvier, puis Kidal, le 30 janvier. Intervient la visite du pr\u00e9sident Hollande, qui relance l'op\u00e9ration\u00a0: s\u00e9curisation de la r\u00e9gion de Kidal (du 1\u003Csup\u003Eer\u003C\/sup\u003E au 7 f\u00e9vrier), prise de Tessalit (8 f\u00e9vrier), combat dans la r\u00e9gion de Gao (f\u00e9vrier\/mars 2013), bataille du Tighargh\u00e2r (f\u00e9vrier\/mars 2013). Le ministre de la D\u00e9fense Jean-Yves Le Drian annonce une \u00ab\u00a0diminution du dispositif\u00a0\u00bb. La MISMA (Mission multidimensionnelle int\u00e9gr\u00e9e des Nations unies pour la stabilisation au Mali) est cr\u00e9\u00e9e le 25 avril par la r\u00e9solution 2100 du Conseil de s\u00e9curit\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EN\u00e9anmoins, la mission de Serval se poursuit et encha\u00eene les op\u00e9rations\u00a0: \u003Ci\u003ENetero\u003C\/i\u003E (juin\/juillet 2013), \u003Ci\u003ECentaure\u003C\/i\u003E (ao\u00fbt 2013), \u003Ci\u003EDragon\u003C\/i\u003E (ao\u00fbt 2013), \u003Ci\u003EConstrictor\u003C\/i\u003E (septembre 2013). Les combats de Douaya (octobre 2013) opposent les soldats fran\u00e7ais \u00e0 une colonne de pick-up islamistes. Suivent les op\u00e9rations \u003Ci\u003EHydre\u003C\/i\u003E (octobre\/novembre 2013) et d'autres interventions plus ponctuelles, fin 2013.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn janvier 2014, Fran\u00e7ois Hollande annonce que les effectifs militaires fran\u00e7ais au Mali vont \u00eatre r\u00e9duits \u00e0 1600 hommes d'ici \u00e0 la mi-f\u00e9vrier et d\u00e9clineront jusqu'\u00e0 mille, \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Eniveau n\u00e9cessaire pour faire face \u00e0 toute menace qui pourrait resurgir\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb, estimant que \u00ab\u00a0\u003Ci\u003El'essentiel de la mission a \u00e9t\u00e9 accompli\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb et qu'elle est \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Een train de s'achever\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb. Des otages sont lib\u00e9r\u00e9s en avril 2014, mais les affrontements reprennent dans le nord du pays en mai. Le 13 juillet 2014, Jean-Yves Le Drian annonce que l'op\u00e9ration Serval a rempli sa mission et qu'elle est de fait termin\u00e9e. Mais une nouvelle mission, l'op\u00e9ration Barkhane, est destin\u00e9e \u00e0 la remplacer, pour lutter contre le terrorisme dans l'ensemble du Sahel.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans un rapport parlementaire consacr\u00e9 \u00e0 l'op\u00e9ration Serval - d\u00e9pos\u00e9 le 18 juillet 2013 - les d\u00e9put\u00e9s Christophe Guilloteau et Philippe Nauche \u00e9valuent les surco\u00fbts engendr\u00e9s par les op\u00e9rations au Mali \u00e0 250 millions d'euros \u00e0 la fin du mois de mai 2013. Selon le CEMA, l'amiral Edouard Guillaud, ces surco\u00fbts devraient d\u00e9passer les 400 millions d'euros \u00e0 la fin de l'ann\u00e9e 2013. Fin 2013, la cour des comptes \u00e9value le co\u00fbt total de l'op\u00e9ration \u00e0 647 millions d'euros.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00a0\u003Ci\u003EFid\u00e8les \u00e0 leurs valeurs d'engagement et aux ordres du pouvoir politique, les militaires fran\u00e7ais ont fait un excellent travail, remplissant pleinement leur mission\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb, nous explique un officier g\u00e9n\u00e9ral, \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Emais malheureusement, comme en Indochine puis en Alg\u00e9rie, les d\u00e9cideurs politiques ont fini par mettre ces m\u00eames militaires dans des situations intenables, s'emm\u00ealant les pieds dans les fantasmagories de la 'guerre contre la terreur' et surtout, en perdant de vue l'\u00e9volution d'une menace terroriste qui se transformait en banditisme pur et simple. Et si l'on veut \u00eatre parfaitement clair, on peut consid\u00e9rer que les finalit\u00e9s du terrorisme sah\u00e9lien - d\u00e8s le d\u00e9part -, ce sont de voler des armes, des voitures, des femmes et des enfants afin de constituer autant de petites entreprises rentables pour accumuler l'argent, le pouvoir et le prestige\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EUn \u00ab\u00a0terrorisme de razzia\u00a0\u00bb\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour diff\u00e9rencier le \u00ab\u00a0terrorisme sah\u00e9lien\u00a0\u00bb de leurs homologues proche-orientaux ou asiatiques, les experts des services sp\u00e9ciaux fran\u00e7ais parlent, depuis plusieurs ann\u00e9es, d'un \u00ab\u00a0terrorisme de razzia\u00a0\u00bb, o\u00f9 l'accumulation du capital prime sur les revendications id\u00e9ologico-politiques. \u00ab\u00a0\u003Ci\u003EQuitte \u00e0 \u00eatre des 'bandidos', autant l'\u00eatre pour une cause religieuse la plus large et la plus valorisante en se revendiquant des plus m\u00e9chants comme Al Qa\u00efda ou Dae'ch\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb, pr\u00e9cise un officier de la DGSE, \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Eles katibas sah\u00e9lo-sahariennes marchent \u00e0 l'argent et ont renou\u00e9 avec les pratiques ancestrales de la razzia\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn 2011, c'est-\u00e0-dire deux ans avant l'op\u00e9ration \u003Ci\u003EServal\u003C\/i\u003E, la revue \u003Ci\u003ED\u00e9fense\u003C\/i\u003E de l'IHEDN consacrait un dossier tr\u00e8s complet \u00e0 \u00ab\u00a0l'\u00e9quation sah\u00e9lienne \u003Ca href=\"#nb2\" id=\"nh2\"\u003E2\u003C\/a\u003E\u00a0\u00bb afin d'essayer de comprendre la filiation allant des GIA (Groupes islamiques) alg\u00e9riens, \u00e0 la cr\u00e9ation d'AQMI (\u003Ci\u003EAl-Qa\u00efda au Maghreb islamique\u003C\/i\u003E), passant par la case GSPC\/\u003Ci\u003EGroupe salafiste pour la pr\u00e9dication et le combat\u003C\/i\u003E. Le chercheur J\u00e9r\u00f4me Spinoza posait parfaitement l'\u00e9quation\u00a0:\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00a0\u003Ci\u003EParfois qualifi\u00e9 de 'zone grise', cet espace situ\u00e9 \u00e0 la charni\u00e8re entre Afriques \u00ab\u00a0blanche\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0noire\u00a0\u00bb, entre Atlantique et lac Tchad, entre Sahara et fleuves S\u00e9n\u00e9gal et Niger, terre d'Islam tr\u00e8s ancien (X\u00e8me si\u00e8cle), est affect\u00e9 par diverses menaces qui ont achev\u00e9 de le placer sur l'agenda international alors qu'il \u00e9tait, il n'y a pas si longtemps surtout per\u00e7u au prisme de d\u00e9fis socio-\u00e9conomiques et environnementaux. Depuis 2006, l'essor des rapts et attentats revendiqu\u00e9s par AQMI s'y cumule \u00e0 celui de trafics divers et \u00e0 la r\u00e9surgence d'insurrections arm\u00e9es 'touar\u00e8gues'. Ces derni\u00e8res, aux motivations \u00e0 la fois communautaires et affairistes, sont instrumentalis\u00e9es dans le cadre de la lutte d'influence alg\u00e9ro-libyenne. La probl\u00e9matique est complexe. S\u00e9curitaire, elle est cependant indissociable de la notion de gouvernance et de d\u00e9veloppement de trois Etats vastes - la Mauritanie, le Mali et le Niger (3 millions de km2 semi-d\u00e9sertiques) - situ\u00e9s au bas du tableau de l'indice du d\u00e9veloppement humain du Programme des Nations unies pour le d\u00e9veloppement (PNUD)\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans le m\u00eame dossier, l'ancien chef du renseignement de s\u00e9curit\u00e9 de la DGSE Alain Chouet - expliquant les d\u00e9rives criminelles dans le sud du Nig\u00e9ria autour des ressources p\u00e9troli\u00e8res, dans l'aire guin\u00e9enne autour des diamants et, peut-\u00eatre demain, en C\u00f4te d'Ivoire - concluait\u00a0:\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00a0\u003Ci\u003ECes ph\u00e9nom\u00e8nes ne pouvant d\u00e9cemment \u00eatre rattach\u00e9s \u00e0 l'activisme islamique comme on le fait avec complaisance et aveugl\u00e9ment pour la piraterie somalienne dans l'oc\u00e9an Indien, ils ne suscitent que peu d'\u00e9motion, un int\u00e9r\u00eat m\u00e9diatique limit\u00e9 et ne donnent lieu \u00e0 aucune strat\u00e9gie internationale concert\u00e9e de pr\u00e9vention et de d\u00e9fense. La contestation politique violente inspir\u00e9e par le fondamentalisme islamique existe et on ne saurait la n\u00e9gliger. Elle ne doit cependant pas devenir l'arbre qui cache la for\u00eat de l'instabilit\u00e9, voire de l'effondrement \u00e9conomique, politique et social de pays du Sahel min\u00e9s par leurs propres contradictions internes et par les app\u00e9tits sp\u00e9culatifs et rivaux de puissances ext\u00e9rieures. A trop vouloir consid\u00e9rer le sahel comme un nouvel Afghanistan, le risque pour l'Occident est de voir son fantasme devenir r\u00e9alit\u00e9\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans le prolongement de ces donn\u00e9es de base, on ne peut glisser sous le tapis les effets d\u00e9sastreux de la glorieuse intervention militaire d\u00e9clench\u00e9e par messieurs Nicolas Sarkozy, David Cameron et encourag\u00e9e par Barack Obama, afin d'installer la d\u00e9mocratie en Libye, sous les incantations hallucin\u00e9es de Bernard-Henri L\u00e9vy, g\u00e9ostrat\u00e8ge plan\u00e9taire reconnu... Dans le sud libyen, de Sebbah \u00e0 G\u00e2t, les islamistes de toute la bande sah\u00e9lo-saharienne allaient se regrouper et s'armer avant de d\u00e9ferler sur le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Burkina jusqu'\u00e0 faire jonction avec les Boko-Haram et les Shebbab de Somalie. Messieurs\u00a0: encore bravo\u00a0!\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAutres flux, amplifiant un \u00ab\u00a0terrorisme de razzia\u00a0\u00bb, diversifi\u00e9, sinon rhizomatique\u00a0: l'augmentation des trafics de drogues en provenance des cartels d'Am\u00e9rique latine, arrivant sur le Grand continent par des t\u00eates de pont a\u00e9ro-portuaires install\u00e9es en Mauritanie, Gambie et Guin\u00e9e-Conakry avant de traverser le Sahel - avec l'aide de transporteurs \u00ab\u00a0terroristes\u00a0\u00bb - pour se d\u00e9verser dans la M\u00e9diterran\u00e9e.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EA l'\u00e9t\u00e9 2014, lors du prolongement de l'op\u00e9ration \u003Ci\u003EServal\u003C\/i\u003E par la nouvelle op\u00e9ration \u003Ci\u003EBarkhane\u003C\/i\u003E, une cartographie de la menace \u00e9tait encore possible, justifiant ainsi un casernement classique, des patrouilles conventionnelles et d'autres op\u00e9rations r\u00e9guli\u00e8res de s\u00e9curisation. Mais avec l'aggravation progressive des fragmentations communautaires - dans le nord, notamment au sein de la classe guerri\u00e8re des Ifoghas\u00a0; dans la r\u00e9gion de Gao, au sein de l'aristocratie arabe entre les chefs Kountas et leurs vassaux Lamhars du Tilemsi - et une d\u00e9fiance grandissante entre nomades et s\u00e9dentaires, vision et perception de la menace se troublent. Nourrissant une d\u00e9fiance ancestrale envers les tentations h\u00e9g\u00e9moniques des Touaregs, les Peuls, les Arabes et les Sonha\u00efs entrent dans la lutte arm\u00e9e qui investit progressivement, mais spectaculairement villages et localit\u00e9s du sud du pays.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EA partir de cette complexification tribalo-clanique, \u00ab\u00a0l'ennemi terroriste\u00a0\u00bb devient plus difficilement identifiable, \u00e9chappant \u00e0 un maillage militaire classique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00a0\u003Ci\u003EPartant de l\u00e0\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb, estime un officier sup\u00e9rieur des forces sp\u00e9ciales fran\u00e7aise, \u00ab\u00a0\u003Ci\u003EBarkhane devait plier boutique pour laisser place \u00e0 des op\u00e9rations sp\u00e9ciales clandestines, visant \u00e0 monter des 'assassinats cibl\u00e9s' contre les chefs et les sous-chefs jihadistes identifi\u00e9s par le renseignement. Partant de l\u00e0 et r\u00e9v\u00e9lant son manque de fluidit\u00e9, le dispositif Barkhane devenait une cible, alors qu'il fallait aller chercher les chefs de katibas vivant en immersion dans les populations locales en \u00e9vitant les d\u00e9g\u00e2ts collat\u00e9raux\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EPour une op\u00e9ration europ\u00e9enne\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EComme nous l'explique l'ancien patron de la DCRI \u003Ca href=\"#nb3\" id=\"nh3\"\u003E3\u003C\/a\u003E - Bernard Squarcini - qui, depuis plusieurs ann\u00e9es, nous met en garde contre l'\u00e9mergence d'un \u00ab\u00a0nouveau Vietnam\u00a0\u00bb au Mali -, \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Ela situation s'est clairement 'alg\u00e9rianis\u00e9e', obligeant les unit\u00e9s de Barkhane \u00e0 devenir des 'commandos de chasse' devant traquer les jihadistes jusqu'aux fins fonds de leurs maquis, souvent la nuit et dans des territoires accident\u00e9s\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb. C'est exactement ce qui est arriv\u00e9 aux unit\u00e9s de la force des Nations unies en Somalie en 1993, lorsqu'elles ont essay\u00e9 de d\u00e9sarmer les factions oppos\u00e9es de Farah A\u00efdid et Ali Madhi\u00a0: \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Esi un cessez-le-feu n'est pas observ\u00e9 pr\u00e9alablement entre les diff\u00e9rentes factions li\u00e9es au conflit, aucune force ext\u00e9rieure ne peut imposer la paix\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDes guerres d'Indochine, \u00e0 celle d'Alg\u00e9rie (1954 - 1962), la jurisprudence des \u00ab\u00a0commandos de chasse\u00a0\u00bb s'est r\u00e9p\u00e9t\u00e9e de la Somalie au Rwanda, s'imposant aussi au Za\u00efre et dans les Balkans avec l'\u00e9clatement de l'ex-Yougoslavie. Au d\u00e9but des ann\u00e9es 2000, la \u00ab\u00a0somalisation\u00a0\u00bb de la Corne de l'Afrique a g\u00e9n\u00e9r\u00e9 une recrudescence de la piraterie maritime dans le golfe d'Aden entre les c\u00f4tes de la Somalie et du Y\u00e9men. Pour r\u00e9pondre \u00e0 cette criminalisation des mers, l'Union europ\u00e9enne a mis sur pied en 2008 l'op\u00e9ration \u003Ci\u003EAtalante\u003C\/i\u003E \u003Ca href=\"#nb4\" id=\"nh4\"\u003E4\u003C\/a\u003E, dont le bilan est, aujourd'hui unanimement salu\u00e9 par l'ensemble de la communaut\u00e9 internationale. Une op\u00e9ration europ\u00e9enne similaire, destin\u00e9e \u00e0 lutter contre le \u00ab\u00a0terrorisme de razzias\u00a0\u00bb\/\u00ab\u00a0piraterie terrestre\u00a0\u00bb qui s\u00e9vit dans la bande sah\u00e9lo-saharienne, pourrait \u00eatre envisag\u00e9e\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDepuis plusieurs ann\u00e9es, l'ancien pr\u00e9sident de la Commission europ\u00e9enne r\u00e9p\u00e8te que \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Ela France a sauv\u00e9 l'honneur de l'Europe au Mali et en Centrafrique\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb. Il vient de r\u00e9it\u00e9rer ses propos au moment de quitter ses fonctions, mais sans engager plus concr\u00e8tement les pays europ\u00e9ens \u00e0 s'investir sur le terrain, aux c\u00f4t\u00e9s des soldats fran\u00e7ais, afin de travailler avec les arm\u00e9es africaines \u00e0 la stabilisation, sinon au d\u00e9veloppement \u00e9conomique du Sahel. Jusqu'\u00e0 maintenant, quelques pays de l'UE, dont l'Allemagne, la Grande Bretagne, l'Espagne et la Tch\u00e9quie se sont content\u00e9s de participer \u00e0 la formation des arm\u00e9es malienne et nig\u00e9rienne, ainsi qu'\u00e0 la fourniture de quelques moyens logistiques\u00a0: avions de transport, camions et syst\u00e8mes de communication, pas plus\u00a0!\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EOrchestr\u00e9 par un grand tamtam m\u00e9diatique, le G5-Sahel - regroupant sur le papier une force de 5000 hommes de cinq pays\u00a0: Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad - n'est pas op\u00e9rationnelle, exception faite des commandos tchadiens. Les 13 000 Casques bleus de la MINUSMA n'agissent pas sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies et ne peuvent donc faire usage de la force. Le P-35, le \u003Ci\u003EPartenariat de la s\u00e9curit\u00e9 et la stabilit\u00e9 du Sahel\u003C\/i\u003E est un bidule qui n'existe que sur papier. Par cons\u00e9quent, les bonnes volont\u00e9s se retournent logiquement vers l'Europe.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais ce ne sont pas les derni\u00e8res d\u00e9clarations de la nouvelle pr\u00e9sidente de la Commission europ\u00e9enne Ursula Von der Leyen qui sont rassurantes. Mercredi dernier, elle a r\u00e9p\u00e9t\u00e9 que \u00ab\u00a0\u003Ci\u003El'UE ne serait jamais une alliance militaire\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb, parce que le \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Eformat l\u00e9gitime de sa d\u00e9fense reste, quoiqu'il arrive l'OTAN\u003C\/i\u003E...\u00a0\u00bb. Dont acte\u00a0! Non sans r\u00e9alisme, l'euro-d\u00e9put\u00e9 (LR) Arnaud Danjean - rapporteur de la \u003Ci\u003ERevue strat\u00e9gique de D\u00e9fense et de S\u00e9curit\u00e9\u003C\/i\u003E remise au pr\u00e9sident de la R\u00e9publique en d\u00e9cembre 2017 - le confirme avec ses mots\u00a0: \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Eil y a peu de chance de voir une arm\u00e9e europ\u00e9enne, \u00e0 cause des contraintes politiques (...). Tous les pays d'Europe ne consid\u00e8rent pas la menace terroriste\/jihadiste comme une priorit\u00e9\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb. Cela dit, le mieux \u00e9tant souvent l'ennemi du bien, l'euro-d\u00e9put\u00e9 ajoute qu'il faut saisir l'opportunit\u00e9 des derniers \u00e9v\u00e9nements pour \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Etenter de monter une coalition europ\u00e9enne avec des Forces sp\u00e9ciales\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb. Le sujet est \u00e0 l'\u00e9tude sous le nom de code \u00ab\u00a0Takuba\u00a0\u00bb. Associant une dizaine de pays de l'UE, cette nouvelle force ne devrait pas \u00eatre op\u00e9rationnelle avant le second semestre 2020. A voir...\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EBernard Squarcini\u00a0: \u00ab\u00a0trouver l'\u00e9quilibre\u00a0\u00bb\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00a0\u003Ci\u003EL'action de la France au Sahel reste indispensable\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb, a martel\u00e9 le Premier ministre. A juste titre, les d\u00e9put\u00e9s de \u003Ci\u003ELa France insoumise\u003C\/i\u003E r\u00e9torquent\u00a0: \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Eoui, peut-\u00eatre, mais comment\u00a0? C'est au peuple malien \u00e0 savoir et dire si les soldats fran\u00e7ais doivent ou non rest\u00e9s engag\u00e9s dans leur pays et la r\u00e9gion\u003C\/i\u003E...\u00a0\u00bb. En effet, il serait peut-\u00eatre temps de faire ce que ni Fran\u00e7ois Hollande, ni Emmanuel Macron n'ont fait, conform\u00e9ment au troisi\u00e8me volet de la \u00ab\u00a0doctrine Bent\u00e9geat\u00a0\u00bb\u00a0: \u00e0 savoir ouvrir un d\u00e9bat de fond sur la doctrine d'emploi de nos arm\u00e9es en Afrique, et plus largement de refonder une \u00ab\u00a0politique africaine\u00a0\u00bb de la France, identifiant clairement nos choix et priorit\u00e9s.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00a0\u003Ci\u003EIl ne s'agit pas de partir, mais certainement de transformer l'op\u00e9ration fran\u00e7aise Barkhane en une op\u00e9ration europ\u00e9enne \u00e0 part enti\u00e8re, comme au d\u00e9but des ann\u00e9es 2000, l'UE a su le faire pour lutter contre la piraterie maritime au large de pays de la Corne de l'Afrique\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb, redit un officier g\u00e9n\u00e9ral, ajoutant\u00a0: \u00ab\u00a0\u003Ci\u003E\u00e0 l'heure o\u00f9 l'on reparle beaucoup des faiblesses de l'OTAN et de l'Europe de la d\u00e9fense, la lutte contre le terrorisme et le banditisme qui minent les Etats faillis de la bande sah\u00e9lo-saharienne pourrait constituer le laboratoire des arm\u00e9es europ\u00e9ennes, pouvant œuvrer ensemble \u00e0 la d\u00e9fense et la s\u00e9curit\u00e9 de leurs pays respectifs\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ERemonter aux causes comme dit Spinoza\u00a0: d'abord pourquoi la France est-elle seule au Sahel\u00a0? Pourquoi l'ennemi est-il si difficile \u00e0 neutraliser\u00a0? S\u00e9rier et hi\u00e9rarchiser les enjeux strat\u00e9giques\u00a0? Enfin, \u00e0 qui profite la situation actuelle\u00a0?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00a0\u003Ci\u003ESe pose une derni\u00e8re question op\u00e9rationnelle qui restera sans doute classifi\u00e9e\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb, conclut Bernard Squarcini\u00a0: \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Equelques pick-up et motos d'un groupe jihadiste n\u00e9cessitait-il un tel engagement de plusieurs avions de chasse et h\u00e9licopt\u00e8res de combats\u00a0? Il en va de la lutte anti-terroriste comme du maintien de l'ordre\u00a0: il s'agit de trouver le point d'\u00e9quilibre et une riposte proportionn\u00e9e \u00e0 la menace, au risque de jeter de l'huile sur le feu et d'augmenter le mal qu'on voulait initialement r\u00e9duire. Bien \u00e9videmment, il est toujours facile de refaire l'histoire et le contre-terrorisme n'est pas une science exacte. Mais avec les r\u00e9sultats de vingt ans de guerre am\u00e9ricaine contre la terreur, on sait mieux aujourd'hui ce qu'il ne faut pas faire\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn effet, on sait - dans la bande sah\u00e9lo-saharienne comme ailleurs - que la r\u00e9ponse au terrorisme ne peut pas \u00eatre que militaire et qu'il faut r\u00e9pondre aussi sur les plans \u00e9conomique et politique. Dans une tribune pr\u00e9monitoire publi\u00e9e le 5 novembre dernier, le g\u00e9n\u00e9ral Bruno Cl\u00e9ment-Boll\u00e9e conclut\u00a0: \u00ab\u00a0ainsi, nous \u00e9viterons d'avoir \u00e0 quitter le th\u00e9\u00e2tre pr\u00e9cipitamment et dans la honte, sous la pression populaire. Cela passe par une compl\u00e8te remise en question en profondeur et dans la dur\u00e9e. Ne perdons pas de temps, c'est urgent \u003Ca href=\"#nb5\" id=\"nh5\"\u003E5\u003C\/a\u003E\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ER\u00e9p\u00e9tons\u00a0: \u00e0 terme, on ne lutte pas efficacement contre le terrorisme, seulement avec des Mirage-2000. En rendant hommage \u00e0 nos soldats, comme nous le faisons en ouverture de cette contribution, en rendant le m\u00eame hommage aussi \u00e0 la derni\u00e8re centaine de morts de soldats maliens, il s'agit \u00ab\u00a0en m\u00eame temps\u00a0\u00bb de demander des comptes aux classes politiques des pays sah\u00e9liens - responsables d'\u00ab\u00a0\u00c9tats faillis\u00a0\u00bb - trop souvent gangr\u00e9n\u00e9s par une corruption structurelle participant directement aux diff\u00e9rents trafics de drogues, d'armes et d'\u00eatres humains qui g\u00e9n\u00e8rent quotidiennement le \u00ab\u00a0terrorisme de razzias\u00a0\u00bb et le banditisme ordinaire d'une zone qui va des c\u00f4tes de Mauritanie jusqu'\u00e0 la Corne de l'Afrique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn derni\u00e8re instance, faudrait-il aussi admettre - une bonne fois pour toutes - que les id\u00e9ologies th\u00e9ologico-politiques permettant de \u00ab\u00a0blanchir\u00a0\u00bb les banditismes sah\u00e9liens proviennent, en droite ligne, des dictatures wahhabites d'Arabie saoudite et du Qatar, appuy\u00e9es par d'autres monarchies du Golfe avec lesquelles la France \u00e9ternelle entretient les meilleures relations. L\u00e0-aussi, il s'agirait d'ouvrir un autre d\u00e9bat de fond...\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E----- \u003Ca href=\"#nh1\" id=\"nb1\"\u003E1\u003C\/a\u003E \u003Ci\u003ED\u00e9fense\u003C\/i\u003E - Revue des auditeurs de l'IHEDN\/Institut des Hautes Etudes de D\u00e9fense Nationale. Num\u00e9ro 119 - janvier\/f\u00e9vrier 2006.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"#nh2\" id=\"nb2\"\u003E2\u003C\/a\u003E \u003Ci\u003ED\u00e9fense\u003C\/i\u003E - num\u00e9ro 149, janvier\/f\u00e9vrier 2011.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"#nh3\" id=\"nb3\"\u003E3\u003C\/a\u003E Entretien avec l'auteur le 27 novembre 2017. Cr\u00e9\u00e9e en 2008 par la fusion de la DST et des Renseignements g\u00e9n\u00e9raux (RG), la DCRI (Direction centrale du renseignement int\u00e9rieure) est devenue la DGSI\u00a0: la Direction g\u00e9n\u00e9rale de la s\u00e9curit\u00e9 int\u00e9rieure en mai 2014.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"#nh4\" id=\"nb4\"\u003E4\u003C\/a\u003E La piraterie maritime, mentionn\u00e9e dans le rapport de mise en œuvre de la Strat\u00e9gie europ\u00e9enne de s\u00e9curit\u00e9, est l'une des priorit\u00e9s dont l'Europe s'est pleinement saisie. EU-NAVFOR ATALANTA (EuroNavFor Somalia) lanc\u00e9e en novembre 2008 est la premi\u00e8re op\u00e9ration maritime de la politique europ\u00e9enne de s\u00e9curit\u00e9 et de d\u00e9fense (PESD). S'appuyant sur les r\u00e9solutions 1814, 1816, 1838 et 1846 du conseil de s\u00e9curit\u00e9 de l'ONU, Atalante est \u00e9galement la premi\u00e8re op\u00e9ration navale europ\u00e9enne.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"#nh5\" id=\"nb5\"\u003E5\u003C\/a\u003E \u003Ci\u003ELe Monde\u003C\/i\u003E, 5 novembre 2019.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003Esource\u00a0: \u003Ca href=\"http:\/\/prochetmoyen-orient.ch\/somalisation-du-sahel-senliser-sadapter-ou-partir\"\u003Eprochetmoyen-orient.ch\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/reseauinternational.net\/somalisation-du-sahel-senliser-sadapter-ou-partir\/\"\u003Ereseauinternational.net\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E"}}