{"165826":{"id":"165826","parent":"164746","time":"1576057045","url":"http:\/\/newsnet.fr\/165826","source":"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/article.asp?reference=27614","category":"Latina","title":"Bolivie : la profanation des morts","catalog-images":"3\/\/1\/newsnet_165826_74cbed.jpg\/newsnet_165826_7c0657.jpg\/newsnet_165826_x7oc0ol.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165826_74cbed.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/bolivie-la-profanation-des-morts","admin":"newsnet","views":"575","priority":"3","length":"14891","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/biographie.asp?ref_aut=6980&lg_pp=fr\"\u003E\u00c1lvaro Garc\u00eda Linera\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EM\u00eame les morts ne seront pas en s\u00fbret\u00e9 si l'ennemi gagne\u003Cbr \/\u003E\nWalter Benjamin\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EUn cort\u00e8ge fun\u00e8bre multitudinaire parcourt les rues d'El Alto et de La Paz. Deux cercueils sont en t\u00eate et des milliers et des milliers de personnes en deuil sont derri\u00e8re. Ce sont des gens humbles, des habitants d'El Alto, des artisans, des paysans, des voisins, des m\u00e8res, des autochtones des provinces de La Paz, Potos\u00ed, Cochabamba et Oruro. Ils ont march\u00e9 avec leur douleur sur une dizaine de kilom\u00e8tres, et sur leur passage, des ouvriers, des commer\u00e7ants et des \u00e9tudiants en pleurs sortent, qui se signent, applaudissent, et donnent de l'eau et du pain aux marcheurs. La ville est paralys\u00e9e et les habitants des quartiers populaires sont en deuil. Il y a quelques jours, dans la zone de Senkata, huit habitants ont \u00e9t\u00e9 tu\u00e9s avec des armes \u00e0 feu militaires, plus d'une centaine ont \u00e9t\u00e9 bless\u00e9s par balles, portant \u00e0 34 le nombre de tu\u00e9s au cours des neuf premiers jours du coup d'\u00c9tat en Bolivie.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/dailymotion.com\/video\/x7oc0ol\" target=\"_blank\"\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-chain\"\u003E\u003C\/span\u003E daily\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIls sont descendus d'El Alto pour r\u00e9clamer justice pour leurs morts ; ils ont march\u00e9 si loin pour que les gens voient ce qui se passe, puisque les m\u00e9dias b\u00e2illonn\u00e9s ne parlent pas de la trag\u00e9die subie ; ils marchent pendant des heures et des heures pour dire au monde qu'ils ne sont ni des terroristes ni des vandales, qu'ils sont le peuple.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDepuis le jour du coup d'\u00c9tat, toutes les mobilisations des secteurs populaires et paysans qui se sont sortis pour d\u00e9fendre la d\u00e9mocratie et le respect du vote citoyen ont fait l'objet d'une campagne de d\u00e9nigrement f\u00e9roce qui a submerg\u00e9 les r\u00e9seaux et les m\u00e9dias. On ne parlait ni de travailleurs, ni de voisins, ni d'autochtones. Il \u00e9tait question de hordes dangereuses, des vandales mena\u00e7ant la paix sociale. Et lorsque les habitants de la vaillante ville d'El Alto et les autochtones et paysans ont bloqu\u00e9 les routes, un langage enrag\u00e9 s'est empar\u00e9 des putschistes et des m\u00e9dias : terroristes, trafiquants de drogue, sauvages, criminels, foules alcoolis\u00e9es, pillards et autres noms d'oiseaux ont \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9s pour disqualifier et criminaliser la manifestation des classes d\u00e9sh\u00e9rit\u00e9es.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDepuis lors, les femmes en \u003Ci\u003Epollera\u003C\/i\u003E {jupe traditionnelle autochtone) avec des enfants sur le dos, les \u00e9coli\u00e8res qui accompagnent leurs parents, les \u00e9tudiants, les ouvriers soudeurs, les paysans en poncho et les vendeurs de glaces sont le nouveau visage des dangereux s\u00e9ditieux qui veulent br\u00fbler le pays. Cette stigmatisation des pl\u00e9b\u00e9iens rebelles, surtout s'ils sont Indiens, n'est pas nouvelle. Pendant la colonie, au XVIe si\u00e8cle, Fray Gin\u00e9s de Sep\u00falveda comparait les Indiens aux singes ; le pr\u00eatre Tom\u00e1s Ortiz les a d\u00e9crits comme des b\u00eates ; au XIXe si\u00e8cle, on parlait de races d\u00e9g\u00e9n\u00e9r\u00e9es, et les dictatures du XXe si\u00e8cle ont mut\u00e9 vers la criminalisation des Indiens insurg\u00e9s, les d\u00e9crivant comme \u00ab subversifs \u00bb, s\u00e9ditieux qui veulent mettre la propri\u00e9t\u00e9, l'ordre et la religion en danger.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAujourd'hui, les classes moyennes traditionnelles font une fusion verbale honteuse entre le langage colonial et le langage contre-insurrectionnel. M\u00eame leurs intellectuels organiques form\u00e9s dans des universit\u00e9s \u00e9trang\u00e8res ne peuvent \u00e9chapper \u00e0 cet appel du sang et des pr\u00e9jug\u00e9s raciaux. Pour eux, les marches des habitants des quartiers et villages sont des r\u00e9unions de criminels bourr\u00e9s, les barrages routiers des paysans sont des actes de terrorisme, et les assassinats par balles de militaires sont des r\u00e8glements de comptes entre voyous. Apr\u00e8s la mod\u00e9ration forc\u00e9e avec laquelle les scribes conservateurs avaient qualifi\u00e9 toutes ces ann\u00e9es les Indiens qui avaient gagn\u00e9 en pouvoir, aujourd'hui ils se d\u00e9cha\u00eenent dans un torrent de pr\u00e9jug\u00e9s, d'insultes et de disqualifications racialis\u00e9es.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIls avaient attendu une d\u00e9cennie enti\u00e8re en se mordant les l\u00e8vres pour ne pas cracher sur les Indiens et leur montrer leur m\u00e9pris, et maintenant, prot\u00e9g\u00e9s par des ba\u00efonnettes, ils n'h\u00e9sitent pas \u00e0 d\u00e9charger toute leur haine de caste. Le temps de la vengeance est arriv\u00e9 et ils le font avec rage. C'est comme s'ils voulaient effacer non seulement la pr\u00e9sence de l'Indien qui les a vaincus, et c'est pourquoi ils sont capables de tuer pour qu'Evo ne soit pas candidat ; de plus ils veulent arracher son empreinte de la m\u00e9moire des classes humbles en assassinant, emprisonnant, torturant, mena\u00e7ant ceux qui prononcent son nom. C'est pourquoi ils br\u00fblent la wiphala qu'Evo a introduit dans les institutions de l'Etat, c'est pourquoi ils br\u00fblent les \u00e9coles qu'il a fait construire dans les quartiers populaires, c'est pourquoi ils applaudissent et trinquent \u00e0 la militarisation des villes. Il n'y a plus de place pour la dignit\u00e9 et le d\u00e9corum d'une classe qui se vautre fr\u00e9n\u00e9tiquement dans la boue de l'autoritarisme, de l'intol\u00e9rance et du racisme.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEt c'est contre cela que les classes humbles d'El Alto et des provinces marchent. Ils descendent par milliers, 200 000, 300 000. Le nombre n'a plus d'importance. Le pouvoir qu'ils d\u00e9fendent n'est pas celui d'une personne ou celui que Weber a th\u00e9oris\u00e9 comme la capacit\u00e9 d'influencer le comportement de quelqu'un d' autre. Pour les classes populaires, l'exp\u00e9rience du pouvoir des 14 derni\u00e8res ann\u00e9es est celle d'avoir \u00e9t\u00e9 reconnues comme \u00e9gales, d'avoir droit \u00e0 l'eau, \u00e0 l'\u00e9ducation, au travail, \u00e0 la sant\u00e9 dans les m\u00eames conditions que le reste des citoyens. L'exercice du pouvoir pour le peuple a gagn\u00e9 dans les urnes, plus que celui d'une capacit\u00e9 de commandement, a \u00e9t\u00e9 celui d'une exp\u00e9rience corporelle quotidienne de pouvoir regarder les autres en face sans avoir honte de la couleur de sa peau ou de la jupe de sa m\u00e8re, d'avoir \u00e9t\u00e9 pris en compte comme \u00eatres humains, de pouvoir vendre sur le march\u00e9, de labourer la terre ou de pouvoir \u00eatre autorit\u00e9 sans aucune barri\u00e8re du nom. Par cons\u00e9quent, bien que l'exp\u00e9rience du pouvoir d'\u00c9tat, pour les classes subalternes - comme l'a vu Gramsci - soit, en premier lieu, la construction pratique de leur unit\u00e9 en tant que bloc social, la mani\u00e8re de verbaliser et de comprendre moralement ce pouvoir a \u00e9t\u00e9 la conqu\u00eate de la dignit\u00e9, c'est-\u00e0-dire leur exp\u00e9rience de peuple comme corps collectif reconqu\u00e9rant sa dignit\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165826_74cbed.jpg\" \/\u003E\u003Cbr \/\u003E\nSacr\u00e9-Coeur de Bolivie, affiche de la \u003Ca href=\"https:\/\/utopix.cc\/producto\/herramientas\/sagrado-corazon-de-bolivia\"\u003EComunidad Utopix\u003C\/a\u003E, collectif d'artistes du Venezuela\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EC'est pourquoi la femme en jupe et l'ouvrier pleurent quand le fascisme br\u00fble la wiphala, pleurent quand Evo est expuls\u00e9, pleurent quand on les emp\u00eache d'entrer dans les villes. Ils pleurent parce qu'on est en train de d\u00e9chirer le corps symbolique et r\u00e9el de leur unit\u00e9 et de leur pouvoir social. Et lorsqu'ils portent leurs morts devant eux au milieu de milliers rubans noirs et de bol\u00e9ros de cavalerie fun\u00e9raire, ils le font pour demander aux classes ais\u00e9es de respecter leurs morts, ces morts qui sont le seuil ultime o\u00f9 les vivants, quelle que soit leur classe ou condition sociale, doivent arr\u00eater leur orgie de sang et de haine, afin de v\u00e9n\u00e9rer la vertu de la vie.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais la r\u00e9action des putschistes est atroce, immorale, dantesque. Ils tirent des gaz lacrymog\u00e8nes, tirent des balles, d\u00e9placent leurs chars et les cercueils restent par terre, envelopp\u00e9s dans un nuage de gaz, escort\u00e9s par des personnes qui s'agenouillent et risquent de suffoquer plut\u00f4t que de les abandonner.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIls ne respectent m\u00eame pas les morts, crient les gens. Ce n'est pas un slogan de protestation, c'est une phrase historique. La m\u00eame phrase prononc\u00e9e par les parents de ceux qui ont \u00e9t\u00e9 agress\u00e9s aujourd'hui, lors d'un autre coup d'\u00c9tat militaire dans le fatidique novembre 1979 - lorsque des personnes endeuill\u00e9es qui priaient et faisaient des offrandes aux parents d\u00e9c\u00e9d\u00e9s le Jour des morts ou de la Toussaint furent mitraill\u00e9es \u00e0 partir d'avions Mustang yankees. Les aventuriers du coup d'\u00c9tat militaire de l'\u00e9poque, apr\u00e8s leur ivresse \u00e9ph\u00e9m\u00e8re de victoire, ont fini dans les \u00e9gouts de l'histoire, l\u00e0 o\u00f9 les putschistes d'aujourd'hui les rejoindront s\u00fbrement bient\u00f4t. Les morts ne peuvent \u00eatre profan\u00e9s en toute impunit\u00e9, car dans la culture du peuple, ils font partie des principes de base qui r\u00e9gissent le destin des vivants.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa brutalit\u00e9 des putschistes d'aujourd'hui provoque la peur du peuple, mais elle a ouvert la porte \u00e0 un ressentiment g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9. Les sutures avec lesquelles les fissures s\u00e9culaires de classe, de r\u00e9gion et de race avaient \u00e9t\u00e9 referm\u00e9es ont saut\u00e9, ouvrant des blessures sociales sanglantes. Aujourd'hui, il y a de la haine partout, des uns contre les autres. Les classes moyennes traditionnelles aimeraient voir le corps d'Evo tra\u00een\u00e9 dans les rues, comme celui de l'ancien pr\u00e9sident Villarroel en 1946. Les classes pl\u00e9b\u00e9iennes aimeraient voir les riches assi\u00e9g\u00e9s dans leurs quartiers souffrant de la faim due au manque de nourriture. Une nouvelle guerre des races nidifie dans l'esprit d'un pays d\u00e9chir\u00e9 par le crime d'une classe qui a trouv\u00e9 dans le pr\u00e9jug\u00e9 colonial de sup\u00e9riorit\u00e9 la d\u00e9fense de ses privil\u00e8ges.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EComme nous l'avons d\u00e9j\u00e0 dit, la fascisation de la classe moyenne traditionnelle est la r\u00e9ponse conservatrice \u00e0 sa d\u00e9cadence sociale r\u00e9sultant de la d\u00e9valorisation de ses aptitudes, de son capital, de ses opportunit\u00e9s et de ses connaissances l\u00e9gitimes face \u00e0 \u00ab l'invasion \u00bb d'une nouvelle classe moyenne d'origine populaire et autochtone avec des r\u00e9pertoires plus efficaces d'ascension sociale dans l'\u00c9tat Indianis\u00e9 de la derni\u00e8re d\u00e9cennie. Ce n'est pas qu'ils aient vu une d\u00e9pr\u00e9ciation de leur patrimoine -qui en fait a augment\u00e9 passivement du fait de l'expansion \u00e9conomique g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e du pays-, mais de leurs opportunit\u00e9s et paris de plus grande ascension sociale pour profiter de la croissance exponentielle de la richesse nationale.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais cela n'a pas limit\u00e9 un fait pertinent des structures des classes sociales et des processus d'h\u00e9g\u00e9monie politique : l'irradiation \u00e9tatique des classes moyennes. Strictement parlant, l'\u00c9tat est, dans sa forme r\u00e9guli\u00e8re, le monopole du bon sens d'une soci\u00e9t\u00e9. Si le pouvoir politique est de loin la croyance et la conviction d'une partie dans le pouvoir de l'autre, il est en quelque sorte aussi une sorte de sensation intersubjective. Il s'agit du monde dense des r\u00e9cits profonds \u00e0 effet \u00e9tatique. L'opinion publique, c'est-\u00e0-dire les r\u00e9cits, les symboles et les sens de compr\u00e9hension de la l\u00e9gitimit\u00e9 qui luttent pour r\u00e9aligner le bon sens politique, est largement concentr\u00e9e dans les classes moyennes traditionnelles qui disposent de temps, de ressources et de sp\u00e9cialisation professionnelle.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn Bolivie, l'ascension sociale des nouvelles classes moyennes populaires autochtones s'est accompagn\u00e9e de nouveaux r\u00e9cits et de nouveaux sens de la r\u00e9alit\u00e9, mais pas assez solides pour faire rayonner ou contrecarrer la racialisation du discours de classe conservateur et servir de socle \u00e0 une nouvelle opinion publique dominante. Les classes moyennes traditionnelles ont l'exp\u00e9rience des formations discursives et des s\u00e9diments historiques du bon sens dominant, ce qui leur a permis d'\u00e9tendre leur fa\u00e7on de voir le monde au-del\u00e0 des fronti\u00e8res de classe, m\u00eame dans des parties des nouvelles classes moyennes et des secteurs populaires. En fait, la nouvelle classe moyenne plut\u00f4t qu'une classe sociale \u00e0 existence publique mobilis\u00e9e est une classe statistique, c'est-\u00e0-dire pas encore une classe \u00e0 rayonnement \u00e9tatique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED'o\u00f9 la fa\u00e7on dramatique dont les forces populaires autochtones tentent de mettre en sc\u00e8ne et de raconter leurs r\u00e9sistances. Il s'agit d'autres fa\u00e7ons de construire l'opinion publique et d'articuler le bon sens qui rayonne vers d'autres secteurs sociaux, mais sous le coup de boutoir du coup d'\u00c9tat, elles se retrouvent d\u00e9sormais en position subalterne et fragment\u00e9es.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPendant ce temps, le fascisme monte comme un cavalier enrag\u00e9 \u00e0 l'int\u00e9rieur des murs des quartiers classiques de la classe moyenne. L\u00e0, la culture et les raisons ont \u00e9t\u00e9 \u00e9radiqu\u00e9es sans dissimulation par les pr\u00e9jug\u00e9s et la vengeance. Et il semble que seule la stupeur r\u00e9sultant d'une nouvelle explosion sociale ou de la d\u00e9b\u00e2cle \u00e9conomique qui se profile \u00e0 l'horizon, produit de tant de haine et de destruction, sera capable de mettre un frein \u00e0 tant d'irrationalit\u00e9 vomie en guise de discours.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165826_7c0657.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETupac Katari (1750-1781) : \u00ab Ils ne tueront que moi seul..., mais demain je reviendrai et je serai des millions \u00bb\u003Cbr \/\u003E\nAffiche de Pablo Kalaka, \u003Ca href=\"https:\/\/utopix.cc\/producto\/herramientas\/sagrado-corazon-de-bolivia\"\u003EComunidad Utopix\u003C\/a\u003E, Venezuela\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECourtesy of \u003Ca href=\"http:\/\/tlaxcala-int.org\"\u003ETlaxcala\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\nSource: \u003Ca href=\"https:\/\/www.jornada.com.mx\/ultimas\/mundo\/2019\/12\/01\/el-agravio-a-los-muertos-alvaro-garcia-linera-4229.html\"\u003Ejornada.com.mx\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\nPublication date of original article: 01\/12\/2019\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/article.asp?reference=27614\"\u003Etlaxcala-int.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"parent_art":[{"title":"Bolivie : la dictature s'installe","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:164746,json:1"}]}}}