Art. 7. Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance.
Droits de l'Homme de 1789
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M\u00eame si Macron ne veut pas nous on est l\u00e0. Pour l'honneur des travailleurs et pour un monde meilleur, m\u00eame si Macron ne veut pas nous on est l\u00e0. \u00bb\u003C\/i\u003E La clameur enfle, monte, et \u00e9clate contre les murs du Palais de Justice d'Amiens. Jules descend les marches, fort de ce soutien. Assourdi par ce chœur tonnant sa d\u00e9termination. Il vient d'\u00eatre d\u00e9f\u00e9r\u00e9 au parquet. La procureure lui a signifi\u00e9 sa convocation en correctionnelle au 17 juin 2020. Pour r\u00e9bellion. Puis le juge des libert\u00e9s impose le contr\u00f4le judiciaire, assorti d'une interdiction de manifester dans la Somme jusqu'au jour de l'audience. Enfin, un petit tour devant l'enqu\u00eatrice sociale, et le voil\u00e0 libre. Enfin.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003EDes charges tr\u00e8s minces\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EOn est lundi, il est 17 heures. L'arrestation de Jules remonte au samedi pr\u00e9c\u00e9dent, \u00e0 17 heures. 45 heures de garde \u00e0 vue. Plus trois heures au tribunal. Le compte est bon, pile poil 48 heures de privation de libert\u00e9. Les informations post\u00e9rieures nous apprendront que les charges \u00e9taient tellement minces, et l'interpellation si litigieuse que la garde \u00e0 vue s'est vue prolong\u00e9e au del\u00e0 des 24 heures initiales, afin de trouver une petite asp\u00e9rit\u00e9 propre \u00e0 y accrocher une infraction.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EOn lui reprochera d'abord des actes de violence. Les vid\u00e9os enregistr\u00e9es par un journaliste, et une avocate pr\u00e9sents sur les lieux infl\u00e9chiront cette position. Et pour cause, on y voit des policiers en civil et en uniforme exercer des violences envers des manifestants. Les faits reproch\u00e9s seront requalifi\u00e9s en entrave \u00e0 interpellation, puis finalement en r\u00e9bellion. La confusion qui a r\u00e9gn\u00e9 autour de l'\u00e9tablissement du chef d'accusation en dit long sur l'\u00e9quit\u00e9 de cette arrestation.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa haie d'honneur qui s'\u00e9tire en une double file tout au long du majestueux et solennel escalier de pierre menant \u00e0 l'entr\u00e9e du TGI exprime \u00e0 pleins poumons son soulagement. 48 heures de soutien. Devant le commissariat, puis au tribunal. Derri\u00e8re d'abord, pour son arriv\u00e9e. Devant ensuite pour sa sortie. Des centaines de personnes se sont relay\u00e9es. Restant quelques instants. Quelques heures. Des journ\u00e9es enti\u00e8res pour certains. Dans le froid, l'incertitude, r\u00e9volt\u00e9es par une prolongation de garde \u00e0 vue abusive, et au yeux de tous, injustifi\u00e9e. Alors, pour \u00e9vacuer toute cette tension accumul\u00e9e, pour montrer notre solidarit\u00e9, pour crier notre d\u00e9termination, on chante.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003E\u00ab La mort de C\u00e9dric Chouviat me revient imm\u00e9diatement \u00bb\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETout a commenc\u00e9 par des chants ce samedi 11 janvier. Au terme d'une manif calme et pacifique, on chante devant la maison de la culture. A distance raisonnable du cordon de CRS qui nous emp\u00eache l'acc\u00e8s au centre ville. Mon drapeau enroul\u00e9, je tourne les talons pour rentrer. Ou aller boire un coup avec quelques potes, plus vraisemblablement. Soudain, des cris \u00e9clatent. Me retournant, je vois des copains manifestants molest\u00e9s par des hommes, au nombre de 4 ou 5. D\u00e9j\u00e0 d'autres manifestants se pr\u00e9cipitent, pour tenter de les arracher \u00e0 leurs agresseurs.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn un geste r\u00e9flexe, jetant mon drapeau, je les rejoins. Un individu se rue sur moi, et tente de me frapper, le visage d\u00e9form\u00e9 par un rictus de haine. Reculant, j'esquive, je pare ses tentatives de coups. Tr\u00e8s vite, il rebrousse chemin. Aussit\u00f4t, je repars vers l'\u00e9chauffour\u00e9e. Dans la m\u00eal\u00e9e, je vois mon fils, Jules, subir un \u00e9tranglement par un agresseur plac\u00e9 derri\u00e8re lui. Son avant-bras lui \u00e9crase le larynx. Me vient aussit\u00f4t en t\u00eate la bavure polici\u00e8re qui a caus\u00e9 la mort de C\u00e9dric Chouviat, quelques jours auparavant, et dont l'autopsie a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 une fracture du larynx. Je me jette dans la m\u00eal\u00e9e, et extirpe Jules, le tirant en arri\u00e8re.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl aura le temps de recevoir un coup de poing au visage, ass\u00e9n\u00e9 par un de nos agresseurs. Et d'\u00eatre gaz\u00e9 par les CRS accourus entre temps. Tandis que je continue de tirer Jules, les coups de matraques pleuvent. Les jets de gaz lacrymog\u00e8ne se succ\u00e8dent. Nous aidant les uns les autres, nous nous replions sur le parvis de la Maison de la Culture. Beaucoup sont sous le choc de cet \u00e9pisode aussi soudain que violent. Et inexpliqu\u00e9. Certains vident des flacons de s\u00e9rum physiologique dans les yeux br\u00fbl\u00e9s de ceux qui se sont fait gazer \u00e0 bout portant.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003EDes interpellations cibl\u00e9es ?\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPuis au bout de quelques minutes, nous quittons les lieux, peu enclins \u00e0 rester dans cette ambiance d\u00e9l\u00e9t\u00e8re. Alors que nous marchons tranquillement, un v\u00e9hicule s'arr\u00eate \u00e0 notre proximit\u00e9. Un moment d'h\u00e9sitation, de flottement stoppe le groupe. Deux hommes descendent de la voiture. L'un d'eux pointe Jules du doigt : \u003Ci\u003E\u00ab Avec ou sans violence, vous allez nous suivre. \u00bb\u003C\/i\u003E Je reconnais les personnes qui nous agressaient quelques minutes auparavant. Alors que je m'avance, quelqu'un parmi nous s'\u00e9crie \u003Ci\u003E\u00ab C'est la BAC ! \u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn l'absence de tout signe distinctif apparent, sans d\u00e9cliner la moindre identit\u00e9, s'exon\u00e9rant de pr\u00e9senter la moindre carte professionnelle, les deux hommes emm\u00e8nent Jules, lui menottant les mains dans le dos. Je reste \u00e0 distance raisonnable, distinguant un a\u00e9rosol de d\u00e9fense.\u003Cbr \/\u003E\n- Pourquoi vous l'arr\u00eatez ?\u003Cbr \/\u003E\n- Outrage. Il a fait un doigt d'honneur. On a la vid\u00e9o !\u003Cbr \/\u003E\nPuis, me faisant face, il regagne le si\u00e8ge passager de la Skoda Superb.\u003Cbr \/\u003E\nNon sans un dernier :\u003Cbr \/\u003E\n- Pourquoi, y a un probl\u00e8me ?\u003Cbr \/\u003E\n- Non, y a aucun probl\u00e8me. Je suis un citoyen lambda, sur la voie publique.\u003Cbr \/\u003E\n- Moi aussi je suis un citoyen lambda. Conclut-il en fermant la porti\u00e8re.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETout le temps de cette pseudo-conversation, et jusqu'\u00e0 ce que la voiture s'\u00e9loigne, nos regards ne se quittent pas l'espace d'un dixi\u00e8me de seconde. Il m'adresse toute sa haine. Le fixant, je lui renvoie, n'en ayant que faire. C'est le gars qui a essay\u00e9 de me cogner, tout \u00e0 l'heure. Jules l'entendra clairement dire \u00e0 ses coll\u00e8gues, tout en me d\u00e9signant : \u003Ci\u003E\u00ab Lui, c'est la prochaine cible \u00bb\u003C\/i\u003E. Cette affirmation sera corrobor\u00e9e par une proposition peu commune, d'autant qu'il est largement majeur, faite \u00e0 Jules au d\u00e9but de sa garde \u00e0 vue. Celle de se faire visiter par un membre de sa famille.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003E\u00ab Certains policiers violentent. Impun\u00e9ment \u00bb.\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EA ce moment, je suis devant le commissariat, faisant masse avec les copains, en soutien, offrant un contexte assez peu propice \u00e0 l'interpellation sereine. La ficelle est un peu \u00e9paisse, le pi\u00e8ge un peu trop grossier. Mais l'effort vaut d'\u00eatre salu\u00e9, m\u00eame s'il prend sa source aux limites de la d\u00e9ontologie. J'irai en garde \u00e0 vue les gars, mais pas ce samedi. J'ai des choses \u00e0 d\u00e9noncer avant. En deux phrases anodines, l'une, mensong\u00e8re, l'autre, hors de toute d\u00e9ontologie, ce gar\u00e7on exprime beaucoup de choses. \u003Ci\u003E\u00ab Moi aussi je suis un citoyen lambda. \u00bb\u003C\/i\u003E Vraiment ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELorsqu'il est en service, un policier, a fortiori un agent de la BAC n'est pas un citoyen lambda. Sa fonction lui octroie des pouvoirs interdits \u00e0 monsieur tout le monde. Il a le pouvoir de contr\u00f4ler, de r\u00e9primer, d'user de la force sur ses concitoyens. Il est arm\u00e9. Il est aux ordres du pouvoir politique, couvert par sa hi\u00e9rarchie. Il est asserment\u00e9. Pas s\u00fbr que le citoyen lambda jouisse de toutes ces pr\u00e9rogatives. Ivres de ce pouvoir, certains policiers s'en accordent davantage. Frustr\u00e9s par un cadre l\u00e9gal trop restrictif \u00e0 leur go\u00fbt, ceux-l\u00e0 insultent, intimident, violentent. Impun\u00e9ment.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEric L.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPhoto de une : acte 62 des gilets jaunes \/ \u00a9 \u003Ca href=\"https:\/\/www.flickr.com\/photos\/119524765\u003Cspan class=\"philum ic-arobase\"\u003E\u003C\/span\u003EN06\/49407028551\/in\/album-72157712733830813\"\u003ESerge\u003C\/a\u003E d'Ignazio\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.bastamag.net\/temoignage-manifestation-interpellation-ciblee-garde-a-vue-charges-minces-violences-policieres-BAC-cedric-chouviat\"\u003Ebastamag.net\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"parent_art":[{"title":"Edouard Philippe veut passer en force sur la r\u00e9forme des retraites","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:165889,json:1"}]}}}