{"167494":{"id":"167494","parent":"166904","time":"1579084200","url":"http:\/\/newsnet.fr\/167494","source":"http:\/\/www.voltairenet.org\/article208835.html","category":"USA","title":"Les coulisses des relations \u00c9tats-Unis\/iran","catalog-images":"5\/\/3\/newsnet_167494_55bbdc.jpg\/newsnet_167494_42fdf7.jpg\/newsnet_167494_37face.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167494_37face.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/les-coulisses-des-relations-etats-unisiran","admin":"newsnet","views":"394","priority":"3","length":"16173","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003Epar Thierry Meyssan\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn faisant assassiner en Iraq le g\u00e9n\u00e9ral iranien Qassem Soleimani, le pr\u00e9sident Trump aurait failli provoquer la Troisi\u00e8me Guerre mondiale. C'est tout au moins la version de l'opposition US et de la presse internationale. Pour Thierry Meyssan, ce qui se passe en coulisse est tr\u00e8s diff\u00e9rent du show sur sc\u00e8ne. Selon lui, on se dirige vers un retrait militaire coordonn\u00e9 des \u00c9tats-Unis et de l'Iran du Moyen-Orient.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167494_55bbdc.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EEn \u00e9voquant la \u00ab\u00a0crise des otages\u00a0\u00bb de 1979, qui a oppos\u00e9 le pr\u00e9sident Carter \u00e0 l'Iran, le pr\u00e9sident Trump a r\u00e9veill\u00e9 l'orgueil des \u00c9tats-Unis. Mais cette histoire n'est qu'une pr\u00e9sentation tendancieuse du journaliste Walter Cronkite. En s'y r\u00e9f\u00e9rant, il lan\u00e7ait un message \u00e0 l'Iran qui avait su n\u00e9gocier \u00e0 son profit un heureux d\u00e9nouement avec le pr\u00e9sident Reagan.\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003EDeux pays divis\u00e9s\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes relations entre les USA et l'Iran sont d'autant plus difficiles \u00e0 comprendre que ces deux \u00c9tats sont profond\u00e9ment divis\u00e9s\u00a0:\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes \u00c9tats-Uns sont gouvern\u00e9s par le pr\u00e9sident Donald Trump, mais tous les experts voient que l'administration f\u00e9d\u00e9rale lui est vivement oppos\u00e9e, n'applique pas ses instructions et participe \u00e0 la proc\u00e9dure parlementaire en cours pour sa destitution.\u003Cbr \/\u003E\n• Il ne s'agit pas l\u00e0 d'une division politicienne entre R\u00e9publicains et D\u00e9mocrates, puisque le pr\u00e9sident Trump n'est pas issu de ce parti m\u00eame s'il en a obtenu l'investiture, mais d'un clivage culturel\u00a0: celui des trois guerres civiles anglo-saxonnes (la guerre civile britannique, l'ind\u00e9pendance \u00e9tats-unienne et la guerre de s\u00e9cession). Elle oppose aujourd'hui la culture des \u003Ci\u003Erednecks\u003C\/i\u003E, h\u00e9ritiers de la \u00ab\u00a0conqu\u00eate de l'Ouest\u00a0\u00bb, et celle des puritains, h\u00e9ritiers des \u00ab\u00a0P\u00e8res p\u00e8lerins\u00a0\u00bb du \u003Ci\u003EMayflower\u003C\/i\u003E [\u003Ca href=\"#nb1\" id=\"nh1\"\u003E1\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl existe deux pouvoirs concurrents en Iran\u00a0: d'un c\u00f4t\u00e9 le gouvernement de cheikh Hassan Rohani et de l'autre le Guide de la R\u00e9volution, l'ayatollah Ali Khamenei. Contrairement \u00e0 ce que pr\u00e9tendent les m\u00e9dias occidentaux, ce n'est pas tel ou tel groupe qui paralyse le pays, mais la lutte \u00e0 mort que ces deux groupes se livrent l'un contre l'autre.\u003Cbr \/\u003E\n• Le pr\u00e9sident Rohani repr\u00e9sente les int\u00e9r\u00eats de la bourgeoisie de T\u00e9h\u00e9ran et d'Ispahan, des commer\u00e7ants tourn\u00e9s vers les \u00e9changes internationaux et durement frapp\u00e9s par les sanctions US. Cheikh Rohani est un ami de longue date de l'\u00c9tat profond US\u00a0: il fut le premier contact iranien de l'administration Reagan et d'Isra\u00ebl lors de l'affaire Iran-Contras, en 1985. C'est lui qui introduisit Hachemi Rafsandjani aupr\u00e8s des hommes d'Oliver North, lui permettant d'acheter des armes, de devenir le commandant en chef des arm\u00e9es et accessoirement l'homme le plus riche du pays, puis le pr\u00e9sident de la R\u00e9publique islamique. Cheikh Rohani fut choisi par l'administration Obama et Ali-Akbar Velayati, lors des n\u00e9gociations secr\u00e8tes d'Oman, en 2013, pour en finir avec le nationalisme la\u00efque du pr\u00e9sident Mahmoud Ahmadinejad et r\u00e9tablir les relations entre les deux pays.\u003Cbr \/\u003E\n• Au contraire le Guide de la R\u00e9volution est une fonction cr\u00e9\u00e9e par l'imam Rouhollah Khomeiny sur le mod\u00e8le du sage de la \u003Ci\u003ER\u00e9publique\u003C\/i\u003E de Platon -il n'y a rien de musulman l\u00e0-dedans-. L'ayatollah Khamenei est cens\u00e9 veiller \u00e0 ce que les d\u00e9cisions politiques ne contreviennent pas aux principes de l'islam et \u00e0 ceux de la R\u00e9volution anti-imp\u00e9rialiste de 1978. C'est lui qui dirige la milice des Gardiens de la R\u00e9volution, dont le g\u00e9n\u00e9ral Qassem Soleimani faisait partie. Il dispose d'un budget extr\u00eamement variable selon les fluctuations impr\u00e9vues des revenus p\u00e9troliers. C'est donc lui -et non pas l'administration Rohani- qui est le plus touch\u00e9 par les sanctions US. Au cours des derni\u00e8res ann\u00e9es, il a tent\u00e9 de s'imposer comme r\u00e9f\u00e9rence au sein de l'islam en g\u00e9n\u00e9ral, invitant \u00e0 T\u00e9h\u00e9ran tous les chefs religieux et politiques du monde musulman, y compris ses plus f\u00e9roces adversaires.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa plupart des d\u00e9cisions prises par l'un ou l'autre des pouvoirs, aussi bien aux USA qu'en Iran, est imm\u00e9diatement contredite par son concurrent.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EUne autre difficult\u00e9 \u00e0 comprendre ce qui se passe provient des mensonges que ces deux puissances ont accumul\u00e9 durant des ann\u00e9es, dont plusieurs sont encore tr\u00e8s pr\u00e9sents. Nous ne citerons que ceux qui ont \u00e9t\u00e9 \u00e9voqu\u00e9s ces derniers jours\u00a0:\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl n'y a jamais eu de crise des otages, en 1979. Le personnel diplomatique US qui a \u00e9t\u00e9 fait prisonnier a \u00e9t\u00e9 arr\u00eat\u00e9 en flagrant d\u00e9lit d'espionnage. L'ambassade de T\u00e9h\u00e9ran \u00e9tait le quartier g\u00e9n\u00e9ral de la CIA pour tout le Moyen-Orient. Ce ne sont pas les Iraniens, mais les \u00c9tats-Unis qui ont viol\u00e9 les obligations du statut diplomatique. Deux Marines de la garde de l'ambassade ont d\u00e9nonc\u00e9 les agissements de la CIA, le mat\u00e9riel d'espionnage est toujours visible dans les locaux de l'ambassade et les documents ultra-secrets saisis sur place ont \u00e9t\u00e9 publi\u00e9s en plus de 80 volumes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa R\u00e9publique islamique d'Iran n'a jamais reconnu l'\u00c9tat d'Isra\u00ebl, mais n'a jamais eu comme objectif d'en an\u00e9antir la population juive. Elle plaide pour le principe \u00ab\u00a0un homme, une voix\u00a0\u00bb, tout en persistant \u00e0 consid\u00e9rer qu'il s'applique aussi \u00e0 tous les Palestiniens ayant \u00e9migr\u00e9 et acquis une nationalit\u00e9 \u00e9trang\u00e8re. Elle a d\u00e9pos\u00e9 en 2019 un projet de r\u00e9f\u00e9rendum d'auto-d\u00e9termination en Palestine g\u00e9ographique (c'est-\u00e0-dire \u00e0 la fois en Isra\u00ebl et en Palestine politique) au Conseil de s\u00e9curit\u00e9 de l'Onu.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'Iran et Isra\u00ebl ne sont pas des ennemis irr\u00e9ductibles puisqu'ils exploitent ensemble le pipeline Eilat-Ashkelon, propri\u00e9t\u00e9 commune des deux \u00c9tats [\u003Ca href=\"#nb2\" id=\"nh2\"\u003E2\u003C\/a\u003E]\u003Cbr \/\u003E\nL'Iran a cess\u00e9 toute recherche sur l'arme atomique, en 1988, lorsque l'imam Khomeiny a d\u00e9clar\u00e9 les armes de destruction massive incompatibles avec sa vision de l'islam. Les documents vol\u00e9s par Isra\u00ebl et r\u00e9v\u00e9l\u00e9s par son Premier ministre Benjamin Netanyahu en 2018 attestent que les recherches ult\u00e9rieures n'ont port\u00e9 que sur un g\u00e9n\u00e9rateur d'onde de choc (pi\u00e8ce entrant dans la fabrication d'un d\u00e9tonateur de bombe atomique) [\u003Ca href=\"#nb3\" id=\"nh3\"\u003E3\u003C\/a\u003E]. Il ne s'agit pas d'une pi\u00e8ce nucl\u00e9aire, mais m\u00e9canique pouvant servir \u00e0 d'autres usages.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167494_42fdf7.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EVu d'Occident, le pr\u00e9sident Trump vient d'ajouter Qassem Soleimani \u00e0 son tableau de chasse de terroristes assassin\u00e9s. Mais vu du Moyen-Orient, il vient de changer de camp\u00a0: apr\u00e8s avoir abattu le calife Abou Bakr al-Baghdadi, il a tu\u00e9 le principal ennemi de Daesh, Qassem Soleimani.\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003EL'assassinat du h\u00e9ros\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECes bases \u00e9tant pos\u00e9es, examinons l'assassinat du g\u00e9n\u00e9ral Qassem Soleimani et la crise qu'il a provoqu\u00e9e.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe g\u00e9n\u00e9ral Soleimani \u00e9tait un soldat d'exception. Il a fait ses armes durant la guerre impos\u00e9e par l'Iraq (1980-88). Ses Forces sp\u00e9ciales, la section \u003Ci\u003EAl-Quods\u003C\/i\u003E (c'est \u00e0 dire \u003Ci\u003EJ\u00e9rusalem\u003C\/i\u003E en arabe et en persan), sont venues au secours de toutes les populations du Moyen-Orient victimes de l'imp\u00e9rialisme. Il \u00e9tait par exemple pr\u00e9sent aux c\u00f4t\u00e9s du sayyed libanais Hassan Nasrallah et du g\u00e9n\u00e9ral syrien Hassan Turkmani \u00e0 Beyrouth, face \u00e0 l'attaque isra\u00e9lienne en 2006. Il distinguait l'\u003Ci\u003Eimp\u00e9rialisme\u003C\/i\u003E et les \u003Ci\u003E\u00c9tats-Unis\u003C\/i\u003E et n\u00e9gocia de nombreuses fois avec Washington, proposant m\u00eame des alliances circonstanci\u00e9es, comme par exemple en 2001 avec le pr\u00e9sident George Bush Jr. contre les Talibans afghans. Pourtant, \u00e0 partir de mai 2018, il ne fut autoris\u00e9 qu'\u00e0 se battre aux c\u00f4t\u00e9s des communaut\u00e9s chiites. Violant le cessez-le-feu de la guerre de 1973, il lan\u00e7a des attaques contre Isra\u00ebl depuis le territoire syrien, pla\u00e7ant Damas dans le plus grand embarras.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe pr\u00e9sident Trump avait certes compris le r\u00f4le militaire qu'il jouait sous les ordres de l'ayatollah Khamenei, mais pas le symbole qu'il \u00e9tait devenu et l'admiration dont il jouissait dans presque toutes les acad\u00e9mies militaires du monde. Il a pris un risque majeur en autorisant son \u00e9limination et a atteint sa propre r\u00e9putation au Moyen-Orient. En effet, alors qu'en tant que pr\u00e9sident \u00e9tats-unien il n'avait cess\u00e9 de s'opposer au soutien de son pays \u00e0 Al-Qa\u00ebda et \u00e0 Daesh, il s'est rendu responsable de la mort d'un homme qui a incarn\u00e9 sur de nombreux th\u00e9\u00e2tres d'op\u00e9ration ce combat par son sang. Il n'est pas n\u00e9cessaire de s'appesantir sur le caract\u00e8re ill\u00e9gal de cet assassinat. Cela ne change gu\u00e8re du comportement des \u00c9tats-Unis depuis leur cr\u00e9ation.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'assassinat de Qassem Suleimani faisait suite \u00e0 la d\u00e9signation par Washington des Gardiens de la R\u00e9volution comme une \u00ab\u00a0organisation terroriste\u00a0\u00bb (sic). Les Iraniens partagent le fort sentiment de constituer un peuple, une civilisation. Sa mort a donc provisoirement r\u00e9unifi\u00e9 les deux pouvoirs politiques dans une unique \u00e9motion. Des millions de gens sont descendus dans les rues lors de ses fun\u00e9railles.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELorsqu'il est apparu que cette mort ne d\u00e9clencherait pas de Troisi\u00e8me Guerre mondiale, et uniquement \u00e0 ce moment l\u00e0, Isra\u00ebl a revendiqu\u00e9 via \u003Ci\u003ECBS\u003C\/i\u003E avoir confirm\u00e9 au Pentagone la localisation du g\u00e9n\u00e9ral Soleimani et via le \u003Ci\u003ENew York Times\u003C\/i\u003E avoir \u00e9t\u00e9 inform\u00e9 de l'op\u00e9ration \u00e0 l'avance. Informations inv\u00e9rifiables\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167494_37face.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Ch3\u003ELa conflagration n'aura pas lieu\u003C\/h3\u003E\u003Cp\u003ETous les m\u00e9dias occidentaux ont expos\u00e9 les plans de riposte iraniens \u00e9tablis depuis plusieurs ann\u00e9es. Mais ce n'est pas \u00e0 partir de ces plans que le pr\u00e9sident Rohani, ni le Guide Khamenei, ont r\u00e9fl\u00e9chi. Les Iraniens ne sont pas des gamins qui se bagarrent dans une cour d'\u00e9cole. Ils forment une Nation. Les deux chefs ont r\u00e9agi en fonction de l'int\u00e9r\u00eat sup\u00e9rieur de leur pays, tel qu'ils le con\u00e7oivent. Il ne faut donc pas accorder d'importance aux d\u00e9clarations tonitruantes appelant \u00e0 la vengeance. Il n'y aura pas de vengeance iranienne pas plus qu'il n'y a eu de vengeance du Hezbollah \u00e0 l'assassinat ill\u00e9gal par Isra\u00ebl d'Imad Moughniyah en 2008 \u00e0 Damas.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour cheikh Rohani, ind\u00e9pendamment de la mort du g\u00e9n\u00e9ral Soleimani, il est indispensable de renouer avec Washington. Jusqu'ici, il a consid\u00e9r\u00e9 que l'administration Obama \u00e9tait l'interlocuteur qui lui avait permis d'acc\u00e9der au pouvoir. Donald Trump n'\u00e9tait qu'un accident de parcours appel\u00e9 \u00e0 \u00eatre destitu\u00e9 d\u00e8s le d\u00e9but de sa pr\u00e9sidence (\u003Ci\u003ERussiagate\u003C\/i\u003E et d\u00e9sormais \u003Ci\u003EUkrainegate\u003C\/i\u003E). Aussi avait-il rejet\u00e9 ses nombreux appels \u00e0 la n\u00e9gociation. Or, le pr\u00e9sident Trump est toujours l\u00e0 et il devrait y rester dans les quatre prochaines ann\u00e9es. Touch\u00e9e par ses sanctions ill\u00e9gales, l'\u00e9conomie iranienne est coul\u00e9e. La r\u00e9action d'empathie internationale \u00e0 l'assassinat ill\u00e9gal du g\u00e9n\u00e9ral Soleimani lui permet donc d'aborder ces n\u00e9gociations non pas en position d'inf\u00e9riorit\u00e9, mais de force.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour l'ayatollah Khamenei, non seulement les \u00c9tats-Unis sont des pr\u00e9dateurs pour l'Iran depuis un si\u00e8cle, mais Donald Trump n'est pas un homme de parole. Non pas qu'il n'ait pas tenu ses promesses, mais parce qu'il n'a pas tenu celles de son pr\u00e9d\u00e9cesseur. L'accord 5+1 avait \u00e9t\u00e9 approuv\u00e9 par le Conseil de s\u00e9curit\u00e9 de l'Onu. L'Iran le consid\u00e9rait comme une loi grav\u00e9e dans le marbre. Or, Donald Trump l'a d\u00e9chir\u00e9, ce qu'il avait parfaitement le droit de faire. \u00c0 c\u00f4t\u00e9 de cet accord public, un autre, secret, pr\u00e9cisait la r\u00e9partition des influences au Moyen-Orient. Ce second texte a \u00e9t\u00e9 \u00e9galement annul\u00e9 par le pr\u00e9sident Trump et c'est lui qu'il entend ren\u00e9gocier bilat\u00e9ralement.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ERapidement l'Iran a annonc\u00e9 ne plus respecter l'accord 5+1, tandis que les d\u00e9put\u00e9s chiites iraquiens ont exig\u00e9 le d\u00e9part des troupes \u00e9tats-uniennes de leur pays. Contrairement \u00e0 ce qu'on cru comprendre les m\u00e9dias occidentaux, ces deux d\u00e9cisions n'\u00e9taient pas des surench\u00e8res, mais des offres de paix. L'accord 5+1 n'existe plus depuis le retrait US. L'Iran le reconnait apr\u00e8s avoir vainement tent\u00e9 de le sauver. Le d\u00e9part des troupes US non seulement d'Iraq, mais de tout le Moyen-Orient est un engagement pris par Donald Trump durant sa campagne pr\u00e9sidentielle. Il ne pouvait le r\u00e9aliser compte-tenu de l'opposition de son administration. L'Iran se range de son c\u00f4t\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes manifestations anti-iraniennes au Liban et en Iraq et contre le r\u00e9gime en Iran ont brusquement cess\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe puissant lobby des p\u00e9troliers US a apport\u00e9 son soutien au pr\u00e9sident Trump en remettant en cause la \u00ab\u00a0Doctrine Carter\u00a0\u00bb. En 1980, le pr\u00e9sident Jimmy Carter avait pos\u00e9 que le p\u00e9trole du Golfe \u00e9tait indispensable \u00e0 l'\u00e9conomie US. Par cons\u00e9quent, le CentCom fut cr\u00e9\u00e9 par son successeur et le Pentagone garantit l'acc\u00e8s des entreprises US au p\u00e9trole du Golfe. Mais aujourd'hui, les \u00c9tats-Unis sont ind\u00e9pendants en mati\u00e8re \u00e9nerg\u00e9tique. Ils n'ont plus besoin de ce p\u00e9trole, ni par cons\u00e9quent de d\u00e9ployer leurs troupes dans cette r\u00e9gion. Pour eux, l'enjeu s'est d\u00e9plac\u00e9. Il ne s'agit plus de s'approprier le p\u00e9trole arabo-perse, mais de contr\u00f4ler les \u00e9changes p\u00e9troliers mondiaux.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes dirigeants politiques n'ont pas su s'adapter au d\u00e9veloppement des moyens de communication. Ils parlent trop et trop vite. Ils tiennent des postures et ne savent plus revenir en arri\u00e8re. Ayant prof\u00e9r\u00e9 d'invraisemblables appels \u00e0 la vengeance, les Gardiens de la R\u00e9volution devaient r\u00e9agir. Mais responsables, ils ne devaient pas empirer les choses. Ils ont donc choisi de bombarder deux bases militaires US en Iraq sans faire de victime. Exactement comme la France, les \u00c9tats-Unis et le Royaume-Uni avaient prof\u00e9r\u00e9 des condamnations de la Syrie pour avoir pr\u00e9tendument utilis\u00e9 des armes chimiques. Puis, en d\u00e9finitive, avaient bombard\u00e9 une base militaire sans y faire de victime (mais ils provoqu\u00e8rent un incendie qui tua des soldats et des civils aux abords de la base).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'\u00c9tat profond US qui avait mal conseill\u00e9 le pr\u00e9sident Trump a fait intervenir une voix sur la premi\u00e8re cha\u00eene de t\u00e9l\u00e9vision iranienne pour appeler \u00e0 tuer le pr\u00e9sident Trump. La voix a promis 80 millions de dollars de r\u00e9compense. D\u00e9sormais si le pr\u00e9sident est assassin\u00e9, il ne sera pas n\u00e9cessaire de conduire une enqu\u00eate, l'Iran sera a priori consid\u00e9r\u00e9e comme coupable. Cependant, lorsque l'imam Khomeiny avait appel\u00e9 \u00e0 tuer Salman Rushdie, il n'y avait pas de r\u00e9compense. Cette mani\u00e8re de faire est plut\u00f4t celle du Far West.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDurant cette p\u00e9riode difficile, les Gardiens de la R\u00e9volution ont par erreur descendu un avion de ligne ukrainien qui d\u00e9collait de T\u00e9h\u00e9ran. L'ambassadeur du Royaume-Uni a alors organis\u00e9 \u00e0 T\u00e9h\u00e9ran une petite manifestation demandant la d\u00e9mission de l'ayatollah Khamenei, question de sa rappeler aux bons soins des n\u00e9gociateurs. Cet \u00e9pisode rebat les cartes et prive la milice de son avantage de victime.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl va de soi que les \u00c9tats-Unis ne l\u00e2cheront rien sans contrepartie. Leur retrait militaire ne se fera qu'en coordination avec le retrait militaire iranien. Le g\u00e9n\u00e9ral Qassem Soleimani incarnait pr\u00e9cis\u00e9ment le d\u00e9ploiement militaire iranien. C'est ce double retrait qui est actuellement n\u00e9goci\u00e9. D'ores et d\u00e9j\u00e0, nous assistons \u00e0 un repli US de Syrie et d'Iraq vers le Kowe\u00eft. L'\u00e9pisode de la lettre envoy\u00e9e, puis annul\u00e9e, du g\u00e9n\u00e9ral William Sheely III annon\u00e7ant le d\u00e9part des troupes US d'Iraq atteste que ces n\u00e9gociations sont bien en cours.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes principes de la paix peuvent \u00eatre fix\u00e9s d\u00e8s \u00e0 pr\u00e9sent, mais celle-ci ne pourra pas survenir tout de suite.\u003Cbr \/\u003E\nDurant le deuil du g\u00e9n\u00e9ral Soleimani, il n'est pas possible pour l'Iran d'admettre publiquement avoir conclu un accord avec son assassin.\u003Cbr \/\u003E\nUn accord ne sera valable que s'il est approuv\u00e9 par l'Iraq, le Liban, la Syrie, la Turquie et bien s\u00fbr la Russie (le Royaume-Uni malgr\u00e9 son agitation n'a pas de moyen de le faire \u00e9chouer). Il conviendra donc de le mettre en sc\u00e8ne lors d'une conf\u00e9rence r\u00e9gionale.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EQassem Soleimani serait s\u00fbrement fier de sa vie, si sa mort permettait d'\u00e9tablir la paix r\u00e9gionale.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"https:\/\/www.voltairenet.org\/auteur29.html?lang=fr\"\u003EThierry Meyssan\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\n[\u003Ca href=\"#nh1\" id=\"nb1\"\u003E1\u003C\/a\u003E] \u00ab\u00a0\u003Ca href=\"https:\/\/www.voltairenet.org\/article193829.html\"\u003ELes \u00c9tats-Unis vont-ils se r\u00e9former ou se d\u00e9chirer\u00a0?\u003C\/a\u003E\u00a0\u00bb, par Thierry Meyssan, \u003Ci\u003ER\u00e9seau Voltaire\u003C\/i\u003E, 25 octobre 2016.\u003C\/p\u003E\u003Cblockquote\u003E[\u003Ca href=\"#nh2\" id=\"nb2\"\u003E2\u003C\/a\u003E] \u00ab\u00a0\u003Ca href=\"https:\/\/www.voltairenet.org\/article199251.html\"\u003EIsra\u00ebl et l'Iran exploitent ensemble le pipeline Eilat-Ashkelon\u003C\/a\u003E\u00a0\u00bb, \u003Ci\u003ER\u00e9seau Voltaire\u003C\/i\u003E, 2 janvier 2018.\u003C\/blockquote\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh3\" id=\"nb3\"\u003E3\u003C\/a\u003E] \"\u003Ca href=\"https:\/\/www.voltairenet.org\/IMG\/pdf\/fdd-report-shock-wave-generator-iran-nuclear-weapons-program.pdf\" target=\"_blank\"\u003EShock Wave Generator for Iran'sNuclear Weapons Program:More than a Feasibility Study\u003C\/a\u003E\", David Albright and Olli Heinonen, \u003Ci\u003EFDD\u003C\/i\u003E, May 7, 2019. (PDF - 4.3 Mo).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"https:\/\/www.voltairenet.org\/article208835.html\"\u003Evoltairenet.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E"}}