{"167471":{"id":"167471","parent":"0","time":"1579016268","url":"http:\/\/newsnet.fr\/167471","source":"http:\/\/mrmondialisation.org\/ayoreo-le-peuple-amerindien-expulse-de-ses-terres-pour-produire-de-la-viande\/","category":"Justice","title":"Ayoreo, le peuple am\u00e9rindien expuls\u00e9 de ses terres pour produire de la viande","catalog-images":"3\/\/1\/newsnet_167471_f66aad.jpg\/newsnet_167471_4b48f7.jpg\/newsnet_167471_93b98a.jpg\/newsnet_167471_78afbe.jpg\/newsnet_167471_91a540.jpg\/newsnet_167471_c24de6.jpg\/newsnet_167471_224ba4.jpg\/newsnet_167471_d83234.jpg\/newsnet_167471_bfb20b.jpg\/newsnet_167471_ddafb5.jpg\/newsnet_167471_d9cdab.jpg\/newsnet_167471_a5b9fe.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_f66aad.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/ayoreo-le-peuple-amerindien-expulse-de-ses-terres-pour-produire-de-la-viande","admin":"newsnet","views":"377","priority":"3","length":"15887","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003ERencontre avec les Ayoreo-Totobiegosode, parmi les derniers peuples de chasseurs-cueilleurs am\u00e9rindiens. Au Nord du Paraguay, ces familles sont en ce moment menac\u00e9es par le mode de vie des colons occidentaux. Leur territoire ancestral, la for\u00eat d'El Gran Chaco au Paraguay, 2e poumon vert d'Am\u00e9rique du Sud derri\u00e8re la for\u00eat amazonienne, est de plus en plus d\u00e9sertique sous le coup de la d\u00e9forestation des \u00e9leveurs bovins. Le peuple indig\u00e8ne Ayoreo-Totobiegosode se bat pour prot\u00e9ger son mode de vie, sa terre et afin de ne pas devenir le prochain peuple indig\u00e8ne \u00e9cras\u00e9 par la production de viande.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa production\/consommation de viande industrielle ne fait pas qu'acc\u00e9l\u00e9rer le changement climatique. Il pr\u00e9cipite \u00e9galement l'accaparement des terres et l'expulsion des peuples qui y vivent. Nous voici sur les traces d'un exemple concret, celui d'un peuple indig\u00e8ne d\u00e9racin\u00e9, forc\u00e9 \u00e0 rentrer dans \u00ab\u00a0la modernit\u00e9\u00a0\u00bb selon le prisme occidental. Nous partons \u00e0 leur rencontre \u00e0 deux jours de voiture de la capitale, Asunci\u00f3n, sous un climat particuli\u00e8rement chaud et sec. Nous sommes \u00e0 la fin du mois d'octobre et les temp\u00e9ratures avoisinent ici les 45 degr\u00e9s. Bienvenue au Paraguay, dans la for\u00eat d'El Gran Chaco, le 2e poumon d'Am\u00e9rique latine.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn bordure de cette for\u00eat, devenue aujourd'hui une oasis perdue dans un d\u00e9sert de d\u00e9forestation, nous avons la chance de partir \u00e0 la rencontre du peuple Ayoreo-Totobiegosode. En tout cas, les plus accessibles d'entre eux\u00a0: quelques familles sorties de la for\u00eat ont accept\u00e9 de nous recevoir pour partager quelques jours de cette vie dans la peur des bulldozers, des colons et des \u00e9leveurs mennonites. Install\u00e9es au sein de deux petites communaut\u00e9s, \u00e9loign\u00e9es de 50km (Chaidi - 130 personnes et Arocojnadi - 50 personnes), elles veulent faire conna\u00eetre leur combat\u00a0: la r\u00e9trocession d'une partie de leurs terres ancestrales.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_4b48f7.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EPhotographie\u00a0: Pascale Sury pour Mr Mondialisation\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ELe d\u00e9racinement peut se lire sur le visage, comme sur les logos des vv\u00eatements de ces enfants. \u00ab\u00a0\u003Ci\u003EQuand nous \u00e9tions dans la for\u00eat, on vivait de la chasse et de la cueillette. Les hommes partaient chasser et chercher le miel et nous, les femmes, des plantes comestibles qui \u00e9taient sur le sol\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb, nous raconte Chamia Chekesoro, une des anciennes du village. \u00ab\u00a0\u003Ci\u003EEn vivant ici, dans cette communaut\u00e9, nous pensons toujours \u00e0 notre vie d'avant, nous mangeons d'une autre mani\u00e8re, tout est diff\u00e9rent ici. Si on parvient \u00e0 r\u00e9cup\u00e9rer nos terres, \u00e7a va apporter beaucoup de joie \u00e0 la communaut\u00e9.\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_93b98a.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EPhotographie\u00a0: Pascale Sury pour Mr Mondialisation\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EDepuis 1969, beaucoup d'entre eux ont \u00e9t\u00e9 forc\u00e9s de quitter la for\u00eat, mais d'autres \u00e9vitent toujours tout contact avec le monde ext\u00e9rieur et continuent de vivre comme des nomades \u00e0 l'int\u00e9rieur des zones naturelles. \u00c0 quelques kilom\u00e8tres de nous, plus loin dans la for\u00eat, \u00e0 l'instar de cette centaine de peuples indig\u00e8nes toujours sans contact avec notre monde, un nombre inconnu d'Ayoreo-Totobiegosode tentent donc de perp\u00e9tuer leur mode de vie, m\u00eame si les conditions sont de plus en plus p\u00e9nibles. Avec la destruction de la for\u00eat et le morcellement du territoire, les animaux se font rares ainsi que les ressources, la nourriture vient \u00e0 manquer. Leur vie - mu\u00e9e en survie - d\u00e9pend enti\u00e8rement de la chasse aux cochons sauvages, aux tortures, la r\u00e9colte du miel, de l'eau et des plantes de la for\u00eat.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_78afbe.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_91a540.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EPhotographies\u00a0: Pascale Sury pour Mr Mondialisation\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ED'autres groupes Totobiegosode sont sortis de la for\u00eat en 1998 et 2004, les invasions r\u00e9p\u00e9t\u00e9es de leur territoire par des investisseurs terriens les obligeant \u00e0 abandonner soudainement leurs maisons et bouleversant leur vie. Parmi eux, nos h\u00f4tes de Chaidi et Arocojnadi. Erui Etacori, plus de 90 ans, a pass\u00e9 la majorit\u00e9 de sa vie dans la for\u00eat\u00a0: \u00ab\u00a0\u003Ci\u003EDepuis ma naissance jusqu'\u00e0 mes 12 ans, gr\u00e2ce \u00e0 cette vie dans la for\u00eat avec mes parents et mes grands-parents, j'ai appris beaucoup. Je connaissais tous les recoins de la for\u00eat. Quand je suis sorti, j'ai v\u00e9cu pr\u00e8s d'une ville, pr\u00e8s des Blancs, avant de venir ici, dans la communaut\u00e9. Je pense que notre communaut\u00e9 va permettre de faire barrage \u00e0 la d\u00e9forestation. Ils peuvent continuer \u00e0 couper des arbres s'ils veulent, mais loin de nos terres. Nous prot\u00e9geons la for\u00eat. Le message que je voudrais adresser, c'est de demander l'aide aux autres pays dans notre combat. Parce que ni l'\u00c9tat paraguayen, ni les Mennonites ne nous aident.\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb Comme un sentiment d'abandon. Les consommateurs occidentaux savent-ils seulement le prix humain de cette industrie qui soutient leur mode de vie\u00a0?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPendant longtemps, cette r\u00e9gion a \u00e9t\u00e9 habit\u00e9e presque exclusivement par des groupes de chasseurs-cueilleurs nomades. Ce n'est qu'en 1927 que l'\u00c9tat paraguayen a encourag\u00e9 la colonisation de l'ethnie mennonite qui a r\u00e9ussi \u00e0 d\u00e9velopper l'\u00e9levage sur ce sol d\u00e9nud\u00e9. Les peuples autochtones ont \u00e9t\u00e9 expropri\u00e9s sans indemnisation, expuls\u00e9s de leurs terres, puis utilis\u00e9s comme main-d'œuvre bon march\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_c24de6.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EPhotographie\u00a0: Pascale Sury pour Mr Mondialisation\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EVera Regehr travaille pour une ONG suisse, \u00ab\u00a0Fondation pour les communaut\u00e9s indiennes du Paraguay\u00a0\u00bb, rare soutien aux communaut\u00e9s Ayoreo-Totobiegosode\u00a0: \u00ab\u00a0\u003Ci\u003EIl y a \u00e9norm\u00e9ment de s\u00e9gr\u00e9gation et de m\u00e9canisme d'exclusion sociale ici envers les indig\u00e8nes qui ont rejoint les villes mennonites. Les indig\u00e8nes sont juste utilis\u00e9s comme main d'œuvre par les colons, mais pour le reste il y a beaucoup de discriminations\u00a0! Par exemple, l'\u00e9cole est tr\u00e8s ch\u00e8re pour les personnes ext\u00e9rieures \u00e0 la communaut\u00e9 mennonite, donc, dans les faits les indig\u00e8nes sont exclus. C'est pareil pour l'achat de terres, r\u00e9serv\u00e9 aux membres de la communaut\u00e9.\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn transformant ces vastes \u00e9tendues foresti\u00e8res en prairies pour l'\u00e9levage bovin et les cultures, le Paraguay s'est sp\u00e9cialis\u00e9 dans l'exportation de soja (pour l'\u00e9levage) et de bœuf. Il est devenu l'un des principaux exportateurs mondiaux, notamment vers l'Europe. David, alias les peuples indig\u00e8nes, est bien d\u00e9sarm\u00e9 face \u00e0 ce Goliath avide de gains et de parts de march\u00e9 dans le commerce de viande. Porai Picanerai est le leader principal de la communaut\u00e9 Chaidi. Il nous re\u00e7oit devant sa maison entour\u00e9e de pratiquement tous les habitants du village\u00a0: \u00ab\u00a0\u003Ci\u003ECela fait 28 ans que je me bats pour prot\u00e9ger notre territoire Ayoreo et nous sommes encore en lutte aujourd'hui. Nous prot\u00e9geons notre terre car nous savons tr\u00e8s bien que d'autres Ayoreo vivent encore dans la for\u00eat. Nous voulons prot\u00e9ger leur cadre de vie pour qu'aucun \u00e9tranger ni aucune machine ne rentrent car la for\u00eat est notre seule richesse. Il y a beaucoup d'aliments \u00e0 manger dont se nourrissent les Ayoreo qui vivent l\u00e0-bas, sans contact avec l'ext\u00e9rieur\u00a0: il y a des tortues, du miel, il faut qu'il reste assez de ressources pour qu'ils puissent vivre de mani\u00e8re nomade. Nous sommes tr\u00e8s inquiets car les Blancs ne nous respectent pas, ils continuent de rentrer sur notre territoire sans permission pour prendre notre terre et couper des arbres de valeur. Nous prot\u00e9geons notre terre pour nous, mais aussi pour les g\u00e9n\u00e9rations futures\u00a0!\u00a0\u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_224ba4.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EPhotographie\u00a0: Pascale Sury pour Mr Mondialisation\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EUne compagnie br\u00e9silienne, \u003Ca href=\"https:\/\/www.survivalfrance.org\/actu\/5447\"\u003EYaguarete Por\u00e1\u003C\/a\u003E, repr\u00e9sente certainement la plus grande menace pour eux. L'entreprise poss\u00e8de un domaine de 78 000 hectares au cœur m\u00eame du territoire Ayoreo, \u00e0 proximit\u00e9 d'une zone o\u00f9 des Ayoreo isol\u00e9s ont \u00e9t\u00e9 aper\u00e7us. Leurs bulldozers sont pr\u00eats \u00e0 raser la for\u00eat pour installer de nouvelles t\u00eates de b\u00e9tail et des cultures d'alimentation animale. Peu \u00e0 peu ces espaces naturels sont grignot\u00e9s. Voil\u00e0 concr\u00e8tement comment la d\u00e9forestation se g\u00e9n\u00e9ralise dans ce pays comme tant d'autres, en plus de l'effet destructeur des bovins sur l'atmosph\u00e8re (production, alimentation, exportation,..) et la pollution des sols.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EVu du ciel, \u00e0 l'aide d'un drone, nous constatons l'\u00e9tendue des d\u00e9g\u00e2ts, cette for\u00eat est devenue un gruy\u00e8re morcel\u00e9 par des hectares de prairies d'\u00e9levage. Le Gran Chaco couvrait, \u00e0 une \u00e9poque, la moiti\u00e9 occidentale du Paraguay ainsi que de vastes r\u00e9gions du nord de l'Argentine et du sud de la Bolivie. Aujourd'hui, la r\u00e9gion conna\u00eet un des plus hauts taux de d\u00e9forestation au monde, \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Eplus de 1000 hectares par jour\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb nous pr\u00e9cise Vera Regehr de la \u00ab\u00a0Fondation pour les communaut\u00e9s indiennes du Paraguay\u00a0\u00bb. Plus de 1400 terrains de football de nature ras\u00e9s chaque jour\u00a0! L'association scientifique \"The Earth Observatory\" de la NASA confirme qu' \u00ab\u00a0\u003Ci\u003Eenviron 20%, 142 000 kilom\u00e8tres carr\u00e9s, de la for\u00eat de Gran Chaco ont \u00e9t\u00e9 convertis en terres agricoles ou en p\u00e2turages depuis 1985. C'est une \u00e9tendue de la taille de l'\u00c9tat de New York.\u00a0\u00bb\u003C\/i\u003E Un cancer qui semble inarr\u00eatable tant le consommateur moyen se soucie gu\u00e8re des cons\u00e9quences de ses choix tandis que les \u00c9tats se frottent les mains face aux revenus importants que g\u00e9n\u00e8re le secteur. La crise climatique semble si loin. Les conditions sociales des peuples fractur\u00e9s ne sont m\u00eame pas \u00e0 l'ordre des pr\u00e9occupations.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_d83234.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EPhotographie\u00a0: Pascale Sury pour Mr Mondialisation\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ELe Paraguay dans son ensemble conna\u00eet le sixi\u00e8me plus grand taux de d\u00e9forestation au monde et le Chaco en est la principale victime. \u00ab\u00a0\u003Ci\u003EEn 2013, un rapport de l'Universit\u00e9 du Maryland a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 que la for\u00eat du Chaco paraguayen d\u00e9tenait le \u003Ca href=\"https:\/\/earthenginepartners.appspot.com\/science-2013-global-forest\"\u003Etaux de d\u00e9forestation le plus \u00e9lev\u00e9 au monde\u003C\/a\u003E\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb, nous indique Xilonem Clarke de l'ONG Survival International, l'autre grand soutien de la cause Ayoreo. \u00ab\u00a0\u003Ci\u003ELa majorit\u00e9 du territoire Ayoreo est maintenant aux mains de propri\u00e9taires terriens qui emploient des \u00e9quipes de b\u00fbcherons pour abattre les esp\u00e8ces d'arbres les plus pr\u00e9cieuses et introduisent le b\u00e9tail sur la terre d\u00e9frich\u00e9e\u00a0\u00bb\u003C\/i\u003E poursuit Xilonem Clarke de l'ONG Survival International. \u003Ci\u003E\u00ab\u00a0La plupart de ces nouveaux propri\u00e9taires sont Mennonites, mais une grande partie du territoire Ayoreo a \u00e9t\u00e9 acquise par de grandes compagnies d'\u00e9levage bovin paraguayennes et surtout br\u00e9siliennes. Les Indiens revendiquent de r\u00e9cup\u00e9rer une partie de leur territoire. Sans leur for\u00eat, ils ne peuvent pas survivre\u00a0!\u00a0\u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_bfb20b.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EPhotographie\u00a0: Pascale Sury pour Mr Mondialisation\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EAujourd'hui, le peuple Ayoreo-Totobiegosode s'est r\u00e9sign\u00e9 \u00e0 r\u00e9clamer uniquement 550.000 hectares des 2.800.000 hectares de leur territoire ancestral accapar\u00e9. Mais comme les autorit\u00e9s ne leur conc\u00e8de que quelques parcelles morcel\u00e9es, ils se battent pour racheter des titres de propri\u00e9t\u00e9 sur un noyau de 120.000 hectares, avec l'aide financi\u00e8re de la fondation suisse, accul\u00e9s \u00e0 se battre avec les armes de la mondialisation.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPorai Picanerai, et les autres chefs Ayoreo, se sont rendus plusieurs fois dans la capitale, Asunci\u00f3n, puis \u00e0 Washington, aupr\u00e8s de la Commission interam\u00e9ricaine des droits de l'homme et \u00e0 Gen\u00e8ve, aupr\u00e8s des Nations Unies\u00a0: \u003Ci\u003E\u00ab\u00a0Nous n'avons jamais re\u00e7u de soutien du gouvernement. L'\u00c9tat pr\u00e9f\u00e8re d\u00e9fendre les Mennonites, les Blancs, les riches. Les Blancs qui viennent faire pa\u00eetre leurs troupeaux sur nos terres ne nous respectent pas et tirent un profit \u00e9conomique de leur activit\u00e9. Et pourtant, ils savent pertinemment que nous sommes l\u00e0. Pourquoi font-ils cela\u00a0? Ils sont millionnaires, nous sommes pauvres et ils profitent de nous\u00a0\u00bb\u003C\/i\u003E se f\u00e2che Porai, le leader principal de la communaut\u00e9 Chaidi. \u00ab\u00a0\u003Ci\u003ELes autorit\u00e9s doivent nous soutenir dans ce combat. Pourquoi notre \u00c9tat nous oublie-t-il\u00a0? Pourquoi ne prot\u00e8ge-t-il pas les peuples indig\u00e8nes\u00a0? J'en appelle \u00e0 d'autres pays, qui sont plus fort \u00e9conomiquement, pour nous aider \u00e0 obtenir d'autres titres de propri\u00e9t\u00e9 et r\u00e9cup\u00e9rer nos terres.\u003C\/i\u003E\u00a0\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_ddafb5.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EPhotographie\u00a0: Pascale Sury pour Mr Mondialisation\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EAujourd'hui, nous rencontrons des communaut\u00e9s courageuses et combatives, install\u00e9es dans des conditions proches de celles d'un camp de r\u00e9fugi\u00e9s, dans de modestes cabanes de bois balay\u00e9es par les vents, le sable et la poussi\u00e8re, fragiles refuges contre les fortes chaleurs estivales et le froid hivernal. Si ce mode de vie peut sembler exotique, il est tr\u00e8s loin de leurs pratiques ancestrales qu'ils connaissaient sur leurs terres. Les autorit\u00e9s ont bien amen\u00e9 l'eau courante, l'\u00e9lectricit\u00e9, une antenne pour le wifi et b\u00e2ti un poste de sant\u00e9 (\u00e0 peine termin\u00e9), mais les Ayoreo restent en \u00ab\u00a0mode survie\u00a0\u00bb, bloqu\u00e9s entre deux mondes. Ces hommes et ces femmes tentent de gagner leur vie modestement gr\u00e2ce \u00e0 la vente d'artisanat et de miel... et, ironie de l'histoire, ils doivent participer aux travaux agricoles dans les \u00ab\u00a0estancias\u00a0\u00bb qui grignotent leur for\u00eat, la seule activit\u00e9 disponible dans les environs. Les conditions de travail sont dures pour gagner quelques indispensables guaranis\u00a0: 14 euros de salaire quotidien, \u00e0 peine plus qu'une tranche de viande de bœuf dans le supermarch\u00e9 local (vendu entre 5 et 11 euros\/kg).\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_d9cdab.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EPhotographie\u00a0: Pascale Sury pour Mr Mondialisation\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u00ab\u00a0C'est important que des gens s'int\u00e9ressent \u00e0 nous et qu'ils nous aident car les Mennonites ne nous aideront pas, l'\u00c9tat non plus\u00a0\u00bb\u003C\/i\u003E, r\u00e9p\u00e8te Chamia Chekesoro, une des anciennes du village. \u00ab\u00a0\u003Ci\u003ENous avons besoin d'aide pour notre sant\u00e9, pour l'achat de m\u00e9dicaments, pour les visites \u00e0 l'h\u00f4pital... Nous sommes Ayoreo, nous n'avons plus beaucoup de ressources, c'est le message que je veux faire passer.\u00a0\u00bb\u003C\/i\u003E Porai, le chef de village poursuit: \u003Ci\u003E\u00ab\u00a0Nos anc\u00eatres avaient une vie tranquille dans la for\u00eat. Depuis l'arriv\u00e9e des Blancs et des machines, nous vivons dans la peur. Leurs bulldozers arrachaient de plus en plus d'arbres et risquaient de nous tuer. Nous avons fait confiance aux Blancs qui nous encourageaient \u00e0 sortir de notre for\u00eat en pr\u00e9tendant qu'il y avait plus de nourriture, plus de s\u00e9curit\u00e9 et moins de risques pour la sant\u00e9 en ville. Malheureusement, beaucoup d'entre nous sont morts, les plus anciens surtout, \u00e0 cause du changement alimentaire et des maladies li\u00e9es au monde des Blancs.\u00a0\u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167471_a5b9fe.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EPhotographie\u00a0: Pascale Sury pour Mr Mondialisation\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EAujourd'hui, la menace de notre soci\u00e9t\u00e9 sur ces peuples autochtones est quotidienne, manifeste et surtout connue. Aux Mennonites et aux conditions de vie pr\u00e9caires s'ajoutent les contacts forc\u00e9s par des missionnaires, comme les \u00e9vang\u00e9listes de la mission \u003Ci\u003ENew Tribes\u003C\/i\u003E, install\u00e9s \u00e0 proximit\u00e9 pour convaincre les Ayoreo du pr\u00e9tendu bonheur qu'offre notre soci\u00e9t\u00e9 de consommation et sa religion monoth\u00e9iste. Car l'accaparement des terres s'accompagne aussi d'une \u00e9radication culturelle discr\u00e8te et peu comment\u00e9e. Un formatage des cerveaux similaire \u00e0 ceux observ\u00e9s lors de la d\u00e9couverte des Am\u00e9riques, les massacres en moins.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe Paraguay est pourtant riche de cette culture autochtone unique\u00a0: environ deux pour cent de la population, soit 117 000 personnes et 19 ethnies diff\u00e9rentes sont consid\u00e9r\u00e9es comme \u00ab\u00a0peuples autochtones\u00a0\u00bb, chacune ayant ses croyances et pratiques propres. La plupart d'entre elle ont compl\u00e8tement ou en grande partie perdu leur territoire ancestral au cours du si\u00e8cle dernier. Une catastrophe humaine... dans un silence g\u00e9n\u00e9ral.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E- \u003Ca href=\"http:\/\/pascalesury.com\"\u003EPascale Sury\u003C\/a\u003E & Mr Mondialisation\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/mrmondialisation.org\/ayoreo-le-peuple-amerindien-expulse-de-ses-terres-pour-produire-de-la-viande\/\"\u003Emrmondialisation.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":[]}}