{"167190":{"id":"167190","parent":"0","time":"1578564719","url":"http:\/\/newsnet.fr\/167190","source":"http:\/\/www.wsws.org\/fr\/articles\/2020\/01\/09\/pges-j09.html","category":"gouvernements","title":"Podemos entre au gouvernement espagnol","catalog-images":"\/","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/podemos-entre-au-gouvernement-espagnol","admin":"newsnet","views":"508","priority":"2","length":"10183","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003EPar Alex Lantier\u003Cbr \/\u003E\n9 janvier 2020\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMardi, le Parti socialiste espagnol (PSOE) du premier ministre Pedro Sanchez a officiellement form\u00e9 un gouvernement de coalition avec le parti de pseudo-gauche Podemos, l'alli\u00e9 espagnol du parti grec pro-aust\u00e9rit\u00e9 Syriza (\u00abCoalition de la gauche radicale\u00bb). C'\u00e9tait l'aboutissement de deux mois de manœuvres r\u00e9actionnaires dans l'\u00e9lite dirigeante espagnole apr\u00e8s que les \u00e9lections l\u00e9gislatives du 10 novembre aient produit un nouveau parlement sans majorit\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELors d'un premier vote dimanche, Sanchez n'avait pas r\u00e9ussi \u00e0 obtenir la majorit\u00e9 n\u00e9cessaire de 176 si\u00e8ges dans un parlement qui en compte 350. Lors du second vote, cependant, le PSOE et Podemos n'ont eu besoin que d'une majorit\u00e9 simple pour investir officiellement Sanchez comme premier ministre et former un gouvernement. Le vote d'investiture pour Sanchez fut de 167 voix contre 165.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes 167 voix en faveur du premier ministre provenaient du PSOE (120), de Podemos (35), du Parti national basque (6), d'une coalition entre un groupe ayant scissionn\u00e9 de Podemos, M\u00e1s Pais, et le Coalici\u00f3 Compromis r\u00e9gionaliste valencien (3), et du parti r\u00e9gional des \u00eeles Canaries, de Galice et de Teruel (3). Ont vot\u00e9 contre le Parti populaire (PP), le parti fasciste Vox, le parti Ciudadanos et des partis r\u00e9gionaux de Cantabrie, des Asturies, de Navarre et des Canaries.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe r\u00f4le des nationalistes basques et surtout catalans s'est av\u00e9r\u00e9 d\u00e9cisif. Le PSOE et Podemos avaient supervis\u00e9 une violente r\u00e9pression des protestations de masse l'an dernier contre le simulacre de proc\u00e8s fait aux politiciens nationalistes catalans pour le r\u00e9f\u00e9rendum pacifique sur l'ind\u00e9pendance de la Catalogne en 2017. Il y eut donc en Catalogne une large opposition au PSOE et \u00e0 Podemos ainsi qu'au PP. Une masse critique de d\u00e9put\u00e9s nationalistes s'est n\u00e9anmoins abstenue, permettant au PSOE et \u00e0 Podemos de former un gouvernement.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAlors que le parti de droite \u00abEnsemble pour la Catalogne\u00bb (huit voix) et le parti petit-bourgeois Candidatures d'unit\u00e9 populaire (deux voix) ont vot\u00e9 contre la coalition PSOE-Podemos, la Gauche r\u00e9publicaine de Catalogne (ERC) et le parti nationaliste basque EH Bildu se sont abstenus. S'ils avaient vot\u00e9 contre, S\u00e1nchez aurait \u00e9t\u00e9 battu. En s'abstenant, les treize d\u00e9put\u00e9s de l'ERC et les cinq d'EH Bildu ont donn\u00e9 \u00e0 la coalition PSOE-Podemos la marge d\u00e9cisive pour prendre le pouvoir en tant que gouvernement minoritaire.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPodemos obtiendra cinq postes minist\u00e9riels. Le secr\u00e9taire g\u00e9n\u00e9ral de Podemos, Pablo Iglesias, sera vice-premier ministre sous S\u00e1nchez, charg\u00e9 de la Politique sociale, des Affaires internationales et du D\u00e9veloppement durable. Sa partenaire, Ir\u00e8ne Montero, dirigera un minist\u00e8re pour l'\u00c9galit\u00e9 des sexes. Yolanda Diaz, de Galicia en Comun, la branche r\u00e9gionale galicienne de Podemos, dirigera le minist\u00e8re du Travail. Alberto Garzon, chef de la Gauche unie stalinienne, dirigera un minist\u00e8re des consommateurs charg\u00e9 de la r\u00e9glementation des jouets, et le sociologue Manuel Castells dirigera le minist\u00e8re des Universit\u00e9s.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMalgr\u00e9 les tentatives des partisans du PSOE et de Podemos de promouvoir le nouveau gouvernement comme \u00abd\u00e9mocratique\u00bb, il se montrera farouchement hostile aux droits sociaux et d\u00e9mocratiques de la classe ouvri\u00e8re. Le PSOE, parti de gouvernement traditionnel de la bourgeoisie depuis la chute du r\u00e9gime franquiste fasciste en 1978, agit depuis plusieurs d\u00e9cennies en tant que parti de la guerre imp\u00e9rialiste et de l'aust\u00e9rit\u00e9 impos\u00e9e par l'Union europ\u00e9enne. Quant \u00e0 Podemos, il a fait alliance avec le PSOE l'an dernier en soutenant son engagement \u00e0 couper des milliards d'euros de d\u00e9penses sociales et sa violente r\u00e9pression des manifestations en Catalogne.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe d\u00e9bat d\u00e9gradant qui a suivi le vote sur l'investiture a mis en \u00e9vidence le glissement profond vers la droite de l'ensemble de l'\u00e9tablissement politique espagnol depuis le premier parlement sans majorit\u00e9 de 2015 et surtout depuis la r\u00e9pression polici\u00e8re du r\u00e9f\u00e9rendum sur l'ind\u00e9pendance catalane de 2017.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESanchez a pris la parole apr\u00e8s le vote, suivi par les dirigeants des autres grands partis parlementaires. Faisant allusion aux gouvernements minoritaires form\u00e9s apr\u00e8s chaque \u00e9lection espagnole depuis d\u00e9cembre 2015, il a salu\u00e9 la \u00abcoalition progressiste\u00bb PSOE-Podemos comme \u00abla seule option de gouvernement apr\u00e8s les cinq derniers rendez-vous avec les urnes\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESanchez a dit au PP et \u00e0 Vox: \u00abVous pouvez faire deux choses, soit continuer votre hyst\u00e9rie, soit accepter le r\u00e9sultat de l'\u00e9lection.\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl a toutefois montr\u00e9 que les critiques qu'il semblait formuler \u00e0 l'\u00e9gard de la droite visaient en fait les travailleurs. Il a mis Vox dans le m\u00eame sac que les travailleurs et les jeunes de Catalogne et d'ailleurs qui ont protest\u00e9 contre sa politique, disant \u00abil y a une curieuse coalition, de diff\u00e9rentes couleurs, dans laquelle les forces \"anti-syst\u00e8me\" et de l'extr\u00eame droite sont repr\u00e9sent\u00e9es \u00bb. Il appela cela \u00ab l'Espagne du blocage \u00bb et dit qu'il se battrait \u00ab pour une majorit\u00e9 de gouvernement contre une majorit\u00e9 de blocage\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe PP et Vox ont r\u00e9pondu \u00e0 Sanchez par des diatribes anti-catalanes et x\u00e9nophobes faisant appel aux forces fascistes de l'arm\u00e9e et des forces de s\u00e9curit\u00e9. Le leader du PP, Pablo Casado, a accus\u00e9 Sanchez de s'allier avec des \u00abterroristes\u00bb et des \u00abputschistes\u00bb et de \u00abse transformer en cheval de Troie pour d\u00e9truire l'Espagne\u00bb, bas\u00e9 uniquement sur une \u00abambition personnelle pathologique\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe leader de Vox, Santiago Abascal, a d\u00e9clar\u00e9 que \u00abSanchez co-dirigera un gouvernement ill\u00e9gitime.\u00bb Il a ainsi relay\u00e9 une d\u00e9claration faite le mois dernier par le membre de Vox et ancien chef d'\u00e9tat-major de l'arm\u00e9e, le g\u00e9n\u00e9ral Fulgencio Coll, qui appelait les \u00abpouvoirs de l'\u00c9tat\u00bb \u00e0 renverser le PSOE.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAbascal a \u00e9galement accus\u00e9 de mani\u00e8re absurde Sanchez d'avoir des liens avec le groupe terroriste basque ETA, maintenant dissous et dont les membres furent tu\u00e9s dans les ann\u00e9es 1980 par des escadrons de la mort d\u00e9cha\u00een\u00e9s par un gouvernement PSOE. Abascal a \u00e9galement pr\u00e9tendu qu'il y avait un \u00abfl\u00e9au de viols collectifs qui sont pour la plupart commis par des \u00e9trangers\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIglesias a ensuite livr\u00e9 ce qui \u00e9tait effectivement la r\u00e9ponse du gouvernement PSOE-Podemos \u00e0 Abascal et Casado. En d\u00e9fendant la monarchie espagnole, il leur a dit: \u00abC'est peut-\u00eatre vous qui vous \u00eates convertis en un grand danger pour la monarchie\u00bb. Il a ajout\u00e9 que Podemos d\u00e9fendrait les droits des homosexuels, afin que \u00ables gays et les lesbiennes puissent aimer librement et organiser leur vie comme ils l'entendent\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ES'adressant \u00e0 S\u00e1nchez \u00e0 la fin de son discours, Iglesias a dit: \u00abPedro, ils nous attaqueront non pas pour ce que nous faisons, mais pour ce que nous sommes. Je vous demande donc deux choses: adoptez un ton correct avec les intol\u00e9rants, et montrez la plus grande fermet\u00e9 d\u00e9mocratique\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAvec ces remarques, Iglesias en a peut-\u00eatre dit plus qu'il ne voulait. Le PP et Vox n'attaquent pas le PSOE et Podemos parce qu'ils ont de profondes diff\u00e9rences sur la politique. Depuis le r\u00e9f\u00e9rendum sur l'ind\u00e9pendance de la Catalogne en 2017, les gouvernements minoritaires successifs du PSOE, soutenus par Podemos, ont impos\u00e9 les mesures d'aust\u00e9rit\u00e9 de l'UE, bloqu\u00e9 les r\u00e9fugi\u00e9s en M\u00e9diterran\u00e9e, organis\u00e9 le simulacre de proc\u00e8s des politiciens catalans et les mesures de r\u00e9pression violentes contre les manifestations de masse. la classe ouvri\u00e8re affronte avec le gouvernement PSOE-Podemos un ennemi non moins farouche que les partis fascistes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe PSOE, Podemos et leurs alli\u00e9s savent qu'ils sont assis sur une poudri\u00e8re sociale. En 2019, une r\u00e9surgence de la lutte de classe internationale a vu des protestations et des gr\u00e8ves \u00e9clater contre l'aust\u00e9rit\u00e9 en Europe, en Am\u00e9rique latine et dans le monde entier. L'Espagne, o\u00f9 l'activit\u00e9 de gr\u00e8ve a augment\u00e9 en 2019, est entour\u00e9e de gr\u00e8ves : celles contre la baisse des retraites en France, celles qui s'accroissent dans le secteur public au Portugal; et par les protestations de masse continues contre le r\u00e9gime militaire en Alg\u00e9rie.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa politique men\u00e9e par le PSOE depuis son entr\u00e9e en fonction en 2018, dans une s\u00e9rie de gouvernements minoritaires soutenus par Podemos, montre que le nouveau gouvernement va \u00e0 droite et se pr\u00e9pare \u00e0 de nouvelles confrontations, plus violentes encore, avec les travailleurs.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECe qu'Iglesias appelle la \u00abfermet\u00e9 d\u00e9mocratique\u00bb du PSOE avec Vox a, en fait, consist\u00e9 en une politique de l\u00e9gitimation de Vox et une tentative d'endormir les travailleurs sur le danger de dictature. Les gouvernements du PSOE soutenus par Podemos ont invit\u00e9 Vox \u00e0 se joindre \u00e0 l'accusation dans les proc\u00e8s-spectacles des politiciens catalans l'an dernier et ont pay\u00e9 pour d\u00e9placer les restes de Franco du m\u00e9morial de la 'Vall\u00e9e de ceux qui sont tomb\u00e9s' vers un cimeti\u00e8re \u00e0 Madrid. Le PSOE et Podemos ont r\u00e9pondu \u00e0 la propagande de Vox en disant aux travailleurs que ses vocif\u00e9rations et menaces de coup d'\u00c9tat \u00e9taient une contribution l\u00e9gitime au d\u00e9bat \u00abd\u00e9mocratique\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPodemos, un parti form\u00e9 en 2014 par des jeunes staliniens et pablistes de la classe moyenne ayant pris de l'importance lors des manifestations des \u00abindignados\u00bb en 2011, a maintenant achev\u00e9 son int\u00e9gration dans la machine \u00e9tatique. La presse a fait remarquer qu'Iglesias a pleur\u00e9 au Congr\u00e8s apr\u00e8s l'entr\u00e9e en fonction de Sanchez.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'affirmation d'Iglesias que Podemos d\u00e9fendra les droits des homosexuels tout en soutenant la guerre imp\u00e9rialiste \u00e0 l'\u00e9tranger et les attaques \u00e9conomiques contre la classe ouvri\u00e8re dans le pays, est caract\u00e9ristique de la politique identitaire r\u00e9actionnaire de son parti. En r\u00e9alit\u00e9, aucun droit d\u00e9mocratique n'est s\u00fbr s'il n'est pas gagn\u00e9 dans la lutte par la classe ouvri\u00e8re. Les menaces de coup d'\u00c9tat issues des factions d'extr\u00eame droite de la bourgeoisie espagnole soulignent fortement ce point.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa question cruciale \u00e0 laquelle font face les travailleurs en Espagne est de s'orienter vers la lutte montante de la classe ouvri\u00e8re internationale, en opposition non seulement \u00e0 Vox et au PP, mais aussi au PSOE, \u00e0 Podemos et \u00e0 toute leur p\u00e9riph\u00e9rie petite-bourgeoise.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E(Article paru d'abord en anglais le 8 janvier 2020)\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.wsws.org\/fr\/articles\/2020\/01\/09\/pges-j09.html\"\u003Ewsws.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E"}}