{"167711":{"id":"167711","parent":"0","time":"1579525770","url":"http:\/\/newsnet.fr\/167711","source":"http:\/\/histoireetsociete.wordpress.com\/2020\/01\/20\/charlie-chaplin-et-la-reconquete-du-soudan\/","category":"Afrique","title":"Charlie Chaplin et la reconqu\u00eate du Soudan","catalog-images":"3\/\/1\/newsnet_167711_3cc18c.jpg\/newsnet_167711_26efb2.jpg\/newsnet_167711_790b26.jpg\/newsnet_167711_9c081a.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167711_3cc18c.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/charlie-chaplin-et-la-reconquete-du-soudan","admin":"newsnet","views":"375","priority":"3","length":"6952","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003EPAR \u003Ca href=\"https:\/\/africanarguments.org\/author\/samira-sawlani\"\u003ESAMIRA SAWLANI\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\n5 NOVEMBRE 2019\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167711_3cc18c.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes gens se rassemblent pour une projection de film en plein air \u00e0 Khartoum, au Soudan.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003ECet article a \u00e9t\u00e9 rendu possible par les g\u00e9n\u00e9reux abonn\u00e9s \u00absupporters\u00bb de la \u003Ca href=\"https:\/\/africainsiders.net\"\u003ENewsletter Africa Insiders\u003C\/a\u003E. Le petit plus qu'ils apportent sert \u00e0 financer les reportages uniques d'African Arguments.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003Eil y a peu, cet \u00e9t\u00e9, Lamia Nabil et ses amis \u00e9taient assis en train de boire du th\u00e9 \u00e0 Khartoum. Ils discutaient de \u003Ca href=\"https:\/\/africanarguments.org\/category\/country\/east\/sudan\"\u003Ela\u003C\/a\u003E politique \u003Ca href=\"https:\/\/africanarguments.org\/category\/country\/east\/sudan\"\u003Esoudanaise\u003C\/a\u003E \u00e0 la suite de la chute m\u00e9morable du pr\u00e9sident Omar el-B\u00e9chir en avril, lorsque Nabil a fait remarquer qu'elle aurait voulu faire une pause. Elle souhaitait pouvoir simplement avoir du pop-corn et regarder un film de Charlie Chaplin, a-t-elle d\u00e9clar\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESon commentaire rapide a touch\u00e9 une corde sensible chez ses amis. Quelques semaines plus tard, un jeudi soir de septembre, les foules se sont rassembl\u00e9es sous les \u00e9toiles pour une projection gratuite de \u003Ci\u003EModern Times\u003C\/i\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00abChaque si\u00e8ge a \u00e9t\u00e9 occup\u00e9. Beaucoup de gens \u00e9taient assis par terre tandis que d'autres devaient rester debout\u00bb, explique Shaheen al-Sharif, instituteur et l'un des organisateurs. \u00abToute la communaut\u00e9 s'est organis\u00e9e pour que cela ait lieu. Une personne a apport\u00e9 un projecteur, un autre haut-parleur. Les gens ont fait don du tissu \u00e0 installer derri\u00e8re le projecteur. La dame qui vend du th\u00e9 a procur\u00e9 les chaises.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EBient\u00f4t, le district d'Amarat projetait des films deux fois par mois et d'autres comit\u00e9s de quartier ont commenc\u00e9 \u00e0 suivre son exemple. \u00c0 certaines occasions, les gens se sont r\u00e9unis pour regarder des films occidentaux comme \u003Ci\u003EThe Sound of Music\u003C\/i\u003E, \u003Ci\u003ESherlock Holmes\u003C\/i\u003E et \u003Ci\u003EAladdin\u003C\/i\u003E. D'autres fois, des groupes se sont assur\u00e9s d'organiser des projections de classiques soudanais tels que \u003Ci\u003EBeats of the Antonov\u003C\/i\u003E, \u003Ci\u003ETajooj\u003C\/i\u003E et \u003Ci\u003EHuman Being (Insan)\u003C\/i\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00abSous le r\u00e9gime pr\u00e9c\u00e9dent, nous vivions dans une bulle o\u00f9 tout \u00e9tait \u00e9touff\u00e9\u00bb, explique al-Sharif. \u00abUne partie int\u00e9grante de cette r\u00e9volution signifie l'apprentissage de notre histoire et les uns des autres et une grande partie de cela passe par l'adoption de notre litt\u00e9rature, de nos films et de notre cr\u00e9ativit\u00e9, en racontant l'histoire soudanaise \u00e0 travers ces objectifs. C'est pourquoi nous voulons projeter des films soudanais.\u00a0\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167711_26efb2.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour les jeunes soudanais qui ont form\u00e9 l'\u00e9pine dorsale du mouvement de protestation qui a conduit \u00e0 l'\u00e9viction d'al-Bashir, ces projections ont \u00e9t\u00e9 des exp\u00e9riences nouvelles et passionnantes. Pour certaines g\u00e9n\u00e9rations plus \u00e2g\u00e9es, ils ont \u00e9voqu\u00e9 des souvenirs des temps pass\u00e9s.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00c0 l'\u00e9poque coloniale, nous avions des\u00ab\u00a0cin\u00e9mas en mouvement\u00a0\u00bbqui \u00e9taient des v\u00e9hicules avec un \u00e9cran et des haut-parleurs, diffusant souvent des films\u00ab\u00a0\u00e9ducatifs\u00a0\u00bbqui diffusaient de la propagande\u00bb, explique l'architecte Zainab Gaafar. \u00abDes ann\u00e9es plus tard, lorsque les gens ont commenc\u00e9 \u00e0 acqu\u00e9rir des t\u00e9l\u00e9viseurs, vous voyiez de grands groupes assis dans des cours communes regarder des \u00e9missions de t\u00e9l\u00e9vision.\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EHassan Abbas, 65 ans, rappelle \u00e9galement l'importance du cin\u00e9ma durant son enfance. \u00ab\u00a0Depuis les ann\u00e9es 1940 et 1950, il y avait des cin\u00e9mas et des projections en plein air montrant des films hollywoodiens, bollywoodiens et \u00e9gyptiens\u00a0\u00bb, dit-il. \u00abNous attendions avec enthousiasme les nouvelles sorties de films et nous pr\u00e9cipitions pour obtenir nos billets. C'\u00e9tait une grande partie de notre vie d'adolescents au Soudan.\u00a0\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECela a toutefois chang\u00e9 pendant les difficult\u00e9s \u00e9conomiques qui ont suivi l'arriv\u00e9e du r\u00e9gime d'al-Bashir en 1989 et l'imposition de sanctions am\u00e9ricaines dans les ann\u00e9es 1990. Un couvre-feu impos\u00e9 peu de temps apr\u00e8s l'entr\u00e9e en fonction du nouveau pr\u00e9sident a \u00e9galement emp\u00each\u00e9 les gens de sortir le soir et r\u00e9duit l'attrait des rassemblements publics m\u00eame apr\u00e8s sa lev\u00e9e. Les cin\u00e9astes soudanais ont eu du mal et les projections en plein air ont diminu\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00abC'est une chose de plus que nous avons perdue pour ce gouvernement\u00bb, explique Abbas. \u00abC'\u00e9tait presque comme si une partie de la culture de tous les jours s'effa\u00e7ait lentement. L'excitation de se rendre au cin\u00e9ma, de voir des affiches de cin\u00e9ma autour et d'\u00eatre plein d'espoir sur ce que le cin\u00e9ma soudanais nous apporterait un jour diminu\u00e9e en si peu de temps.\u00a0\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167711_790b26.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ERegarder les temps modernes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETrois d\u00e9cennies plus tard, ces anciennes traditions refont surface. Apr\u00e8s des mois de manifestations g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9es \u00e0 travers le Soudan et un \u00e9norme sit-in dans les rues de Khartoum au d\u00e9but de 2019, al-Bashir a \u00e9t\u00e9 renvers\u00e9 par de hautes personnalit\u00e9s militaires. Apr\u00e8s des mois de n\u00e9gociations tendues, les repr\u00e9sentants militaires et civils ont sign\u00e9 un accord de partage du pouvoir pour superviser une transition de 39 mois avant les \u00e9lections.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00abNous \u00e9tions fatigu\u00e9s, mais c'\u00e9tait la jeunesse de ce pays qui \u00e9tait \u00e9puis\u00e9e\u00bb, explique Abbas. \u00abLes manifestations ne portaient pas sur les prix du pain ou du carburant. Il s'agissait de l'incomp\u00e9tence, de la corruption et de l'oppression qui \u00e9taient les caract\u00e9ristiques du r\u00e9gime.\u00a0\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECe sont ces m\u00eames jeunes qui ont organis\u00e9 la projection de Charlie Chaplin et continuent de soutenir les espoirs du soul\u00e8vement. \u00abCette r\u00e9volution a \u00e9t\u00e9 men\u00e9e par les jeunes\u00bb, explique al-Sharif. \u00abNous nous sentons responsables de la mener \u00e0 terme jusqu'\u00e0 la fin et nous avons appris des r\u00e9volutions pr\u00e9c\u00e9dentes qui, \u00e0 bien des \u00e9gards, \u00e9taient rest\u00e9es inachev\u00e9es. Presque tout le monde conna\u00eet quelqu'un qui est mort en combattant pour cela. Nous le devons aux martyrs.\u00a0\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECe projet en cours pour transformer le Soudan a plusieurs niveaux, du national au local, et du explicitement politique au quotidien. Cela se refl\u00e8te parfaitement dans les nouveaux cin\u00e9mas en plein air et dans le fait qu'ils sont organis\u00e9s par des comit\u00e9s de quartier. \u00abLorsque Bashir \u00e9tait au pouvoir, les comit\u00e9s de quartier \u00e9taient largement affili\u00e9s au r\u00e9gime\u00bb, explique Gaafar. \u00abPendant la r\u00e9volution, les gens les ont r\u00e9cup\u00e9r\u00e9s en organisant des manifestations pour organiser des projections de films afin de diriger d'autres initiatives communautaires.\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EBien qu'ils aient peut-\u00eatre commenc\u00e9 comme un moyen de se d\u00e9tendre en pensant \u00e0 la politique, les projections en cours incarnent une grande partie de la r\u00e9volution soudanaise. Men\u00e9s par les jeunes, ils d\u00e9fendent le cin\u00e9ma comme un moyen de reconqu\u00e9rir les espaces publics, de rassembler les gens et de r\u00e9cup\u00e9rer une grande partie de ce qui \u00e9tait auparavant perdu, vol\u00e9 ou supprim\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_167711_9c081a.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/histoireetsociete.wordpress.com\/2020\/01\/20\/charlie-chaplin-et-la-reconquete-du-soudan\/\"\u003Ehistoireetsociete.wordpress.com\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":[]}}