{"168789":{"id":"168789","parent":"0","time":"1581326863","url":"http:\/\/newsnet.fr\/168789","source":"http:\/\/www.wsws.org\/fr\/articles\/2020\/02\/10\/ratn-f10.html","category":"Monde","title":"Saman Ratnapriya, dirigeant d'un syndicat sri-lankais, r\u00e9compens\u00e9 par un si\u00e8ge au Parlement","catalog-images":"4\/\/2\/newsnet_168789_83bb31.jpg\/newsnet_168789_a5abf2.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168789_a5abf2.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/saman-ratnapriya-dirigeant-d-un-syndicat-sri-lankais-recompense-par-un-siege-au-parlement","admin":"newsnet","views":"301","priority":"2","length":"9221","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003EPar Rohantha De Silva\u003Cbr \/\u003E\n10 f\u00e9vrier 2020\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe principal parti d'opposition du Sri Lanka, le Parti national uni (UNP), a donn\u00e9 un si\u00e8ge au Parlement \u00e0 Saman Ratnapriya, dirigeant du Sydicat des infirmiers gouvernementaux (GNOU).Ce bureaucrate de longue date du syndicat, qui remplace Jayampathy Wickramaratne, parlementaire de la liste nationale, a pr\u00eat\u00e9 serment mercredi.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe parti proam\u00e9ricain a r\u00e9compens\u00e9 Ratnapriya pour ses services tra\u00eetres au pr\u00e9c\u00e9dent gouvernement dirig\u00e9 par l'UNP, et plus largement pour sa d\u00e9fense de plus de 20 ans de r\u00e8gne capitaliste au Sri Lanka. Ratnapriya est un proche confident du leader de l'UNP et ancien Premier ministre, Ranil Wickremesinghe.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAlors que les bureaucrates syndicaux sri-lankais se trouvent souvent soudoy\u00e9s avec des postes parlementaires et m\u00eame minist\u00e9riels, la nomination de Ratnapriya est particuli\u00e8rement importante. Elle expose en outre la transformation et la d\u00e9g\u00e9n\u00e9rescence des syndicats en tant qu'outils directs des grandes entreprises et de l'\u00c9tat capitaliste.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168789_83bb31.jpg\" \/\u003E Saman Ratnapriya\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ERatnapriya s'est mis en avant comme l'un de ces bureaucrates syndicaux qui proclamaient auparavant les vertus des syndicats militants \u00abind\u00e9pendants\u00bb et \u00abapolitiques\u00bb, comme un substitut aux syndicats \u00e9tablis largement discr\u00e9dit\u00e9s. De nombreux syndicats dits ind\u00e9pendants sont apparus au Sri Lanka dans les ann\u00e9es 1980 et 1990.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn 1964, le Parti Lanka Sama Samaja (LSSP) a trahi ses principes socialistes et internationalistes et a rejoint le gouvernement de coalition bourgeois du Sri Lanka Freedom Party (le Parti de la libert\u00e9 de Sri Lanka). Puis, en 1970, il a rejoint un autre gouvernement de coalition du SLFP. Le Parti communiste stalinien (CP) s'est empress\u00e9 de rejoindre ces coalitions.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes syndicats align\u00e9s sur le LSSP et le CP ont soutenu ces gouvernements et ont appuy\u00e9 leurs attaques contre les droits sociaux et d\u00e9mocratiques des travailleurs. Au cours de ces coalitions, le LSSP et le CP ont interdit toute politique dans leurs syndicats. Ils l'ont fait pour emp\u00eacher la Ligue communiste r\u00e9volutionnaire (RCL), le pr\u00e9d\u00e9cesseur du Parti de l'\u00e9galit\u00e9 socialiste (SEP), de s'opposer \u00e0 ces attaques et de soulever les questions politiques critiques qui se cachent derri\u00e8re.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe gouvernement UNP du pr\u00e9sident J. R. Jayawardene avait r\u00e9ussi \u00e0 faire \u00e9chouer la gr\u00e8ve g\u00e9n\u00e9rale du secteur public de juillet 1980. Il est arriv\u00e9 \u00e0 ses fins en exploitant politiquement les trahisons des syndicats du LSSP et du Parti communiste, ainsi que des syndicats affili\u00e9s au Parti \u00abde gauche\u00bb Nava Sama Samaja (NSSP). Le NSSP s'\u00e9tait cr\u00e9\u00e9 en 1976 de l'initiative de plusieurs membres du LSSP, dont Wickremabahu Karunaratne, qui pr\u00e9tendait \u00e0 tort \u00eatre un parti politique diff\u00e9rent.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans un contexte de col\u00e8re et de d\u00e9sillusion g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9es des travailleurs \u00e0 l'\u00e9gard de ces syndicats, une nouvelle vari\u00e9t\u00e9 de syndicats dits \u00abind\u00e9pendants\u00bb, promettant une action plus militante, a commenc\u00e9 \u00e0 \u00e9merger.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESaman Ratnapriya s'est fait expulser du Syndicat des infirmiers r\u00e9unis du service public (PSUNU) en 1997. On l'a accus\u00e9 d'avoir critiqu\u00e9 son chef, Muruththetuwe Ananda, qui \u00e9tait un moine bouddhiste et \u00e9tait connu pour ses liens \u00e9troits avec tous les gouvernements du Sri Lanka. Ratnapriya a cr\u00e9\u00e9 le GNOU, en promettant une organisation militante \u00abind\u00e9pendante\u00bb et \u00abapolitique\u00bb comme la voie \u00e0 suivre pour les infirmiers du service public.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECes affirmations se sont fait rapidement d\u00e9mentir, car Ratnapriya et la direction de la GNOU se sont oppos\u00e9s \u00e0 toute discussion \u00abpolitique\u00bb au sein du nouveau syndicat. Ceci \u00e9tait particuli\u00e8rement dirig\u00e9 contre la RCL, puis le SEP, qui se battait pour la discussion des questions politiques auxquelles les infirmi\u00e8res et d'autres sections de la classe ouvri\u00e8re faisaient face.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDeux d\u00e9cennies plus tard, il est devenu tr\u00e8s difficile d'identifier des diff\u00e9rences entre le caract\u00e8re d\u00e9g\u00e9n\u00e9r\u00e9 du GNOU \u00abind\u00e9pendant\u00bb et les autres syndicats.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAlors que le PSUNU est align\u00e9 sur le pr\u00e9sident Rajapakse et son gouvernement au pouvoir, le Podujana Peramuna de Sri Lanka, la GNOU et Ratnapriya se sont alli\u00e9s \u00e0 l'UNP de Wickremesinghe.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa d\u00e9g\u00e9n\u00e9rescence et la transformation des syndicats ne sont pas seulement une question de corruption et de trahison de leurs dirigeants, mais expriment des processus plus fondamentaux. Autrefois les syndicats travaillaient dans le cadre national, comme des m\u00e9canismes de d\u00e9fense limit\u00e9s pour leurs membres. Cela s'est fait sapper par la mondialisation de la production capitaliste. Sp\u00e9cifiquement, la capacit\u00e9 rapide du capital international \u00e0 rechercher des plateformes de travail \u00abbon march\u00e9\u00bb pour l'extraction de la plus-value partout dans le monde.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168789_a5abf2.jpg\" \/\u003E Saman Ratnapriya with NSSP leader Wickremabahu Karunaratna wearing dark glasses on his right\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe SEP a publi\u00e9 une d\u00e9claration le 3 avril 2006, \u00e0 la veille d'une gr\u00e8ve nationale et des protestations de 200.000 travailleurs du secteur public, qui luttaient pour une augmentation de salaire de 65 pour cent. Intitul\u00e9e: \u00abLa voie \u00e0 suivre pour les travailleurs du secteur public sri-lankais\u00bb, la d\u00e9claration expliquait les probl\u00e8mes politiques auxquels cette partie de la classe ouvri\u00e8re faisait face.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00abLe SEP avertit sans \u00e9quivoque que sans une perspective socialiste, cette campagne risque d'\u00eatre battue, quelle que soit son ampleur ou son caract\u00e8re apparemment militant. Les dirigeants crient \"pas de la politique\" dans les syndicats et se pr\u00e9parent \u00e0 mener leurs membres dans une impasse une fois de plus. Mais, derri\u00e8re les portes closes, de la politique il en aura beaucoup dans les discussions avec les ministres du gouvernement et les bureaucrates d'\u00c9tat, mais ce ne sera pas dans l'int\u00e9r\u00eat de la classe ouvri\u00e8re.\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00abLe m\u00eame slogan de \"pas de la politique\" a \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9 pour s'opposer \u00e0 l'intervention du pr\u00e9curseur du SEP, la RCL, lors de la derni\u00e8re grande gr\u00e8ve du secteur public en 1980. Le LSSP, le Parti communiste et le NSSP se sont tous vigoureusement oppos\u00e9s \u00e0 la demande de la RCL de mener une lutte politique contre le gouvernement du pr\u00e9sident J. R. Jayawardene et son programme de r\u00e9formes \u00e9conomiques. Les travailleurs du secteur public continuent de payer le prix de cette d\u00e9faite catastrophique, qui a entra\u00een\u00e9 le licenciement de 150.000 employ\u00e9s.\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe Comit\u00e9 syndical de r\u00e9vision des salaires du secteur public (PSSRTUC), un groupement de syndicats \u00abind\u00e9pendants\u00bb, a lanc\u00e9 la campagne nationale sur les salaires. Ratnapriya \u00e9tait l'organisateur principal des syndicats du secteur de la sant\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETentant d'emp\u00eacher l'intervention du SEP, un groupe de partisans de Ratnapriya a menac\u00e9 de recourir \u00e0 la violence physique. Lorsqu'on l'a \u00e9t\u00e9 interpell\u00e9 sur cette menace antid\u00e9mocratique, Ratnapriya a d\u00e9clar\u00e9: \u00abIl n'existe nulle part une telle d\u00e9mocratie\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans un acte de trahison plus r\u00e9cent de Ratnapriya, il s'est associ\u00e9 \u00e0 d'autres dirigeants syndicaux pour aider Maithripala Sirisena \u00e0 devenir pr\u00e9sident, en janvier 2015. Ce geste faisait partie d'une op\u00e9ration de \u00abchangement de r\u00e9gime\u00bb, initi\u00e9e par Washington et soutenue par New Delhi, pour \u00e9vincer Mahinda Rajapakse en raison de son alliance \u00e9troite avec la Chine. Sirisena avait, en effet, \u00e9t\u00e9 un haut dirigeant du SLFP et le ministre de la Sant\u00e9 de Mahinda Rajapakse.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ERatnapriya a lanc\u00e9 le front des \u00absyndicats pour la justice sociale\u00bb pour soutenir Sirisena et le promouvoir en tant que \u00abd\u00e9mocrate\u00bb et \u00abpro-populaire\u00bb. Il est \u00e9galement devenu le rassembleur de \u00abPurawesi Balaya\u00bb (le pouvoir du peuple), une alliance de groupes de pseudo-gauche et d'universitaires charg\u00e9s de faire campagne pour Sirisena.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe gouvernement \u00abd'unit\u00e9\u00bb Sirisena-Wickremesinghe a ancr\u00e9 le Sri Lanka dans le camp am\u00e9ricain et a mis en œuvre les mesures d'aust\u00e9rit\u00e9 du Fonds mon\u00e9taire international.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe gouvernement \u00abd'unit\u00e9\u00bb s'est toutefois effondr\u00e9, car un nombre croissant de travailleurs sont entr\u00e9s en lutte contre les politiques sociales r\u00e9actionnaires du gouvernement. Ratnapriya s'est joint \u00e0 Wickremesinghe pour d\u00e9noncer les gr\u00e8ves et les protestations des travailleurs et des \u00e9tudiants, les qualifiant de conspirations antigouvernementales.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELors de l'\u00e9lection pr\u00e9sidentielle de l'ann\u00e9e derni\u00e8re, il s'est rang\u00e9 du c\u00f4t\u00e9 du candidat de l'UNP Sajith Premadasa, affirmant que le leader du parti proam\u00e9ricain \u00e9tait un d\u00e9mocrate, contre le \u00abfasciste\u00bb Gotabhaya Rajapakse. Cela faisait partie d'une campagne men\u00e9e par divers syndicats, groupes de fausse gauche, universitaires et partis tamouls pour rallier les masses derri\u00e8re Premadasa. La campagne tra\u00eetre qui visait \u00e0 emp\u00eacher toute mobilisation ind\u00e9pendante de la classe ouvri\u00e8re n'a fait qu'aider Gotabhaya Rajapakse.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ERatnapriya est un ennemi implacable de la classe ouvri\u00e8re. Sa trajectoire politique toujours plus \u00e0 droite, au cours des deux derni\u00e8res d\u00e9cennies, souligne, une fois de plus, la n\u00e9cessit\u00e9 pour les travailleurs de se s\u00e9parer des syndicats. Ils doivent construire leurs propres comit\u00e9s d'action et se mobiliser sur un programme socialiste et internationaliste, contre toutes les factions de la classe capitaliste sri-lankaise et leurs d\u00e9fenseurs syndicaux.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E(Article paru d'abord en anglais 8 f\u00e9vrier 2020)\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.wsws.org\/fr\/articles\/2020\/02\/10\/ratn-f10.html\"\u003Ewsws.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E"}}