{"168690":{"id":"168690","parent":"167691","time":"1581156273","url":"http:\/\/newsnet.fr\/168690","source":"http:\/\/www.mondialisation.ca\/la-libye-apres-berlin\/5641451","category":"documentaires","title":"La Libye apr\u00e8s Berlin","catalog-images":"4\/\/2\/newsnet_168690_b39c93.jpg\/newsnet_168690_173f61.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168690_173f61.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/la-libye-apres-berlin","admin":"newsnet","views":"546","priority":"3","length":"18599","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168690_b39c93.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EUne semaine apr\u00e8s, que reste-t-il de la conf\u00e9rence de Berlin du 19 janvier 2020 ? Alors que les tous les participants s'\u00e9taient entendus pour faire respecter l'embargo sur les armes, c\u003Ca href=\"https:\/\/www.challenges.fr\/monde\/libye-l-embargo-sur-les-armes-viole-par-plusieurs-pays-dit-l-onu_695718\"\u003Eelui-ci a d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 viol\u00e9 par plusieurs pays, selon l'ONU\u003C\/a\u003E. Le cessez-le-feu, autre point qui a fait l'unanimit\u00e9 lors de cette r\u00e9union n'a pas, non plus, \u00e9t\u00e9 respect\u00e9. A quoi cette conf\u00e9rence internationale, fortement m\u00e9diatis\u00e9e, a-t-elle servi ? Afin d'en comprendre les v\u00e9ritables enjeux, l'IVERIS a r\u00e9alis\u00e9 un entretien avec un sp\u00e9cialiste de la Libye, Moncef Djaziri, professeur \u00e0 l'Institut d'\u00c9tudes politiques de l'universit\u00e9 de Lausanne.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003EAvant d'analyser les d\u00e9cisions prises \u00e0 Berlin et leurs cons\u00e9quences, il para\u00eet important de revenir sur la mani\u00e8re dont cette conf\u00e9rence a \u00e9t\u00e9 pr\u00e9par\u00e9e. En effet, de nombreux points laissent, a minima, perplexe. Pourquoi l'Allemagne a-t-elle d\u00e9cid\u00e9 de tenir cette r\u00e9union dans la pr\u00e9cipitation et comment a-t-elle pu accumuler autant de fautes diplomatiques en n'invitant l'Alg\u00e9rie que tardivement et en ne conviant ni la Tunisie, ni le Maroc ni les pays du G5 Sahel qui vivent pourtant quotidiennement les effets du chaos qui a suivi la guerre de 2011 ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMoncef Djaziri : D\u00e8s le d\u00e9part et conform\u00e9ment \u00e0 la vision du repr\u00e9sentant de l'ONU en Libye, Ghassan Salam\u00e9 qui a, en quelque sorte \u00ab \u003Ci\u003Evendu\u003C\/i\u003E \u00bb le concept \u00e0 l'Allemagne compte tenu de son incapacit\u00e9 avou\u00e9e \u00e0 l'organiser, il s'agissait d'une conf\u00e9rence internationale qui devait r\u00e9unir les cinq membres permanents du Conseil de s\u00e9curit\u00e9. Le but \u00e9tait de les amener \u00e0 adopter sinon un consensus, au moins une position coh\u00e9rente. Ghassan Salam\u00e9 esp\u00e9rait ainsi pouvoir s'appuyer sur cette convergence pour mener \u00e0 bien son plan d'action de 2017, lequel a \u00e9volu\u00e9 dans sa conception et ses objectifs.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa pr\u00e9cipitation de l'Allemagne s'explique par l'Accord sign\u00e9 entre le Pr\u00e9sident Erdogan et le Premier ministre Sarraj dont le volet s\u00e9curitaire permet au dirigeant turc d'envoyer des mercenaires extr\u00e9mistes syriens pour soutenir le gouvernement de Tripoli. Initialement pr\u00e9vue pour mars 2020, la date de cette conf\u00e9rence a \u00e9t\u00e9 avanc\u00e9e au 19 janvier afin de tenter de mod\u00e9rer les vell\u00e9it\u00e9s turques, ce dont s'est charg\u00e9 le pr\u00e9sident fran\u00e7ais Emmanuel Macron en critiquant l'intervention de la Turquie en Libye.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168690_173f61.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Csup\u003E\u003Cb\u003ECr\u00e9dit photo : Nations Unies\u003C\/b\u003E\u003C\/sup\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003EIl y avait deux autres grands absents \u00e0 ce sommet : le Qatar, qui joue un r\u00f4le important dans le soutien aux milices affili\u00e9es aux Fr\u00e8res musulmans et les Kadhafistes qui comptent encore dans le pays. Comment interpr\u00e9ter ces absences ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED\u00e8s novembre 2019, l'Allemagne, sous la pression de la France, de la Grande Bretagne et de l'Italie, a d\u00e9cid\u00e9 d'\u00e9largir la conf\u00e9rence \u00e0 l'Egypte et la Turquie. Cette derni\u00e8re exigeait la pr\u00e9sence de l'Alg\u00e9rie, du Qatar et de la Tunisie. Cet \u00e9largissement souhait\u00e9 \u00e0 la fois par le pr\u00e9sident Erdogan et l'Italie aurait d\u00e9s\u00e9quilibr\u00e9 les forces et compromis cette conf\u00e9rence, raison pour laquelle l'Alg\u00e9rie y fut convi\u00e9e tardivement. Ni l'Egypte ni les Emirats Arabes Unies ni probablement la Russie et la France n'auraient accept\u00e9 d'inviter le Qatar, pays consid\u00e9r\u00e9 comme soutenant diplomatiquement et financi\u00e8rement le gouvernement Sarraj et les milices islamistes. Pour ce qui est des forces kadhafistes, puissantes en Libye, sans l'accord de leurs repr\u00e9sentants rien ne peut r\u00e9ussir, ni aboutir. Il faut ajouter \u00e9galement l'absence des leaders des tribus qui p\u00e8sent aussi dans la crise.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003EAutre point, pour le moins \u00e9tonnant, pourquoi inviter Haftar et Sarraj et ensuite leur interdire d'assister \u00e0 la conf\u00e9rence ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAu d\u00e9part et pour les raisons d\u00e9j\u00e0 \u00e9voqu\u00e9es, il n'\u00e9tait question ni de la participation du Premier ministre Sarraj ni de celle du Mar\u00e9chal Haftar. Cependant, ils devaient \u00eatre pr\u00e9sents \u00e0 Berlin pour signer le communiqu\u00e9 final et ent\u00e9riner les conclusions et les recommandations. Dans la position extr\u00eamement fragile du premier ministre Sarraj, celui-ci n'avait pas d'autres options que de parapher ce document alors que le Mar\u00e9chal Haftar, rest\u00e9 dans sa chambre d'h\u00f4tel, n'a m\u00eame pas r\u00e9pondu \u00e0 l'appel t\u00e9l\u00e9phonique d'Angela Merkel qui l'invitait \u00e0 signer le document.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003E\u003Ci\u003EEnfin, pourquoi, alors que ce point para\u00eet central actuellement, l'Allemagne a-t-elle exclu toute discussion sur l'Accord pass\u00e9 en novembre dernier entre les pr\u00e9sidents Erdogan et Sarraj ?\u003C\/i\u003E\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn effet, la chanceli\u00e8re a d\u00e9cid\u00e9 d'embl\u00e9e que l'Accord \u00e9conomique et s\u00e9curitaire sign\u00e9 entre le pr\u00e9sident Erdogan et le premier ministre Sarraj ne serait pas \u00e0 l'ordre du jour. C'\u00e9tait une condition pos\u00e9e par la Turquie, c'\u00e9tait aussi une exigence italienne et un souhait de l'Allemagne. L'Italie soutient en effet, sans le dire clairement, l'interventionnisme turc en Libye car cela permet de renforcer les islamistes \u00e0 Tripoli comme \u00e0 Misrata. En outre et pour des motifs \u00e9conomiques, l'Italie partage les m\u00eames vues que le Qatar, lequel est favorable \u00e0 l'Accord sign\u00e9 entre Erdogan et Sarraj.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003EEn fait, cette pr\u00e9cipitation, ces fautes, ces non-dits, ne sont-ils pas aussi le signe que l'Allemagne a tent\u00e9 de jouer sa propre carte pour avoir un plus grand r\u00f4le politique, \u00e9conomique et g\u00e9ostrat\u00e9gique en Libye et plus largement en Afrique ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED\u00e8s le 11 septembre 2019, Angela Merkel s'est propos\u00e9 d'accueillir cette conf\u00e9rence que le repr\u00e9sentant de l'ONU en Libye tentait, en vain, d'organiser. Cela correspond aussi aux ambitions de l'Allemagne qui cherche \u00e0 exercer un leadership mondial et souhaite apporter sa contribution \u00e0 la solution des probl\u00e8mes internationaux.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais on peut se demander si ces ambitions ne sont pas d\u00e9mesur\u00e9es et si sa volont\u00e9 de vouloir partager ce leadership avec la France, la Russie, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ne lui fait pas courir des risques inh\u00e9rents \u00e0 sa surexposition internationale. On peut se demander aussi si l'Allemagne a vraiment les moyens de ses ambitions. Sa m\u00e9connaissance des pays o\u00f9 elle cherche \u00e0 exercer une influence, comme en Libye, mais aussi dans d'autres pays africains, pourrait produire des effets contreproductifs nuisant \u00e0 ses int\u00e9r\u00eats.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003EApr\u00e8s cinq heures de r\u00e9union, les participants sont sortis avec un communiqu\u00e9 final proposant des objectifs tr\u00e8s ambitieux, mais sont-ils r\u00e9alistes ? Par exemple, les participants ont d\u00e9cid\u00e9 de faire respecter la r\u00e9solution des Nations Unis de 2011, concernant l'embargo sur les armes. Pourquoi cela n'a-t-il pas \u00e9t\u00e9 fait avant ? Qu'est-ce que Berlin a chang\u00e9 qui aurait pu permettre \u00e0 cette r\u00e9solution d'\u00eatre enfin appliqu\u00e9e ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa lecture tr\u00e8s attentive des neuf pages du communiqu\u00e9 final montre qu'il s'agit d'un \u00ab \u003Ci\u003Einventaire \u00e0 la Pr\u00e9vert\u003C\/i\u003E \u00bb, on y trouve tout, sans coh\u00e9rence ni logique y compris le rappel maintes fois r\u00e9it\u00e9r\u00e9 de respecter la r\u00e9solution 1970 (2011) imposant l'embargo. A Berlin, non seulement ce nouveau rappel n'a rien chang\u00e9, mais il a mis en \u00e9vidence l'impuissance de la communaut\u00e9 internationale et surtout celle de l'ONU \u00e0 faire respecter des r\u00e9solutions pourtant contraignantes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003EDans le communiqu\u00e9 final il est demand\u00e9 \u00e0 toutes les parties au conflit de redoubler d'efforts afin d'obtenir un cessez-le-feu permanent. Les participants ont unanimement d\u00e9clar\u00e9 qu'il n'y avait pas de solution militaire \u00e0 la crise libyenne, cette prise de position et l'appel \u00e0 faire taire les armes, pourraient \u00eatre interpr\u00e9t\u00e9e d'une mani\u00e8re extr\u00eamement positive, mais l\u00e0 encore n'\u00e9tait-ce pas irr\u00e9aliste ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe communiqu\u00e9 appelle \u00ab \u003Ci\u003Etoutes les parties concern\u00e9es\u003C\/i\u003E \u00bb \u00e0 suspendre les hostilit\u00e9s et \u00e0 s'orienter vers un \u00ab \u003Ci\u003Ecessez-le-feu permanent\u003C\/i\u003E \u00bb. L'appel \u00e0 cesser les hostilit\u00e9s et \u00e0 faire taire les armes est louable, mais c'est un vœu pieux car il n'est accompagn\u00e9 d'aucune mesure r\u00e9aliste. Le communiqu\u00e9 se limite \u00e0 appeler les Nations Unies \u00e0 \u00ab \u003Ci\u003Efaciliter les n\u00e9gociations entre les parties y compris \u00e0 travers la cr\u00e9ation d'un comit\u00e9 militaire 5+5 pour contr\u00f4ler et v\u00e9rifier l'application du cessez-le-feu ainsi que le d\u00e9sarmement des milices.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EUne fois encore, comment peut-on demander aux bellig\u00e9rants de contr\u00f4ler leurs propres op\u00e9rations militaires ? Si on avait \u00e9t\u00e9 coh\u00e9rent et que les dirigeants aient eu une volont\u00e9 politique ferme, ils auraient d\u00fb envisager une force d'interposition tierce. Par faiblesse, on est all\u00e9 dans le sens souhait\u00e9 par le repr\u00e9sentant de l'ONU en Libye qui s'oppose \u00e0 toute force internationale d'interposition, pr\u00e9f\u00e9rant confier cette mission au comit\u00e9 militaire en question. Ce qui, en clair, signifie se condamner \u00e0 l'impuissance et \u00e0 la continuation de la guerre. D'ailleurs, \u00e0 l'heure o\u00f9 nous \u00e9crivons ces lignes les op\u00e9rations militaires se sont intensifi\u00e9es.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003EComment r\u00e9soudre le probl\u00e8me des milices qui p\u00e8sent de tout leur poids depuis 2011, qui sont l'obstacle majeur \u00e0 toute r\u00e9solution du conflit, elles viennent en prime d'\u00eatre renforc\u00e9es par l'arriv\u00e9e de djihadistes syriens soutenus par la Turquie ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe d\u00e9sarmement des milices est un point crucial dans le processus de reconstruction de l'Etat libyen. Il en est fait mention dans la partie du communiqu\u00e9 consacr\u00e9e au cessez-le-feu, tout en confiant la mission au comit\u00e9 militaire.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETous les efforts butent et buteront sur ce point car il y a de profondes divergences sur le r\u00f4le et la place de ces milices. Pour le Mar\u00e9chal Haftar et maintenant pour la communaut\u00e9 internationale, tel que cela appara\u00eet de mani\u00e8re explicite dans le communiqu\u00e9 de Berlin, les milices arm\u00e9es sont un obstacle \u00e0 toute reconstruction de l'Etat d'o\u00f9 la n\u00e9cessit\u00e9 de les d\u00e9sarmer et les dissoudre. Pour le Premier ministre Sarraj qui en est militairement et politiquement d\u00e9pendant, ces milices sont des \u00ab \u003Ci\u003Eforces r\u00e9volutionnaires\u003C\/i\u003E \u00bb qui d\u00e9fendent la r\u00e9volution de f\u00e9vrier 2011. C'est \u00e9galement la perception qu'ont ces milices d'elles-m\u00eames mais c'est aussi leur fonds de commerce\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais ce qu'il manque dans le communiqu\u00e9 final, ce sont les pr\u00e9cisions et l'autorit\u00e9 qui devrait \u00eatre charg\u00e9e de d\u00e9sarmer les milices et de d\u00e9mobiliser certains de leurs membres en fonction de crit\u00e8res pr\u00e9cis. Or nous ne savons pas qui remplira cette mission et quels seront les crit\u00e8res d'int\u00e9gration des milices dans l'appareil s\u00e9curitaire ou militaire ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPlus largement, et dans la mesure o\u00f9 le pouvoir du premier ministre Sarraj d\u00e9pend \u00e0 Tripoli des milices islamistes arm\u00e9es, la communaut\u00e9 internationale et l'ONU doivent clairement se d\u00e9terminer : soit opter pour le d\u00e9sarmement des milices et pour cela soutenir Sarraj par une force d'intervention ou alors consid\u00e9rer qu'il n'est plus l\u00e9gitime et d\u00e9signer un nouveau Chef de gouvernement qui soit d\u00e9termin\u00e9 \u00e0 dissoudre les milices et le cas \u00e9ch\u00e9ant, les combattre. La communaut\u00e9 internationale et l'ONU doivent clairement en d\u00e9cider. Dans tous les cas, cela signifie qu'avant de tenter de r\u00e9soudre le probl\u00e8me des milices, il faut pr\u00e9alablement r\u00e9gler la question de l'Ex\u00e9cutif. De cela d\u00e9pend \u00e9galement l'attitude \u00e0 adopter \u00e0 l'\u00e9gard de la Turquie qui alimente les milices par l'envoi de djihadistes et de mercenaires syriens.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003ETous ont \u00e9galement condamn\u00e9 les ing\u00e9rences ext\u00e9rieures en Libye, que vous d\u00e9nonciez depuis fort longtemps, ce qui est tout \u00e0 fait surr\u00e9aliste puisque tous s'ing\u00e8rent dans ce conflit d'une mani\u00e8re ou d'une autre (1). Pensez-vous qu'apr\u00e8s avoir affirm\u00e9 cela, l'Arabie Saoudite, les EAU, la France, les USA, la Russie, l'Italie, la Turquie, cesseront leurs soutiens \u00e0 l'un ou l'autre protagoniste du conflit ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn effet, j'ai d\u00e9nonc\u00e9 \u00e0 plusieurs reprises depuis 2011 les ing\u00e9rences ext\u00e9rieures en Libye qui ont d\u00e9truit ce pays et l'ont ramen\u00e9 des dizaines d'ann\u00e9es en arri\u00e8re. D'une conf\u00e9rence \u00e0 une autre, on n'a pas cess\u00e9 de \u00ab \u003Ci\u003Econdamner les ing\u00e9rences\u003C\/i\u003E \u00bb par ceux-l\u00e0 m\u00eame qui s'ing\u00e8rent dans les affaires libyennes. Et d'une conf\u00e9rence \u00e0 l'autre, ces ing\u00e9rences augmentent ! La conf\u00e9rence de Berlin ent\u00e9rine en quelque sorte une nouvelle ing\u00e9rence, encore plus pernicieuse, celle de la Turquie d'Erdogan en Libye.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003ESur les ing\u00e9rences, le cessez-le-feu et le respect de l'embargo, les Europ\u00e9ens ont sembl\u00e9 montrer une unit\u00e9, mais quid des divergences entre pays membres de l'UE et alli\u00e9s de l'OTAN ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMalheureusement, l'unit\u00e9 n'est que de fa\u00e7ade. Concernant le cessez-le-feu ou le respect de l'embargo, il n'y a pas vraiment d'unit\u00e9 ni d'accord. S'agissant du cessez-le-feu, les divergences existent quant aux modalit\u00e9s de son application. Les uns pensent que le comit\u00e9 5+5 est capable de remplir la mission, tandis que d'autres pensent qu'il faut une force d'interposition onusienne, africaine ou europ\u00e9enne. Pour ce qui est de l'embargo, tous les pays appellent \u00e0 le respecter, mais dans les faits certains veulent des mesures concr\u00e8tes d'observation et des sanctions alors que d'autres s'en tiennent au comit\u00e9 d'experts de l'ONU pour continuer \u00e0 r\u00e9diger des rapports comme cela est fait depuis 2011.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003EPour quelles raisons, le mar\u00e9chal Haftar a-t-il d\u00e9cid\u00e9 de bloquer les terminaux p\u00e9troliers, \u00e0 la veille de cette conf\u00e9rence ? Au fond, est-ce que tous ces grands raouts, r\u00e9unions, sommets, n'attisent pas plus le feu qu'elles n'apportent de solutions ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'enjeu de la r\u00e9partition \u00e9quitable des ressources p\u00e9troli\u00e8res est capital dans la crise que traverse la Libye et rien ne pourra r\u00e9ussir si l'on ne se d\u00e9cide pas de se confronter s\u00e9rieusement \u00e0 ce probl\u00e8me. A cet \u00e9gard, il est pour le moins surprenant que ce probl\u00e8me \u00e9pineux ne soit pas mentionn\u00e9 dans le communiqu\u00e9 final.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe contr\u00f4le des champs p\u00e9trolif\u00e8res et des terminaux p\u00e9troliers \u00e0 l'Est, au Sud et en partie \u00e0 l'Ouest instaur\u00e9 le 18 janvier par le Mar\u00e9chal Haftar et la plupart des tribus est, selon leur point de vue, l'ultime moyen de rappeler \u00e0 la communaut\u00e9 internationale l'urgence d'une solution \u00e0 ce probl\u00e8me. Les principales tribus viennent de rappeler les cinq conditions de d\u00e9blocage des terminaux : la destitution de Sarraj, le remplacement du directeur de la Banque Centrale Libyenne, du pr\u00e9sident de la Compagnie Nationale du P\u00e9trole, la formation d'un gouvernement d'union nationale et la r\u00e9partition \u00e9quitable des revenus p\u00e9troliers.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EOn est donc bien oblig\u00e9 de constater qu'\u00e0 force de nier ou d'occulter les vrais probl\u00e8mes parmi lesquels l'enjeu p\u00e9trolier, les multiples r\u00e9unions et conf\u00e9rences ne font qu'aggraver la crise. En invitant la Turquie \u00e0 Berlin sans mettre \u00e0 l'ordre du jour son intervention militaire en Libye, cette conf\u00e9rence l'a objectivement l\u00e9gitim\u00e9 creusant ainsi la d\u00e9fiance des Libyens \u00e0 l'\u00e9gard de la communaut\u00e9 internationale.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003EQuelles seront les cons\u00e9quences de l'apr\u00e8s Berlin ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EBerlin aura \u00e9t\u00e9 une conf\u00e9rence de plus dans la s\u00e9rie, avec de nouveaux probl\u00e8mes mais sans aucune solution r\u00e9aliste et r\u00e9alisable. Les recommandations sont trop g\u00e9n\u00e9rales, manquent de coh\u00e9rence et de hi\u00e9rarchisation ; trop d'objectifs simultan\u00e9s \u00e0 atteindre sans aucune sp\u00e9cification ni diff\u00e9renciation. En agissant ainsi la communaut\u00e9 internationale se condamne \u00e0 l'impuissance et \u00e0 l'inaction.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes grandes puissances continuent de penser que la solution r\u00e9side dans l'Accord de Skhirat de 2015 qui non seulement n'a rien r\u00e9solu mais, pire encore, a aggrav\u00e9 la crise et conduit \u00e0 la guerre civile que la Libye vit aujourd'hui. En 2016 et 2018, nous l'avons \u00e9crit dans des revues internationales : il est urgent de sortir de l'Accord de Skhirat, repenser l'ensemble du processus politique et repartir sur de nouvelles bases (2-3).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa force d'inertie de la communaut\u00e9 internationale et de l'ONU aggrave la crise libyenne, qu'on ne peut r\u00e9duire \u00e0 simple probl\u00e8me technique de \u00ab \u003Ci\u003Efabrication de l'Etat\u003C\/i\u003E \u00bb (State-building engineering), comme le pensent Ghassan Salam\u00e9 et les responsables allemands. Ces derniers sont par ailleurs convaincus que la mission qu'ils se sont attribu\u00e9e de participer aux op\u00e9rations de paix et de state-building leur permettra d'obtenir un si\u00e8ge permanent au Conseil de s\u00e9curit\u00e9 que l'Allemagne demande depuis 1993.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECertes, la reconstruction de l'Etat est une urgence, mais ce n'est pas une question d'experts internationaux qui pr\u00e9tendent apprendre aux Libyens comment faire ! Nous savons depuis le 20\u003Csup\u003E\u00e8me\u003C\/sup\u003E si\u00e8cle, gr\u00e2ce aux travaux du sociologue allemand, Norbert Elias, que la construction ou la reconstruction des Etats sont de tr\u00e8s longs processus. La crise libyenne et l'issue de la guerre civile actuelle font partie de ce processus.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003EEn conclusion, que faut-il attendre du prochain sommet sur la Libye \u00e0 Brazzaville le 30 janvier ?\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMalheureusement, on ne peut rien attendre du prochain sommet de Brazzaville car au sein des pays africains, comme en Europe, les pays sont divis\u00e9s. La progressive h\u00e9g\u00e9monie turque en Afrique, en particulier au S\u00e9n\u00e9gal et en Gambie, risque d'aggraver les dissensions et rendre impossible un consensus africain. Dans le pass\u00e9, les positions de l'UA ont \u00e9t\u00e9 courageuses, elles continuent \u00e0 l'\u00eatre. L'organisation panafricaine revendique une place dans le processus international de d\u00e9cision sur la crise libyenne. Elle demande depuis plusieurs mois la nomination conjointe par l'ONU et l'UA d'un nouveau repr\u00e9sentant en Libye ; les pays africains consid\u00e9rant que Ghassan Salam\u00e9 a \u00e9chou\u00e9 dans sa mission et qu'il n'a plus la confiance ni des Libyens ni des Africains.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u003Cb\u003EMoncef Djaziri\u003C\/b\u003E\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPropos recueillis par \u003Cb\u003ELeslie Varenne\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E(1) \u003Ca href=\"https:\/\/www.iveris.eu\/list\/entretiens\/362-la-libye-victime-des-ingerences-exterieures-\"\u003Eiveris.eu\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E(2) M. Djaziri, \u00ab \u003Ci\u003ELibya : the Deadlock in Reaching a Political Agreement and the Problems Posed by the Democratic Transition\u003C\/i\u003E \u00bb, in Arturo Varvelli (ed.by), State.Building in Libya. Integration Diversities, Transitions and Citizenship, Publisher Rest Doc, Rome, 2017, pp. 102-125.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E(3) M. Djaziri, \u00ab \u003Ci\u003ELibye : propositions pour sortir de la crise\u003C\/i\u003E \u00bb, in revue Politique Internationale, Paris, 2018, N\u00b0 159, Printemps, 2018, pp. 313-327.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa source originale de cet article est \u003Ca href=\"https:\/\/www.iveris.eu\/list\/entretiens\/482-la_libye_apres_berlin_\"\u003EIveris\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\nCopyright \u00a9 \u003Ca href=\"https:\/\/www.mondialisation.ca\/author\/moncef-djaziri\"\u003EMoncef Djaziri\u003C\/a\u003E et \u003Ca href=\"https:\/\/www.mondialisation.ca\/author\/leslie-varenne\"\u003ELeslie Varenne\u003C\/a\u003E, \u003Ca href=\"https:\/\/www.iveris.eu\/list\/entretiens\/482-la_libye_apres_berlin_\"\u003EIveris\u003C\/a\u003E, 2020\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.mondialisation.ca\/la-libye-apres-berlin\/5641451\"\u003Emondialisation.ca\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"parent_art":[{"title":"La conf\u00e9rence de la Libye et la nouvelle ru\u00e9e vers l'Afrique","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:167691,json:1"}]}}}