{"166060":{"id":"166060","parent":"165791","time":"1576447481","url":"http:\/\/newsnet.fr\/166060","source":"http:\/\/www.legrandsoir.info\/derriere-le-sourire-force-de-marie-sophie-lacarrau-les-banques.html","category":"m\u00e9dias","title":"Derri\u00e8re le sourire forc\u00e9 de Marie-Sophie Lacarrau : les banques","catalog-images":"3\/\/1\/newsnet_166060_70bc1f.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_166060_70bc1f.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/derriere-le-sourire-force-de-marie-sophie-lacarrau-les-banques","admin":"newsnet","views":"631","priority":"3","length":"19752","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cbr \/\u003E\nPhilippe ARNAUD\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EJ'ai suivi, ce 14 d\u00e9cembre, au journal t\u00e9l\u00e9vis\u00e9 de France 2 de 13 h, ce qui se disait des gr\u00e8ves contre la (soi-disant) r\u00e9forme des retraites. Et j'ai beau y \u00eatre habitu\u00e9, j'ai quand m\u00eame vu un grand moment de propagande t\u00e9l\u00e9visuelle.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ERemarque 1. Le sujet des gr\u00e8ves et manifestations arrive en troisi\u00e8me position dans le journal. Mais il n'arrive pas apr\u00e8s n'importe quoi. Les deux premiers sujets, en effet, sont intitul\u00e9s d'une part \"Les intemp\u00e9ries, d\u00e9g\u00e2ts et foyers priv\u00e9s d'\u00e9lectricit\u00e9 dans le Sud-Ouest\", et, d'autre part, \"La D\u00e9fense : apr\u00e8s avoir menac\u00e9 des policiers \u00e0 l'arme blanche, un homme est abattu\".\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECette succession est tout sauf innocente. En effet, avant le sujet sur les gr\u00e8ves, qui ne va quasiment parler que de \"la gal\u00e8re des usagers\", on met le t\u00e9l\u00e9spectateur en condition avec les intemp\u00e9ries en pr\u00e9sentant ses compatriotes atteints dans leurs conditions de vie : leurs voitures \u00e9cras\u00e9es, leurs toits envol\u00e9s, leur demeure priv\u00e9e d'\u00e9lectricit\u00e9. Tout comme les usagers des transports tass\u00e9s comme des anchois sur les quais des gares et dans les wagons du m\u00e9tro. On sugg\u00e8re ainsi (de fa\u00e7on peu discr\u00e8te), et que les effets de la gr\u00e8ve sont identiques \u00e0 ceux des \u00e9l\u00e9ments, et que dans une p\u00e9riode o\u00f9 les Fran\u00e7ais sont accabl\u00e9s par la Nature, il est tr\u00e8s mal venu de leur infliger, en plus, des avanies pour pr\u00e9server des revendications de \"privil\u00e9gi\u00e9s\"...\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EM\u00eame effet psychologique recherch\u00e9 avec l'homme mena\u00e7ant de la D\u00e9fense. On pourrait op\u00e9rer une substitution de termes \u00e0 termes avec la situation sociale et titrer le sujet : \"La d\u00e9fense (indue) des privil\u00e8ges : apr\u00e8s avoir menac\u00e9 les Fran\u00e7ais avec l'arme de la gr\u00e8ve, les syndicalistes sont remis au pas par l'\u00e9tat d'urgence\". Ainsi, quand, au bout de quelques minutes, la journaliste en arrive aux gr\u00e8ves, le t\u00e9l\u00e9spectateur est psychologiquement pr\u00e9par\u00e9 pour regarder les gr\u00e9vistes d'un œil mauvais.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ERemarque 2. Au d\u00e9but du journal, lorsque Marie-Sophie Lacarrau pr\u00e9sente le sujet, elle prononce ces mots : \"Neuvi\u00e8me jour de gr\u00e8ve contre la r\u00e9forme des retraites et des usagers \u00e9puis\u00e9s. Sc\u00e8nes de cohue dans les transports. La vice-pr\u00e9sidente des DRH alerte sur la fatiguedes salari\u00e9s. Des m\u00e9decins disent voir en consultation de plus en plus de travailleurs ext\u00e9nu\u00e9s.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EA noter : la gr\u00e8ve n'est pas pr\u00e9sent\u00e9e pour le maintien des principes des retraites d\u00e9coulant du programme du CNR de 1944, mais contre la r\u00e9forme. Et ces deux pr\u00e9positions ne sont pas choisies au hasard. \"Contre\" a une connotation n\u00e9gative, \"pour\" une connotation positive, comme le substantif \"r\u00e9forme\" : quand on r\u00e9forme quelque chose, c'est pour que ce quelque chose fonctionne mieux, qu'il s'adapte \u00e0 de nouvelles conditions. Conclusion implicite : les gr\u00e9vistes sont pour le statu quo, pour la routine, contre le progr\u00e8s. Pour le reste, le ton est donn\u00e9 : les journalistes adoptent r\u00e9solument le point de vue des usagers. On n'entendra pas les gr\u00e9vistes...\u003Cbr \/\u003E\nPremier sujet de la gr\u00e8ve. Qui commence ainsi : \"Au bord de l'asphyxie, \u00e0 perte de vue, les files de passagers s'\u00e9tendent et progressent difficilement vers les quelques trains disponibles, aiguill\u00e9s par les gilets verts, charg\u00e9s de la r\u00e9gulation dans le m\u00e9tro parisien. Neuvi\u00e8me jour de perturbation, neuvi\u00e8me jour \u00e0 jouer des coudes pendant de longues minutes ; pour certains voyageurs, la patience est \u00e0 bout.... Le trafic est encore plus chaotique qu'\u00e0 l'accoutum\u00e9e \u00e0 cause d'une tentative de suicide sur les voies. Partout l'\u00e9nervement des usagers progresse, certains sont \u00e0 bout de nerfs [Ici, la cam\u00e9ra saisit un passager qui vocif\u00e8re]. Pagaille sur les rails mais aussi sur le bitume. Mass\u00e9s sur le trottoir dans l'espoir d'arriver \u00e0 l'heure au travail et pour avoir un bus, on n'a pas le choix, il faut se lever aux aurores. [Ici, micro-trottoir avec deux femmes qui racontent leurs difficult\u00e9s] La moiti\u00e9 des bus roule aujourd'hui en r\u00e9gion parisienne. La moindre arriv\u00e9e engendre la bousculade. Il se remplit en moins d'une minute mais pour se retrouver quelques m\u00e8tres plus loin, pris dans les embouteillages. M\u00eame lassitude, chez les automobilistes. Beaucoup craignent d\u00e9sormais que la gr\u00e8ve s'\u00e9ternise \u00e0 maintenant sept jours du coup d'envoi des vacances de No\u00ebl.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ERemarque 3. Les mots soulign\u00e9s en gras (asphyxie, difficilement, \u00e9nervement, \u00e0 bout de nerfs, lassitude, s'\u00e9ternise...) sont l\u00e0 pour exciter le public contre les gr\u00e9vistes, diviser l'opinion, et, s'il le faut, justifier des mesures de force contre les gr\u00e9vistes : r\u00e9quisitions, matraquages, prison, emploi de flash-balls, en bref, des mesures autoritaires qui seraient alors pr\u00e9sent\u00e9es comme n\u00e9cessaires et salutaires.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDeuxi\u00e8me sujet de la gr\u00e8ve. \"\u00c9puis\u00e9s, bloqu\u00e9s plusieurs heures dans leur voiture, ou face \u00e0 des m\u00e9tros bond\u00e9s. Aller au travail est devenu d\u00e9sormais de plus en plus difficile pour ces usagers. Dans cette entreprise en banlieue parisienne, m\u00eame si les salari\u00e9s se sont organis\u00e9s, la fatigue commence \u00e0 peser. [Ici interview d'une salari\u00e9e qui \u00e9voque sa vie de maman]. Pour la directrice des ressources humaines, c'est donc toute l'organisation de l'entreprise qu'il faut revoir. Des salari\u00e9s plus stress\u00e9s, plus fatigu\u00e9s, et qui, d\u00e9sormais sont aussi plus nombreux \u00e0 poser des arr\u00eats-maladie. C'est ce que remarque ce m\u00e9decin depuis quelques jours. Des cabinets m\u00e9dicaux qui risquent de ne pas d\u00e9semplir si la gr\u00e8ve se poursuit.\"\u003Cbr \/\u003E\nRemarque 4. Les salari\u00e9s - ou les actifs en g\u00e9n\u00e9ral - sont pr\u00e9sent\u00e9s comme des victimes (\u00e9puis\u00e9s, bloqu\u00e9s, fatigu\u00e9s, stress\u00e9s, malades...) d'acteurs ou d'agents \u00e9trangers \u00e0 eux et qui leur causent de multiples tourments pour des causes qui ne concernent que ces gr\u00e9vistes. A la fa\u00e7on des djihadistes, qui commettent des attentats parce qu'ils interpr\u00e8tent de fa\u00e7on d\u00e9lirante les pr\u00e9ceptes d'une religion \u00e9trang\u00e8re \u00e0 la majorit\u00e9 des Fran\u00e7ais. Mais - sugg\u00e8re insidieusement le reportage - ne s'agit-il pas ici de la m\u00eame chose ? En effet, qu'ont \u00e0 voir les usagers \"victimes\" des gr\u00e8ves avec le programme du CNR et toutes ces vieilleries datant de plus de trois quarts de si\u00e8cle ? Ne sommes-nous pas \u00e0 l'\u00e8re d'Internet, de la globalisation et de la d\u00e9mat\u00e9rialisation des t\u00e2ches ? Or cette insinuation des journalistes est perverse : car en quoi les gr\u00e9vistes sont-ils \u00e9trangers aux usagers du m\u00e9tro ? Ne sont-ils pas, eux aussi, des salari\u00e9s ? Et leur gr\u00e8ve, si elle est victorieuse, ne profitera-t-elle pas \u00e0 tout le monde, y compris \u00e0 ceux qui, actuellement, pestent contre elle ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETroisi\u00e8me sujet de la gr\u00e8ve. La pr\u00e9sentatrice commence ainsi : \"Faut-il y voir une premi\u00e8re victoire, pour l'ex\u00e9cutif, sur cette r\u00e9forme des retraites. Hier soir les policiers ont suspendu leur mouvement de protestation, ils disent avoir obtenu des garanties de leur ministre Christophe Castaner ; ce matin c'est Jean-Michel Blanquer qui recevait, lui, les syndicats enseignants. Simon Ricottier, vous \u00eates sur place, le gouvernement cherche \u00e0 d\u00e9miner branche par branche et l\u00e0, qu'en est-il sorti ? [Simon Ricottier : \"Eh bien les syndicats enseignants attendaient du concret, d\u00e8s aujourd'hui, d\u00e8s cette premi\u00e8re rencontre avec Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'\u00c9ducation. Ils ont discut\u00e9 pr\u00e8s de trois heures et les premiers sortis se disent plut\u00f4t satisfaits des \u00e9changes de ce matin, m\u00eame si, eux aussi, attendent des garanties. Les promesses ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9affirm\u00e9es, nous ont-ils dit, \u00e0 savoir, notamment une sanctuarisation du niveau des pensions et une enveloppe cons\u00e9quente qui sera consacr\u00e9e aux revalorisations salariales \u00e0 partir de 2021. Les syndicats attendent des pr\u00e9cisions sur le montant de cette enveloppe et un calendrier un peu plus pr\u00e9cis. En attendant, ils maintiennent l'appel \u00e0 la manifestation du 17 d\u00e9cembre, car ils estiment qu'ils ne sont pas les seuls concern\u00e9s par cette r\u00e9forme des retraites\"].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ERemarque 5. Ce troisi\u00e8me sujet commence sur un ton triomphaliste (premi\u00e8re victoire). Car qui dit \"premi\u00e8re victoire\" sous-entend une deuxi\u00e8me, puis une troisi\u00e8me, puis une quatri\u00e8me, jusqu'\u00e0 la victoire d\u00e9finitive du gouvernement sur toute la ligne. Ce ton semble se confirmer par la suite (plut\u00f4t satisfaits). Mais, d\u00e8s qu'on entre dans le concret, les syndicats, en revanche, ne se \"satisfont plus\" de bonnes paroles, ils veulent du concret. [Car le diable, on le sait, se cache dans les d\u00e9tails].... Remarque incise : d\u00e9miner branche par branche, cela veut dire distribuer des aum\u00f4nes \u00e0 droite et \u00e0 gauche, des \"pi\u00e8ces jaunes\" \u00e0 la Bernadette Chirac, pour faire cesser les criailleries des gueux, et une fois qu'on aura calm\u00e9 les plus tendres, \u00e9craser les plus durs. Ce qui s'appelle \"diviser pour r\u00e9gner\"... Autre remarque incise sur laquelle les journalistes se gardent bien d'insister : l'appel \u00e0 la gr\u00e8ve que les syndicalistes lancent, pr\u00e9cis\u00e9ment, par solidarit\u00e9...\u003Cbr \/\u003E\nQuatri\u00e8me sujet de la gr\u00e8ve. Marie-Sophie Lacarrau reprend la parole : \"Merci, Simon Ricottier. Et ce matin, un sondage pour France Info nous apprend que 6 Fran\u00e7ais sur 10 n'ont pas \u00e9t\u00e9 convaincus par les annonces d'\u00c9douard Philippe. Cela veut dire que 4 sur 10 le sont. Ces Fran\u00e7ais qui trouvent du sens \u00e0 la r\u00e9forme, on les entend peu. Marie-Candice Delouvri\u00e9 et Olivier Combes sont all\u00e9s \u00e0 leur rencontre \u00e0 Toulouse. \"Beaucoup de retrait\u00e9s sur ce march\u00e9 toulousain, mais aussi des actifs, plus ou moins proches de la retraite. La r\u00e9forme pourrait-elle profiter \u00e0 certains d'entre eux ? C'est l'espoir de cette agricultrice de 59 ans, encore en activit\u00e9, elle accepte volontiers l'id\u00e9e d'une retraite minimum \u00e0 1000 euros la concernant. [L'agricultrice : \"C'est d\u00e9j\u00e0 bien parce que ce sera pratiquement doubler le montant de la retraite\". Question : \"Vous esp\u00e9rez y avoir acc\u00e8s, vous, en tant qu'agricultrice ?\" R\u00e9ponse : \"Bien s\u00fbr, bien s\u00fbr, j'esp\u00e8re. On verra\" Question : \"Vous avez cotis\u00e9 suffisamment ?\" R\u00e9ponse : \"J'esp\u00e8re. Jamais assez pour avoir 1000 euros, c'est certain.\"] Reprise de parole de la journaliste : \"Espoir aussi du c\u00f4t\u00e9 des m\u00e8res de famille, qui saluent la majoration des retraites, accord\u00e9e d\u00e8s le premier enfant. Question : \"5 \"% de majoration par enfant, c'est pas rien, quand m\u00eame ?\" R\u00e9ponse : \"Ah non, ah non, ah non ! C'est beaucoup, je crois que c'est normal, c'est bien\". Reprise : \"Quant \u00e0 la cr\u00e9ation d'un \u00e2ge-pivot, \u00e0 64 ans, pour toucher une pension sans d\u00e9cote, commer\u00e7ants et clients n'y sont pas tous oppos\u00e9s\". Une cliente : \"Si on est dans un bureau, comme moi j'ai \u00e9t\u00e9, 64 ans, \u00e7a doit \u00eatre possible, bien que moi, je me sois arr\u00eat\u00e9e \u00e0 62, mais bon, c'\u00e9tait parce que j'avais envie de m'arr\u00eater, mais je pense que, derri\u00e8re un bureau, c'est possible\". Interview d'un commer\u00e7ant : \"J'ai 62 ans, j'ai commenc\u00e9 \u00e0 travailler \u00e0 15 ans, regardez-moi, hein, tout va bien. Quand on fait quelque chose qui pla\u00eet, c'est que l'important, c'est \u00e7a, c'est d'expliquer aux gens que le travail est une vertu, qu'on peut se r\u00e9galer au travail. Je comprends qu'il y ait des travaux qui sont compliqu\u00e9s. Mais si on se r\u00e9gale au boulot, \u00e0 mon avis, l'\u00e2ge de la retraite sera moins important.\" Ce commer\u00e7ant comprend malgr\u00e9 tout que des exceptions puissent \u00eatre faites pour les professions particuli\u00e8rement p\u00e9nibles, mais il reste convaincu, comme d'autres, de la n\u00e9cessit\u00e9 d'une r\u00e9forme et de la suppression de certains r\u00e9gimes sp\u00e9ciaux\".\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ERemarque 6. Cette remarque, li\u00e9e \u00e0 ce quatri\u00e8me sujet, sera plus longue, car elle se subdivisera en plusieurs sous-remarques.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESous-remarque 6.1. L'insistance sur le \"4 Fran\u00e7ais sur 10\" est destin\u00e9e \u00e0 donner du poids \u00e0 ces 40 % d'opposants aux gr\u00e8ves et \u00e0 relativiser les 60 % qui sont en faveur de ces m\u00eames gr\u00e8ves. Mais si ces 40 % sont si importants, pourquoi, plus tard dans le journal, Marie-Sophie Lacarrau insiste-t-elle autant sur la victoire de Boris Johnson au Royaume-Uni (il remporte haut la main), alors qu'il n'a recueilli, lui, que 43 % des suffrages exprim\u00e9s ? Comment (en dehors des r\u00e8gles du scrutin majoritaire), ces 43 % au Royaume-Uni conf\u00e9reraient-ils plus de l\u00e9gitimit\u00e9 \u00e0 Johnson qu'aux les 60 % de Fran\u00e7ais qui se prononcent en faveur des gr\u00e8ves ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESous-remarque 6.2. Les Fran\u00e7ais qui sont pour les r\u00e9formes donnent du sens aux r\u00e9formes du gouvernement. Ce qui implique, corr\u00e9lativement, que les opposants \u00e0 ces r\u00e9formes, eux, n'en donnent pas. Ils sont contre ces r\u00e9formes par esprit de contradiction, parce qu'ils sont oppos\u00e9s, par principe, \u00e0 tout ce que fait le gouvernement. Ils sont contre par haine de la nouveaut\u00e9, par instinct, de fa\u00e7on animale, comme un chien qui montre les dents \u00e0 un inconnu. Alors que les partisans des r\u00e9formes, eux, r\u00e9fl\u00e9chissent.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESous-remarque 6.3. \"Ces Fran\u00e7ais qu'on entend peu\", c'est la reprise, sous une autre forme, de la fameuse \"majorit\u00e9 silencieuse\" si pris\u00e9e des gouvernements de droite, pas seulement parce qu'elle est majorit\u00e9, mais surtout parce qu'elle est \"silencieuse\". C'est ce trait qui pla\u00eet aux politiciens, id\u00e9ologues et journalistes de droite en ce qu'elle correspond \u00e0 leur \"sagesse\" \u00e0 courte vue, irrigu\u00e9e de proverbes du terroir et de \"bon sens populaire\". Du genre \"Le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien\" et qui les conforte dans la croyance que la gauche n'est form\u00e9e que de braillards improductifs, alors que la droite, elle, travaille en silence (pour nourrir les \"parasites\" de gauche...).\u003Cbr \/\u003E\nSous-remarque 6.4. L'agricultrice qui s'\u00e9merveille d'avoir une pension de 1000 euros, parce que cela repr\u00e9sente le double de ce qu'elle escompte avoir \u00e0 la retraite. Mais comment peut-on s'\u00e9merveiller d'une pension \u00e0 1000 euros, qui n'est m\u00eame pas au niveau du SMIC ? Cette courte remarque illustre le mot selon lequel \"au royaume des aveugles, les borgnes sont rois\". Comment s'\u00e9merveiller d'une pension de 1000 euros, d\u00e9j\u00e0 pr\u00e9vue depuis 2003 - et jamais appliqu\u00e9e - mais qui ne serait accord\u00e9e qu'\u00e0 ceux qui auraient travaill\u00e9 plus de 40 ans au SMIC sans interruption ? Mais comment, au cours de ces derni\u00e8res d\u00e9cennies, peut-on n'avoir connu aucune p\u00e9riode de ch\u00f4mage, surtout quand on a toujours \u00e9t\u00e9 au SMIC ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESous-remarque 6.5. Lorsque la journaliste demande \u00e0 une m\u00e8re de famille \"5 % de majoration par enfant d\u00e8s le premier, ce n'est pas rien, quand m\u00eame ?\", elle sollicite honteusement une r\u00e9ponse positive, comme la dame patronnesse qui, ayant l'habitude de donner sa \"pi\u00e8ce jaune\" de 10 centimes au m\u00eame mendiant, lui demande de se confondre en remerciements lorsqu'elle lui tend une pi\u00e8ce de 50 centimes : \"Eh bien, mon ami, que dites-vous \u00e0 votre bienfaitrice ?\"\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESous-remarque 6.6. L'\u00e2ge-pivot \u00e0 64 ans est ce que l'on appelle un \"\u00e9l\u00e9ment de langage\", c'est-\u00e0-dire, dans la novlangue des communicants, un euph\u00e9misme destin\u00e9 \u00e0 camoufler une r\u00e9alit\u00e9 d\u00e9sagr\u00e9able. Quelle est cette r\u00e9alit\u00e9 ? C'est que, sous couvert de maintenir l'\u00e2ge officiel de d\u00e9part \u00e0 la retraite \u00e0 62 ans, en fait, on le fixe \u00e0 64 ans ! On dit aux gens : vous pouvez toujours partir \u00e0 62 ans, mais si vous le faites, vous allez sentir passer la d\u00e9cote ! Or, comme les retraites ne sont d\u00e9j\u00e0 pas bien g\u00e9n\u00e9reuses quelle conclusion en tirent les futurs retrait\u00e9s : ils partent \u00e0 64 ans... On proc\u00e8de comme si on laissait un choix mais on p\u00e8se fortement dans un sens. Et apr\u00e8s, dans quelques ann\u00e9es, lorsqu'on aura constat\u00e9 qu'une tr\u00e8s grande majorit\u00e9 de salari\u00e9s partent \u00e0 64 ans, on promulguera une loi qui fixera officiellement, cette fois, l'\u00e2ge de d\u00e9part \u00e0 64 ans. En attendant 65, 66, 67, 68... 70 ans.\u003Cbr \/\u003E\nSous-remarque 6.7. Le commer\u00e7ant reste convaincu, comme d'autres, de la suppression de certains r\u00e9gimes sp\u00e9ciaux. Ce \"certain\" est hypocrite et il l'est \u00e0 deux titres :\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E- Il l'est d'abord en ce qu'en tant que d\u00e9terminant, il est employ\u00e9 par euph\u00e9misme pour ne pas dire \"des r\u00e9gimes sp\u00e9ciaux\", c'est-\u00e0-dire du maximum de r\u00e9gimes sp\u00e9ciaux. Un peu comme lorsque la droite dit vouloir lutter contre l'immigration \"clandestine\", l'adjectif clandestine est de trop. En fait, elle est contre l'immigration tout court.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E- Il est ensuite hypocrite en ce que, en ne d\u00e9finissant pas les professions dont on supprimera les r\u00e9gimes sp\u00e9ciaux, il en vise en fait quelques-uns, qui suscitent la vindicte de la droite : ceux des cheminots, des conducteurs du m\u00e9tro, du RER, et, en g\u00e9n\u00e9ral, de presque tous ceux des fonctionnaires ou assimil\u00e9s.\u003Cbr \/\u003E\n- Sous-remarque 6.8. Le commer\u00e7ant qui dit que le travail est une vertu, qu'on se porte bien quand on fait ce que l'on aime, suit la m\u00eame pente qu'Emmanuel Macron lorsqu'il s'est oppos\u00e9 \u00e0 la notion de p\u00e9nibilit\u00e9 du travail. Parce que, pour lui, le travail, \u00e9tant \u00e9mancipateur, ne peut \u00eatre p\u00e9nible. Apparemment Macron n'a aucune id\u00e9e de ce que peut-\u00eatre de nettoyer des dizaines de chambres d'un h\u00f4tel au pas de courses. Et ce n'est qu'un exemple parmi plusieurs milliers...\u003Cbr \/\u003E\nJe n'ai pas trait\u00e9 les quatre autres sujets li\u00e9s \u00e0 la gr\u00e8ve, d'abord pour ne pas lasser les lecteurs, et, ensuite, parce que les journalistes s'y montraient moins outrageusement partiaux. Je rel\u00e8ve seulement cette remarque dans le sujet sur l'impact \u00e9conomique de la gr\u00e8ve, o\u00f9 une journaliste, se r\u00e9f\u00e9rant \u00e0 la gr\u00e8ve de 1995, dit que les cons\u00e9quences de cette gr\u00e8ve avaient \u00e9t\u00e9 moins graves que pr\u00e9vu. D'abord parce que les consommateurs avaient report\u00e9 leurs achats, et, ensuite, parce qu'il y avait eu, par r\u00e9action, un rebond de l'activit\u00e9 \u00e9conomique au cours des mois suivants. France 2 voudrait encourager les gr\u00e9vistes \u00e0 poursuivre leur mouvement qu'elle ne s'y prendrait pas autrement...\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EJe terminerai en relevant deux \"\u00e9l\u00e9ments de langage\" du gouvernement en contradiction l'un avec l'autre.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E- D'un c\u00f4t\u00e9 Macron feint de s'indigner que les Fran\u00e7ais protestent contre sa r\u00e9forme des retraites alors que, dit-il, il avait clairement annonc\u00e9 la couleur et donc qu'en votant pour lui, les Fran\u00e7ais avaient implicitement vot\u00e9 pour cette r\u00e9forme. C'est oublier d'une part que le nombre de Fran\u00e7ais qui a vot\u00e9 pour lui au premier tour ne repr\u00e9sente que 15 % du corps \u00e9lectoral et qu'au second tour les Fran\u00e7ais ont moins vot\u00e9 pour lui que vot\u00e9 contre Marine Le Pen. Mais c'est aussi passer sous silence qu'en 2017, cette r\u00e9forme avait \u00e9t\u00e9 pr\u00e9sent\u00e9e de fa\u00e7on tr\u00e8s g\u00e9n\u00e9rale, tr\u00e8s vague, et que, comme elle pr\u00e9tendait corriger des injustices, tout le monde pouvait imaginer y gagner.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E- D'un autre c\u00f4t\u00e9, aujourd'hui, il feint aussi de s'indigner que les Fran\u00e7ais se r\u00e9voltent avant que le Premier ministre en ai pr\u00e9sent\u00e9 le d\u00e9tail. Et de dire (sans voir la contradiction avec les propos pr\u00e9c\u00e9dents) qu'on ne peut condamner une r\u00e9forme, par principe, sans la conna\u00eetre. C'est l\u00e0 aussi m\u00e9conna\u00eetre que, depuis 2017, beaucoup de d\u00e9tails ont fuit\u00e9 sur l'esprit et la philosophie de cette r\u00e9forme et que les Fran\u00e7ais ont \u00e9t\u00e9 \u00e9difi\u00e9s par les autres d\u00e9cisions de Macron, qui composent un ensemble coh\u00e9rent : suppression de l'ISF, d\u00e9mant\u00e8lement du Code du travail... Comment la r\u00e9forme des retraites n'irait-elle pas dans le m\u00eame sens ? Comment croire un pr\u00e9sident lorsque BlackRock, le plus gros fonds de pension am\u00e9ricain, a table ouverte \u00e0 l'\u00c9lys\u00e9e ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.legrandsoir.info\/derriere-le-sourire-force-de-marie-sophie-lacarrau-les-banques.html\"\u003Elegrandsoir.info\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"parent_art":[{"title":"Comment se pr\u00e9pare la spoliation de l'\u00e9pargne et des \u00e9pargnants - Par Ruptures","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:165791,json:1"}]}}}