{"165476":{"id":"165476","parent":"164746","time":"1575461472","url":"http:\/\/newsnet.fr\/165476","source":"http:\/\/histoireetsociete.wordpress.com\/2019\/12\/04\/bolivie-loutrage-aux-morts-par-alvaro-garcia-linera\/","category":"Latina","title":"Bolivie : l'outrage aux morts par Alvaro Garcia Linera(*)","catalog-images":"3\/\/1\/newsnet_165476_78bb84.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165476_78bb84.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/bolivie-l-outrage-aux-morts-par-alvaro-garcia-linera*","admin":"newsnet","views":"496","priority":"3","length":"13331","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003ELe fascisme dans son visage de haine raciste, la forme la plus ignoble de la haine de classe est ici \u00e0 l'oeuvre, un magnifique texte.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab M\u00eame les morts ne seront pas \u00e0 l'abri face \u00e0 l'ennemi si celui-ci est vainqueur... \u00bb\u003Cbr \/\u003E\nW. Benjamin\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cbr \/\u003E\nUn immense cort\u00e8ge fun\u00e8bre parcourt les rues d'El Alto et de La Paz. Deux cercueils avancent devant, suivis par des milliers et des milliers de personnes endeuill\u00e9es. Ce sont des gens humbles, des habitants d'El Alto, des artisans, des paysans, des voisins, des m\u00e8res, des indig\u00e8nes des provinces de La Paz, Potosi, Cochabamba et Oruro. Ils ont march\u00e9 avec leur douleur pendant une dizaine de kilom\u00e8tres, et sur leur passage sortent des ouvriers, des commer\u00e7ants et des \u00e9tudiants en pleurs, qui se signent, applaudissent et offrent de l'eau et du pain aux marcheurs.\u003Cbr \/\u003E\nLa ville est paralys\u00e9e et les habitants des quartiers populaires sont en deuil. Seulement le 20 novembre, dans la r\u00e9gion de Senkata, huit personnes ont \u00e9t\u00e9 tu\u00e9es par des armes \u00e0 feu militaires, plus d'une centaine ont \u00e9t\u00e9 bless\u00e9s par balles, ce qui porte \u00e0 trente-quatre le nombre de morts durant les neuf derniers jours du coup d'\u00c9tat en Bolivie. Ils sont descendus depuis El Alto pour r\u00e9clamer justice pour leurs morts ; ils ont autant march\u00e9 pour que les gens voient ce qui est en train de se passer, puisque les m\u00e9dias b\u00e2illonn\u00e9s ne parlent pas de la trag\u00e9die en cours ; ils marchent pendant des heures et des heures pour dire au monde qu'ils ne sont ni des terroristes ni des vandales, qu'ils sont le peuple.\u003Cbr \/\u003E\nEn effet, depuis le jour du coup d'\u00c9tat, toutes les mobilisations des secteurs populaires et paysans qui sont descendues dans la rue pour d\u00e9fendre la d\u00e9mocratie et le respect du vote citoyen ont fait l'objet d'une campagne de d\u00e9nigrement f\u00e9roce qui a submerg\u00e9 les r\u00e9seaux sociaux et les m\u00e9dias. On ne parlait ni des travailleurs, ni des voisins, ni d'indig\u00e8nes.\u003Cbr \/\u003E\nIl s'agissait de \u00ab hordes dangereuses \u00bb, de \u00ab vandales \u00bb qui menacent la paix sociale. Et lorsque les habitants de la courageuse ville d'El Alto et les indig\u00e8nes et paysans ont bloqu\u00e9 les routes, les putschistes et les m\u00e9dias se sont lanc\u00e9s dans un discours enrag\u00e9 \u00e0 propos des \u00ab terroristes \u00bb, \u00ab trafiquants de drogue \u00bb, \u00ab sauvages \u00bb, \u00ab criminels \u00bb, \u00ab populaces ivres \u00bb, \u00ab pillards \u00bb et autres qualificatifs qui ont servi \u00e0 discr\u00e9diter et \u00e0 criminaliser la manifestation des classes d\u00e9favoris\u00e9es.\u003Cbr \/\u003E\nDepuis lors, les femmes v\u00eatues de pollera portant leur enfant sur le dos, les \u00e9coli\u00e8res qui accompagnent leurs parents, les \u00e9tudiants, les ouvriers soudeurs, les paysans en poncho et les marchands de glaces sont le nouveau visage des \u00ab dangereux s\u00e9ditieux \u00bb qui veulent incendier le pays.\u003Cbr \/\u003E\nCette stigmatisation du peuple soulev\u00e9, surtout s'il s'agit d'Indiens, n'est pas nouvelle.\u003Cbr \/\u003E\nAu temps de la colonie, au 16e si\u00e8cle, Fray Gin\u00e9s de Sepulveda comparait les Indiens \u00e0 des singes ; le cur\u00e9 Tomas Ortiz les qualifiait de \u00ab b\u00eates \u00bb ; au 19e si\u00e8cle, on parlait de \u00ab races d\u00e9g\u00e9n\u00e9r\u00e9es \u00bb et les dictatures du 20e si\u00e8cle se sont tourn\u00e9es vers la \u00ab d\u00e9linquantisation \u00bb des Indiens insurg\u00e9s, les d\u00e9signant comme des \u00ab subversifs \u00bb, \u00ab s\u00e9ditieux \u00bb qui pr\u00e9tendent mettre en danger la propri\u00e9t\u00e9, l'ordre et la religion.\u003Cbr \/\u003E\n\u00c0 l'heure actuelle, les classes moyennes traditionnelles effectuent une fusion verbale honteuse entre le langage colonial et le langage contre-insurrectionnel. M\u00eame leurs intellectuels organiques form\u00e9s dans des universit\u00e9s \u00e9trang\u00e8res ne peuvent pas \u00e9chapper \u00e0 cet appel du sang et du pr\u00e9jug\u00e9 racial.\u003Cbr \/\u003E\nPour eux, les marches de voisins sont des r\u00e9unions de \u00ab d\u00e9linquants ivres \u00bb, les barrages routiers de paysans sont des actes de \u00ab terrorisme \u00bb, et les assassinats par des balles militaires sont des r\u00e8glements de comptes entre \u00ab voyous \u00bb.\u003Cbr \/\u003E\nPendant toutes ces ann\u00e9es, les scribes conservateurs avaient trait\u00e9, avec une mod\u00e9ration forc\u00e9e, les Indiens \u00e9mancip\u00e9s ; aujourd'hui ils se d\u00e9cha\u00eenent dans un tourbillon de pr\u00e9jug\u00e9s, d'insultes et de propos disqualifiants \u00ab racialis\u00e9s \u00bb.\u003Cbr \/\u003E\nIls avaient attendu toute une d\u00e9cennie en serrant les dents pour ne pas cracher sur les Indiens et leur t\u00e9moigner leur m\u00e9pris, et maintenant, \u00e0 l'abri des ba\u00efonnettes, ils n'h\u00e9sitent plus \u00e0 d\u00e9verser toute leur haine de caste. C'est le temps de la vengeance et ils le font avec fureur.\u003Cbr \/\u003E\nC'est comme s'ils voulaient effacer non seulement la pr\u00e9sence de l'Indien qui les a vaincus, et pour cela ils sont capables de tuer pourvu qu'Evo ne soit pas candidat. En outre, ils veulent extirper son empreinte de la m\u00e9moire des classes humbles en assassinant, emprisonnant, torturant, mena\u00e7ant ceux qui prononceraient son nom.\u003Cbr \/\u003E\nC'est pour cela qu'ils br\u00fblent la Wiphala qu'Evo a introduite dans les institutions de l'\u00c9tat ; pour cela qu'ils incendient les \u00e9coles qu'il a fait construire dans les quartiers populaires ; pour cela qu'ils applaudissent et trinquent \u00e0 la militarisation des villes. Il n'y a plus de place ni pour la dignit\u00e9 ni pour le d\u00e9corum d'une classe qui se roule fr\u00e9n\u00e9tiquement dans la boue de l'autoritarisme, de l'intol\u00e9rance et du racisme.\u003Cbr \/\u003E\nEt c'est contre cela que les classes humbles d'El Alto et des provinces marchent. Ils descendent par milliers, deux cent mille, trois cent mille. Le nombre n'a plus d'importance. Le pouvoir qu'elles d\u00e9fendent n'est pas celui d'une personne ou celui de la th\u00e9orie de Max Weber sur la capacit\u00e9 d'influencer le comportement d'autrui.\u003Cbr \/\u003E\nPour les classes populaires, l'exp\u00e9rience de pouvoir de ces quatorze derni\u00e8res ann\u00e9es est celle d'avoir \u00e9t\u00e9 reconnues comme des \u00e9gaux, celle d'avoir eu droit \u00e0 l'eau, \u00e0 l'\u00e9ducation, au travail, \u00e0 la sant\u00e9 dans les m\u00eames conditions que le reste des citoyens.\u003Cbr \/\u003E\nL'exercice du pouvoir pour le peuple, gagn\u00e9 aux urnes, plus que celle d'une capacit\u00e9 de commandement, a \u00e9t\u00e9 celle d'une exp\u00e9rience corporelle quotidienne de pouvoir regarder en face les autres sans avoir honte de la couleur de sa peau ou de la pollera de sa m\u00e8re ; c'est d'avoir \u00e9t\u00e9 pris en compte comme des \u00eatres humains, de pouvoir vendre sur le march\u00e9, cultiver la terre ou d'\u00eatre une autorit\u00e9 sans aucune barri\u00e8re du nom.\u003Cbr \/\u003E\nDe ce fait, m\u00eame si l'exp\u00e9rience du pouvoir d'\u00c9tat pour les classes subalternes - tel que le consid\u00e9ra Gramsci - est, en premier lieu, la construction pratique de leur unit\u00e9 en tant que bloc social, la mani\u00e8re de verbaliser et de comprendre moralement ce pouvoir a \u00e9t\u00e9 la conqu\u00eate de la dignit\u00e9, c'est-\u00e0-dire leur exp\u00e9rience de peuple en tant que corps collectif auto-dignifi\u00e9.\u003Cbr \/\u003E\nC'est pourquoi la femme en pollera et l'ouvrier pleurent lorsque le fascisme br\u00fble la Wiphala, ils pleurent lorsqu'Evo est expuls\u00e9, ils pleurent lorsqu'on les emp\u00eache d'entrer dans les villes. Ils pleurent parce qu'ils sont en train de d\u00e9pecer le corps symbolique et r\u00e9el de leur unit\u00e9 et de leur pouvoir social.\u003Cbr \/\u003E\nEt lorsqu'ils portent leurs morts devant eux au milieu de milliers de rubans noirs et au son des bol\u00e9ros fun\u00e8bres de cavalerie, ils le font pour demander aux classes ais\u00e9es de respecter leurs morts, ces morts qui sont le seuil ultime o\u00f9 les vivants, quelle que soit leur classe ou leur condition sociale, doivent arr\u00eater leur orgie de sang et de haine, afin de v\u00e9n\u00e9rer la vertu de la vie.\u003Cbr \/\u003E\nOr, la r\u00e9action des putschistes est atroce, immorale, dantesque. Ils tirent des gaz lacrymog\u00e8nes, ils tirent des balles, ils d\u00e9placent leurs chars et les cercueils demeurent sur le sol, envelopp\u00e9s dans un nuage de gaz, escort\u00e9s par des gens qui s'agenouillent et risquent de suffoquer plut\u00f4t que de les abandonner.\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab Ils ne respectent m\u00eame pas les morts \u00bb, crient les gens. Ce n'est pas une phrase de protestation, c'est une sentence historique. Celle-l\u00e0 m\u00eame que prononc\u00e8rent les parents de ceux qui sont attaqu\u00e9s aujourd'hui, lorsqu'un autre coup d'\u00c9tat militaire en ce fatidique mois de novembre 1979 fit mitrailler, depuis des avions Mustang \u00e9tasuniens, des personnes en deuil qui priaient et faisaient des offrandes aux proches d\u00e9c\u00e9d\u00e9s le jour des morts ou \u00ab de tous les saints \u00bb.\u003Cbr \/\u003E\nLes aventuriers du coup d'\u00c9tat militaire de l'\u00e9poque, apr\u00e8s leur \u00e9ph\u00e9m\u00e8re ivresse de la victoire, finirent rel\u00e9gu\u00e9s dans les \u00e9gouts de l'Histoire, un lieu o\u00f9 les putschistes d'aujourd'hui seront sans aucun doute tr\u00e8s bient\u00f4t. On ne peut pas outrager les morts en toute impunit\u00e9, car dans la culture du peuple, ils font partie des principes de base qui r\u00e9gissent le destin des vivants.\u003Cbr \/\u003E\nLes putschistes d'aujourd'hui ont r\u00e9ussi \u00e0 faire peur aux gens par la brutalit\u00e9, mais cela a ouvert la porte \u00e0 un ressentiment g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9. Les sutures avec lesquelles les fissures s\u00e9culaires de classe, r\u00e9gionales et raciales avaient \u00e9t\u00e9 ferm\u00e9es ont explos\u00e9 dans l'air, laissant des blessures sociales sanglantes. Aujourd'hui, la haine est partout, des uns contre les autres.\u003Cbr \/\u003E\nLes classes moyennes traditionnelles aimeraient voir le cadavre d'Evo tra\u00een\u00e9 dans les rues, comme celui de l'ancien pr\u00e9sident Villarroel en 1946. Les classes pl\u00e9b\u00e9iennes aimeraient voir les riches assi\u00e9g\u00e9s dans leurs quartiers souffrant de la faim \u00e0 cause du manque de nourriture. Une nouvelle guerre des races se niche dans l'esprit d'un pays d\u00e9chir\u00e9 par la trahison d'une classe qui a trouv\u00e9 dans le pr\u00e9jug\u00e9 colonial de sup\u00e9riorit\u00e9 la d\u00e9fense de ses privil\u00e8ges.\u003Cbr \/\u003E\nNous l'avons d\u00e9j\u00e0 dit, la fascisation de la classe moyenne traditionnelle est la r\u00e9ponse conservatrice \u00e0 sa d\u00e9cadence sociale r\u00e9sultant de la d\u00e9valorisation de ses aptitudes, de ses capitaux, de ses opportunit\u00e9s et de ses savoirs l\u00e9gitimes face \u00e0 \u00ab l'invasion \u00bb d'une nouvelle classe moyenne d'origine populaire et autochtone qui dispose de r\u00e9pertoires plus efficaces d'ascension sociale au sein de l'\u00c9tat \u00ab indianis\u00e9 \u00bb de ces derni\u00e8res d\u00e9cennies.\u003Cbr \/\u003E\nCe n'est pas le fait qu'ils aient subi une d\u00e9pr\u00e9ciation de leur patrimoine - qui en r\u00e9alit\u00e9 a augment\u00e9 passivement en raison de l'expansion \u00e9conomique g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e du pays - mais de leurs opportunit\u00e9s et objectifs sociaux d'une ascension sociale plus \u00e9lev\u00e9e, en profitant de la croissance exponentielle de la richesse nationale.\u003Cbr \/\u003E\nMais cela n'a pas limit\u00e9 un point important des structures de classes sociales et des processus d'h\u00e9g\u00e9monie politique : le rayonnement \u00e9tatique des classes moyennes. \u00c0 proprement parler, l'\u00c9tat est, en r\u00e8gle g\u00e9n\u00e9rale, le monopole du sens commun d'une soci\u00e9t\u00e9, tandis que le pouvoir politique est, de loin, la croyance et la conviction qu'ont certains sur le pouvoir que d'autres d\u00e9tiennent. C'est aussi d'une certaine fa\u00e7on une sorte de sensation intersubjective.\u003Cbr \/\u003E\nIl s'agit du monde dense des narrations profondes \u00e0 effet \u00e9tatique. L'\u00ab opinion publique \u00bb, \u00e0 savoir les r\u00e9cits, les symboles et les sens de compr\u00e9hension de la l\u00e9gitimit\u00e9 qui lutte pour r\u00e9ajuster le sens commun politique, est largement ma\u00eetris\u00e9e par les classes moyennes traditionnelles qui disposent de temps, de ressources et de sp\u00e9cialisation professionnelle.\u003Cbr \/\u003E\nEn Bolivie, l'ascension sociale de nouvelles classes moyennes indig\u00e8nes populaires s'est accompagn\u00e9e de nouveaux r\u00e9cits et de nouveaux sens de la r\u00e9alit\u00e9, mais pas avec la solidit\u00e9 suffisante pour rayonner ou contrecarrer la \u00ab racialisation \u00bb du discours des classes conservatrices et servir de support \u00e0 une nouvelle \u00ab opinion publique \u00bb pr\u00e9dominante.\u003Cbr \/\u003E\nLes classes moyennes traditionnelles ont de l'exp\u00e9rience dans les formations discursives et dans les s\u00e9diments historiques du sens commun dominant, ce qui leur a permis d'introduire des fragments de leur mode de voir le monde au-del\u00e0 de la fronti\u00e8re de classe, y compris dans certaines parties des nouvelles classes moyennes et des secteurs populaires. En fait, la nouvelle classe moyenne plut\u00f4t qu'une classe sociale \u00e0 existence publique mobilis\u00e9e est une classe statistique, \u00e0 savoir qu'elle n'est pas encore une classe \u00e0 rayonnement d'\u00c9tat.\u003Cbr \/\u003E\nD'o\u00f9 les formes dramatiques avec lesquelles les forces indig\u00e8nes populaires tentent de mettre en sc\u00e8ne et de raconter leurs r\u00e9sistances. Ce sont des fa\u00e7ons diff\u00e9rentes de construire une opinion publique et d'articuler le sens commun qui rayonne vers d'autres secteurs sociaux, mais \u00e0 la suite de la violence du coup d'\u00c9tat. Des formes qui sont d\u00e9sormais subalternis\u00e9es et fragment\u00e9es.\u003Cbr \/\u003E\nPendant ce temps, le fascisme chevauche comme un cavalier enrag\u00e9 \u00e0 l'int\u00e9rieur des murs des quartiers classiques de la classe moyenne. L\u00e0, la culture et les raisons ont \u00e9t\u00e9 \u00e9radiqu\u00e9es ouvertement par les pr\u00e9jug\u00e9s et la vengeance. Et il semble que seule la stupeur r\u00e9sultant d'une nouvelle explosion sociale ou de la d\u00e9b\u00e2cle \u00e9conomique qui se profile \u00e0 l'horizon, produit de tant de haine et de destruction, pourra fissurer une telle irrationalit\u00e9 crach\u00e9e en guise de discours.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E(*) Vice-pr\u00e9sident de la Bolivie en exil.\u003Cbr \/\u003E\n(Traduction Gloria Gonzalez Justo)\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/histoireetsociete.wordpress.com\/2019\/12\/04\/bolivie-loutrage-aux-morts-par-alvaro-garcia-linera\"\u003Ehistoireetsociete.wordpress.com\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"parent_art":[{"title":"Bolivie : la dictature s'installe","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:164746,json:1"}]}}}