{"168725":{"id":"168725","parent":"0","time":"1581170788","url":"http:\/\/newsnet.fr\/168725","source":"http:\/\/www.legrandsoir.info\/le-8-fevrier-1962-metro-charonne-la-police-tue-des-manifestants-anti-oas-35680.html","category":"Histoire","title":"Le 8 f\u00e9vrier 1962, m\u00e9tro Charonne : la police tue des manifestants anti-Oas","catalog-images":"3\/\/1\/newsnet_168725_2942ec.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168725_2942ec.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/le-8-fevrier-1962-metro-charonne-la-police-tue-des-manifestants-anti-oas","admin":"newsnet","views":"357","priority":"3","length":"6887","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cbr \/\u003E\nla RIPOSTE\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E(Reprise d'un article publi\u00e9 le 8 f\u00e9vrier 2012 par LGS).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EParis, f\u00e9vrier 1962. La perspective d'une fin de la guerre d'Alg\u00e9rie semble s'\u00eatre \u00e9loign\u00e9e depuis la suspension des pourparlers de paix, le 28 juillet 1961, entre le GPRA. (Gouvernement Provisoire de la R\u00e9publique Alg\u00e9rienne) et le gouvernement fran\u00e7ais. Cependant, dans les arcanes du pouvoir, tout le monde s'accorde \u00e0 dire que la seule issue possible est l'ind\u00e9pendance de l'Alg\u00e9rie. S'accrochant d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9ment \u00e0 leur r\u00eave d'une Alg\u00e9rie fran\u00e7aise, les fascistes de l'OAS. (Organisation Arm\u00e9e Secr\u00e8te), multiplient les attentats en Alg\u00e9rie et en M\u00e9tropole.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECette strat\u00e9gie de la terreur vise \u00e0 mettre la pression sur le gouvernement fran\u00e7ais, qui se dit de plus en plus favorable \u00e0 de nouvelles n\u00e9gociations avec le GPRA.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EFace \u00e0 ce \u00ab p\u00e9ril brun \u00bb, les milieux de gauche se mobilisent autour du Comit\u00e9 Audin (Comit\u00e9 d'intellectuels luttant pour faire la lumi\u00e8re sur la disparition de Maurice Audin, militant du Parti Communiste Alg\u00e9rien), du PCF, de l'UNEF, et du PSU. Dans les universit\u00e9s, des journ\u00e9es de gr\u00e8ve sont organis\u00e9es avec succ\u00e8s, ce qui pousse de Gaulle \u00e0 d\u00e9clarer : \u00ab Le peuple n'a pas \u00e0 se pr\u00e9occuper du probl\u00e8me de l'OAS ; c'est aux forces de l'ordre d'agir \u00bb. Cependant, les forces de l'ordre ne sont pas aussi z\u00e9l\u00e9es dans leur lutte contre le terrorisme de l'OAS que dans la r\u00e9pression des sympathisants de la cause alg\u00e9rienne. Le 7 f\u00e9vrier 1962, dix attentats sont commis, \u00e0 Paris, par l'OAS. Les cibles sont des universitaires, des \u00e9lus du PCF, des officiers, des journalistes ainsi que le Ministre de la Culture, Andr\u00e9 Malraux. La bombe qui visait ce dernier blesse gri\u00e8vement une enfant de quatre ans, Delphine Renard, qui perdra un oeil et sera d\u00e9figur\u00e9e.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECette vague d'attentats pousse la gauche \u00e0 organiser un rassemblement, le 8 f\u00e9vrier 1962, place de la Bastille \u00e0 Paris. Or, suite \u00e0 l'\u00e9tat d'urgence d\u00e9cr\u00e9t\u00e9 le 21 avril 1961, un arr\u00eat\u00e9 pr\u00e9fectoral interdit toute manifestation sur la voie publique. Cependant, selon certains historiens (dont le Professeur Brunet), le pr\u00e9fet de Paris de l'\u00e9poque, Maurice Papon, avait envisag\u00e9 de tol\u00e9rer la manifestation du 8 f\u00e9vrier. C'est le G\u00e9n\u00e9ral de Gaulle lui-m\u00eame qui se serait oppos\u00e9 \u00e0 ce que le rassemblement ait lieu, apr\u00e8s l'avoir qualifi\u00e9 de \u00ab communiste \u00bb, ce qui, dans sa bouche, signifiait clairement \u00ab subversif \u00bb, voire \u00ab dangereux \u00bb. De plus, l'interdiction de cette manifestation flattait l'aile droite de ses partisans, en montrant que de Gaulle ne jouait pas le jeu des communistes dans la solution du conflit alg\u00e9rien.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe jour de la manifestation, les consignes sont claires : il ne faut tol\u00e9rer aucun rassemblement et \u00ab faire preuve d'\u00e9nergie \u00bb dans la dispersion des manifestants. Cette \u00ab \u00e9nergie \u00bb, les policiers d\u00e9p\u00each\u00e9s sur place vont la fournir de fa\u00e7on dramatique. Le quadrillage de la manifestation est parfait ; c'est en direction d'une v\u00e9ritable toile d'araign\u00e9e polici\u00e8re que se dirigent les manifestants, \u00e0 partir de 18h00. 2845 CRS, gendarmes mobiles et policiers sont organis\u00e9s en cinq divisions entourant le quartier de la Bastille, de la gare de Lyon aux m\u00e9tros Filles du Calvaire et Saint Ambroise, et de la rue Saint Antoine au boulevard Voltaire.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EC\u00f4t\u00e9 manifestants, on souhaite un rassemblement pacifique ; un communiqu\u00e9 radio pr\u00e9cise, le 8 f\u00e9vrier, que \u00ab les manifestants sont invit\u00e9s \u00e0 observer le plus grand calme \u00bb. En outre, les organisateurs prennent la d\u00e9cision de ne pas d\u00e9filer, estimant que la police ne chargerait pas un rassemblement statique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EA l'heure du rassemblement, les manifestants se heurtent aux forces de l'ordre. Certains sont reflu\u00e9s sur la rive gauche, alors que, sur la rive droite, la tension monte peu \u00e0 peu. En effet, quelques affrontements se d\u00e9clenchent boulevard Beaumarchais. La r\u00e9ponse polici\u00e8re est terrible. On matraque des manifestants, des passants, les hommes, les femmes et personnes \u00e2g\u00e9es, jusque dans les caf\u00e9s et les stations de m\u00e9tro. L'acharnement est tellement aveugle que m\u00eame des policiers en civil seront bless\u00e9s.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais c'est boulevard Voltaire et rue de Charonne que la r\u00e9pression est la plus violente. Alors que les organisateurs donnent le signal de dispersion, les forces de l'ordre, command\u00e9es par le Commissaire Yser, chargent le cort\u00e8ge. En effet, sur ordre de la salle de commandement, c'est-\u00e0 -dire du Pr\u00e9fet Papon, il faut \u00ab disperser \u00e9nergiquement \u00bb les manifestants. Les policiers chargent avec une telle brutalit\u00e9 et de fa\u00e7on si soudaine, qu'un mouvement de panique s'empare des manifestants, qui tentent de fuir vers la station de m\u00e9tro la plus proche.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes premi\u00e8res cibles des forces de l'ordre sont des \u00e9lus communistes, qu'ils frappent \u00e0 la t\u00eate. Puis, c'est au tour des manifestants qui, port\u00e9s par la foule, tr\u00e9buchent dans les escaliers du m\u00e9tro et s'entassent les uns sur les autres. Au lieu d'aider les gens qui suffoquent, les policiers les frappent, les insultent, et n'h\u00e9sitent pas \u00e0 jeter sur eux les grilles d'acier qu'ils trouvent au pied des arbres, ou encore des grilles d'a\u00e9ration. Le bilan de cette agression fut de huit morts, dont un manifestant de quinze ans. Sept d'entre eux sont morts par \u00e9touffement, un des suites de blessures \u00e0 la t\u00eate. Tous \u00e9taient communistes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAu lendemain du drame, la presse, de fa\u00e7on unanime, stigmatise la responsabilit\u00e9 des forces de l'ordre. Le Ministre de l'Int\u00e9rieur, Roger Frey, rejette quant \u00e0 lui toute la responsabilit\u00e9 sur le Parti Communiste, qu'il accuse d'avoir tenu la manifestation malgr\u00e9 l'interdiction officielle. Au passage, le ministre assimile les manifestants aux fascistes de l'OAS, car ce sont l\u00e0, explique-t-il, \u00ab deux ennemis de l'int\u00e9rieur \u00bb. De son c\u00f4t\u00e9, la population fran\u00e7aise est largement choqu\u00e9e par ce d\u00e9cha\u00eenement de r\u00e9pression : entre 500 000 et un million de parisiens assist\u00e8rent aux fun\u00e9railles des victimes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECet \u00e9pisode de la vie politique fran\u00e7aise t\u00e9moigne une fois de plus de l'amn\u00e9sie historique de l'\u00c9tat fran\u00e7ais, sur certains sujets. Pendant des ann\u00e9es, le drame du 8 f\u00e9vrier 1962 sera rel\u00e9gu\u00e9 aux oubliettes de l'histoire officielle. Il faudra attendre quatre d\u00e9cennies pour voir la r\u00e9ouverture des dossiers sur la guerre d'Alg\u00e9rie, le d\u00e9but d'une prudente autocritique de la part de l'\u00c9tat, et pour que la lumi\u00e8re commence \u00e0 se faire sur les \u00e9v\u00e9nements qui ont co\u00fbt\u00e9 la vie aux huit victimes de cette terrible journ\u00e9e.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa Riposte\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00a92002-2010 Journal communiste : La Riposte\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EVOIR AUSSI : \u003Ca href=\"https:\/\/www.cgt-ratp.fr\/charonne-noublions-jamais-2\"\u003Ecgt-ratp.fr\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"https:\/\/www.legrandsoir.info\/le-8-fevrier-1962-metro-charonne-la-police-tue-des-manifestants-anti-oas.html\"\u003Elegrandsoir.info\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.legrandsoir.info\/le-8-fevrier-1962-metro-charonne-la-police-tue-des-manifestants-anti-oas-35680.html\"\u003Elegrandsoir.info\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E"}}