{"168868":{"id":"168868","parent":"0","time":"1581432453","url":"http:\/\/newsnet.fr\/168868","source":"http:\/\/cadtm.org\/Centenaire-de-la-revolution-russe","category":"Histoire","title":"Russie : origine et suites de la r\u00e9pudiation des dettes du 10 f\u00e9vrier 1918","catalog-images":"6\/\/4\/newsnet_168868_34b7d7.jpg\/newsnet_168868_54aa12.jpg\/newsnet_168868_fcd19d.jpg\/newsnet_168868_c08999.jpg\/newsnet_168868_567f41.jpg\/newsnet_168868_45c946.jpg\/newsnet_168868_eff947.jpg\/newsnet_168868_c000f6.jpg\/newsnet_168868_d63a6f.jpg\/newsnet_168868_77c36e.jpg\/newsnet_168868_6c3b78.jpg\/newsnet_168868_35786b.jpg\/newsnet_168868_bb6592.jpg\/newsnet_168868_b66f3a.jpg\/newsnet_168868_ea511a.jpg\/newsnet_168868_8ba2a0.jpg\/newsnet_168868_3ece16.jpg\/newsnet_168868_a81a50.jpg\/newsnet_168868_a24e5a.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168868_c08999.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/russie-origine-et-suites-de-la-repudiation-des-dettes-du-10-fevrier-1918","admin":"newsnet","views":"541","priority":"3","length":"122833","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EBased on El Lissitsky, \"Beat the whites with the red wedge\", 1919\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn f\u00e9vrier 1918, la r\u00e9pudiation des dettes par le gouvernement sovi\u00e9tique a secou\u00e9 la finance internationale et a suscit\u00e9 une condamnation unanime de la part des gouvernements des grandes puissances.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECette d\u00e9cision de r\u00e9pudiation s'inscrivait dans la continuit\u00e9 du premier grand mouvement d'\u00e9mancipation sociale qui a \u00e9branl\u00e9 l'empire russe en 1905. Ce vaste soul\u00e8vement r\u00e9volutionnaire avait \u00e9t\u00e9 provoqu\u00e9 par la conjonction de plusieurs facteurs : la d\u00e9b\u00e2cle russe dans sa guerre avec le Japon, la col\u00e8re des paysans qui exigeaient des terres, le rejet de l'autocratie, les revendications des ouvriers... Le mouvement a d\u00e9but\u00e9 par des gr\u00e8ves \u00e0 Moscou en octobre 1905 et s'est \u00e9tendu comme une tra\u00een\u00e9e de poudre \u00e0 tout l'empire en adoptant diff\u00e9rentes formes de lutte. Au cours du processus d'auto-organisation des masses populaires naquirent des conseils (soviets en russe) de paysans, des conseils d'ouvriers, des conseils de soldats...\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E1. La r\u00e9pudiation des dettes au cœur des r\u00e9volutions de 1905 et de 1917\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans son autobiographie, L\u00e9on Trotsky qui a pr\u00e9sid\u00e9 le Soviet de Saint-P\u00e9tersbourg (capitale de la Russie jusque mars 1918) explique que l'arrestation de toute sa direction le 3 d\u00e9cembre 1905 a \u00e9t\u00e9 provoqu\u00e9e par la publication d'un manifeste dans lequel les membres de ce conseil \u00e9lu appelaient \u00e0 la r\u00e9pudiation des dettes contract\u00e9es par le r\u00e9gime du tsar. Il explique \u00e9galement que cet appel de 1905 au non-paiement de la dette a fini par \u00eatre concr\u00e9tis\u00e9 au d\u00e9but de l'ann\u00e9e 1918 quand le gouvernement des soviets adopta le d\u00e9cret de r\u00e9pudiation des dettes tsaristes :\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003ENous f\u00fbmes appr\u00e9hend\u00e9s le lendemain de la publication de ce qu'on a appel\u00e9 notre \u00ab manifeste financier \u00bb, dans lequel \u00e9tait annonc\u00e9e l'in\u00e9vitable faillite du r\u00e9gime tsariste : on donnait cat\u00e9goriquement \u00e0 savoir que les dettes des Romanov ne seraient pas reconnues par le peuple, le jour o\u00f9 il remporterait la victoire [\u003Ca href=\"#nb1\" id=\"nh1\"\u003E1\u003C\/a\u003E].\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168868_54aa12.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003ETrotsky (avec le porte document en main) parmi les membres du soviet de Petrograd de 1905, lors de leur proc\u00e8s\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ELe manifeste du soviet des d\u00e9put\u00e9s ouvriers d\u00e9clarait nettement ceci :\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Ci\u003EL'autocratie n'a jamais joui de la confiance du peuple et n'a pas \u00e9t\u00e9 fond\u00e9e par lui en pouvoirs. En cons\u00e9quence, nous d\u00e9cidons que nous n'admettrons pas le paiement des dettes sur tous emprunts que le gouvernement du tsar aura conclus alors qu'il \u00e9tait en guerre ouverte et d\u00e9clar\u00e9e avec tout le peuple.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa Bourse de Paris devait r\u00e9pliquer, quelques mois plus tard, \u00e0 notre manifeste en accordant au tsar un nouvel emprunt de sept cent cinquante millions de francs. La presse de la r\u00e9action et des lib\u00e9raux se gaussait des impuissantes menaces du soviet \u00e0 l'\u00e9gard des finances tsaristes et des banquiers d'Europe. Ensuite, on t\u00e2cha d'oublier le manifeste. Mais il devait rentrer de lui-m\u00eame dans les m\u00e9moires. La banqueroute financi\u00e8re du tsarisme, pr\u00e9par\u00e9e par tout le pass\u00e9, \u00e9clata en m\u00eame temps que la d\u00e9b\u00e2cle militaire. Et, apr\u00e8s la victoire de la r\u00e9volution, un d\u00e9cret du conseil des commissaires du peuple, en date du 10 f\u00e9vrier 1918, d\u00e9clara purement et simplement annul\u00e9es toutes les dettes du tsar. Ce d\u00e9cret est encore en vigueur [\u003Ca href=\"#nb2\" id=\"nh2\"\u003E2\u003C\/a\u003E]. Ils ont tort, ceux qui affirment que la r\u00e9volution d'Octobre ne reconna\u00eet aucune obligation. La r\u00e9volution reconna\u00eet fort bien ses obligations \u00e0 elle. L'engagement qu'elle avait pris le 2 d\u00e9cembre 1905, elle l'a tenu le 10 f\u00e9vrier 1918. Elle a absolument le droit de dire aux cr\u00e9anciers du tsarisme \u00ab Messieurs, vous avez \u00e9t\u00e9 pr\u00e9venus en temps opportun ! \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESous ce rapport comme sous tous les autres, 1905 avait pr\u00e9par\u00e9 1917.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EDans le livre intitul\u00e9 \u003Ci\u003E1905\u003C\/i\u003E, L. Trotsky d\u00e9crit la succession des \u00e9v\u00e8nements qui a amen\u00e9 \u00e0 l'adoption du Manifeste financier par lequel le Soviet, cet organe de d\u00e9mocratie r\u00e9volutionnaire, appelait \u00e0 refuser de payer les dettes contract\u00e9es par le tsar.\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EUn vaste champ d'activit\u00e9 s'ouvrait donc devant le Soviet. Autour de lui s'\u00e9tendaient d'immenses friches politiques qu'il n'y avait qu'\u00e0 labourer avec la forte charrue r\u00e9volutionnaire [\u003Ca href=\"#nb3\" id=\"nh3\"\u003E3\u003C\/a\u003E]. Mais le temps manquait. La r\u00e9action, fi\u00e9vreusement, forgeait des cha\u00eenes et l'on pouvait s'attendre, d'heure en heure, \u00e0 un premier coup. Le comit\u00e9 ex\u00e9cutif, malgr\u00e9 la masse de travaux qu'il avait \u00e0 accomplir chaque jour, se h\u00e2tait d'ex\u00e9cuter la d\u00e9cision prise par l'assembl\u00e9e le 27 novembre 1905. Il lan\u00e7a un appel aux soldats et, dans une conf\u00e9rence avec les repr\u00e9sentants des partis r\u00e9volutionnaires, approuva le texte du Manifeste financier (...).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe 2 d\u00e9cembre 1905, le manifeste fut publi\u00e9 dans huit journaux de Saint-P\u00e9tersbourg : quatre socialistes et quatre lib\u00e9raux.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EVoici le texte de ce document historique :\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Le gouvernement est au bord de la faillite. Il a fait du pays un monceau de ruines, il l'a jonch\u00e9 de cadavres. \u00c9puis\u00e9s, affam\u00e9s, les paysans ne sont plus en mesure de payer les imp\u00f4ts. Le gouvernement s'est servi de l'argent du peuple pour ouvrir des cr\u00e9dits aux propri\u00e9taires. Maintenant, il ne sait que faire des propri\u00e9t\u00e9s qui lui servent de gages. Les fabriques et les usines ne fonctionnent plus. Le travail manque. C'est partout le marasme.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe gouvernement a employ\u00e9 le capital des emprunts \u00e9trangers \u00e0 construire des chemins de fer, une flotte, des forteresses, \u00e0 constituer des r\u00e9serves d'armes. Les sources \u00e9trang\u00e8res \u00e9tant taries, les commandes de l'\u00c9tat n'arrivent plus. Le marchand, le gros fournisseur, l'entrepreneur, l'industriel, qui ont pris l'habitude de s'enrichir aux d\u00e9pens de l'\u00c9tat, sont priv\u00e9s de leurs b\u00e9n\u00e9fices et ferment leurs comptoirs et leurs usines. Les faillites se multiplient. Les banques s'\u00e9croulent. Il n'y a pratiquement plus d'op\u00e9rations commerciales.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab La lutte du gouvernement contre la r\u00e9volution suscite des troubles incessants. Personne n'est s\u00fbr du lendemain.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Le capital \u00e9tranger repasse la fronti\u00e8re. Le capital \u00ab purement russe \u00bb, lui aussi, va se mettre \u00e0 couvert dans les banques \u00e9trang\u00e8res. Les riches vendent leurs biens et \u00e9migrent. Les rapaces fuient le pays, en emportant les biens du peuple.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Depuis longtemps, le gouvernement d\u00e9pense tous les revenus de l'\u00c9tat \u00e0 entretenir l'arm\u00e9e et la flotte. Il n'y a pas d'\u00e9coles. Les routes sont dans un \u00e9tat \u00e9pouvantable. Et pourtant, on manque d'argent, au point d'\u00eatre incapable de nourrir les soldats. La guerre a \u00e9t\u00e9 perdue en partie parce que nous manquions de munitions. Dans tout le pays, l'arm\u00e9e, r\u00e9duite \u00e0 la mis\u00e8re et affam\u00e9e, se r\u00e9volte.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab L'\u00e9conomie des voies ferr\u00e9es est ruin\u00e9e par le gaspillage, un grand nombre de lignes ont \u00e9t\u00e9 d\u00e9vast\u00e9es par le gouvernement. Pour r\u00e9organiser rentablement les chemins de fer, il faudra des centaines et des centaines de millions.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E...\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Le gouvernement a dilapid\u00e9 les caisses d'\u00e9pargne et a fait usage des fonds d\u00e9pos\u00e9s pour renflouer des banques priv\u00e9es et des entreprises industrielles qui, souvent, sont v\u00e9reuses. Avec le capital des petits porteurs, il joue \u00e0 la Bourse, exposant les fonds \u00e0 des risques quotidiens.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab La r\u00e9serve d'or de la Banque d'\u00c9tat est insignifiante par rapport aux exigences que cr\u00e9ent les emprunts gouvernementaux et aux besoins du mouvement commercial. Cette r\u00e9serve sera bient\u00f4t \u00e9puis\u00e9e si l'on exige dans toutes les op\u00e9rations que le papier soit \u00e9chang\u00e9 contre de la monnaie-or.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E...\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Profitant de ce que les finances ne sont pas contr\u00f4l\u00e9es, le gouvernement conclut depuis longtemps des emprunts qui d\u00e9passent de beaucoup la solvabilit\u00e9 du pays. Et c'est par de nouveaux emprunts qu'il paye les int\u00e9r\u00eats des pr\u00e9c\u00e9dents.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Le gouvernement, d'ann\u00e9e en ann\u00e9e, \u00e9tablit un budget factice des recettes et des d\u00e9penses, d\u00e9clarant les unes comme les autres au-dessous de leur montant r\u00e9el, pillant \u00e0 son gr\u00e9, accusant une plus-value au lieu du d\u00e9ficit annuel. Et les fonctionnaires, qui n'ont au-dessus d'eux aucun contr\u00f4le, ach\u00e8vent d'\u00e9puiser le Tr\u00e9sor.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Seule l'Assembl\u00e9e constituante peut mettre fin \u00e0 ce saccage des finances, apr\u00e8s avoir renvers\u00e9 l'autocratie. \u003Cb\u003EL'Assembl\u00e9e soumettra \u00e0 une enqu\u00eate rigoureuse les finances de l'\u00c9tat et \u00e9tablira un budget d\u00e9taill\u00e9, clair, exact et v\u00e9rifi\u00e9 des recettes et des d\u00e9penses publiques.\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Cb\u003ELa crainte d'un contr\u00f4le populaire qui r\u00e9v\u00e9lerait au monde entier son incapacit\u00e9 financi\u00e8re force le gouvernement \u00e0 remettre sans cesse la convocation des repr\u00e9sentants populaires.\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab La faillite financi\u00e8re de l'\u00c9tat vient de l'autocratie, de m\u00eame que sa faillite militaire. Les repr\u00e9sentants du peuple seront somm\u00e9s et forc\u00e9s de payer le plus t\u00f4t possible les dettes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Cherchant \u00e0 d\u00e9fendre son r\u00e9gime de malversations, le gouvernement force le peuple \u00e0 mener contre lui une lutte \u00e0 mort. Dans cette guerre, des centaines et des milliers de citoyens p\u00e9rissent ou se ruinent ; la production, le commerce et les voies de communication sont d\u00e9truits de fond en comble.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Cb\u003EIl n'y a qu'une issue : il faut renverser le gouvernement, il faut lui \u00f4ter ses derni\u00e8res forces. Il faut tarir la derni\u00e8re source d'o\u00f9 il tire son existence : les recettes financi\u00e8res.\u003C\/b\u003E C'est n\u00e9cessaire non seulement pour l'\u00e9mancipation politique et \u00e9conomique du pays, mais, en particulier, pour la mise en ordre de l'\u00e9conomie financi\u00e8re de l'\u00c9tat.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab En cons\u00e9quence, nous d\u00e9cidons que :\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab On refusera d'effectuer tous versements de rachat des terres et tous paiements aux caisses de l'\u00c9tat. On exigera, dans toutes les op\u00e9rations, en paiement des salaires et des traitements, de la monnaie-or, et lorsqu'il s'agira d'une somme de moins de cinq roubles, on r\u00e9clamera de la monnaie sonnante.\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab On retirera les d\u00e9p\u00f4ts faits dans les caisses d'\u00e9pargne et \u00e0 la Banque d'\u00c9tat en exigeant le remboursement int\u00e9gral.\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab L'autocratie n'a jamais joui de la confiance du peuple et n'y \u00e9tait aucunement fond\u00e9e.\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab Actuellement, le gouvernement se conduit dans son propre \u00c9tat comme en pays conquis.\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab \u003Cb\u003EC'est pourquoi nous d\u00e9cidons de ne pas tol\u00e9rer le paiement des dettes sur tous les emprunts que le gouvernement du tsar a conclus alors qu'il menait une guerre ouverte contre le peuple.\u003C\/b\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E(Fin du texte du manifeste)\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168868_fcd19d.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003E22 janvier 1905 : Dimanche rouge \u00e0 Saint-P\u00e9tersbourg\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EEn bas du Manifeste publi\u00e9 dans la presse le 2 d\u00e9cembre 1905, apparaissait la liste suivante des organisations qui appuyaient cet appel \u00e0 refuser de payer la dette tsariste et \u00e0 asphyxier financi\u00e8rement l'autocratie :\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Le soviet des d\u00e9put\u00e9s ouvriers ;\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab Le comit\u00e9 principal de l'Union panrusse des paysans ;\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab Le comit\u00e9 central et la commission d'organisation du parti ouvrier social-d\u00e9mocrate russe ;\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab Le comit\u00e9 central du parti socialiste-r\u00e9volutionnaire ;\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab Le comit\u00e9 central du parti socialiste polonais. \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETrotsky ajoute un commentaire final : \u00ab \u003Ci\u003EBien entendu, ce manifeste ne pouvait par lui-m\u00eame renverser le tsarisme, ni ses finances.\u003Cbr \/\u003E\n(...) \u003Cb\u003ELe Manifeste financier du soviet ne pouvait servir que d'introduction aux soul\u00e8vements de d\u00e9cembre. Soutenu par la gr\u00e8ve et par les combats qui furent livr\u00e9s sur les barricades, il trouva un puissant \u00e9cho dans tout le pays.\u003C\/b\u003E Tandis que, pour les trois ann\u00e9es pr\u00e9c\u00e9dentes, les d\u00e9p\u00f4ts faits aux caisses d'\u00e9pargne en d\u00e9cembre d\u00e9passaient les retraits de 4 millions de roubles, en d\u00e9cembre 1905, les retraits d\u00e9pass\u00e8rent les d\u00e9p\u00f4ts de 90 millions : le manifeste avait tir\u00e9 des r\u00e9servoirs de l'\u00c9tat, en un mois, 94 millions de roubles ! Il fallut que l'insurrection f\u00fbt \u00e9cras\u00e9e par les hordes tsaristes pour que l'\u00e9quilibre se r\u00e9tablisse dans les caisses d'\u00e9pargne...\u003C\/i\u003E \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa d\u00e9nonciation du caract\u00e8re ill\u00e9gitime et odieux des dettes tsaristes a jou\u00e9 un r\u00f4le fondamental dans les r\u00e9volutions de 1905 et de 1917. L'appel \u00e0 ne pas payer la dette a fini par se concr\u00e9tiser dans le d\u00e9cret de r\u00e9pudiation de la dette adopt\u00e9e par le gouvernement sovi\u00e9tique en f\u00e9vrier 1918.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E2. De la Russie tsariste \u00e0 la r\u00e9volution de 1917 et \u00e0 la r\u00e9pudiation des dettes\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003ELa Russie a \u00e9merg\u00e9 de la fin des guerres napol\u00e9oniennes comme une grande puissance europ\u00e9enne, elle a particip\u00e9 \u00e0 la formation de la Sainte-Alliance. La Sainte-Alliance a \u00e9t\u00e9 constitu\u00e9e le 26 septembre 1815 \u00e0 Paris, \u00e0 l'instigation du Tsar Alexandre 1\u003Csup\u003Eer\u003C\/sup\u003E, par trois monarchies europ\u00e9ennes victorieuses de l'empire napol\u00e9onien, dans le but de raffermir leurs positions et de se pr\u00e9munir contre des r\u00e9volutions. Constitu\u00e9e dans un premier temps par l'Empire russe, l'Empire d'Autriche et le Royaume de Prusse, elle a \u00e9t\u00e9 rejointe par la France (o\u00f9 la monarchie avait \u00e9t\u00e9 restaur\u00e9e) en 1818 et a \u00e9t\u00e9 de fait appuy\u00e9e par Londres.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa Russie tsariste : une grande puissance europ\u00e9enne\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'Empire russe a fait partie de la Tro\u00efka qui a mis sur le tr\u00f4ne grec un prince bavarois en 1830 et a encha\u00een\u00e9 le pays \u00e0 une dette \u00e0 la fois odieuse et insoutenable. Pour Moscou, le d\u00e9mant\u00e8lement progressif de l'Empire ottoman constituait un enjeu tr\u00e8s important car les int\u00e9r\u00eats russes dans les Balkans \u00e9taient en jeu, de m\u00eame que la circulation entre la mer Noire et la M\u00e9diterran\u00e9e.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168868_c08999.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003EL'Europe en 1815, apr\u00e8s le congr\u00e8s de Vienne (cliquer pour agrandir)\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EJusqu'aux ann\u00e9es 1870, les banquiers londoniens ont \u00e9t\u00e9 les principaux financiers du tsar. \u00c0 partir de la constitution de l'Empire allemand et de sa victoire sur la France en 1871, les banquiers allemands ont pris la place de Londres. D\u00e8s ce moment, l'Allemagne est devenue le principal partenaire commercial de la Russie. \u00c0 la veille de la premi\u00e8re guerre mondiale, 53 % des importations de la Russie provenaient d'Allemagne et 32 % de ses exportations lui \u00e9taient destin\u00e9es. Par contre, au niveau financier, d\u00e8s la fin du 19\u003Csup\u003Ee\u003C\/sup\u003E si\u00e8cle, les banquiers fran\u00e7ais ont supplant\u00e9 les banquiers allemands. \u00c0 la veille de la premi\u00e8re guerre mondiale, 80 % de la dette externe russe \u00e9taient d\u00e9tenus par des \u00ab investisseurs \u00bb de France et la plupart des emprunts russes en cours avaient \u00e9t\u00e9 \u00e9mis sur la place de Paris.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003E(cliquer pour agrandir)\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EEn r\u00e9sum\u00e9, les capitalistes de France pr\u00eataient \u00e0 la Russie et y r\u00e9alisaient des investissements (les capitalistes belges, en particulier les \u00ab industriels \u00bb, investissaient \u00e9galement de mani\u00e8re importante en Russie [\u003Ca href=\"#nb4\" id=\"nh4\"\u003E4\u003C\/a\u003E]) tandis que les capitalistes allemands y \u00e9coulaient une partie de leur production et s'y approvisionnaient en mati\u00e8res premi\u00e8res.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELorsque le soviet de Petrograd a adopt\u00e9 le manifeste financier pour appeler \u00e0 r\u00e9pudier la dette tsariste, la Russie s'appr\u00eatait \u00e0 \u00e9mettre, gr\u00e2ce au concours des banquiers et du gouvernement fran\u00e7ais, un nouvel emprunt massif. L'avertissement lanc\u00e9 par le soviet n'a pas \u00e9t\u00e9 \u00e9cout\u00e9 par les financiers de Paris, l'emprunt a \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9. Douze ans plus tard, il a \u00e9t\u00e9 r\u00e9pudi\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003EUn titre russe de 1906\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EPremi\u00e8re guerre mondiale\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa premi\u00e8re guerre mondiale opposait deux camps de puissances capitalistes : d'un c\u00f4t\u00e9 l'Empire allemand et ses alli\u00e9s l'Empire austro-hongrois, la Bulgarie, et l'Empire ottoman. Le deuxi\u00e8me \u00e9tait compos\u00e9 de la Grande-Bretagne, la France, l'Empire russe, la Belgique, la Roumanie, l'Italie, le Japon et, \u00e0 partir de f\u00e9vrier 1917, les \u00c9tats-Unis.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDepuis des ann\u00e9es, l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Russie tsariste se pr\u00e9paraient \u00e0 la guerre. L'Allemagne, en pleine progression \u00e9conomique, cherchait \u00e0 \u00e9tendre son territoire tant en Europe que dans le domaine colonial.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa France cherchait \u00e0 prendre sa revanche sur l'Allemagne et notamment \u00e0 obtenir l'Alsace et la Lorraine annex\u00e9es par l'Allemagne suite \u00e0 la d\u00e9faite fran\u00e7aise de 1871. La Grande-Bretagne, la France et la Russie voulaient aussi \u00e9tendre leur domaine colonial, notamment sur les ruines de l'Empire ottoman.\u003Cbr \/\u003E\nLa gauche, dans les diff\u00e9rents pays bellig\u00e9rants, avait d\u00e9nonc\u00e9, plusieurs ann\u00e9es auparavant, les pr\u00e9paratifs de cette guerre.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAu Congr\u00e8s de Stuttgart (1907) de l'Internationale socialiste, la r\u00e9solution vot\u00e9e \u00e0 l'unanimit\u00e9 affirmait :\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab \u003Ci\u003EAu cas o\u00f9 la guerre \u00e9claterait n\u00e9anmoins, (les partis socialistes) ont le devoir de s'entremettre pour la faire cesser promptement et d'utiliser de toutes leurs forces la crise \u00e9conomique et politique cr\u00e9\u00e9e par la guerre pour agiter les couches populaires les plus profondes et pr\u00e9cipiter la chute de la domination capitaliste\u003C\/i\u003E \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn 1913, au Congr\u00e8s extraordinaire de B\u00e2le, l'Internationale avait adress\u00e9 un avertissement solennel aux gouvernements : \u00ab \u003Ci\u003EQue les gouvernements sachent bien que dans l'\u00e9tat actuel de l'Europe et dans les dispositions d'esprit de la classe ouvri\u00e8re, ils ne pourraient, sans p\u00e9ril pour eux-m\u00eames, d\u00e9clencher la guerre.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb5\" id=\"nh5\"\u003E5\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EJean Jaur\u00e8s, grande figure du socialisme fran\u00e7ais, r\u00e9suma ce message, en termes succincts, dans la phrase finale de son discours au Congr\u00e8s de B\u00e2le : \u00ab En accentuant le danger de guerre, les gouvernements devraient voir que les peuples pourraient facilement faire leurs comptes : leur propre r\u00e9volution leur co\u00fbterait moins de morts que la guerre des autres \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAu moment d\u00e9cisif, en ao\u00fbt 1914, plusieurs grands partis socialistes (le parti social d\u00e9mocrate d'Allemagne, celui d'Autriche, ceux de Belgique, de France et de Grande-Bretagne) ont vot\u00e9 avec leur bourgeoisie les cr\u00e9dits pour financer la guerre. Le co\u00fbt en vies humaines a \u00e9t\u00e9 extr\u00eamement \u00e9lev\u00e9. Le total des d\u00e9c\u00e8s dus au conflit mondial s'\u00e9l\u00e8ve \u00e0 18,6 millions, 9,7 millions de militaires et 8,9 millions de civils. Entre 1914 et f\u00e9vrier 1917, le nombre de d\u00e9c\u00e8s en Russie caus\u00e9s par la participation du Tsar \u00e0 la premi\u00e8re guerre mondiale s'\u00e9leva \u00e0 3 300 000 dont 1 800 000 parmi les militaires et 1 500 000 parmi les civils [\u003Ca href=\"#nb6\" id=\"nh6\"\u003E6\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EDe la r\u00e9volution de f\u00e9vrier 1917 \u00e0 celle d'octobre\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELorsque la r\u00e9volution \u00e9clata en f\u00e9vrier 1917, avec une importante gr\u00e8ve des femmes (elle a d\u00e9marr\u00e9 le 23 f\u00e9vrier 1917 [\u003Ca href=\"#nb7\" id=\"nh7\"\u003E7\u003C\/a\u003E], journ\u00e9e internationale pour les droits des femmes [\u003Ca href=\"#nb8\" id=\"nh8\"\u003E8\u003C\/a\u003E]), la population russe voulait se d\u00e9barrasser du r\u00e9gime autocratique tsariste, elle voulait du pain, elle d\u00e9sirait \u00e9galement la fin de la guerre, l'acc\u00e8s \u00e0 la terre pour des dizaines de millions de paysans qui en \u00e9taient priv\u00e9s et qui \u00e9taient forc\u00e9s de risquer leur vie dans une guerre dont les objectifs leur \u00e9taient totalement \u00e9trangers.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003EAlexandre Fedorovitch Kerensky (1881-1970)\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ELe nouveau r\u00e9gime, dirig\u00e9 par le socialiste mod\u00e9r\u00e9 Kerensky [\u003Ca href=\"#nb9\" id=\"nh9\"\u003E9\u003C\/a\u003E] qui succ\u00e9da au tsar se refusa \u00e0 distribuer la terre aux paysans, voulu poursuivre la guerre et f\u00fbt incapable de nourrir la population. Il s'engagea \u00e9galement \u00e0 rembourser les dettes contract\u00e9es par le r\u00e9gime tsariste aupr\u00e8s des cr\u00e9anciers \u00e9trangers et il r\u00e9alisa de nouveaux emprunts afin de poursuivre la guerre.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDan, un des principaux dirigeants mencheviks oppos\u00e9s au parti bolchevik, d\u00e9crit l'\u00e9bullition r\u00e9volutionnaire dans les mois qui pr\u00e9c\u00e9d\u00e8rent octobre 1917 : les masses \u00ab \u003Ci\u003Ecommenc\u00e8rent de plus en plus fr\u00e9quemment \u00e0 exprimer leur m\u00e9contentement et leur impatience dans des mouvements imp\u00e9tueux, et finirent (...) par se tourner vers le communisme (...). Les gr\u00e8ves se succ\u00e9d\u00e8rent. Les ouvriers cherch\u00e8rent \u00e0 r\u00e9pondre \u00e0 la hausse rapide du co\u00fbt de la vie par des augmentations de salaires. Mais tous leurs efforts \u00e9chou\u00e8rent par suite de la d\u00e9valorisation continue de la monnaie de papier. Les communistes lanc\u00e8rent dans leurs rangs le mot d'ordre du \u00ab contr\u00f4le ouvrier \u00bb, et leur conseill\u00e8rent de prendre en mains eux-m\u00eames la direction des entreprises, afin d'emp\u00eacher le \u00ab sabotage \u00bb des capitalistes. De l'autre c\u00f4t\u00e9, les paysans commenc\u00e8rent \u00e0 s'emparer des domaines, \u00e0 chasser les propri\u00e9taires fonciers et \u00e0 mettre le feu \u00e0 leurs manoirs...\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb10\" id=\"nh10\"\u003E10\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa r\u00e9volution d'octobre 1917\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'insatisfaction provoqu\u00e9e par la politique de Kerensky produisit une deuxi\u00e8me r\u00e9volution en octobre 1917 (le 7 novembre 1917 selon le nouveau calendrier adopt\u00e9 plus tard). Le nouveau gouvernement [\u003Ca href=\"#nb11\" id=\"nh11\"\u003E11\u003C\/a\u003E], soutenu par le congr\u00e8s des soviets, s'engagea \u00e0 r\u00e9aliser la paix, distribuer la terre et, pour trouver les moyens de relancer l'\u00e9conomie du pays, r\u00e9pudier la dette et nationaliser le secteur bancaire [\u003Ca href=\"#nb12\" id=\"nh12\"\u003E12\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa r\u00e9pudiation des dettes\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED\u00e9but janvier 1918, le gouvernement sovi\u00e9tique suspendit le paiement de la dette \u00e9trang\u00e8re et d\u00e9but f\u00e9vrier 1918, il d\u00e9cr\u00e9ta la r\u00e9pudiation de toutes les dettes tsaristes ainsi que les dettes contract\u00e9es par le gouvernement provisoire afin de poursuivre la guerre entre f\u00e9vrier et novembre 1917. En m\u00eame temps, il d\u00e9cida d'exproprier tous les avoirs des capitalistes \u00e9trangers en Russie afin de les restituer au patrimoine national. La dette publique russe en 1913 s'\u00e9levait \u00e0 930 millions de \u00a3 (soit grosso modo 50 % du PIB). Entre le d\u00e9but de la guerre et le moment o\u00f9 les Bolcheviques arrivent au pouvoir avec leurs alli\u00e9s les Socialistes R\u00e9volutionnaires de gauche, la dette a \u00e9t\u00e9 multipli\u00e9e par 3,5 et atteignait 3 385 millions de \u00a3.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn r\u00e9pudiant les dettes, le gouvernement sovi\u00e9tique mettait en pratique la d\u00e9cision prise en 1905 par le soviet de Petrograd et les diff\u00e9rents partis qui le soutenaient. Cela provoqua une protestation unanime des capitales des grandes puissances alli\u00e9es.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ED\u00e9cret sur la Paix\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe gouvernement sovi\u00e9tique proposait une paix sans annexion et sans compensation\/r\u00e9paration. Il y ajoutait la mise en pratique du droit \u00e0 l'autod\u00e9termination des peuples. Il s'agissait de l'application de principes totalement novateurs ou r\u00e9volutionnaires dans les relations entre les \u00c9tats.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E3. La r\u00e9volution russe, la r\u00e9pudiation des dettes, la guerre et la paix\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003ED\u00e9but janvier 1918, le gouvernement sovi\u00e9tique suspendit le paiement de la dette \u00e9trang\u00e8re et d\u00e9but f\u00e9vrier 1918, il d\u00e9cr\u00e9ta la r\u00e9pudiation de toutes les dettes tsaristes ainsi que les dettes contract\u00e9es par le gouvernement provisoire afin de poursuivre la guerre entre f\u00e9vrier et novembre 1917. En m\u00eame temps, il d\u00e9cida d'exproprier tous les avoirs des capitalistes \u00e9trangers en Russie afin de les restituer au patrimoine national. En r\u00e9pudiant les dettes, le gouvernement sovi\u00e9tique mettait en pratique la d\u00e9cision prise en 1905 par le soviet de Petrograd et les diff\u00e9rents partis qui le soutenaient. Cela provoqua une protestation unanime des capitales des grandes puissances alli\u00e9es.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ED\u00e9cret sur la Paix\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe gouvernement sovi\u00e9tique proposait une paix sans annexion et sans compensation\/r\u00e9paration. Il y ajoutait la mise en pratique du droit \u00e0 l'autod\u00e9termination des peuples. Il s'agissait de l'application de principes totalement novateurs ou r\u00e9volutionnaires dans les relations entre les \u00c9tats. Il est av\u00e9r\u00e9 que cette politique du gouvernement sovi\u00e9tique a, \u00e0 la fois, contrari\u00e9 et influenc\u00e9 celle du pr\u00e9sident Woodrow Wilson [\u003Ca href=\"#nb13\" id=\"nh13\"\u003E13\u003C\/a\u003E] qui avait fait du droit \u00e0 l'autod\u00e9termination des peuples un \u00e9l\u00e9ment central de la politique ext\u00e9rieure des EU [\u003Ca href=\"#nb14\" id=\"nh14\"\u003E14\u003C\/a\u003E]. Les motivations des bolcheviques et celles du gouvernement des EU \u00e9taient certes diff\u00e9rentes. Les EU, qui n'avaient pas un important domaine colonial, avaient tout int\u00e9r\u00eat \u00e0 affaiblir les empires britannique et allemand, les puissances coloniales belges, fran\u00e7aises, hollandaises... afin d'occuper leur place par d'autres m\u00e9thodes. Le meilleur argument diplomatique et humanitaire \u00e9tait le droit \u00e0 l'autod\u00e9termination des peuples africains, carib\u00e9ens, asiatiques qui subissaient encore le joug colonial. Pour les bolcheviques, il s'agissait de mettre fin \u00e0 l'Empire tsariste qu'ils d\u00e9non\u00e7aient comme une prison des peuples.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa volont\u00e9 de faire la paix constituait une des causes fondamentales qui avaient provoqu\u00e9 le soul\u00e8vement r\u00e9volutionnaire de 1917. L'\u00e9crasante majorit\u00e9 des soldats russes refusait la poursuite de la guerre. Ils \u00e9taient presqu'en totalit\u00e9 des paysans qui souhaitaient retourner vers leurs familles et travailler la terre. De plus, depuis de longues ann\u00e9es, bien avant le d\u00e9but effectif de la guerre, les bolcheviques, dans le cadre de l'Internationale socialiste dont ils ont fait partie jusqu'\u00e0 la trahison d'ao\u00fbt 1914, se sont oppos\u00e9s \u00e0 la politique de pr\u00e9paration de celle-ci, affirmant qu'il fallait un combat commun pour mettre fin au capitalisme et \u00e0 sa phase imp\u00e9rialiste ainsi qu'\u00e0 son domaine colonial.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour mettre en pratique cette orientation, le gouvernement sovi\u00e9tique \u00e9tait forc\u00e9 d'entamer des n\u00e9gociations s\u00e9par\u00e9es avec Berlin et ses alli\u00e9s car, en 1917, Londres, Paris et Washington voulaient poursuivre la guerre. Le gouvernement sovi\u00e9tique a bien essay\u00e9 d'amener ces capitales alli\u00e9es \u00e0 la table de n\u00e9gociation mais sans succ\u00e8s. Apr\u00e8s avoir sign\u00e9 un armistice avec l'empire allemand mi-d\u00e9cembre 1917, il a fait tra\u00eener les n\u00e9gociations avec Berlin pendant 5 mois. Il avait l'espoir de voir plusieurs peuples d'Europe, en premier lieu le peuple allemand, se soulever contre leur gouvernement pour obtenir la paix. Il a \u00e9galement esp\u00e9r\u00e9 en vain que le pr\u00e9sident Wilson apporterait un soutien \u00e0 la Russie sovi\u00e9tique face \u00e0 l'Allemagne [\u003Ca href=\"#nb15\" id=\"nh15\"\u003E15\u003C\/a\u003E]. Il voulait \u00e9galement d\u00e9montrer \u00e0 l'opinion publique internationale qu'il souhaitait une paix g\u00e9n\u00e9rale tant \u00e0 l'Ouest qu'\u00e0 l'Est et que ce ne serait qu'en dernier ressort qu'il serait amen\u00e9 \u00e0 signer une paix s\u00e9par\u00e9e avec Berlin.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED\u00e9s d\u00e9cembre 1917, le gouvernement sovi\u00e9tique commen\u00e7a \u00e0 rendre public de nombreux documents secrets qui montraient comment les grandes puissances europ\u00e9ennes se pr\u00e9paraient \u00e0 se r\u00e9partir des territoires et des peuples au m\u00e9pris de leur droit \u00e0 l'autod\u00e9termination. Il s'agissait notamment d'un accord entre Paris, Londres et Moscou datant de 1915 qui pr\u00e9voyait que lors de la victoire, l'empire tsariste aurait le droit de prendre Constantinople, la France r\u00e9cup\u00e8rerait l'Alsace-Lorraine et Londres pourrait prendre le contr\u00f4le de la Perse [\u003Ca href=\"#nb16\" id=\"nh16\"\u003E16\u003C\/a\u003E]. D\u00e9but mars 1918, le gouvernement sovi\u00e9tique signait le trait\u00e9 de Brest-Litovsk avec Berlin. Le prix \u00e9tait tr\u00e8s \u00e9lev\u00e9, l'Empire allemand s'octroyait une grande partie du territoire occidental de l'Empire russe : une partie des pays baltes, une partie de la Pologne et l'Ukraine. En r\u00e9sum\u00e9, ce trait\u00e9 amputait la Russie de 26 % de sa population, de 27 % de la surface cultiv\u00e9e, de 75 % de la production d'acier et de fer.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EL'intervention des puissances alli\u00e9es contre la Russie sovi\u00e9tique\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'appel du gouvernement sovi\u00e9tique \u00e0 r\u00e9aliser la r\u00e9volution partout dans le monde, combin\u00e9 \u00e0 sa volont\u00e9 de mettre fin \u00e0 la guerre, \u00e0 la r\u00e9pudiation des dettes r\u00e9clam\u00e9es par les puissances alli\u00e9es et aux mesures de nationalisation, d\u00e9cida les dirigeants occidentaux \u00e0 se lancer dans une action massive d'agression contre la Russie sovi\u00e9tique afin de renverser le gouvernement r\u00e9volutionnaire et de restaurer l'ordre capitaliste. L'intervention \u00e9trang\u00e8re commen\u00e7a pendant l'\u00e9t\u00e9 1918 et se termina fin 1920 quand les capitales occidentales constat\u00e8rent leur \u00e9chec et durent reconna\u00eetre que le gouvernement sovi\u00e9tique et l'arm\u00e9e rouge avaient repris le contr\u00f4le du territoire. 14 pays particip\u00e8rent avec des troupes \u00e0 cette agression. La France envoya 12 000 soldats (en mer Noire et au Nord), Londres en envoya 40 000 (principalement au Nord), le Japon 70 000 (en Sib\u00e9rie), Washington, 13 000 (au Nord avec les Britanniques et les Fran\u00e7ais), les Polonais, 12 000 (en Sib\u00e9rie et \u00e0 Mourmansk), la Gr\u00e8ce 23 000 (en mer Noire), le Canada 5 300 [\u003Ca href=\"#nb17\" id=\"nh17\"\u003E17\u003C\/a\u003E]. \u00c0 noter que l'intervention japonaise se prolongea jusqu'octobre 1922. Selon Winston Churchill, ministre de la guerre dans le gouvernement britannique, les troupes \u00e9trang\u00e8res alli\u00e9es atteignirent 180 000 soldats.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168868_d63a6f.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003EParades des toupes alli\u00e9es \u00e0 Vladivostok en 1918\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ELe gouvernement fran\u00e7ais \u00e9tait le plus violemment oppos\u00e9 au gouvernement sovi\u00e9tique et ce, d\u00e8s le d\u00e9but. Plusieurs raisons l'expliquent : 1. il craignait l'extension en France du mouvement r\u00e9volutionnaire initi\u00e9 par le peuple russe, l'opposition \u00e0 la poursuite de la guerre \u00e9tait forte dans la population fran\u00e7aise ; 2. la d\u00e9cision sovi\u00e9tique de r\u00e9pudier la dette affectait la France plus que tout autre pays \u00e9tant donn\u00e9 que les emprunts russes avaient \u00e9t\u00e9 \u00e9mis \u00e0 Paris et \u00e9taient en majorit\u00e9 d\u00e9tenus en France.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl est av\u00e9r\u00e9 que le gouvernement fran\u00e7ais en 1917 avait entam\u00e9 des pourparlers secrets avec Berlin afin d'arriver \u00e0 un accord de paix qui pr\u00e9voyait de laisser l'empire allemand s'\u00e9tendre \u00e0 l'Est au d\u00e9triment de la Russie r\u00e9volutionnaire \u00e0 condition que soit restitu\u00e9e \u00e0 la France l'Alsace et la Lorraine. Le refus de Berlin de faire cette concession \u00e0 Paris mit fin \u00e0 cette n\u00e9gociation [\u003Ca href=\"#nb18\" id=\"nh18\"\u003E18\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'armistice du 11 novembre 1918 sign\u00e9 entre les capitales occidentales et Berlin pr\u00e9voyait que les troupes allemandes pouvaient rester provisoirement dans les territoires \u00ab russes \u00bb qu'elles occupaient. En vertu de l'article 12 de l'armistice, l'Allemagne devait \u00e9vacuer tous les anciens territoires russes \u00ab d\u00e8s que les Alli\u00e9s jugeront le moment convenable, eu \u00e9gard \u00e0 la situation interne de ces territoires \u00bb [\u003Ca href=\"#nb19\" id=\"nh19\"\u003E19\u003C\/a\u003E]. Cela visait \u00e0 permettre \u00e0 l'arm\u00e9e imp\u00e9riale d'emp\u00eacher le gouvernement sovi\u00e9tique de r\u00e9cup\u00e9rer rapidement le contr\u00f4le du territoire conc\u00e9d\u00e9 \u00e0 l'Allemagne par le trait\u00e9 de Brest-Litovsk. L'id\u00e9e des Alli\u00e9s \u00e9tait de permettre \u00e0 des forces antibolcheviques de prendre le contr\u00f4le de ces territoires et d'en faire un point d'appui pour renverser le gouvernement.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'historien britannique E. H. Carr montre \u00e0 quel point l'intervention contre la Russie sovi\u00e9tique \u00e9tait impopulaire : \u00ab Lorsque les hommes d'\u00c9tat alli\u00e9s se r\u00e9unirent \u00e0 Paris pour la conf\u00e9rence de la Paix, en janvier 1919, ils discut\u00e8rent de l'occupation de la Russie par les troupes alli\u00e9es ; le premier ministre britannique, Lloyd George, d\u00e9clara \u00e0 ses coll\u00e8gues que \u00ab s'il tentait actuellement d'envoyer un millier de soldats britanniques en occupation en Russie, les troupes se mutineraient \u00bb et que \u00ab si l'on entreprenait une op\u00e9ration militaire contre les bolcheviks, l'Angleterre deviendrait bolchevique \u00bb. Lloyd George, \u00e0 son ordinaire, cherchait \u00e0 frapper les esprits, mais, en m\u00eame temps, son intuition percevait bien les sympt\u00f4mes. Au d\u00e9but 1919, il y eu de graves mutineries dans la flotte fran\u00e7aise et dans les unit\u00e9s militaires fran\u00e7aises d\u00e9barqu\u00e9es \u00e0 Odessa ainsi que dans d'autres ports de la mer Noire ; au d\u00e9but d'avril, elles furent pr\u00e9cipitamment \u00e9vacu\u00e9es. Quant aux troupes multinationales sous commandement anglais sur le front d'Arkhangelsk, le directeur des op\u00e9rations militaires au minist\u00e8re anglais de la guerre fit savoir que leur moral \u00e9tait \u00ab si bas qu'elles \u00e9taient une proie ais\u00e9e pour la propagande bolchevique, tr\u00e8s active et insidieuse, que l'ennemi r\u00e9pand avec une \u00e9nergie et une habilet\u00e9 sans cesse accrues \u00bb. Beaucoup plus tard, des rapports officiels am\u00e9ricains r\u00e9v\u00e9l\u00e8rent le d\u00e9tail de la situation. Le 1\u003Csup\u003Eer\u003C\/sup\u003E mars 1919, des troupes fran\u00e7aises qui avaient re\u00e7u l'ordre de monter en ligne se mutin\u00e8rent. Quelques jours plus t\u00f4t, une compagnie d'infanterie britannique \u00ab refusa d'aller au front \u00bb. Peu apr\u00e8s, une compagnie am\u00e9ricaine \u00ab refusa pendant un certain temps de retourner au front \u00bb. Devant ces \u00e9v\u00e8nements, le gouvernement britannique d\u00e9cida en mars 1919 d'\u00e9vacuer le nord de la Russie - \u00e9vacuation qui ne fut compl\u00e8te que six mois plus tard. \u00bb [\u003Ca href=\"#nb20\" id=\"nh20\"\u003E20\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003EInterventions militaires occidentales dans l'ouest de la Russie en 1919 et 1920 (cliquer pour agrandir)\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EWinston Churchill \u00e9tait un des principaux faucons dans le camp occidental. Profitant de l'absence de Lloyd George et du pr\u00e9sident des EU, lors d'une conf\u00e9rence au sommet tenue \u00e0 Paris les 19 f\u00e9vrier 1919, Churchill intervint pour convaincre les autres gouvernements de compl\u00e9ter leur intervention par un soutien direct aux forces des g\u00e9n\u00e9raux russes blancs, il proposa de leur envoyer \u00ab des volontaires, des techniciens des armes, des munitions, des tanks, des a\u00e9roplanes, etc. \u00bb et \u00e0 \u00ab armer les forces antibolcheviques \u00bb [\u003Ca href=\"#nb21\" id=\"nh21\"\u003E21\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes Alli\u00e9s tent\u00e8rent de convaincre les nouvelles autorit\u00e9s allemandes (pro-occidentales) de participer \u00e0 l'action contre la Russie bolchevique. Malgr\u00e9 une tr\u00e8s forte pression des capitales occidentales, en octobre 1919, le Reichstag, le parlement allemand, au sein duquel les socialistes (SPD) et les lib\u00e9raux \u00e9taient majoritaires, vota \u00e0 l'unanimit\u00e9 contre l'adh\u00e9sion de l'Allemagne au blocus d\u00e9cr\u00e9t\u00e9 par les Alli\u00e9s contre la Russie sovi\u00e9tique. Pour \u00eatre complet, il faut ajouter que dans le m\u00eame temps des g\u00e9n\u00e9raux allemands comme Ludendorff et, en particulier, Von der Goltz qui dirigeait les derniers d\u00e9bris organis\u00e9s de l'ancienne arm\u00e9e imp\u00e9riale, soutenaient des actions militaires \u00e0 l'Est pour venir en aide aux g\u00e9n\u00e9raux russes blancs antibolcheviques. Ils le faisaient avec le soutien des capitales occidentales [\u003Ca href=\"#nb22\" id=\"nh22\"\u003E22\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl est \u00e9vident que tant les gouvernements occidentaux ainsi que ceux des puissances centrales qui avaient \u00e9t\u00e9 vaincues (Empire allemand et l'Autriche-Hongrie) craignaient l'extension \u00e0 leur pays de la r\u00e9volution. Lloyd George \u00e9crivait dans un document confidentiel au d\u00e9but de l'ann\u00e9e 1919 : \u00ab L'Europe toute enti\u00e8re est gagn\u00e9e par l'esprit r\u00e9volutionnaire. Il y a chez les ouvriers un sentiment profond, non seulement de m\u00e9contentement, mais de col\u00e8re et de r\u00e9volte contre les conditions d'avant-guerre. L'ordre \u00e9tabli sous ses aspects politique, social, \u00e9conomique est remis en question par les masses de la population d'un bout \u00e0 l'autre de l'Europe \u00bb [\u003Ca href=\"#nb23\" id=\"nh23\"\u003E23\u003C\/a\u003E]. Cette peur de la r\u00e9volution n'\u00e9tait pas imaginaire et elle explique largement la violence de l'agression contre la Russie bolchevique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'intervention \u00e9trang\u00e8re soutint les attaques des g\u00e9n\u00e9raux russes blancs et prolongea la guerre civile qui fut tr\u00e8s meurtri\u00e8re (celle-ci provoqua plus de morts que la guerre mondiale en Russie [\u003Ca href=\"#nb24\" id=\"nh24\"\u003E24\u003C\/a\u003E]). Le co\u00fbt de l'intervention \u00e9trang\u00e8re en vie humaines et en d\u00e9g\u00e2ts mat\u00e9riels \u00e9tait consid\u00e9rable et le gouvernement sovi\u00e9tique a exig\u00e9 plus tard que cette question soit prise en consid\u00e9ration dans les n\u00e9gociations internationales \u00e0 propos de la r\u00e9pudiation de la dette (voir plus loin).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELe blocus \u00e9conomique et financier contre la Russie sovi\u00e9tique, le blocus de l'or russe\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00c0 partir de 1918, la Russie sovi\u00e9tique a fait l'objet d'un blocus de la part des puissances alli\u00e9es. Le gouvernement sovi\u00e9tique \u00e9tait pr\u00eat \u00e0 payer en or l'importation de biens dont il avait un besoin absolu. Mais aucune des grandes banques et aucun gouvernement du monde ne pouvait alors accepter l'or sovi\u00e9tique sans entrer en conflit direct avec les gouvernements alli\u00e9s. En effet, Paris, Londres, Washington, Bruxelles... consid\u00e9raient que l'or russe devait leur revenir afin d'indemniser les capitalistes qui avaient \u00e9t\u00e9 expropri\u00e9s en Russie et afin de rembourser les dettes. Ce fut un obstacle tr\u00e8s difficile \u00e0 surmonter pour le commerce sovi\u00e9tique. Aux \u00c9tats-Unis, toute personne ou entreprise voulant r\u00e9aliser une transaction avec de l'or ou entrer dans le pays avec de l'or devait r\u00e9aliser la d\u00e9claration suivante : \u00ab Le soussign\u00e9 propri\u00e9taire d'un lot d'or... d\u00e9clare et garantit, par la pr\u00e9sente, que cet or n'est pas d'origine bolcheviste et n'a jamais \u00e9t\u00e9 en possession du soi-disant Gouvernement bolcheviste de Russie. Le soussign\u00e9, en outre... garantit, pour toujours, aux \u00c9tats-Unis, sans aucune restriction ni aucune r\u00e9serve quelconque, le droit sur ce dit or. \u00bb [\u003Ca href=\"#nb25\" id=\"nh25\"\u003E25\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl faut ajouter qu'apr\u00e8s la capitulation allemande de novembre 1918, la France a r\u00e9ussi \u00e0 r\u00e9cup\u00e9rer la forte ran\u00e7on en or que Berlin avait obtenu de la Russie en application du trait\u00e9 de paix de Brest-Litovsk sign\u00e9 en mars 1918 [\u003Ca href=\"#nb26\" id=\"nh26\"\u003E26\u003C\/a\u003E]. La France refusait de r\u00e9troc\u00e9der cet or \u00e0 la Russie en consid\u00e9rant qu'il s'agissait d'une partie des r\u00e9parations que l'Allemagne devait payer \u00e0 Paris. A noter que le blocus de l'or russe s'est poursuivi partiellement pendant des ann\u00e9es. C'est ainsi que la France a encore r\u00e9ussi en 1928 \u00e0 obtenir des autorit\u00e9s de Washington qu'elles interdisent un paiement en or russe pour un contrat entre la Russie et une soci\u00e9t\u00e9 priv\u00e9es des \u00c9tats-Unis.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E4. La r\u00e9volution russe, le droit des peuples \u00e0 l'autod\u00e9termination et la r\u00e9pudiation des dettes\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003ELe trait\u00e9 de Versailles est finalement sign\u00e9 le 28 juin 1919 sans que la Russie sovi\u00e9tique y prenne part. N\u00e9anmoins, le Trait\u00e9 de Versailles annulait le Trait\u00e9 de Brest-Litovsk. En vertu de l'article 116 du Trait\u00e9 de Versailles, la Russie pouvait demander des r\u00e9parations \u00e0 l'Allemagne. Ce qu'elle ne fit pas car elle voulut \u00eatre coh\u00e9rente avec sa position en faveur d'une paix sans annexion et sans demande d'indemnit\u00e9. D'une certaine mani\u00e8re, ce qui lui importait c'est que le Trait\u00e9 de Brest-Litovsk soit aboli et que les territoires annex\u00e9s par l'Allemagne en mars 1918 soient rendus aux peuples qui en avaient \u00e9t\u00e9 spoli\u00e9s (peuples baltes, peuple polonais, peuple ukrainien, peuple russe...), en accord avec le principe du droit \u00e0 l'autod\u00e9termination d\u00e9fendu par le nouveau gouvernement sovi\u00e9tique.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELes trait\u00e9s avec les r\u00e9publiques baltes, la Pologne, la Perse, la Turquie...\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECe droit est ainsi invoqu\u00e9 dans les premiers articles de chacun des trait\u00e9s de paix sign\u00e9s entre la Russie sovi\u00e9tique et les nouveaux \u00c9tats baltes en 1920 : l'Estonie le 2 f\u00e9vrier, la Lituanie le 12 juillet et la Lettonie le 11 ao\u00fbt. Ces trait\u00e9s de paix sont similaires et l'ind\u00e9pendance de ces \u00c9tats - qui avaient \u00e9t\u00e9 int\u00e9gr\u00e9s de force dans l'Empire tsariste - y est syst\u00e9matiquement affirm\u00e9e dans le premier ou le second article. \u00c0 travers ces trait\u00e9s, la Russie r\u00e9affirme son opposition \u00e0 la domination du capital financier et sa d\u00e9cision de r\u00e9pudier les dettes tsaristes. En effet, le trait\u00e9 sign\u00e9 le 2 f\u00e9vrier avec l'Estonie \u00e9nonce : \u00ab L'Estonie ne portera aucune part des responsabilit\u00e9s dans les dettes et toutes autres obligations de la Russie (...). Toutes les r\u00e9clamations des cr\u00e9anciers de la Russie pour la part de dettes concernant l'Estonie doivent \u00eatre dirig\u00e9es uniquement contre la Russie. \u00bb Des dispositions similaires \u00e0 l'\u00e9gard de la Lituanie et de la Lettonie figurent dans les trait\u00e9s sign\u00e9s avec ces \u00c9tats. En plus de r\u00e9affirmer que des peuples ne devraient pas avoir \u00e0 payer des dettes ill\u00e9gitimes contract\u00e9es en leur nom mais pas dans leur int\u00e9r\u00eat, la Russie sovi\u00e9tique reconna\u00eet ainsi le r\u00f4le d'oppresseur jou\u00e9 par la Russie tsariste \u00e0 l'\u00e9gard des nations minoritaires composant l'Empire.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003ESignature du trait\u00e9 de Tartu entre l'Estonie et la Russie sovi\u00e9tique, repr\u00e9sent\u00e9e par Adolf Joff\u00e9, le 2 f\u00e9vrier 1920.\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ECoh\u00e9rente avec les principes qu'elle proclame, la Russie sovi\u00e9tique va plus loin. Dans ces trait\u00e9s de paix, elle s'engage \u00e0 restituer aux nations baltes opprim\u00e9es les biens accapar\u00e9s par le r\u00e9gime tsariste (et notamment les biens culturels et acad\u00e9miques tels que les \u00e9coles, les biblioth\u00e8ques, les archives, les mus\u00e9es) ainsi que les biens individuels qui ont \u00e9t\u00e9 \u00e9vacu\u00e9s des territoires baltes durant la Premi\u00e8re Guerre mondiale. \u00c0 titre de r\u00e9parations pour les dommages caus\u00e9s durant la Premi\u00e8re Guerre mondiale \u00e0 laquelle la Russie tsariste a particip\u00e9, la Russie sovi\u00e9tique annonce dans ces trait\u00e9s sa volont\u00e9 d'accorder 15 millions de roubles-or \u00e0 l'Estonie, 3 millions de roubles-or \u00e0 la Lituanie et 4 millions de roubles-or \u00e0 la Lettonie, ainsi que le droit pour ces trois \u00c9tats d'exploiter le bois des for\u00eats russes \u00e0 proximit\u00e9 de leurs fronti\u00e8res. Tandis que les cr\u00e9ances de l'\u00c9tat russe sur les ressortissants des \u00c9tats baltes sont transf\u00e9r\u00e9es aux nouvelles autorit\u00e9s ind\u00e9pendantes, les trait\u00e9s de paix sign\u00e9s avec la Lituanie et la Lettonie pr\u00e9cisent que les dettes des petits propri\u00e9taires paysans envers les anciennes banques fonci\u00e8res russes d\u00e9sormais nationalis\u00e9es ne sont, quant \u00e0 elles, pas transf\u00e9r\u00e9es aux nouveaux gouvernements, mais \u00ab sont purement et simplement annul\u00e9es \u00bb. Ces dispositions s'\u00e9tendent \u00e9galement aux petits propri\u00e9taires estoniens en vertu de l'article 13 du trait\u00e9 de paix sign\u00e9 avec l'Estonie, qui pr\u00e9voit que les \u00ab exon\u00e9rations, droits ou privil\u00e8ges particuliers \u00bb accord\u00e9s \u00e0 un nouvel \u00c9tat issu de l'Empire tsariste ou \u00e0 ses citoyens, s'\u00e9tend aussit\u00f4t \u00e0 l'Estonie ou \u00e0 ses citoyens.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn signant ces trait\u00e9s, la Russie sovi\u00e9tique, tout en mettant en application les principes qu'elle veut d\u00e9fendre, cherche \u00e0 sortir de l'isolement dans lequel les puissances imp\u00e9rialistes l'ont plong\u00e9e depuis la R\u00e9volution d'Octobre. Les \u00c9tats baltes sont les premiers \u00e0 rompre le blocus impos\u00e9 \u00e0 la Russie, et ces accords de paix ouvrent la voie \u00e0 des \u00e9changes commerciaux entre les diff\u00e9rentes parties. En mars 1921, un accord de paix similaire est sign\u00e9 entre la Russie, l'Ukraine et la Bi\u00e9lorussie d'un c\u00f4t\u00e9, et la Pologne de l'autre c\u00f4t\u00e9. Ce document d\u00e9charge la Pologne de toute responsabilit\u00e9 concernant les dettes contract\u00e9es en son nom par l'Empire tsariste, pr\u00e9voit la restitution des biens accapar\u00e9s par la Russie tsariste, et le paiement de r\u00e9parations \u00e0 la Pologne par la Russie et l'Ukraine \u00e0 hauteur de 30 millions de roubles-or. La signature de ce trait\u00e9 est plus significative encore que pour les \u00c9tats baltes : la Pologne est une puissance-cl\u00e9 dans l'isolement de la Russie voulu par les puissances capitalistes alli\u00e9es.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe trait\u00e9 d'amiti\u00e9 sign\u00e9 entre la Russie sovi\u00e9tique et la Perse le 26 f\u00e9vrier 1921 est encore un signe de la volont\u00e9 de la Russie sovi\u00e9tique de favoriser l'\u00e9mancipation des opprim\u00e9s par leur droit \u00e0 l'autod\u00e9termination. Par ce trait\u00e9, la Russie d\u00e9clare rompre avec la \u00ab politique tyrannique des gouvernements colonisateurs \u00bb de la Russie tsariste, et renonce aux territoires et aux int\u00e9r\u00eats \u00e9conomiques qu'elle poss\u00e8de en Perse. D\u00e8s le premier article de ce document, il est indiqu\u00e9 : \u00ab L'ensemble des trait\u00e9s et conventions contract\u00e9s entre la Perse et la Russie tsariste, qui a \u00e9cras\u00e9 les droits du peuple perse, sont nuls et non avenus. \u00bb Puis l'article 8 d\u00e9nonce clairement les dettes r\u00e9clam\u00e9es \u00e0 la Perse par le r\u00e9gime tsariste : le nouveau gouvernement russe renonce \u00e0 la politique \u00e9conomique du r\u00e9gime tsariste en Orient, \u00ab qui consistait \u00e0 pr\u00eater de l'argent au gouvernement perse, non pas dans l'objectif de participer au d\u00e9veloppement \u00e9conomique du pays, mais dans des objectifs de soumission politique \u00bb, et, d\u00e8s lors, il annule les cr\u00e9ances russes sur la Perse.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EQuelques semaines plus tard, le gouvernement sovi\u00e9tique renonce \u00e0 toutes les obligations, y compris mon\u00e9taires, de la Turquie envers la Russie en vertu des accords sign\u00e9s par le gouvernement tsariste [\u003Ca href=\"#nb27\" id=\"nh27\"\u003E27\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E5. La presse fran\u00e7aise \u00e0 la solde du tsar\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAvec le renversement du tsarisme en f\u00e9vrier 1917 et l'arriv\u00e9e au pouvoir des bolcheviks alli\u00e9s aux socialistes-r\u00e9volutionnaires de gauche en octobre, de nombreux documents qui \u00e9taient jusque-l\u00e0 confidentiels sont mis \u00e0 disposition du public (voir plus loin). Cela permet \u00e0 Boris Souvarine, militant communiste franco-russe, de consulter les archives imp\u00e9riales de Russie. Il d\u00e9couvre une vaste op\u00e9ration de corruption de la presse fran\u00e7aise datant d'avant la Premi\u00e8re Guerre mondiale et visant \u00e0 promouvoir aupr\u00e8s des citoyens fran\u00e7ais l'investissement dans les titres de la dette tsariste. Cette affaire, dans laquelle des personnages influents sont corrompus mais aussi ma\u00eetre-chanteurs, est d\u00e9nonc\u00e9e par le quotidien \u003Ci\u003EL'Humanit\u00e9\u003C\/i\u003E durant plusieurs mois entre 1923 et 1924, \u00e0 travers un feuilleton quotidien intitul\u00e9 \u00ab L'abominable v\u00e9nalit\u00e9 de la presse fran\u00e7aise \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EComment le r\u00e9gime tsariste achetait la presse fran\u00e7aise pour continuer \u00e0 \u00e9mettre des titres de la dette\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDepuis la fin du 19\u003Csup\u003Ee\u003C\/sup\u003E si\u00e8cle, la place financi\u00e8re de Paris \u00e9tait privil\u00e9gi\u00e9e par l'Empire tsariste comme lieu d'\u00e9mission de ses emprunts. Les titres \u00e9taient achet\u00e9s par de nombreux petits rentiers fran\u00e7ais. Au d\u00e9but du 20\u003Csup\u003Ee\u003C\/sup\u003E si\u00e8cle, ces emprunts sont d'autant plus importants pour le maintien du r\u00e9gime tsariste - grande puissance peu d\u00e9velopp\u00e9e \u00e9conomiquement - que celui-ci s'enlise dans une guerre avec le Japon de 1904 \u00e0 1905 et qu'il cherche \u00e0 contenir le m\u00e9contentement, r\u00e9primant ainsi le mouvement r\u00e9volutionnaire de 1905. En 1906, sorti d\u00e9fait de la guerre contre le Japon, le r\u00e9gime \u00e9met un important emprunt \u00e0 Paris. Arthur Raffalovitch, diplomate et conseiller secret du Minist\u00e8re des Finances russes \u00e0 Paris, est charg\u00e9 jusqu'\u00e0 la Premi\u00e8re Guerre mondiale de promouvoir les emprunts russes \u00e0 Paris. Ce sont ses correspondances avec sa hi\u00e9rarchie dans le gouvernement du tsar qui ont \u00e9t\u00e9 consult\u00e9es par Boris Souvarine et qui ont permis de r\u00e9v\u00e9ler l'affaire de corruption et de chantage impliquant de nombreux grands journaux, notamment parisiens (comme \u003Ci\u003ELe Figaro\u003C\/i\u003E, \u003Ci\u003ELe Petit Journal\u003C\/i\u003E, \u003Ci\u003ELe Temps\u003C\/i\u003E ou encore \u003Ci\u003ELe Matin\u003C\/i\u003E), de grandes banques fran\u00e7aises (notamment le \u003Ci\u003ECr\u00e9dit lyonnais\u003C\/i\u003E et la \u003Ci\u003EBanque de Paris et des Pays-Bas\u003C\/i\u003E, future \u003Ci\u003EBNP Paribas\u003C\/i\u003E), des s\u00e9nateurs et ministres fran\u00e7ais. Parmi ceux-ci, on trouve Raymond Poincar\u00e9, mis en cause pour le r\u00f4le qu'il a jou\u00e9 alors qu'il \u00e9tait chef du gouvernement et Ministre des Affaires \u00e9trang\u00e8res en 1912 (son Ministre des Finances, Louis-Lucien Klotz, est lui aussi mis en cause). Poincar\u00e9 a occup\u00e9 par la suite le poste de Pr\u00e9sident de la R\u00e9publique de 1913 \u00e0 1920, et est de nouveau chef du gouvernement et Ministre des Affaires \u00e9trang\u00e8res lorsque le scandale \u00e9clate. Notons que l'affaire ne l'a pas g\u00ean\u00e9 : il reste chef du gouvernement jusqu'en juin 1924, et le redevient en 1926 en occupant en prime... le poste de Ministre des Finances ! Le r\u00f4le du syndic des agents de change de Paris - qui vendaient les titres de la dette aux investisseurs - a, quant \u00e0 lui, \u00e9t\u00e9 central dans le chantage auquel le gouvernement du tsar a \u00e9t\u00e9 soumis. Entre 1900 et 1914, 6,5 millions de francs auraient \u00e9t\u00e9 vers\u00e9s \u00e0 la presse fran\u00e7aise par le gouvernement russe.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003EBoris Souvarine\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ELorsque l'affaire \u00e9clate, la corruption de la presse n'est pas un \u00e9v\u00e9nement nouveau en ce qui concerne le monde de la finance, puisqu'un scandale datant de la fin du 19\u003Csup\u003Ee\u003C\/sup\u003E si\u00e8cle avait r\u00e9v\u00e9l\u00e9 que l'emprunt devant financer la construction du canal de Panama et \u00e9mis en France avait \u00e9t\u00e9 promu par les m\u00eames m\u00e9thodes. Dans l'affaire des emprunts russes, le gouvernement tsariste et les banques fran\u00e7aises qui \u00e9mettaient les titres achetaient de la \u00ab publicit\u00e9 \u00bb aux grands journaux, qui vantaient alors la situation financi\u00e8re russe et la soutenabilit\u00e9 de la dette du tsar. D'apr\u00e8s les correspondances de l'agent tsariste Raffalovitch, cette publicit\u00e9 comportait \u00e9galement des actes de censure - des \u00e9v\u00e8nements tels que la mauvaise posture de la Russie dans sa guerre contre le Japon ou le mouvement r\u00e9volutionnaire de 1905 n'auraient pas fait bonne figure aupr\u00e8s de potentiels investisseurs. Ces \u00e9changes indiquent m\u00eame des abonnements factices \u00e0 certains journaux ! Le syndic des agents de change, les directeurs de journaux et les responsables politiques corrompus ont profit\u00e9 de cette situation pour faire chanter le gouvernement russe, exiger des paiements plus importants et maximiser leurs gains.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes r\u00e9v\u00e9lations de \u003Ci\u003EL'Humanit\u00e9\u003C\/i\u003E sont bas\u00e9es sur des documents authentiques. Parmi les journaux incrimin\u00e9s par \u003Ci\u003EL'Humanit\u00e9\u003C\/i\u003E, seul \u003Ci\u003ELe Matin\u003C\/i\u003E porte plainte contre le journal communiste. D\u00e8s le premier jour du proc\u00e8s, Vladimir Kokovtsov, Ministre des Finances du tsar quasiment sans interruption de 1904 \u00e0 1914 et chef du gouvernement tsariste de 1911 \u00e0 1914, est appel\u00e9 \u00e0 compara\u00eetre. R\u00e9actionnaire et exil\u00e9 en France, il n'a pas d'int\u00e9r\u00eat \u00e0 accuser directement la presse, mais il certifie l'honn\u00eatet\u00e9 de son ancien collaborateur Raffalovitch. Il faut noter que si \u003Ci\u003EL'Humanit\u00e9\u003C\/i\u003E est finalement condamn\u00e9e, c'est purement pour la forme puisque le tribunal reconna\u00eet l'authenticit\u00e9 des correspondances d\u00e9voil\u00e9es et n'accorde au \u003Ci\u003EMatin\u003C\/i\u003E que 10 000 francs sur les 1 500 000 que celui-ci r\u00e9clamait \u00e0 \u003Ci\u003EL'Humanit\u00e9\u003C\/i\u003E. Pr\u00e9cisons enfin qu'en 1924, Maurice Bunau-Varilla, qui poss\u00e8de \u003Ci\u003ELe Matin\u003C\/i\u003E et est directement mis en cause dans l'affaire, ne cache plus ses sympathies pour les nationalismes autoritaires qui se mettent en place en Europe afin de lutter contre le communisme. Il soutient l'Italie fasciste puis, quelques ann\u00e9es plus tard, l'Allemagne nazie. Sous l'occupation et le r\u00e9gime de Vichy, \u003Ci\u003ELe Matin\u003C\/i\u003E devient collaborationniste, et est interdit \u00e0 la Lib\u00e9ration.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168868_b66f3a.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003EL'Humanit\u00e9 du 5 d\u00e9cembre 1923 (cliquer pour agrandir)\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E6. Les titres russes ont eu une vie apr\u00e8s la r\u00e9pudiation\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAlors qu'en f\u00e9vrier 1918, les titres russes ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9pudi\u00e9s par le gouvernement sovi\u00e9tique, ils ont continu\u00e9 \u00e0 faire l'objet de transactions jusque dans les ann\u00e9es 1990.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa politique du gouvernement fran\u00e7ais et d'autres gouvernements est directement li\u00e9e \u00e0 cette vie apr\u00e8s la mort.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELes emprunts russes ne meurent jamais\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn 1919, le gouvernement fran\u00e7ais a dress\u00e9 une liste des d\u00e9tenteurs de titres russes en France : 1 600 000 personnes d\u00e9clar\u00e8rent en d\u00e9tenir. Il semble que les titres russes repr\u00e9sentaient 33 % des obligations \u00e9trang\u00e8res d\u00e9tenues par des r\u00e9sidents en France. Cela repr\u00e9sentait 4,5 % du patrimoine des Fran\u00e7ais. 40 \u00e0 45 % de la dette russe \u00e9taient d\u00e9tenus en France. L'un des principaux titres russes qui s'\u00e9changeaient \u00e0 la bourse de Paris \u00e9tait le fameux emprunt de 1906 qui avait \u00e9t\u00e9 d\u00e9nonc\u00e9 \u00e0 l'avance par le Soviet de Petrograd en d\u00e9cembre 1905. Cet emprunt massif avait \u00e9t\u00e9 \u00e9mis \u00e0 Paris en juin 1906 pour un montant de 2,25 milliards de francs. Il \u00e9tait destin\u00e9 \u00e0 permettre au r\u00e9gime tsariste de continuer \u00e0 payer les anciennes dettes et \u00e0 r\u00e9tablir les finances apr\u00e8s la d\u00e9b\u00e2cle de la guerre russo-japonaise. Le Cr\u00e9dit lyonnais [\u003Ca href=\"#nb28\" id=\"nh28\"\u003E28\u003C\/a\u003E], la banque fran\u00e7aise qui s'\u00e9tait sp\u00e9cialis\u00e9e dans l'\u00e9mission de la dette russe, tirait de ces emprunts 30 % ses revenus avant 1914.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPendant la p\u00e9riode qui a pr\u00e9c\u00e9d\u00e9 et qui a suivi la r\u00e9pudiation des dettes par le gouvernement sovi\u00e9tique, 72 % des titres de l'emprunt de 1906 se trouvaient en France et faisaient l'objet de transactions \u00e0 la bourse de Paris.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EUn tr\u00e8s haut niveau de complicit\u00e9 unissait le r\u00e9gime tsariste, le gouvernement fran\u00e7ais, les banquiers fran\u00e7ais qui \u00e9mettaient les titres russes (\u003Ci\u003ECr\u00e9dit lyonnais\u003C\/i\u003E en premi\u00e8re ligne, mais \u00e9galement la \u003Ci\u003ESoci\u00e9t\u00e9 g\u00e9n\u00e9rale\u003C\/i\u003E et la \u003Ci\u003EBanque de l'union parisienne\u003C\/i\u003E [\u003Ca href=\"#nb29\" id=\"nh29\"\u003E29\u003C\/a\u003E]), les grands agents de change et la presse fran\u00e7aise qui \u00e9tait achet\u00e9e par l'\u00e9missaire du tsar.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168868_ea511a.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes banquiers faisaient de gros b\u00e9n\u00e9fices gr\u00e2ce aux commissions per\u00e7ues au moment de l'\u00e9mission et gr\u00e2ce aux op\u00e9rations sp\u00e9culatives de vente et d'achats sur les titres russes. Ils faisaient cela sans prendre de risques importants puisque ce sont les petits porteurs qui les prenaient. Les propri\u00e9taires des journaux empochaient les pots-de-vin remis par l'\u00e9missaire du tsar. Des membres cl\u00e9s du gouvernement se faisaient \u00e9galement graisser la patte. Sur le plan politique et diplomatique, le tsar \u00e9tait un alli\u00e9 de premier choix pour le gouvernement de la France et les grands groupes capitalistes fran\u00e7ais qui investissaient en Russie (comme les capitalistes belges).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPendant la guerre, c'est le gouvernement fran\u00e7ais qui payait les int\u00e9r\u00eats auxquels avait droit chaque porteur de titre. L'int\u00e9r\u00eat \u00e9tait de 5 %. Le montant des int\u00e9r\u00eats vers\u00e9s par le gouvernement fran\u00e7ais \u00e0 la place de l'empire russe \u00e9tait ensuite ajout\u00e9 \u00e0 la dette que la Russie devait \u00e0 la France. Le renversement du tsar par le peuple russe en f\u00e9vrier 1917 constitua une mauvaise affaire pour le gouvernement fran\u00e7ais qui mit ses espoirs sur le gouvernement provisoire puisque celui-ci affirma qu'il honorerait les dettes contract\u00e9es par le tsar. Les choses se g\u00e2t\u00e8rent vraiment quand les bolcheviks et leurs alli\u00e9s les socialistes de gauche furent port\u00e9s au gouvernement par les soviets en novembre 1917. Lorsque le gouvernement sovi\u00e9tique suspendit le paiement de la dette en janvier 1918, le gouvernement fran\u00e7ais versa de nouveau les int\u00e9r\u00eats des titres russes aux porteurs de titres. Lorsque le gouvernement sovi\u00e9tique r\u00e9pudia toutes les dettes du tsar et celles du gouvernement provisoire, la France d\u00e9cida d'utiliser les grands moyens et se pr\u00e9para \u00e0 envoyer des troupes en Russie. D\u00e8s juillet 1918, quatre mois avant que l'armistice ne soit sign\u00e9 avec l'empire allemand, le gouvernement envoya des troupes fran\u00e7aises se joindre aux troupes britanniques qui avaient pris Mourmansk au Nord de la Russie. Ensuite, d'autres militaires furent envoy\u00e9s pour occuper Arkhangelsk. Apr\u00e8s la signature de l'armistice avec Berlin, la France envoya des troupes en Mer Noire pour bombarder avec les bateaux de guerres des positions de l'arm\u00e9e rouge. Cela provoqua une mutinerie parmi les matelots fran\u00e7ais. L'agression contre la Russie sovi\u00e9tique n'\u00e9tait bien s\u00fbr pas seulement motiv\u00e9e par la r\u00e9pudiation de la dette, les diff\u00e9rentes puissances qui y particip\u00e8rent voulaient mettre fin \u00e0 un foyer de contagion r\u00e9volutionnaire. Mais les int\u00e9r\u00eats financiers de la France et de ses capitalistes ont constitu\u00e9 un puissant moteur. Les autorit\u00e9s fran\u00e7aises soutenaient financi\u00e8rement les g\u00e9n\u00e9raux russes blancs dans leur lutte pour renverser les bolcheviks car ils avaient proclam\u00e9 qu'ils reconnaissaient les dettes du tsar. Paris soutenait \u00e9galement les politiciens et les militaires polonais, ukrainiens et ceux des r\u00e9publiques baltes qui obtenaient leur ind\u00e9pendance ou luttaient dans cette perspective avec l'espoir que les autorit\u00e9s des nouveaux \u00c9tats ind\u00e9pendants prendraient en charge une part des dettes tsaristes. Quand les sovi\u00e9tiques sign\u00e8rent \u00e0 partir de 1920 des trait\u00e9s avec les r\u00e9publiques baltes et la Pologne par lesquels ils consid\u00e9raient que ces pays ne devaient prendre aucune charge des dettes tsaristes, Paris le prit tr\u00e8s mal.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EQue se passa-t-il pour les porteurs de titres russes apr\u00e8s la r\u00e9pudiation des dettes rendue publique en f\u00e9vrier 1918 ?\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn France, en septembre 1918, le gouvernement proposa un \u00e9change de titres russes contre des titres de la dette fran\u00e7aise. Les porteurs de titres russes pouvaient acqu\u00e9rir des titres du nouvel emprunt que r\u00e9alisait le gouvernement fran\u00e7ais. Ils pouvaient remettre les titres russes qu'ils d\u00e9tenaient pour recevoir en \u00e9change des titres fran\u00e7ais. En juillet 1919, le gouvernement fran\u00e7ais renouvela l'op\u00e9ration. Les autorit\u00e9s de Rome, de Londres et de Washington firent de m\u00eame : elles \u00e9chang\u00e8rent des titres russes respectivement contre des titres italiens ou britanniques ou \u00e9tatsuniens. Le gouvernement japonais quant \u00e0 lui indemnisa \u00e0 100 % les porteurs japonais de titres russes [\u003Ca href=\"#nb30\" id=\"nh30\"\u003E30\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl est clair qu'en proc\u00e9dant de la sorte, les gouvernements de ces pays sont venus en aide aux banquiers qui auraient dus \u00eatre rendus responsables du financement du r\u00e9gime tsariste et payer pour les cons\u00e9quences de la r\u00e9pudiation des dettes odieuses. Dans le cas fran\u00e7ais, le gouvernement fran\u00e7ais \u00e9tait activement co-responsable avec les banquiers du soutien au r\u00e9gime du tsar. Le gouvernement fran\u00e7ais avait syst\u00e9matiquement pouss\u00e9 une partie de sa base sociale, les rentiers de la classe moyenne, \u00e0 acqu\u00e9rir des titres russes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EUne pr\u00e9cision importante : en France, une grande partie des titres russes ne furent pas \u00e9chang\u00e9s contre des titres fran\u00e7ais. Les titres russes donnaient un rendement sup\u00e9rieur aux titres fran\u00e7ais. Le taux d'int\u00e9r\u00eat sur les titres russes de 1906 s'\u00e9levait \u00e0 5 % tandis que le taux moyen sur les titres de l'\u00c9tat fran\u00e7ais \u00e9tait de 3 %.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEntre 1918 et 1922, des rumeurs diffus\u00e9es par la presse financi\u00e8re et par le gouvernement laissaient entendre que le gouvernement sovi\u00e9tique allait tomber et que son successeur allait assumer la dette tsariste. De plus, lors de la conf\u00e9rence de G\u00eanes et \u00e0 d'autres moments, la m\u00eame presse laissait entendre que Moscou allait finalement accepter de reconna\u00eetre la dette. On assista \u00e0 une situation surr\u00e9aliste : des titres \u00e9mis par un gouvernement qui n'existait plus, des titres r\u00e9pudi\u00e9s, continuaient \u00e0 s'acheter et se vendre \u00e0 la bourse de Paris. C'est un exemple parfait de capital fictif.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEntre 1918-1919, le prix de revente des titres russes oscilla entre 56,5 % et 66,25 % de la valeur faciale (ils avaient \u00e9t\u00e9 vendus au d\u00e9part \u00e0 88 % de la valeur faciale). Le prix des titres souverains fran\u00e7ais \u00e0 la m\u00eame \u00e9poque oscillait entre 61 et 65 %. La diff\u00e9rence entre le prix des titres russes r\u00e9pudi\u00e9s et des titres fran\u00e7ais \u00e9tait donc faible. Il est certain que le sp\u00e9culateur (et les banquiers sont les premiers sur la liste) fait une tr\u00e8s bonne affaire s'il ach\u00e8te \u00e0 56 quand les petits porteurs s'en d\u00e9barrassent parce qu'ils sont effray\u00e9s par telle ou telle rumeur lanc\u00e9e par la presse (et en sous-main les banquiers) et s'il le revend \u00e0 66.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E7. Le grand jeu diplomatique autour de la r\u00e9pudiation des dettes russes\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003EEn avril-mai 1922, durant cinq semaines, se r\u00e9unit une importante conf\u00e9rence de tr\u00e8s haut niveau. Le premier ministre britannique, Lloyd George, y joua un r\u00f4le central ; Louis Barthou, ministre du pr\u00e9sident fran\u00e7ais, Raymond Poincar\u00e9 \u00e9galement.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'objectif central \u00e9tait de convaincre la Russie sovi\u00e9tique [\u003Ca href=\"#nb31\" id=\"nh31\"\u003E31\u003C\/a\u003E] \u00e0 la fois de reconna\u00eetre les dettes qu'elle avait r\u00e9pudi\u00e9es en 1918 et d'abandonner ses appels \u00e0 la r\u00e9volution mondiale.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa n\u00e9gociation de G\u00eanes (1922)\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED'autres points figuraient \u00e0 l'agenda de cette conf\u00e9rence qui r\u00e9unit des d\u00e9l\u00e9gu\u00e9s de 34 pays \u00e0 l'exception des \u00c9tats-Unis mais ils ne firent pas vraiment l'objet de grands d\u00e9bats. Parmi ces points : adopter des r\u00e8gles en mati\u00e8re mon\u00e9taire, notamment \u00e0 propos du syst\u00e8me du \u003Ci\u003EGold exchange standard\u003C\/i\u003E qui a \u00e9t\u00e9 adopt\u00e9 cette ann\u00e9e-l\u00e0. Vu l'absence des \u00c9tats-Unis, les d\u00e9cisions \u00e0 ce propos ont \u00e9t\u00e9 prises ailleurs.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes puissances invitantes \u00e9taient au nombre de 5 : la Grande-Bretagne (l'ex-principale puissance mondiale qui venait d'\u00eatre d\u00e9pass\u00e9e par les \u00c9tats-Unis), la France (la troisi\u00e8me puissance mondiale suite \u00e0 la d\u00e9faite de l'Allemagne), la Belgique (qui avant-guerre \u00e9tait la cinqui\u00e8me puissance mondiale en termes d'exportation), le Japon (dont l'empire \u00e9tait en pleine expansion en Asie de l'Est) et l'Italie.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESur les 5 puissances invitantes, l'une, le Japon, avait encore des troupes d'occupation en Sib\u00e9rie sovi\u00e9tique. Il ne les retira d\u00e9finitivement que six mois apr\u00e8s la fin de la conf\u00e9rence, en octobre 1922. Les 12 autres pays qui avaient, en 1918, envoy\u00e9 des troupes arm\u00e9es afin de renverser le gouvernement sovi\u00e9tique et d'en finir avec l'exp\u00e9rience r\u00e9volutionnaire, avaient mis fin \u00e0 l'occupation du territoire sovi\u00e9tique depuis la fin de l'ann\u00e9e 1920. Les troupes \u00e9trang\u00e8res, dont le moral guerrier \u00e9tait au plus bas, avaient en effet \u00e9t\u00e9 retir\u00e9es apr\u00e8s que leur gouvernement ait constat\u00e9 \u00e0 regret que les g\u00e9n\u00e9raux russes blancs \u00e9taient d\u00e9finitivement battus par l'arm\u00e9e rouge et que l'intervention \u00e9trang\u00e8re \u00e9tait incapable d'y rem\u00e9dier. D\u00e8s lors il s'agissait d'obtenir, par des voies diplomatiques et par le chantage, ce que les armes n'avaient pas pu r\u00e9aliser.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes grandes puissances pensaient qu'\u00e0 la conf\u00e9rence, le gouvernement sovi\u00e9tique allait finir par reconna\u00eetre les dettes qui avaient \u00e9t\u00e9 r\u00e9pudi\u00e9es car la situation \u00e9conomique et humanitaire russe \u00e9tait dramatique. La guerre civile avait laiss\u00e9 un pays exsangue et \u00e0 partir de l'\u00e9t\u00e9 1921, des r\u00e9coltes catastrophiques avaient caus\u00e9 une terrible famine. Les capitales occidentales pensaient que le gouvernement sovi\u00e9tique \u00e9tait \u00e0 genou et qu'elles arriveraient \u00e0 leur fin en conditionnant l'octroi des pr\u00eats et des investissements dont la Russie avait besoin \u00e0 la reconnaissance pr\u00e9alable des dettes et \u00e0 l'octroi de r\u00e9paration aux entreprises occidentales qui avaient \u00e9t\u00e9 expropri\u00e9es.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa France qui restait la grande puissance la plus agressive \u00e0 l'\u00e9gard de la Russie sovi\u00e9tique (il en allait de m\u00eame \u00e0 l'\u00e9gard de l'Allemagne [\u003Ca href=\"#nb32\" id=\"nh32\"\u003E32\u003C\/a\u003E]), \u00e9tait appuy\u00e9e par les autorit\u00e9s belges. De son c\u00f4t\u00e9, la Grande-Bretagne qui avait \u00e9t\u00e9 moins affect\u00e9e par la r\u00e9pudiation des dettes \u00e9tait plus ouverte au dialogue avec Moscou et avait sign\u00e9 en mars 1921 un accord commercial anglo-russe qui mettait fin au blocus et signifiait une reconnaissance \u003Ci\u003Ede facto\u003C\/i\u003E [\u003Ca href=\"#nb33\" id=\"nh33\"\u003E33\u003C\/a\u003E] de la Russie sovi\u00e9tique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour sa part, le gouvernement sovi\u00e9tique \u00e9tait \u00e9ventuellement dispos\u00e9 \u00e0 accepter de rembourser une partie des dettes contract\u00e9es par le tsar si, en \u00e9change, les autres puissances reconnaissaient officiellement (= reconnaissance \u003Ci\u003Ede jure\u003C\/i\u003E) la Russie sovi\u00e9tique, lui octroyaient des pr\u00eats d'\u00c9tat \u00e0 \u00c9tat, encourageaient les entreprises priv\u00e9es, affect\u00e9es par l'expropriation de leurs filiales et de leur bien en Russie, \u00e0 accepter comme indemnisation des concessions pour exploiter les ressources naturelles en particulier dans les zones d\u00e9sertiques de Sib\u00e9rie. Le gouvernement sovi\u00e9tique voulait de la sorte que les capitalistes \u00e9trangers investissent avec leur propre bourse des capitaux frais dans des activit\u00e9s permettant \u00e0 l'\u00e9conomie sovi\u00e9tique de se consolider. Le gouvernement refusait en outre la mise en place d'organismes multilat\u00e9raux pour g\u00e9rer les pr\u00eats, les investissements ou les litiges qui pourraient s'y rapporter. Il voulait que le pouvoir sovi\u00e9tique garde son enti\u00e8re autonomie face aux puissances \u00e9trang\u00e8res. Il n'\u00e9tait pas question de renoncer \u00e0 l'exercice de la souverainet\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESi ces conditions \u00e9taient r\u00e9unies, Moscou \u00e9tait dispos\u00e9 \u00e0 promettre de reprendre le paiement d'une partie de la dette tsariste dans un d\u00e9lai de trente ans. La d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique affirma clairement \u00e0 plusieurs reprises au cours de la conf\u00e9rence qu'il s'agissait d'une concession qu'elle \u00e9tait pr\u00eate \u00e0 r\u00e9aliser afin d'arriver \u00e0 un accord mais, qu'au fond, elle consid\u00e9rait que la Russie sovi\u00e9tique \u00e9tait parfaitement en droit d'avoir r\u00e9pudi\u00e9 toute la dette tsariste (de m\u00eame que celle contract\u00e9e par le gouvernement provisoire entre f\u00e9vrier et octobre 1917). Finalement la conf\u00e9rence s'est termin\u00e9e sur un d\u00e9saccord et la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique a maintenu la r\u00e9pudiation.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour comprendre le d\u00e9roulement de la conf\u00e9rence, il convient \u00e9galement de prendre en compte la relation particuli\u00e8re qui s'est \u00e9tablie entre Berlin et Moscou apr\u00e8s le Trait\u00e9 de Versailles de juin 1919.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003ESignature du trait\u00e9 de Rapallo : le chancelier Joseph Wirth avec les repr\u00e9sentants de la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique Leonid Krassin, Grigorij Tchitch\u00e9rine et Adolf Joffe\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ELe gouvernement de Berlin \u00e9tait compos\u00e9 d'une coalition entre les socialistes (SPD), les centristes (anc\u00eatre de la CDU d'Angela Merkel) et les lib\u00e9raux (l'anc\u00eatre du FDP actuel), il \u00e9tait fondamentalement pro-occidental et anti-sovi\u00e9tique. Mais comme il \u00e9tait affect\u00e9 par le paiement des \u00e9normes r\u00e9parations impos\u00e9es par le Trait\u00e9 de Versailles et croulait sous la dette qui en d\u00e9coulait, il \u00e9tait enclin \u00e0 dialoguer et \u00e0 passer des accords avec Moscou. Cette tendance \u00e9tait renforc\u00e9e par la volont\u00e9 des grandes firmes industrielles allemandes (dont AEG et Krupp) d'\u00e9couler une partie de leur production vers le march\u00e9 russe dont il avait \u00e9t\u00e9 le principal partenaire commercial \u00e0 partir des ann\u00e9es 1870, comme nous l'avons vu. En se rendant de Moscou \u00e0 G\u00eanes, la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique a fait une halte prolong\u00e9e \u00e0 Berlin pour y mener des n\u00e9gociations et se concerter avec les autorit\u00e9s allemandes avant de se retrouver face aux puissances invitantes dans la ville italienne. En pleine conf\u00e9rence de G\u00eanes, alors que les puissances invitantes adoptaient une attitude intransigeante \u00e0 l'\u00e9gard de Moscou, \u00e9clata un coup de th\u00e9\u00e2tre : les d\u00e9l\u00e9gations allemande et sovi\u00e9tique qui s'\u00e9taient r\u00e9unies dans la ville voisine de Rapallo, ont sign\u00e9 un important accord bilat\u00e9ral qui est rest\u00e9 dans l'histoire comme le Trait\u00e9 de Rapallo.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl est tout \u00e0 fait int\u00e9ressant de revenir sur le d\u00e9roulement de la conf\u00e9rence de G\u00eanes, sur les n\u00e9gociations qui s'y d\u00e9roul\u00e8rent et sur les arguments qui furent utilis\u00e9s de part et d'autre.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes grandes puissances convocantes voulaient mettre un maximum de pression sur la Russie sovi\u00e9tique en indiquant qu'un objectif fondamental de la conf\u00e9rence consistait dans \u00ab \u003Ci\u003Ela reconnaissance par tous les pays de leurs dettes publiques et l'octroi de compensations\u003C\/i\u003E. \u00bb [\u003Ca href=\"#nb34\" id=\"nh34\"\u003E34\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes grandes puissances affirmaient dans leur convocation que le \u00ab \u003Ci\u003Esentiment de s\u00e9curit\u00e9 ne peut \u00eatre r\u00e9tabli que si les nations (ou les Gouvernements des Nations) d\u00e9sirant obtenir des cr\u00e9dits \u00e9trangers s'engagent librement \u00e0 reconna\u00eetre toutes les dettes et obligations publiques qui ont \u00e9t\u00e9 ou qui seront contract\u00e9es ou garanties par l'\u00c9tat, les municipalit\u00e9s et les autres organismes publics, et \u00e0 reconna\u00eetre \u00e9galement l'obligation de restituer, de restaurer ou, \u00e0 d\u00e9faut, d'indemniser tous les int\u00e9r\u00eats \u00e9trangers pour les pertes ou les dommages qui leur ont \u00e9t\u00e9 caus\u00e9s du fait de la confiscation ou de la s\u00e9questration de la propri\u00e9t\u00e9\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb35\" id=\"nh35\"\u003E35\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED'embl\u00e9e Georges Tchitcherine, le chef de la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique r\u00e9torqua : \u00ab \u003Ci\u003El'oeuvre de la reconstruction \u00e9conomique de la Russie, et, avec elle, le travail tendant \u00e0 mettre fin au chaos \u00e9conomique europ\u00e9en, seront dirig\u00e9s sur une voie fausse et fatale, si les nations \u00e9conomiquement plus puissantes, au lieu de cr\u00e9er les conditions n\u00e9cessaires \u00e0 la renaissance \u00e9conomique de la Russie et de lui faciliter sa marche vers l'avenir, l'\u00e9crasent sous le poids d'exigences au-dessus de ses forces, survivances d'un pass\u00e9 \u003Cb\u003Equi lui est odieux\u003C\/b\u003E.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb36\" id=\"nh36\"\u003E36\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans la discussion, face aux sovi\u00e9tiques qui affirmaient que le peuple et son nouveau gouvernement n'avait pas \u00e0 assumer les dettes contract\u00e9es par le r\u00e9gime tyrannique ant\u00e9rieur, Lloyd George r\u00e9pondit : \u00ab \u003Ci\u003Elorsqu'un pays assume des obligations contractuelles envers un autre pays ou envers les nationaux de celui-ci pour des valeurs re\u00e7ues, ce contrat ne saurait \u00eatre d\u00e9nonc\u00e9, chaque fois qu'un pays change de Gouvernement, ou, au moins, faudrait-il que ce pays restitu\u00e2t les valeurs qu'il a re\u00e7ues\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb37\" id=\"nh37\"\u003E37\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E8. En 1922, nouvelle tentative de soumission des Soviets aux puissances cr\u00e9anci\u00e8res\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003ELes gouvernements occidentaux ont pr\u00e9sent\u00e9 un programme complet d'exigences visant \u00e0 r\u00e9soudre en leur faveur le contentieux qui concernait la r\u00e9pudiation des dettes et les expropriations d\u00e9cr\u00e9t\u00e9es par le gouvernement sovi\u00e9tique. Elles ont \u00e9t\u00e9 pr\u00e9sent\u00e9es \u00e0 G\u00eanes le 15 avril 1922, 5 jours apr\u00e8s le d\u00e9but de la conf\u00e9rence, dans un document intitul\u00e9 \u00ab Rapport du comit\u00e9 des experts de Londres sur la question russe \u00bb.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELes exigences occidentales \u00e0 l'\u00e9gard de Moscou\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'article 1 disait : \u00ab \u003Ci\u003EArticle 1.\u003Cbr \/\u003E\nLe Gouvernement Sovi\u00e9tique russe devra accepter les obligations financi\u00e8res de ses pr\u00e9d\u00e9cesseurs, c'est-\u00e0-dire du Gouvernement Imp\u00e9rial russe et du Gouvernement provisoire russe, vis-\u00e0-vis des Puissances \u00e9trang\u00e8res et de leurs ressortissants.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa forme et le contenu de tout le document indiquent tr\u00e8s clairement qu'il s'agissait d'une s\u00e9rie d'impositions que les puissances occidentales voulaient dicter au pouvoir sovi\u00e9tique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EToujours dans le premier article, on trouvait une disposition qui allait directement \u00e0 l'encontre des trait\u00e9s que la Russie sovi\u00e9tique avait sign\u00e9s en 1920-1921 avec les r\u00e9publiques baltes et avec la Pologne (qui avaient obtenu leur ind\u00e9pendance apr\u00e8s la chute du r\u00e9gime tsariste) qui pr\u00e9voyaient, comme nous l'avons vu, que ces \u00c9tats ne devraient pas assumer des dettes tsaristes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Ci\u003EIl en est de m\u00eame de la question de savoir si et dans quelle mesure les \u00c9tats nouveaux issus de la Russie et actuellement reconnus, ainsi que les \u00c9tats ayant acquis une partie du territoire russe, devront supporter une part des obligations envisag\u00e9es dans les pr\u00e9sentes dispositions.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'article 3 rendait redevable le gouvernement sovi\u00e9tique des actes pos\u00e9s par le r\u00e9gime tsariste :\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Ci\u003EArticle 3.\u003Cbr \/\u003E\nLe Gouvernement Sovi\u00e9tique russe devra s'engager \u00e0 assumer la responsabilit\u00e9 de tous les dommages mat\u00e9riels et directs, n\u00e9s ou non \u00e0 l'occasion de contrats et subis par les ressortissants des autres Puissances, s'ils sont dus aux actes ou \u00e0 la n\u00e9gligence du Gouvernement Sovi\u00e9tique ou de ses pr\u00e9d\u00e9cesseurs...\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EC'\u00e9tait \u00e9videmment en contradiction totale avec la position de Moscou.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'article 4 donnait presque tous les pouvoir \u00e0 des organes \u00e9trangers aux autorit\u00e9s sovi\u00e9tiques :\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Ci\u003ELes responsabilit\u00e9s pr\u00e9vues par les articles pr\u00e9c\u00e9dents seront fix\u00e9es par une Commission de la dette russe et par des Tribunaux Arbitraux Mixtes \u00e0 cr\u00e9er.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'annexe 1 pr\u00e9cisait la composition de la Commission de la dette russe et ses comp\u00e9tences. Le gouvernement sovi\u00e9tique serait clairement en minorit\u00e9 dans la Commission :\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab \u003Ci\u003EAnnexe I.\u003Cbr \/\u003E\nCommission de la dette russe.\u003Cbr \/\u003E\n1. Il sera constitu\u00e9 une Commission de la dette russe, compos\u00e9e de membres nomm\u00e9s par le Gouvernement russe, de membres nomm\u00e9s par les autres Puissances, et d'un Pr\u00e9sident ind\u00e9pendant, qui sera choisi d'accord entre les autres membres et en dehors d'eux, ou qui, \u00e0 d\u00e9faut d'accord, sera d\u00e9sign\u00e9 par la Soci\u00e9t\u00e9 des Nations, s'exprimant, par exemple, par son Conseil ou par la Cour de Justice Internationale.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa commission aura le pouvoir d'\u00e9mettre de la nouvelle dette russe pour payer les anciennes dettes tsaristes et pour indemniser les capitalistes \u00e9trangers dans les entreprises ayant \u00e9t\u00e9 nationalis\u00e9es :\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Ci\u003ELa Commission aura les attributions ci-apr\u00e8s : a) r\u00e9gler la constitution et la proc\u00e9dure des Tribunaux Arbitraux Mixtes, qui doivent \u00eatre institu\u00e9s conform\u00e9ment aux dispositions de l'Annexe II, et donner toutes instructions n\u00e9cessaires en vue d'assurer l'unit\u00e9 de leur jurisprudence ; (...)\u003Cbr \/\u003E\nd\u00e9livrer les nouvelles obligations russes, en conformit\u00e9 avec les dispositions de l'Annexe II, aux personnes qui y ont droit en vertu des d\u00e9cisions des Tribunaux Arbitraux Mixtes : aux porteurs de titres d'\u00c9tat anciens ou autres titres ou valeurs, en \u00e9change desquels les nouvelles obligations russes doivent \u00eatre remises ; aux personnes y ayant droit \u00e0 titre de consolidation d'int\u00e9r\u00eats et de remboursement de capital.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa commission domin\u00e9e par les cr\u00e9anciers devait avoir des pouvoirs exorbitants allant jusqu'\u00e0 d\u00e9terminer quelles ressources de la Russie devraient \u00eatre utilis\u00e9es pour rembourser la dette :\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Ci\u003ED\u00e9terminer, s'il y a lieu, dans l'ensemble des ressources de la Russie celles qui devront \u00eatre sp\u00e9cialement affect\u00e9es au service de la dette ; par exemple, un pr\u00e9l\u00e8vement sur certains imp\u00f4ts ou sur les redevances ou taxes frappant les entreprises en Russie. Contr\u00f4ler, le cas \u00e9ch\u00e9ant, si la Commission le juge n\u00e9cessaire, la perception de tout ou partie de ces ressources affect\u00e9es, et en g\u00e9rer le produit.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour les puissances invitantes, il s'agissait de faire accepter \u00e0 la Russie sovi\u00e9tique une institution de tutelle b\u00e2tie sur le mod\u00e8le de ce qui avait \u00e9t\u00e9 impos\u00e9 \u00e0 la Tunisie, \u00e0 l'\u00c9gypte, \u00e0 l'Empire ottoman et \u00e0 la Gr\u00e8ce au cours de la seconde moiti\u00e9 du 19\u003Csup\u003Ee\u003C\/sup\u003E si\u00e8cle [\u003Ca href=\"#nb38\" id=\"nh38\"\u003E38\u003C\/a\u003E]. Cela ressemble \u00e9galement fortement \u00e0 ce qui a \u00e9t\u00e9 impos\u00e9 \u00e0 la Gr\u00e8ce \u00e0 partir de 2010.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'annexe III donnait les pleins pouvoirs en ce qui concerne l'\u00e9mission de la dette russe \u00e0 la Commission de la dette dans laquelle les autorit\u00e9s sovi\u00e9tiques \u00e9taient marginalis\u00e9es :\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Ci\u003EToutes les indemnit\u00e9s p\u00e9cuniaires accord\u00e9es \u00e0 la suite de r\u00e9clamations formul\u00e9es contre le Gouvernement sovi\u00e9tique seront r\u00e9gl\u00e9es par la remise de nouvelles obligations russes pour le montant fix\u00e9 par les Tribunaux Arbitraux Mixtes. Les conditions dans lesquelles ces obligations seront remises, ainsi que toutes autres questions naissant de la conversion des anciens titres, et des op\u00e9rations concernant les nouvelles \u00e9missions, seront d\u00e9termin\u00e9es par la Commission de la dette russe.\u003Cbr \/\u003E\n2. Les obligations produiront un int\u00e9r\u00eat, dont le taux sera fix\u00e9 par la Commission de la dette russe.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAlors que le gouvernement sovi\u00e9tique avait dit tr\u00e8s clairement qu'il refusait de payer les dettes contract\u00e9es apr\u00e8s le 1\u003Csup\u003Eer\u003C\/sup\u003E ao\u00fbt 1914 pour mener la guerre, le texte de l'annexe III affirmait \u00ab \u003Ci\u003Een raison de la situation \u00e9conomique tr\u00e8s grave dans laquelle se trouve la Russie, lesdits Gouvernements cr\u00e9anciers sont pr\u00eats \u00e0 abaisser le montant des dettes de guerre que la Russie a contract\u00e9es envers eux\u003C\/i\u003E \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/cadtm.org\/spip.php?page=pdfjs&id_document=16686\"\u003Ehttp:\/\/cadtm.org\/spip.php?page=pdfjs&id_document=16686\u003C\/a\u003E \u003Ca href=\"http:\/\/cadtm.org\/spip.php?page=document&id_document=0\"\u003Ehttp:\/\/cadtm.org\/spip.php?page=document&id_document=0\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E9. La contre attaque sovi\u00e9tique : le trait\u00e9 de Rapallo de 1922\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003ECe texte qui constituait un v\u00e9ritable acte de provocation de la part des puissances occidentales amena la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique \u00e0 contacter dans les heures qui suivirent la d\u00e9l\u00e9gation allemande qui \u00e9tait tenue un peu \u00e0 l'\u00e9gard de la conf\u00e9rence par Paris et Londres. Ces capitales esp\u00e9raient convaincre les Russes sovi\u00e9tiques de faire les conditions mentionn\u00e9es plus haut ou, en tout cas, une partie d'entre elles pour, ensuite, n\u00e9gocier avec les Allemands dans une situation favorable. La question russe \u00e9tait clairement prioritaire.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EJoff\u00e9, un des responsables de la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique, t\u00e9l\u00e9phona aux Allemands \u00e0 1 heure du matin du dimanche de P\u00e2ques 16 avril 1922 pour leur proposer de se rencontrer imm\u00e9diatement afin d'essayer d'arriver \u00e0 un accord bilat\u00e9ral. Le biographe de Walther Rathenau, le ministre allemand de l'\u00e9conomie, raconte que les membres de la d\u00e9l\u00e9gation allemande se r\u00e9unirent en pyjama dans la chambre d'h\u00f4tel de Rathenau pour d\u00e9cider s'ils acceptaient l'invitation sovi\u00e9tique. Ils accept\u00e8rent et quatorze heures plus tard, le dimanche 16 avril 1922 \u00e0 17h00, le Trait\u00e9 de Rapallo \u00e9tait sign\u00e9 entre l'Allemagne et la Russie sovi\u00e9tique [\u003Ca href=\"#nb39\" id=\"nh39\"\u003E39\u003C\/a\u003E]. Ce trait\u00e9 comportait la renonciation mutuelle \u00e0 toute exigence d'ordre financier, y compris les r\u00e9clamations allemandes touchant aux d\u00e9crets sovi\u00e9tiques de nationalisation \u00ab \u00e0 condition que le Gouvernement de la R. S. F. S. R. ne donne pas satisfaction aux r\u00e9clamations similaires introduites par d'autres \u00c9tats \u00bb [\u003Ca href=\"#nb40\" id=\"nh40\"\u003E40\u003C\/a\u003E]. Il faut souligner que la Russie sovi\u00e9tique \u00e9tait en cela coh\u00e9rente avec la position que le gouvernement sovi\u00e9tique avait adopt\u00e9e en mati\u00e8re de proposition de paix d\u00e8s le lendemain de la r\u00e9volution : une paix sans annexion et sans r\u00e9parations. Rappelons que l'Empire allemand avait impos\u00e9 \u00e0 la Russie en mars 1918 des conditions draconiennes, lors du trait\u00e9 de Brest-Litovsk, en annexant des territoires russes et en exigeant une ran\u00e7on de guerre tr\u00e8s lourde. Ensuite ce trait\u00e9 avait \u00e9t\u00e9 annul\u00e9 en juin 1919 par celui de Versailles par lequel les puissances occidentales imposaient \u00e0 la R\u00e9publique d'Allemagne une amputation de son territoire et de lourdes r\u00e9parations. De son c\u00f4t\u00e9, par le trait\u00e9 de Rapallo, la Russie sovi\u00e9tique signait un accord de paix qui contenait un renoncement mutuel \u00e0 des r\u00e9parations et ce, alors que l'article 116 du Trait\u00e9 de Versailles donnait le droit \u00e0 la Russie d'obtenir des indemnit\u00e9s financi\u00e8res de la part de l'Allemagne. Cette d\u00e9marche de la Russie sovi\u00e9tique \u00e9tait \u00e9galement coh\u00e9rente avec les trait\u00e9s qu'elles avaient sign\u00e9s en 1920-1921 avec les r\u00e9publiques baltes et avec la Pologne.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EUne autre clause du Trait\u00e9 de Rapallo pr\u00e9voyait que l'Allemagne financerait la cr\u00e9ation d'entreprises mixtes destin\u00e9es \u00e0 renforcer le commerce entre les deux pays.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn r\u00e9sum\u00e9, le trait\u00e9 de Rapallo sign\u00e9 \u00e0 l'initiative de la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique constitua une riposte ferme \u00e0 l'attitude tr\u00e8s agressive et dominatrice des puissances occidentales.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEnsuite, la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique prit le temps de communiquer sa r\u00e9ponse officielle aux puissances occidentales en r\u00e9action aux exigences formul\u00e9es le 15 avril par celles-ci.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168868_3ece16.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003ELe Petit Journal du 20 avril 1922\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E10. \u00c0 G\u00eanes (1922), les contre-propositions sovi\u00e9tiques face aux impositions des puissances cr\u00e9anci\u00e8res\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003ELe 20 avril 1922, Tchitcherine communiqua la r\u00e9ponse sovi\u00e9tique aux propositions occidentales divulgu\u00e9es le 15 avril.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa r\u00e9ponse indiquait que : \u00ab \u003Ci\u003ELa D\u00e9l\u00e9gation russe reste d'avis que la situation \u00e9conomique actuelle de la Russie et les circonstances qui l'ont amen\u00e9e justifient amplement, pour la Russie, sa lib\u00e9ration totale de toutes ses obligations cit\u00e9es dans les propositions susmentionn\u00e9es, par suite de la reconnaissance de ses contre-r\u00e9clamations.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb41\" id=\"nh41\"\u003E41\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMalgr\u00e9 son d\u00e9saccord avec les exigences exorbitantes des puissances occidentales, la d\u00e9l\u00e9gation russe se disait cependant pr\u00eate \u00e0 faire des concessions concernant la dette contract\u00e9e par le tsar avant l'entr\u00e9e en guerre le 1\u003Csup\u003Eer\u003C\/sup\u003E ao\u00fbt 1914. Elle avan\u00e7ait toute une s\u00e9rie de propositions.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EElle s'engageait, en cas d'accord, \u00e0 commencer le paiement de la dette trente ans plus tard : \u00ab \u003Ci\u003ELa reprise des versements d\u00e9coulant des engagements financiers accept\u00e9s par le Gouvernement de Russie (...), y compris le paiement des int\u00e9r\u00eats, commencera apr\u00e8s une p\u00e9riode de 30 ans \u00e9coul\u00e9s \u00e0 dater du jour de la signature du pr\u00e9sent accord.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb42\" id=\"nh42\"\u003E42\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa d\u00e9l\u00e9gation russe disait qu'elle ne signerait un accord avec les autres gouvernements que si ceux-ci reconnaissaient pleinement le gouvernement sovi\u00e9tique et si des cr\u00e9dits d'\u00c9tat \u00e0 \u00c9tat \u00e9taient accord\u00e9s par ceux-ci, non pas pour l'aider \u00e0 rembourser sa dette mais pour lui permettre de reconstruire son \u00e9conomie. Concr\u00e8tement, cela signifiait que le gouvernement sovi\u00e9tique demandait d'abord \u00e0 recevoir de l'argent frais de mani\u00e8re \u00e0 relancer l'\u00e9conomie du pays, ce qui permettrait apr\u00e8s un d\u00e9lai de trente ans de commencer le remboursement d'une partie de la dette contract\u00e9e par le r\u00e9gime tsariste avant le 1\u003Csup\u003Eer\u003C\/sup\u003E ao\u00fbt 1914.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELes contre propositions occidentales sur la dette russe\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe 2 mai 1922, les puissances invitantes firent de nouvelles propositions \u00e0 la d\u00e9l\u00e9gation russe mais, bien que sur certains points elles faisaient de petites concessions (notamment en proposant un d\u00e9lai de 5 ans avant la reprise du paiement de la dette), elles introduisirent de nouvelles conditions inacceptables notamment sur le plan politique. La Clause 1 pr\u00e9cisait que \u00ab \u003Ci\u003Etoutes les Nations devraient s'engager \u00e0 s'abstenir de toute propagande subversive de l'ordre et du syst\u00e8me politique \u00e9tablis dans d'autres pays, le Gouvernement Sovi\u00e9tique russe n'interviendra en aucune mani\u00e8re dans les affaires int\u00e9rieures et s'abstiendra de tout acte susceptible de troubler le statu quo territorial et politique dans d'autres \u00c9tats.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECela signifiait notamment que le gouvernement sovi\u00e9tique devait renoncer \u00e0 appeler les peuples coloniaux \u00e0 faire respecter leur droit \u00e0 l'autod\u00e9termination. Concr\u00e8tement, il aurait \u00e0 s'interdire de soutenir l'ind\u00e9pendance des colonies comme l'Inde, les colonies africaines des diff\u00e9rents empires, en particulier les empires britannique et fran\u00e7ais. Il aurait fallu aussi que le gouvernement sovi\u00e9tique n'apporte plus son soutien \u00e0 des gr\u00e8ves et \u00e0 d'autres formes de luttes dans les autres pays.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa Clause 1 ajoutait : \u00ab \u003Ci\u003EIl supprimera \u00e9galement sur son territoire toute tentative d'aider des mouvements r\u00e9volutionnaires dans d'autres \u00c9tats.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb43\" id=\"nh43\"\u003E43\u003C\/a\u003E] Pratiquement cela signifiait ne plus apporter son soutien \u00e0 l'Internationale communiste (connue \u00e9galement comme la Troisi\u00e8me Internationale) qui avait \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9e en 1919 et avait son si\u00e8ge \u00e0 Moscou.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn mati\u00e8re de dette, la clause 2 r\u00e9affirmait la position des puissances occidentales : \u00ab \u003Ci\u003Ele Gouvernement Sovi\u00e9tique russe reconna\u00eet toutes les dettes et obligations publiques, qui ont \u00e9t\u00e9 contract\u00e9es ou garanties par le Gouvernement Imp\u00e9rial Russe ou par le Gouvernement provisoire russe ou par lui-m\u00eame vis-\u00e0-vis des Puissances \u00e9trang\u00e8res.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe point 2 de la clause 2 refusait la demande sovi\u00e9tique qui consistait \u00e0 faire valoir son droit \u00e0 des indemnit\u00e9s pour les pertes mat\u00e9rielles et humaines caus\u00e9es \u00e0 la Russie par l'agression \u00e0 laquelle les puissances \u00e9trang\u00e8res s'\u00e9taient livr\u00e9es pendant et apr\u00e8s la r\u00e9volution. Le texte disait : \u00ab \u003Ci\u003ELes Alli\u00e9s ne peuvent pas admettre la responsabilit\u00e9 invoqu\u00e9e contre eux par le Gouvernement Sovi\u00e9tique russe, pour les pertes et dommages subis pendant la r\u00e9volution en Russie depuis la guerre\u003C\/i\u003E \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa clause 6 exigeait la mise en place d'une commission arbitrale internationale dans laquelle la Russie serait minoritaire \u00ab \u003Ci\u003ECette Commission sera compos\u00e9e d'un membre nomm\u00e9 par le Gouvernement Sovi\u00e9tique russe, d'un membre nomm\u00e9 par les porteurs \u00e9trangers, de deux membres et d'un Pr\u00e9sident, lesquels seront nomm\u00e9s par le Pr\u00e9sident de la Cour Supr\u00eame des \u00c9tats-Unis ou, \u00e0 son d\u00e9faut, par le Conseil de la Soci\u00e9t\u00e9 des Nations ou le Pr\u00e9sident de la Cour Permanente Internationale de Justice de La Haye. Cette Commission d\u00e9cidera toutes questions concernant une remise d'int\u00e9r\u00eats ainsi que les modes de paiement du capital et des int\u00e9r\u00eats, en tenant compte de la situation \u00e9conomique et financi\u00e8re de la Russie.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EEn r\u00e9sum\u00e9, les puissances invitantes rempla\u00e7aient la commission de la dette russe propos\u00e9e par eux le 15 avril par une commission arbitrale disposant de pouvoirs tr\u00e8s \u00e9tendus et dans laquelle la Russie serait minoritaire.\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa r\u00e9ponse sovi\u00e9tique r\u00e9affirme le droit \u00e0 la r\u00e9pudiation des dettes\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003EGueorgui Vassilievitch Tchitcherine en 1925.\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ELe 11 mai 1922, la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique communiqua une r\u00e9ponse qui allait ent\u00e9riner l'\u00e9chec des n\u00e9gociations de G\u00eanes et qui r\u00e9affirmait avec force le droit \u00e0 la r\u00e9pudiation des dettes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETchitcherine affirma que \u00ab \u003Ci\u003Eplus d'un parmi les \u00c9tats pr\u00e9sents \u00e0 la Conf\u00e9rence de G\u00eanes a r\u00e9pudi\u00e9 dans le pass\u00e9 des dettes et des obligations contract\u00e9es par lui, plus d'un \u00c9tat a confisqu\u00e9 et s\u00e9questr\u00e9 des biens de ressortissants \u00e9trangers ou de ses propres ressortissants sans que pour cela ils aient \u00e9t\u00e9 l'objet de l'ostracisme appliqu\u00e9 \u00e0 la Russie des Soviets.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETchitcherine souligne qu'un changement de r\u00e9gime par la voie d'une r\u00e9volution entra\u00eene la rupture des obligations prises par le r\u00e9gime ant\u00e9rieur. \u00ab \u003Ci\u003EIl n'appartient pas \u00e0 la D\u00e9l\u00e9gation Russe de l\u00e9gitimer ce grand acte du peuple russe devant une assembl\u00e9e de puissances dont beaucoup comptent dans leur histoire plus d'une r\u00e9volution ; mais la D\u00e9l\u00e9gation russe est oblig\u00e9e de rappeler ce principe de droit que les r\u00e9volutions, qui sont une rupture violente avec le pass\u00e9 apportent avec elles de nouveaux rapports juridiques dans les relations ext\u00e9rieures et int\u00e9rieures des \u00c9tats.\u003Cbr \/\u003E\nLes gouvernements et les r\u00e9gimes sortis de la r\u00e9volution ne sont pas tenus \u00e0 respecter les obligations des gouvernements d\u00e9chus.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa souverainet\u00e9 des peuples n'est pas li\u00e9e par les trait\u00e9s des tyrans\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETchitcherine poursuit : \u00ab \u003Ci\u003ELa Convention fran\u00e7aise, dont la France se r\u00e9clame comme son h\u00e9riti\u00e8re l\u00e9gitime, a proclam\u00e9 le 22 septembre 1792 que la \u00ab souverainet\u00e9 des peuples n'est pas li\u00e9e par les trait\u00e9s des tyrans \u00bb. Se conformant \u00e0 cette d\u00e9claration, la France r\u00e9volutionnaire non seulement a d\u00e9chir\u00e9 les trait\u00e9s politiques de l'ancien r\u00e9gime avec l'\u00e9tranger, mais encore a r\u00e9pudi\u00e9 sa dette d'\u00c9tat. Elle n'a consenti \u00e0 en payer, et cela pour des motifs d'opportunit\u00e9 politique, qu'un tiers. C'est le \u00ab tiers consolid\u00e9 \u00bb, dont les int\u00e9r\u00eats n'ont commenc\u00e9 \u00e0 \u00eatre r\u00e9guli\u00e8rement vers\u00e9s qu'au d\u00e9but du XIX si\u00e8cle. Cette pratique, \u00e9rig\u00e9e en doctrine par des hommes de loi \u00e9minents, a \u00e9t\u00e9 suivie presque constamment par les gouvernements issus d'une r\u00e9volution ou d'une guerre de lib\u00e9ration. Les \u00c9tats-Unis ont r\u00e9pudi\u00e9 les trait\u00e9s de leurs pr\u00e9d\u00e9cesseurs, l'Angleterre et l'Espagne.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb44\" id=\"nh44\"\u003E44\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETchitcherine, sur la base de pr\u00e9c\u00e9dents historiques soutient que la Russie sovi\u00e9tique avait le droit de proc\u00e9der \u00e0 des nationalisations de biens \u00e9trangers sur son territoire : \u00ab \u003Ci\u003ED'autre part les gouvernements des \u00c9tats vainqueurs, pendant la guerre et surtout lors de la conclusion des trait\u00e9s de paix, n'ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 saisir les biens des ressortissants des \u00c9tats vaincus situ\u00e9s sur leur territoire et m\u00eame sur les territoires \u00e9trangers.\u003Cbr \/\u003E\nConform\u00e9ment aux pr\u00e9c\u00e9dents, la Russie ne peut pas \u00eatre oblig\u00e9e d'assumer une responsabilit\u00e9 quelconque vis-\u00e0-vis des puissances \u00e9trang\u00e8res et de leurs ressortissants pour l'annulation des dettes publiques et pour la nationalisation des biens priv\u00e9s.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EFace \u00e0 la demande d'indemnit\u00e9s avanc\u00e9es par les puissances occidentales, Tchitcherine r\u00e9torque : \u00ab \u003Ci\u003EAutre question de droit : le Gouvernement russe est-il responsable des dommages caus\u00e9s aux biens, droits et int\u00e9r\u00eats des ressortissants \u00e9trangers du fait de la guerre civile, en dehors de ceux qui leur ont \u00e9t\u00e9 caus\u00e9s par les actes m\u00eames de ce Gouvernement, c'est-\u00e0-dire de l'annulation des dettes et de la nationalisation des biens ? Ici encore la doctrine juridique est toute en faveur du Gouvernement russe. La r\u00e9volution, de m\u00eame que tous les grands mouvements populaires, \u00e9tant assimil\u00e9e aux forces majeures, ne conf\u00e8re \u00e0 ceux qui en ont souffert aucun titre \u00e0 l'indemnisation. Quand les citoyens \u00e9trangers, appuy\u00e9s par leurs gouvernements, demand\u00e8rent au gouvernement du tsar le remboursement des pertes qui leur avaient \u00e9t\u00e9 caus\u00e9es par les \u00e9v\u00e9nements r\u00e9volutionnaires de 1905-1906, ce dernier repoussa leurs demandes en motivant son refus par la consid\u00e9ration que, n'ayant pas accord\u00e9 de dommages-int\u00e9r\u00eats \u00e0 ses propres sujets pour des faits analogues, il ne pouvait pas placer les \u00e9trangers dans une position privil\u00e9gi\u00e9e.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETchitcherine conclut cette partie de son argumentation par : \u00ab \u003Ci\u003EAinsi donc au point de vue du droit la Russie n'est nullement tenue \u00e0 payer les dettes du pass\u00e9, \u00e0 restituer les biens ou \u00e0 indemniser leurs anciens propri\u00e9taires, non plus qu'\u00e0 payer des indemnit\u00e9s pour les autres dommages subis par les ressortissants \u00e9trangers soit du fait de la l\u00e9gislation que la Russie dans l'exercice de sa souverainet\u00e9 s'est dot\u00e9e, soit du fait des \u00e9v\u00e9nements r\u00e9volutionnaires.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEnsuite le responsable de la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique r\u00e9affirme la disposition de la Russie sovi\u00e9tique \u00e0 faire des concessions de mani\u00e8re volontaire afin de tenter d'arriver \u00e0 un accord.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Ci\u003EPourtant, dans un esprit de conciliation et pour arriver \u00e0 une entente avec toutes les puissances, la Russie a accept\u00e9\u003C\/i\u003E \u00bb de reconna\u00eetre une partie de la dette.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETchitcherine montre sa ma\u00eetrise des jurisprudences en affirmant \u00ab \u003Ci\u003ELa pratique et la doctrine sont d'accord pour imposer la responsabilit\u00e9 des dommages caus\u00e9s par l'intervention et le blocus aux gouvernements qui en sont les auteurs.\u003Cbr \/\u003E\nPour ne pas citer d'autres cas, nous nous contenterons de rappeler la d\u00e9cision de la Cour Arbitrale de Gen\u00e8ve du 14 septembre 1872 condamnant la Grande-Bretagne \u00e0 payer aux \u00c9tats-Unis 15 millions de dollars pour les dommages caus\u00e9s \u00e0 ces derniers par le corsaire Alabama City qui, dans la guerre civile entre les \u00c9tats du Nord et les \u00c9tats du Sud, avait aid\u00e9 ces derniers.\u003Cbr \/\u003E\nL'intervention et le blocus des alli\u00e9s et des neutres contre la Russie constituaient de la part de ces derniers des actes de guerre officiels. Les documents publi\u00e9s \u00e0 l'annexe II du premier M\u00e9morandum russe prouvent avec \u00e9vidence que les chefs des arm\u00e9es contre-r\u00e9volutionnaires n'\u00e9taient tels qu'en apparence et que leurs v\u00e9ritables commandants \u00e9taient les g\u00e9n\u00e9raux \u00e9trangers envoy\u00e9s sp\u00e9cialement \u00e0 cet effet par certaines puissances.\u003Cbr \/\u003E\nCes puissances ont pris non seulement une part directe \u00e0 la guerre civile, mais en sont les auteurs.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans un document annexe fournit par la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique, celle-ci d\u00e9veloppe le raisonnement suivant : \u00ab \u003Ci\u003ELes dettes d'avant-guerre faites par la Russie \u00e0 l'\u00e9tranger sont plus que compens\u00e9es par les dommages \u00e9normes et durables caus\u00e9s \u00e0 notre richesse nationale par l'intervention, le blocus et la guerre civile, organis\u00e9s par les Alli\u00e9s. (...) Mais ce qui a \u00e9t\u00e9 fait d'une main (emprunts d'avant-guerre) a \u00e9t\u00e9 d\u00e9truit de l'autre (interventions, blocus, guerre civile). C'est pourquoi la seule mesure \u00e9quitable serait de consid\u00e9rer les dettes d'avant-guerre comme amorties par les dommages caus\u00e9s et d'ouvrir une \u00e8re nouvelle de relations financi\u00e8res.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb45\" id=\"nh45\"\u003E45\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETchitcherine r\u00e9affirme que la Russie est pr\u00eate \u00e0 faire des concessions si on lui accorde des cr\u00e9dits r\u00e9els : \u00ab \u003Ci\u003Edans son d\u00e9sir d'obtenir un accord pratique, la D\u00e9l\u00e9gation russe, (...), est entr\u00e9e dans la voie de plus amples concessions et s'est d\u00e9clar\u00e9e dispos\u00e9e \u00e0 renoncer conditionnellement \u00e0 ses contre-pr\u00e9tentions et \u00e0 accepter les engagements des gouvernements d\u00e9chus en \u00e9change d'une s\u00e9rie de concessions de la part des puissances, dont la plus importante est la mise \u00e0 la disposition du Gouvernement russe de cr\u00e9dits r\u00e9els se montant \u00e0 une somme pr\u00e9alablement d\u00e9termin\u00e9e. Malheureusement cet engagement des puissances n'a pas \u00e9t\u00e9 tenu\u003C\/i\u003E. \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe responsable de la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique rejette la pr\u00e9tention des puissances invitantes \u00e0 r\u00e9clamer de la Russie qu'elle rembourse les cr\u00e9dits octroy\u00e9s au tsar et au gouvernement provisoire pour poursuivre une guerre que le peuple rejetait : \u00ab \u003Ci\u003EDe m\u00eame le M\u00e9morandum repose tout enti\u00e8re la question des dettes de guerre, dont l'annulation \u00e9tait une des conditions de la renonciation de la Russie \u00e0 ses contre-pr\u00e9tentions\u003C\/i\u003E \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EConcernant la volont\u00e9 des puissances invitantes d'imposer \u00e0 la Russie une commission internationale d'arbitrage, Tchitcherine r\u00e9pond que si cette commission est institu\u00e9e : \u00ab \u003Ci\u003ELa souverainet\u00e9 de l'\u00c9tat russe devient le jeu du hasard. Elle peut \u00eatre mise en \u00e9chec par les d\u00e9cisions d'un tribunal arbitral mixte compos\u00e9 de quatre \u00e9trangers et un Russe qui d\u00e9cident en dernier lieu si les int\u00e9r\u00eats des \u00e9trangers doivent \u00eatre restaur\u00e9s, restitu\u00e9s ou indemnis\u00e9s.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEnfin Tchitcherine d\u00e9nonce le fait que des puissances comme la France exigent bec et ongles que la Russie sovi\u00e9tique indemnise quelques capitalistes sans prendre en consid\u00e9ration la masse de petits porteurs de titres russes que la Russie serait pr\u00eate \u00e0 indemniser : \u00ab \u003Ci\u003Ela D\u00e9l\u00e9gation russe constate que les \u00c9tats int\u00e9ress\u00e9s, en r\u00e9servant toute leur sollicitude pour un groupe restreint de capitalistes \u00e9trangers et en faisant preuve d'une intransigeance doctrinaire inexplicable, ont sacrifi\u00e9 les int\u00e9r\u00eats (...) de la foule des petits porteurs d'emprunts russes et des petits propri\u00e9taires \u00e9trangers dont les biens ont \u00e9t\u00e9 nationalis\u00e9s ou s\u00e9questr\u00e9s, et que le Gouvernement russe avait l'intention de comprendre parmi les r\u00e9clamants dont il reconnaissait la justice et le bien-fond\u00e9. La D\u00e9l\u00e9gation russe ne peut s'emp\u00eacher d'exprimer sa surprise que des puissances comme la France, qui poss\u00e8de la majorit\u00e9 des petits porteurs d'emprunts russes, aient montr\u00e9 le plus d'insistance pour la restitution des biens, en subordonnant les int\u00e9r\u00eats des petits porteurs d'emprunts russes \u00e0 ceux de quelques groupes exigeant la restitution des biens\u003C\/i\u003E \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETchitcherine conclut sur la responsabilit\u00e9 des puissances invitantes dans l'\u00e9chec de la n\u00e9gociation : il affirme que pour qu'un accord soit atteint il aurait fallu que \u00ab \u003Ci\u003Eles puissances \u00e9trang\u00e8res ayant organis\u00e9 l'intervention arm\u00e9e en Russie renoncent \u00e0 parler \u00e0 la Russie le langage d'un vainqueur avec un vaincu, la Russie n'ayant pas \u00e9t\u00e9 vaincue. Le seul langage qui aurait pu aboutir \u00e0 un accord commun \u00e9tait celui que tiennent l'un vis-\u00e0-vis de l'autre des \u00c9tats contractants sur un pied d'\u00e9galit\u00e9. (...)\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes masses populaires de Russie ne sauraient accepter un accord dans lequel les concessions n'auraient pas leur contre-partie dans des avantages r\u00e9els. \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E11. Dette : Lloyd George versus les soviets\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn s\u00e9ance pl\u00e9ni\u00e8re, Lloyd George fit une r\u00e9ponse qui en dit long :\u003Cbr \/\u003E\n\u00ab \u003Ci\u003ELa Russie peut d'une mani\u00e8re abondante obtenir des secours, mais si elle veut les obtenir, il ne faut pas qu'elle s'y prenne de cette fa\u00e7on, et qu'elle ait en quelque sorte l'air de faire expr\u00e8s de provoquer et d'outrager les sentiments, appelez les pr\u00e9jug\u00e9s, les sentiments de la vaste majorit\u00e9 des gens (...)\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003EJ'ai parl\u00e9 de pr\u00e9jug\u00e9s. Je vais vous en citer deux ou trois, puisqu'ils ont \u00e9t\u00e9 foul\u00e9s aux pieds dans votre m\u00e9morandum du 11 mai. En Europe occidentale, lorsqu'un homme vend des marchandises \u00e0 un autre, il a un pr\u00e9jug\u00e9 curieux : il aime \u00e0 \u00eatre pay\u00e9. Un autre pr\u00e9jug\u00e9 est celui-ci : si un homme pr\u00eate de l'argent \u00e0 son voisin, sur sa demande, contre promesse de remboursement, il s'attend \u00e0 ce qu'on le rembourse. Voil\u00e0 encore un autre pr\u00e9jug\u00e9 : si ce voisin vient le trouver et lui demande encore des secours, naturellement le premier lui demande :\u003C\/i\u003E \u00ab Est-ce bien dans votre intention de me rembourser ? Remboursez d'abord ce que je vous ai pr\u00eat\u00e9 \u00bb. \u003Ci\u003ESi \u00e0 cela l'emprunteur r\u00e9pond :\u003C\/i\u003E \u00ab Mes principes ne me permettent pas de payer \u00bb, \u003Ci\u003Esi \u00e9trange que cela puisse para\u00eetre \u00e0 la D\u00e9l\u00e9gation russe, cet occidental est tellement plein de pr\u00e9jug\u00e9s que, tr\u00e8s probablement, il ne voudra pas pr\u00eater de nouvelles sommes d'argent. Ce n'est pas une question de principe - je sais ce que sont les principes r\u00e9volutionnaires - mais en dehors de la Russie, qu'est-ce vous voulez, il y a de dr\u00f4les de gens, avec de dr\u00f4les d'id\u00e9es ! Et si vous voulez avoir affaire \u00e0 nous, il faut nous prendre comme nous sommes. Ce sont l\u00e0 des id\u00e9es que nous avons en quelque sorte suc\u00e9es avec le lait, que nous avons h\u00e9rit\u00e9es de g\u00e9n\u00e9rations d'anc\u00eatres honn\u00eates et laborieux, et ici je d\u00e9sire avertir la d\u00e9l\u00e9gation russe qu'il ne faut pas qu'elle s'attende, dans cette route que nous allons prendre ensemble vers la paix finale, \u00e0 ce que nous laissions tomber froidement nos pr\u00e9jug\u00e9s sur le bord de la route. Ces pr\u00e9jug\u00e9s, ces id\u00e9es, elles plongent leurs racines profond\u00e9ment dans le sol de l'Europe occidentale. Il y a des milliers d'ann\u00e9es qu'elles y sont enracin\u00e9es. (...) Quand vous \u00e9crivez \u00e0 quelqu'un pour obtenir de nouvelles sommes d'argent, ce n'est pas v\u00e9ritablement le moyen de r\u00e9ussir que de consacrer la plus grande partie de votre lettre \u00e0 une savante dissertation pour justifier la doctrine de la r\u00e9pudiation des dettes. Ce n'est pas cela qui vous aidera \u00e0 obtenir des cr\u00e9dits. C'est peut-\u00eatre une doctrine tr\u00e8s s\u00fbre, mais cela n'est pas diplomatique. (...) En terminant, je voudrais vous implorer, parlant comme un homme qui a toujours \u00e9t\u00e9 en faveur de cette id\u00e9e d'aller au secours de cette noble nation, de lui demander, quand elle viendra \u00e0 La Haye, de ne plus chercher \u00e0 fouler aux pieds nos id\u00e9es d'Occident. \u00bb\u003C\/i\u003E [\u003Ca href=\"#nb46\" id=\"nh46\"\u003E46\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa r\u00e9ponse de Tchitcherine :\u003Cbr \/\u003E\nApr\u00e8s avoir d\u00e9plor\u00e9 d'avoir \u00ab \u003Ci\u003E\u00e9t\u00e9 emp\u00each\u00e9s de poser devant la Conf\u00e9rence la question du d\u00e9sarmement\u003C\/i\u003E \u00bb, il r\u00e9pond \u00e0 Lloyd George : \u00ab \u003Ci\u003EM. le Premier Ministre de la Grande Bretagne me dit que si mon voisin m'a pr\u00eat\u00e9 de l'argent, je dois le lui payer, eh bien j'y consens en l'esp\u00e8ce, cherchant la conciliation, mais alors j'ajoute que si ce voisin a fait irruption chez moi et, ayant tu\u00e9 mes fils, a bris\u00e9 mon mobilier, a br\u00fbl\u00e9 ma maison, il doit commencer au moins par me r\u00e9tablir ce qu'il a d\u00e9truit.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb47\" id=\"nh47\"\u003E47\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl faut pr\u00e9ciser \u00e9galement qu'au cours de la n\u00e9gociation sur le reste de l'agenda de la conf\u00e9rence de G\u00eanes, la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique est intervenue \u00e0 plusieurs reprises pour que des d\u00e9cisions soient prises afin d'organiser un d\u00e9sarmement g\u00e9n\u00e9ral. La France avait r\u00e9agi de mani\u00e8re violente en refusant purement et simplement que ce point soit mis en discussion. Pour le gouvernement de la France, il \u00e9tait hors de question de r\u00e9duire les d\u00e9penses d'armement. Bien s\u00fbr, cette orientation \u00e9tait \u00e0 cent lieues de celle du peuple fran\u00e7ais, mais on avait affaire \u00e0 un gouvernement de droite belliciste qui dirigeait son agressivit\u00e9 \u00e0 la fois contre l'Allemagne et contre la Russie (sans parler des peuples colonis\u00e9s). En 1921, la France avait encore essay\u00e9 de mettre sur pied une alliance avec la Roumanie (qui avait annex\u00e9 la Bessarabie, une partie du territoire de l'ancien empire russe) et la Pologne dirig\u00e9e contre la Russie sovi\u00e9tique. La France envisageait de d\u00e9clarer conjointement avec ces deux pays la guerre \u00e0 la Russie sovi\u00e9tique [\u003Ca href=\"#nb48\" id=\"nh48\"\u003E48\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPar ailleurs la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique proposait que toutes les nations soient invit\u00e9es \u00e0 la conf\u00e9rence de G\u00eanes, il fallait notamment que les peuples colonis\u00e9s puissent \u00eatre repr\u00e9sent\u00e9s directement. Les organisations ouvri\u00e8res auraient d\u00fb \u00e9galement \u00eatre invit\u00e9es. La d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique critiquait les propositions g\u00e9n\u00e9rales en mati\u00e8re \u00e9conomique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETchitcherine d\u00e9clara que \u00ab \u003Ci\u003ELe chapitre VI du Rapport de la Commission \u00e9conomique, qui a trait au travail, s'ouvre par la constatation g\u00e9n\u00e9rale de l'importance du concours des travailleurs pour la restauration \u00e9conomique de l'Europe. Cependant, nous ne trouvons point ce qui serait le plus n\u00e9cessaire aux travailleurs, nous n'y trouvons aucune mention de la l\u00e9gislation de protection ouvri\u00e8re, en dehors de la question du ch\u00f4mage ; nous n'y trouvons non plus aucune proposition concernant les coop\u00e9ratives, quoique ces derni\u00e8res soient un instrument de premier ordre pour l'am\u00e9lioration des conditions du travailleur. Il est regrettable au plus haut degr\u00e9, qu'au cours des travaux de la premi\u00e8re Sous-commission les propositions relatives aux coop\u00e9ratives aient \u00e9t\u00e9 \u00e9cart\u00e9es. Mais il y a plus encore : l'article 21, qui mentionne les conventions de la Conf\u00e9rence du travail de Washington, prive ces conventions d'une grande partie de leur importance pratique en consacrant le droit des participants \u00e0 ne pas les ratifier. Ce fait que la D\u00e9l\u00e9gation russe s'est efforc\u00e9e d'\u00e9carter, s'explique par le d\u00e9sir de certains Gouvernements, comme la Suisse, de ne pas adopter la journ\u00e9e de huit heures. La D\u00e9l\u00e9gation russe consid\u00e8re la journ\u00e9e de huit heures comme le principe fondamental du bien-\u00eatre du travailleur, et elle \u00e9l\u00e8ve une objection formelle contre la latitude explicitement donn\u00e9e aux Gouvernements de ne pas l'appliquer.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb49\" id=\"nh49\"\u003E49\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDevant l'\u00e9chec des n\u00e9gociations \u00e0 G\u00eanes, les puissances invitantes et la Russie se mirent d'accord pour se revoir un mois plus tard, \u00e0 La Haye, afin d'essayer de r\u00e9aliser un accord de la derni\u00e8re chance. Le rendez-vous eut lieu mais aboutit \u00e9galement \u00e0 un \u00e9chec le 20 juillet 1922. La France et la Belgique, soutenues cette fois dans les coulisses par Washington qui \u00e9tait absent, avaient durci encore un peu plus leur position [\u003Ca href=\"#nb50\" id=\"nh50\"\u003E50\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003Cbig\u003E12. La r\u00e9affirmation de la r\u00e9pudiation des dettes d\u00e9bouche sur un succ\u00e8s\u003C\/big\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003EAvant que ne se tienne la conf\u00e9rence de G\u00eanes, la Russie sovi\u00e9tique avait r\u00e9ussi \u00e0 signer des trait\u00e9s bilat\u00e9raux avec la Pologne, les r\u00e9publiques baltes, la Turquie, la Perse... Surtout, elle r\u00e9ussit \u00e0 signer un accord commercial avec la Grande-Bretagne. Cet accord, sign\u00e9 en 1921, avait valid\u00e9 les lois sovi\u00e9tiques de nationalisation aux yeux des tribunaux britanniques et les entreprises qui commer\u00e7aient avec la Russie ne risquaient plus d'\u00eatre inqui\u00e9t\u00e9es [\u003Ca href=\"#nb51\" id=\"nh51\"\u003E51\u003C\/a\u003E].\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPendant la conf\u00e9rence de G\u00eanes, la Russie obtint \u00e9galement un succ\u00e8s avec la signature d'un trait\u00e9 avec l'Allemagne par lequel chaque partie renon\u00e7ait \u00e0 demander des r\u00e9parations.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EOn aurait pu croire que l'\u00e9chec de la conf\u00e9rence de G\u00eanes et de celle de La Haye allait amener les puissances capitalistes \u00e0 durcir leur position \u00e0 l'\u00e9gard de Moscou. C'est le contraire qui se passa. Le gouvernement sovi\u00e9tique a manifestement bien calcul\u00e9. Les diff\u00e9rents pays capitalistes ont consid\u00e9r\u00e9 s\u00e9par\u00e9ment qu'il fallait passer des accords avec Moscou car le march\u00e9 russe offrait un important potentiel de m\u00eame que les ressources naturelles du pays. Chaque capitale, sous la pression des entreprises priv\u00e9es locales, voulut passer un accord avec Moscou afin de ne pas laisser les autres puissances profiter des possibilit\u00e9s du march\u00e9 russe.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn 1923-24, malgr\u00e9 l'\u00e9chec de la conf\u00e9rence de G\u00eanes, le Gouvernement des Soviets fut reconnu \u003Ci\u003Ede jure\u003C\/i\u003E par l'Angleterre, l'Italie, les pays scandinaves, la France, la Gr\u00e8ce, la Chine et quelques autres pays. En 1925, s'ajouta le Japon.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EParis r\u00e9duisit fortement ses exigences. En France, un d\u00e9cret du 29 juin 1920 avait cr\u00e9\u00e9 une commission sp\u00e9ciale pour la liquidation des affaires russes, qui avait pour mission de \u00ab \u003Ci\u003Eliquider et de recouvrer tous les fonds de l'ancien \u00c9tat russe, quelle que soit leur origine\u003C\/i\u003E \u00bb. Six jours avant la reconnaissance du Gouvernement des Soviets le 24 octobre 1924, le Gouvernement fran\u00e7ais supprimait cette commission. Une v\u00e9ritable victoire pour Moscou.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EQuelques mois auparavant, le gouvernement travailliste britannique avait pass\u00e9 un accord avec l'URSS par lequel les Britanniques acceptaient les r\u00e9clamations sovi\u00e9tiques pour les dommages caus\u00e9s par l'intervention britannique dans la guerre civile entre 1918 et 1920 [\u003Ca href=\"#nb52\" id=\"nh52\"\u003E52\u003C\/a\u003E]. Lloyd George avait pourtant d\u00e9clar\u00e9 \u00e0 G\u00eanes qu'il n'en \u00e9tait pas question. Le gouvernement promettait d'octroyer, sous certaines conditions, sa garantie pour l'\u00e9mission d'un emprunt sovi\u00e9tique sur le march\u00e9 financier de Londres.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDeux ans \u00e0 peine apr\u00e8s l'\u00e9chec de G\u00eanes, alors que l'URSS maintenait la r\u00e9pudiation des dettes, le gouvernement britannique s'appr\u00eatait \u00e0 donner sa garantie pour un emprunt sovi\u00e9tique ! Le dirigeant sovi\u00e9tique Kamenev pouvait \u00e9crire dans la \u003Ci\u003EPravda\u003C\/i\u003E le 24 septembre 1924 : \u00ab \u003Ci\u003ELe trait\u00e9 avec l'Angleterre est une base effective pour la reconnaissance expresse de notre nationalisation de la terre et d'entreprises, de la r\u00e9pudiation des dettes et de toutes les autres cons\u00e9quences de notre r\u00e9volution.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb53\" id=\"nh53\"\u003E53\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EFinalement, quand les Conservateurs revinrent au pouvoir quelques mois plus tard, ils refus\u00e8rent de ratifier ce trait\u00e9 mais n\u00e9anmoins une entreprise britannique importante s'engagea \u00e0 investir dans des mines d'or en renon\u00e7ant officiellement \u00e0 toute demande d'indemnit\u00e9 pour la nationalisation qu'elle avait subie en 1918.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003E\u00c0 partir de 1926, malgr\u00e9 la r\u00e9pudiation des dettes, des banques priv\u00e9es europ\u00e9ennes et des gouvernements commencent \u00e0 accorder des pr\u00eats \u00e0 l'URSS\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe 26 juin 1926, l'URSS signait un accord de cr\u00e9dit avec des banques allemandes. En mars 1927, c'est la banque \u003Ci\u003EMidland\u003C\/i\u003E de Londres qui octroya un cr\u00e9dit de 10 millions de \u00a3.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn octobre 1927, la municipalit\u00e9 de Vienne accordait un cr\u00e9dit de 100 millions de shillings. En 1929, la Norv\u00e8ge consentait un cr\u00e9dit de 20 millions de couronnes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes dirigeants r\u00e9publicains des \u00c9tats-Unis fulminaient. Le secr\u00e9taire d'\u00c9tat Kellogg a d\u00e9nonc\u00e9 l'attitude conciliante des Europ\u00e9ens, dans son discours du 14 avril 1928, devant le Comit\u00e9 national R\u00e9publicain : \u00ab \u003Ci\u003EAucun \u00c9tat n'a \u00e9t\u00e9 capable d'obtenir le paiement de dettes contract\u00e9es par la Russie sous des Gouvernements pr\u00e9c\u00e9dents, ou le d\u00e9dommagement de ses citoyens pour la propri\u00e9t\u00e9 confisqu\u00e9e. Il y a donc tout lieu de croire que la reconnaissance des Soviets et l'ouverture des n\u00e9gociations n'ont d'autre effet que d'encourager les ma\u00eetres actuels de la Russie dans leur politique de r\u00e9pudiation et de confiscation...\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb54\" id=\"nh54\"\u003E54\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EFinalement les \u00c9tats-Unis, en novembre 1933, sous la pr\u00e9sidence de F. Roosevelt reconnurent \u003Ci\u003Ede jure\u003C\/i\u003E l'URSS. Le 13 f\u00e9vrier 1934, le Gouvernement des \u00c9tats-Unis cr\u00e9ait l'\u003Ci\u003EExport and Import Bank\u003C\/i\u003E dans le but de financer le commerce avec l'Union sovi\u00e9tique. Quelques mois plus tard, la France, afin de ne pas \u00eatre exclue du march\u00e9 sovi\u00e9tique, proposa elle-m\u00eame des cr\u00e9dits \u00e0 l'URSS afin que celle-ci ach\u00e8te des produits fran\u00e7ais.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAlexander Sack, qui \u00e9tait oppos\u00e9 \u00e0 la r\u00e9pudiation des dettes et farouchement antisovi\u00e9tique, concluait son \u00e9tude sur les r\u00e9clamations diplomatiques contre les Soviets par ces quelques phrases qui indiquent clairement qu'il est tout \u00e0 fait possible de r\u00e9pudier des dettes sans pour autant \u00eatre vou\u00e9 \u00e0 l'isolement et \u00e0 la faillite, bien au contraire :\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Ci\u003EAu moment du vingti\u00e8me anniversaire du r\u00e9gime sovi\u00e9tique, les r\u00e9clamations \u00e9trang\u00e8res \u00e0 son \u00e9gard pr\u00e9sentent le tableau m\u00e9lancolique d'une p\u00e9trification, sinon d'un abandon. L'Union sovi\u00e9tique se vante d'\u00eatre actuellement un des pays les plus industrialis\u00e9s ; elle a une balance commerciale favorable ; elle occupe le deuxi\u00e8me rang dans la production de l'or dans le monde. Son Gouvernement est, \u00e0 pr\u00e9sent, universellement reconnu et des cr\u00e9dits commerciaux lui sont accord\u00e9s, pratiquement, autant qu'il en d\u00e9sire. Malgr\u00e9 cela, l'Union n'a pas reconnu, ni pay\u00e9, aucune des dettes r\u00e9sultant de ses d\u00e9crets de r\u00e9pudiation, de confiscation et de nationalisation.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb55\" id=\"nh55\"\u003E55\u003C\/a\u003E]\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_168868_a24e5a.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EConclusion\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECette \u00e9tude s'est concentr\u00e9e sur la r\u00e9pudiation des dettes par le gouvernement sovi\u00e9tique. Elle a montr\u00e9 que cette d\u00e9cision remontait \u00e0 un engagement pris lors de la r\u00e9volution de 1905. Le contexte international a \u00e9t\u00e9 analys\u00e9 : les trait\u00e9s de paix, la guerre civile, le blocus, la conf\u00e9rence de G\u00eanes et les nombreux accords de pr\u00eats qui ont suivi malgr\u00e9 la poursuite de la r\u00e9pudiation des dettes pass\u00e9es.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPar manque d'espace, je n'ai pas abord\u00e9 l'\u00e9volution du r\u00e9gime sovi\u00e9tique : l'\u00e9touffement progressif de la critique, la d\u00e9g\u00e9n\u00e9rescence bureaucratique et autoritaire du r\u00e9gime [\u003Ca href=\"#nb56\" id=\"nh56\"\u003E56\u003C\/a\u003E], les politiques catastrophiques en mati\u00e8re agricole (notamment la collectivisation forc\u00e9e sous Staline) et en mati\u00e8re industrielle, l'imposition sous Staline dans les ann\u00e9es 1930 d'un r\u00e9gime de terreur.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ctable\u003E\u003Ctbody\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003ELe sort des membres de la d\u00e9l\u00e9gation qui a repr\u00e9sent\u00e9 le gouvernement sovi\u00e9tique \u00e0 G\u00eanes illustre l'\u00e9volution dramatique du r\u00e9gime et les effets de la politique repr\u00e9sent\u00e9e par Staline. La d\u00e9l\u00e9gation \u00e9tait compos\u00e9e de : Georges Tchitcherine, Adolph Joff\u00e9, Maxime Litvinov, Christian Rakovski, Leonid Krassine. A part ce dernier qui d\u00e9c\u00e8de de maladie en 1926 \u00e0 Londres, le sort des autres est significatif. Georges Tchitcherine est entr\u00e9 en disgr\u00e2ce en 1927-1928.\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003E\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003Ctr\u003E\u003Ctd\u003EAdolph Joff\u00e9 se suicide le 16 novembre 1927, laissant une lettre d'adieu \u00e0 Trotsky, v\u00e9ritable testament politique. Son enterrement est l'une des derni\u00e8res grandes manifestations publiques \u00ab autoris\u00e9e \u00bb de l'opposition antistalinienne. Maxime Litvinov, le 3 mai 1939, est d\u00e9mis de ses fonctions dans des circonstances violentes : la Gu\u00e9p\u00e9ou encercle son minist\u00e8re, ses assistants sont battus et interrog\u00e9s. Litvinov \u00e9tant juif et ardent partisan de la s\u00e9curit\u00e9 collective, son remplacement par Molotov accro\u00eet la marge de manœuvre de Staline et facilite les n\u00e9gociations avec les Nazis. Celles-ci d\u00e9bouchent sur le pacte germano-sovi\u00e9tique en ao\u00fbt 1939 qui a eu des cons\u00e9quences funestes. Apr\u00e8s l'attaque nazie de 1941 contre l'URSS, Litvinov reprendra du service. Christian Rakovski, camarade de Trotsky d\u00e8s avant la premi\u00e8re guerre mondiale, qui s'\u00e9tait oppos\u00e9 \u00e0 la bureaucratie d\u00e8s le d\u00e9but des ann\u00e9es 1920 a \u00e9t\u00e9 ex\u00e9cut\u00e9 en 1941 par la Gu\u00e9p\u00e9ou sur ordre de Staline.\u003C\/td\u003E\u003C\/tr\u003E\u003C\/tbody\u003E\u003C\/table\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECette \u00e9volution tragique montre une fois encore qu'il ne suffit pas de r\u00e9pudier des dettes odieuses pour apporter une solution aux probl\u00e8mes multiples de la soci\u00e9t\u00e9. Il n'y a aucun doute l\u00e0-dessus. Pour que la r\u00e9pudiation des dettes soit r\u00e9ellement utile, il faut qu'elle fasse partie d'un ensemble coh\u00e9rent de mesures politiques, \u00e9conomiques, culturelles et sociales qui permettent de faire la transition vers une soci\u00e9t\u00e9 lib\u00e9r\u00e9e des diff\u00e9rentes formes d'oppression dont elle souffre depuis des mill\u00e9naires.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ER\u00e9ciproquement, pour de nombreux pays, il est tr\u00e8s difficile d'envisager de commencer une telle transition tout en pr\u00e9tendant continuer \u00e0 payer des dettes odieuses l\u00e9gu\u00e9es du pass\u00e9. Les exemples ne manquent pas dans l'histoire. Le dernier en date : la soumission de la Gr\u00e8ce aux diktats des cr\u00e9anciers depuis 2010 et les effets terribles de la capitulation en juillet 2015 d'un gouvernement qui pr\u00e9tendait poursuivre le remboursement de la dette afin d'obtenir une r\u00e9duction de celle-ci.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003E\u00c9pilogue\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn 1997, 6 ans apr\u00e8s la dissolution de l'URSS, Boris Eltsine passait un accord avec Paris pour mettre d\u00e9finitivement fin au contentieux sur les titres russes. Les 400 millions de dollars obtenus de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie en 1997-2000 par la France ne repr\u00e9sentent qu'environ 1 % des sommes r\u00e9clam\u00e9es \u00e0 la Russie sovi\u00e9tique par les porte-paroles des cr\u00e9anciers fran\u00e7ais repr\u00e9sent\u00e9 par l'\u00c9tat [\u003Ca href=\"#nb57\" id=\"nh57\"\u003E57\u003C\/a\u003E]. Il faut \u00e9galement souligner que l'accord entre la Russie et le Royaume-Uni du 15 juillet 1986 a permis l'indemnisation des porteurs britanniques pour 1,6 % de la valeur actualis\u00e9e des titres.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECe taux d'indemnisation est d\u00e9risoire et indique une fois de plus qu'un pays peut r\u00e9pudier sa dette.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn ao\u00fbt 1998, affect\u00e9e par la crise asiatique et les effets de la restauration capitaliste, la Russie a suspendu unilat\u00e9ralement le paiement de la dette pendant six semaines. La dette publique externe s'\u00e9levait \u00e0 95 milliards de dollars, dont 72 milliards de dollars \u00e0 l'\u00e9gard des banques priv\u00e9es \u00e9trang\u00e8res (30 milliards de dollars dus aux banques allemandes et 7 milliards dus aux banques fran\u00e7aises, parmi lesquelles le Cr\u00e9dit lyonnais) et le reste \u00e9tait d\u00fb principalement au Club de Paris ainsi qu'au FMI. La suspension totale de paiement suivie d'une suspension partielle au cours des ann\u00e9es suivantes a amen\u00e9 les diff\u00e9rents cr\u00e9anciers \u00e0 accepter une r\u00e9duction qui a oscill\u00e9 entre 30 et 70 % selon les cas. La Russie, qui \u00e9tait en r\u00e9cession avant de d\u00e9cr\u00e9ter la suspension de paiement a connu ensuite un taux de croissance annuel de l'ordre de 6 % (p\u00e9riode 1999-2005). Joseph Stiglitz, qui a \u00e9t\u00e9, entre 1997 et 2000, l'\u00e9conomiste en chef de la Banque mondiale, souligne : \u00ab \u003Ci\u003EEmpiriquement, il y a tr\u00e8s peu de preuves accr\u00e9ditant l'id\u00e9e qu'un d\u00e9faut de paiement entra\u00eene une longue p\u00e9riode d'exclusion d'acc\u00e8s aux march\u00e9s financiers. La Russie a pu emprunter \u00e0 nouveau sur les march\u00e9s financiers deux ans apr\u00e8s son d\u00e9faut de paiement (de 1998) qui avait \u00e9t\u00e9 d\u00e9cr\u00e9t\u00e9 unilat\u00e9ralement, sans consultation pr\u00e9alable avec les cr\u00e9anciers.... D\u00e8s lors, en pratique, la menace de voir le robinet du cr\u00e9dit ferm\u00e9 n'est pas r\u00e9elle.\u003C\/i\u003E \u00bb [\u003Ca href=\"#nb58\" id=\"nh58\"\u003E58\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EEn r\u00e9sum\u00e9 de deux phrases\u003C\/b\u003E : Il est possible de r\u00e9pudier ou de suspendre unilat\u00e9ralement le paiement de la dette et de relancer l'\u00e9conomie. Ce n'est pas une condition suffisante pour r\u00e9gler tous les probl\u00e8mes mais cela s'av\u00e8re \u00e0 la fois indispensable et utile dans certaines circonstances.\u003C\/p\u003E\u003Chr \/\u003E\u003Cb\u003ERemerciements :\u003C\/b\u003E L'auteur remercie pour leur aide, leur relecture et leurs suggestions : Pierre Gottiniaux, Nathan Legrand, Brigitte Ponet et Claude Qu\u00e9mar. L'auteur est enti\u00e8rement responsable des \u00e9ventuelles erreurs contenues dans ce travail.\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003ENotes\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh1\" id=\"nb1\"\u003E1\u003C\/a\u003E] Cet extrait du livre \u003Ci\u003EMa vie\u003C\/i\u003E est disponible en ligne : \u003Ca href=\"https:\/\/www.marxists.org\/francais\/trotsky\/livres\/mavie\/mv16.htm\"\u003Emarxists.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh2\" id=\"nb2\"\u003E2\u003C\/a\u003E] Trotsky a r\u00e9dig\u00e9 ce texte en 1930.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh3\" id=\"nb3\"\u003E3\u003C\/a\u003E] Cet extrait du livre 1905 est disponible en ligne : \u003Ca href=\"https:\/\/www.marxists.org\/francais\/trotsky\/livres\/1905\/1905.pdf\" target=\"_blank\"\u003Emarxists.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh4\" id=\"nb4\"\u003E4\u003C\/a\u003E] En 1914, on trouvait des tramways exploit\u00e9s par des entreprises belges dans 26 villes russes. Selon le ministre belge, Henri Jaspar, qui \u00e9voquait au parlement belge les int\u00e9r\u00eats de la Belgique en Russie avant-guerre : \u00ab la fonte que nous fabriquions en Russie repr\u00e9sentait 1\/3 de la production totale de fonte russe ; les poutrelles, les lamin\u00e9s, les traverses repr\u00e9sentaient 42 % de la production totale russe ; les produits chimiques fabriqu\u00e9s par les Belges en Russie repr\u00e9sentaient 75 % des produits chimiques fabriqu\u00e9s dans la Russie enti\u00e8re ; les glaces repr\u00e9sentaient 50 % de la production russe, les verres \u00e0 vitre 30 % \u00bb. Selon ce ministre, 161 entreprises belges \u00e9taient pr\u00e9sentes en Russie avant la guerre. Sources : Annales parlementaires, Chambre, 1921-1922, p. 883-884 ; s\u00e9ance du 23 mai 1922. Voir aussi Documents parlementaires, S\u00e9nat, 1928-1929, n\u00b0 88, Rapport de la Commission des Affaires \u00e9trang\u00e8res, p. 37-38. Ces documents sont cit\u00e9s par Jean Stengers, Belgique et Russie, 1917-1924 : gouvernement et opinion publique, \u003Ci\u003ERevue belge de philologie et d'histoire\u003C\/i\u003E, Ann\u00e9e 1988, Volume 66, Num\u00e9ro 2 pp. 296-328 \u003Ca href=\"http:\/\/www.persee.fr\/doc\/rbph_0035-0818_1988_num_66_2_3628\"\u003Epersee.fr\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh5\" id=\"nb5\"\u003E5\u003C\/a\u003E] J. Longuet, \u003Ci\u003ELe mouvement socialiste international\u003C\/i\u003E, Paris, 1931, p. 58.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh6\" id=\"nb6\"\u003E6\u003C\/a\u003E] Les pays les plus touch\u00e9s, outre la Russie, ont \u00e9t\u00e9 l'Empire allemand avec 2 millions de morts parmi les militaires et 420 000 civils, la France (colonies incluses) avec 1,4 million de militaires et 300 000 civils, l'Autriche-Hongrie avec 1,1 million de militaires et 470 000 civils, le Royaume-Uni (colonies incluses), 885 000 militaires et 110 000 civils, l'Empire ottoman, 800 000 militaires et 4,2 millions de civils et le Royaume de Serbie 1 250 000 victimes, dont 800 000 civils, soit un tiers de sa population. Source : \u003Cspan id=\"bt2249600\"\u003E\u003Ca onclick=\"togglebub('wiki,call__2249600_https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/Pertes*humaines*de*la*Premi%C3%A8re*Guerre*mondiale_1');\"\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-wiki2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/a\u003E\u003C\/span\u003E \u003Ca href=\"https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/Pertes_humaines_de_la_Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale\"\u003Efr.wikipedia.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh7\" id=\"nb7\"\u003E7\u003C\/a\u003E] En 1917, la Russie utilisait encore le calendrier julien, qui \u00ab retarde \u00bb d'environ 13 jours par rapport au calendrier gr\u00e9gorien qui a \u00e9t\u00e9 adopt\u00e9 en 1918 et qui correspond au calendrier occidental. Ainsi la r\u00e9volution de f\u00e9vrier 1917 a eu lieu lors de la journ\u00e9e internationale de lutte pour les droits des femmes, le 8 mars dans le calendrier actuel. De m\u00eame la r\u00e9volution d'octobre a eu lieu le 7 novembre. Dans le reste du texte, les dates correspondent au calendrier actuel (c.-\u00e0-d. gr\u00e9gorien).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh8\" id=\"nb8\"\u003E8\u003C\/a\u003E] Voir L\u00e9on Trotsky. 1930. \u003Ci\u003EHistoire de la r\u00e9volution russe, 1\u003C\/i\u003E. F\u00e9vrier. Le Seuil, 1967, Paris, chapitre 7.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh9\" id=\"nb9\"\u003E9\u003C\/a\u003E] Alexandre Fedorovitch Kerensky (1881-1970), avocat, travailliste (son parti : troudovik) a \u00e9t\u00e9 le chef du gouvernement provisoire en 1917.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh10\" id=\"nb10\"\u003E10\u003C\/a\u003E] Dan, dans Martov-Dan : \u003Ci\u003EGeschichte der russischen Sozialdemokratie\u003C\/i\u003E, Berlin 1926, pp. 300-301. Cit\u00e9 par Ernest Mandel, \u003Ci\u003EOctobre 1917 : Coup d'\u00c9tat ou r\u00e9volution sociale\u003C\/i\u003E, IIRF, Cahiers d'\u00e9tude et de recherche num\u00e9ro 17\/18, Amsterdam, 1992, p. 9. \u003Ca href=\"http:\/\/www.ernestmandel.org\/fr\/ecrits\/txt\/1992\/octobre_1917.htm\"\u003Eernestmandel.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh11\" id=\"nb11\"\u003E11\u003C\/a\u003E] Le gouvernement \u00e9tait compos\u00e9 d'une alliance entre le parti bolchevique et les socialistes r\u00e9volutionnaires de gauche.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh12\" id=\"nb12\"\u003E12\u003C\/a\u003E] EDWARD H. CARR. 1952. \u003Ci\u003ELa r\u00e9volution bolchevique, Tome 2\u003C\/i\u003E. L'ordre \u00e9conomique, \u00c9dition de Minuit, Paris, 1974, chapitre 16.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh13\" id=\"nb13\"\u003E13\u003C\/a\u003E] Thomas Woodrow Wilson, n\u00e9 \u00e0 Staunton le 28 d\u00e9cembre 1856 et mort \u00e0 Washington, D.C. le 3 f\u00e9vrier 1924, est le vingt-huiti\u00e8me pr\u00e9sident des \u00c9tats-Unis. Il est \u00e9lu pour deux mandats cons\u00e9cutifs de 1913 \u00e0 1921.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh14\" id=\"nb14\"\u003E14\u003C\/a\u003E] Voir la d\u00e9claration de W. Wilson de f\u00e9vrier 1918 \u00ab \u003Ci\u003Eevery territorial settlement in this war must be made in the interest and for the benefit of the population concerned, and not as part of any mere adjustment compromise of claims amongst rival states\u003C\/i\u003E \u00bb. Voir \u00e9galement cette d\u00e9claration de 1919 lors de la signature du pacte de cr\u00e9ation de la Soci\u00e9t\u00e9 des Nations \u00ab \u003Ci\u003EThe fundamental principle of this treaty is a principle never aknowledged before... that the countries of the world belong to the people who live in them\u003C\/i\u003E \u00bb. Ces deux citations proviennent de Odette Lienau, \u003Ci\u003ERethinking Sovereign Debt : Politics, Reputation, and Legitimacy in Modern Finance\u003C\/i\u003E, Harvard University, 2014, p. 62-63. \u003Ca href=\"http:\/\/www.hup.harvard.edu\/catalog.php?isbn=9780674725065\"\u003Ehup.harvard.edu\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh15\" id=\"nb15\"\u003E15\u003C\/a\u003E] En janvier-f\u00e9vrier 1918, le pr\u00e9sident Wilson a adopt\u00e9 une attitude publique apparemment bienveillante \u00e0 l'\u00e9gard de la Russie sovi\u00e9tique. Voir notamment le point 6 de sa d\u00e9claration en 14 points au Congr\u00e8s des EU le 8 janvier 1918 \u003Cspan id=\"bt2251730\"\u003E\u003Ca onclick=\"togglebub('wiki,call__2251730_https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/Quatorze*points*de*Wilson_1');\"\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-wiki2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/a\u003E\u003C\/span\u003E \u003Ca href=\"https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/Quatorze_points_de_Wilson\"\u003Efr.wikipedia.org\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\nMais en pratique finalement Wilson n'a pas voulu apporter d'aide aux sovi\u00e9tiques.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh16\" id=\"nb16\"\u003E16\u003C\/a\u003E] Voir EDWARD H. CARR. 1952. \u003Ci\u003ELa r\u00e9volution bolchevique, Tome 3. La Russie sovi\u00e9tique et le monde\u003C\/i\u003E, Edition de Minuit, Paris, 1974, chapitre 22. P. 24 de l'\u00e9dition fran\u00e7aise de 1974.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh17\" id=\"nb17\"\u003E17\u003C\/a\u003E] Voir notamment \u003Cspan id=\"bt2252230\"\u003E\u003Ca onclick=\"togglebub('wiki,call__2252230_https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/Intervention*alli%C3%A9e*pendant*la*guerre*civile*russe_1');\"\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-wiki2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/a\u003E\u003C\/span\u003E \u003Ca href=\"https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/Intervention_alli%C3%A9e_pendant_la_guerre_civile_russe\"\u003Efr.wikipedia.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh18\" id=\"nb18\"\u003E18\u003C\/a\u003E] C'est Lloyd George qui a rendu compte de ces pourparlers dans ses m\u00e9moires : Lloyd George, \u003Ci\u003EWar Memoirs, IV\u003C\/i\u003E, 1934, 2081-2107. Voir EDWARD H. CARR. 1952. \u003Ci\u003ELa r\u00e9volution bolchevique, Tome 3. La Russie sovi\u00e9tique et le monde\u003C\/i\u003E, Edition de Minuit, Paris, 1974, chapitre 22. P. 36 de l'\u00e9dition fran\u00e7aise de 1974.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh19\" id=\"nb19\"\u003E19\u003C\/a\u003E] Voir EDWARD H. CARR. 1952. \u003Ci\u003ELa r\u00e9volution bolchevique, Tome 3. La Russie sovi\u00e9tique et le monde\u003C\/i\u003E, Edition de Minuit, Paris, 1974, chapitre 28. P. 317 de l'\u00e9dition fran\u00e7aise de 1974.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh20\" id=\"nb20\"\u003E20\u003C\/a\u003E] EDWARD H. CARR. 1952. \u003Ci\u003ELa r\u00e9volution bolchevique, Tome 3. La Russie sovi\u00e9tique et le monde\u003C\/i\u003E, Edition de Minuit, Paris, 1974, chapitre 13. P. 136-137 de l'\u00e9dition fran\u00e7aise de 1974.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh21\" id=\"nb21\"\u003E21\u003C\/a\u003E] Cit\u00e9 par E. H. Carr, tome 3, p. 122 de l'\u00e9dition fran\u00e7aise de 1974.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh22\" id=\"nb22\"\u003E22\u003C\/a\u003E] E. H. Carr, tome 3, p. 316 de l'\u00e9dition fran\u00e7aise de 1974.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh23\" id=\"nb23\"\u003E23\u003C\/a\u003E] Cit\u00e9 par E. H. Carr, tome 3, p. 139 de l'\u00e9dition fran\u00e7aise de 1974.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh24\" id=\"nb24\"\u003E24\u003C\/a\u003E] Sur la guerre civile russe, lire Jean-Jacques Marie, \u003Ci\u003ELa guerre civile russe (1917-1922)\u003C\/i\u003E, 2005.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh25\" id=\"nb25\"\u003E25\u003C\/a\u003E] \u003Ci\u003EThe New York Times\u003C\/i\u003E, 2 avril 1921 cit\u00e9 par Alexander N. SACK, Les r\u00e9clamations diplomatiques contre les soviets (1918-1938), \u003Ci\u003ERevue de droit international et de l\u00e9gislation compar\u00e9e\u003C\/i\u003E, p. 301. Pour la version en anglais voir : \u003Ca href=\"http:\/\/heinonline.org\/HOL\/LandingPage?handle=hein.hoil\/dipclsov0001&div=1\"\u003Eheinonline.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh26\" id=\"nb26\"\u003E26\u003C\/a\u003E] Voir : Alexander N. SACK, Les r\u00e9clamations diplomatiques contre les soviets (1918-1938), \u003Ci\u003ERevue de droit international et de l\u00e9gislation compar\u00e9e\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh27\" id=\"nb27\"\u003E27\u003C\/a\u003E] Carr, t. 3, p. 311-312.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh28\" id=\"nb28\"\u003E28\u003C\/a\u003E] Cr\u00e9\u00e9e en 1863. Le Cr\u00e9dit lyonnais est surtout connu pour le scandale qui a entour\u00e9 son sauvetage par l'\u00c9tat fran\u00e7ais fin du si\u00e8cle pass\u00e9. En quasi faillite dans les ann\u00e9es 1990, suite \u00e0 la crise de l'immobilier, la banque est nationalis\u00e9e et recapitalis\u00e9e avant de passer sous le contr\u00f4le du Cr\u00e9dit agricole en 2003. Le sauvetage aura co\u00fbt\u00e9 au total 14,7 milliards d'euros \u00e0 la collectivit\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh29\" id=\"nb29\"\u003E29\u003C\/a\u003E] Banque d'affaire cr\u00e9\u00e9e en 1904, qui a fusionn\u00e9 en 1973 avec le Cr\u00e9dit du Nord.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh30\" id=\"nb30\"\u003E30\u003C\/a\u003E] Landon-Lane J., Oosterlinck K., (2006), \u00ab Hope springs eternal : French bondholders and the Soviet Repudiation (1915-1919) \u00bb, \u003Ci\u003EReview of Finance\u003C\/i\u003E, 10, 4, pp. 507-535.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh31\" id=\"nb31\"\u003E31\u003C\/a\u003E] Lorsque la conf\u00e9rence de G\u00eanes s'est r\u00e9unie l'Union des r\u00e9publiques socialistes sovi\u00e9tiques n'\u00e9tait pas encore n\u00e9e. Elle a \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9e en d\u00e9cembre 1922 et a \u00e9t\u00e9 dissoute en d\u00e9cembre 1991. A la conf\u00e9rence de G\u00eanes la d\u00e9l\u00e9gation sovi\u00e9tique repr\u00e9sentait officiellement la R\u00e9publique Socialiste F\u00e9d\u00e9rale des Soviets de Russie, pour simplifier nous utilisons le terme de Russie sovi\u00e9tique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh32\" id=\"nb32\"\u003E32\u003C\/a\u003E] Des troupes fran\u00e7aises ont occup\u00e9 D\u00fcsseldorf, une des principales villes de la Rh\u00e9nanie, en mars 1921 (voir Carr, T. 3. Page 345). De janvier 1923 \u00e0 juillet-ao\u00fbt 1925, des troupes fran\u00e7aises et belges ont occup\u00e9 la vall\u00e9e de la Ruhr et ses sites de production industrielle afin de s'approprier les mati\u00e8res premi\u00e8res (charbon, minerais) et les produits industriels en guise de paiement des r\u00e9parations que l'Allemagne tardait \u00e0 verser. Voir \u003Cspan id=\"bt2254550\"\u003E\u003Ca onclick=\"togglebub('wiki,call__2254550_https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/Occupation*de*la*Ruhr_1');\"\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-wiki2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/a\u003E\u003C\/span\u003E \u003Ca href=\"https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/Occupation_de_la_Ruhr\"\u003Efr.wikipedia.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh33\" id=\"nb33\"\u003E33\u003C\/a\u003E] La reconnaissance d'un nouvel \u00c9tat nouveau est soit d\u00e9finitive, - on parle d'une reconnaissance \u003Ci\u003Ede jure\u003C\/i\u003E (de plein droit) - soit encore provisoire ou limit\u00e9e - on parlera alors d'une reconnaissance \u003Ci\u003Ede facto\u003C\/i\u003E (de fait).\u003Cbr \/\u003E\nLa Grande-Bretagne a reconnu \u003Ci\u003Ede facto\u003C\/i\u003E la Russie sovi\u00e9tique en 1921, et \u003Ci\u003Ede jure\u003C\/i\u003E en 1924.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh34\" id=\"nb34\"\u003E34\u003C\/a\u003E] \u003Ci\u003ELes Documents de la Conf\u00e9rence de G\u00eanes\u003C\/i\u003E, Rome, 1922, 336 pages, p. IX\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh35\" id=\"nb35\"\u003E35\u003C\/a\u003E] \u003Ci\u003EOp. Cit.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh36\" id=\"nb36\"\u003E36\u003C\/a\u003E] \u003Ci\u003EOp. Cit.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh37\" id=\"nb37\"\u003E37\u003C\/a\u003E] \u003Ci\u003EOp. Cit.\u003C\/i\u003E, p. 13.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh38\" id=\"nb38\"\u003E38\u003C\/a\u003E] Pour rappel, une Commission internationale de mise sous tutelle financi\u00e8re pour le paiement de la dette a \u00e9t\u00e9 impos\u00e9e en 1869 \u00e0 la Tunisie, en 1876 \u00e0 l'\u00c9gypte, en 1881 dans l'Empire ottoman et en 1898 \u00e0 Gr\u00e8ce.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh39\" id=\"nb39\"\u003E39\u003C\/a\u003E] Voir Carr, T. 3, p. 385.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh40\" id=\"nb40\"\u003E40\u003C\/a\u003E] Trait\u00e9 de Rapallo, 16 avril 1922, article 2, cit\u00e9 par Alexander N. SACK, Les r\u00e9clamations diplomatiques contre les soviets (1918-1938), \u003Ci\u003ERevue de droit international et de l\u00e9gislation compar\u00e9e\u003C\/i\u003E, p. 288. Pour la version en anglais voir : \u003Ca href=\"http:\/\/heinonline.org\/HOL\/LandingPage?handle=hein.hoil\/dipclsov0001&div=1\"\u003Eheinonline.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh41\" id=\"nb41\"\u003E41\u003C\/a\u003E] Op. Cit., p. 195.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh42\" id=\"nb42\"\u003E42\u003C\/a\u003E] Op. Cit., p. 198.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh43\" id=\"nb43\"\u003E43\u003C\/a\u003E] Op. Cit., p. 206.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh44\" id=\"nb44\"\u003E44\u003C\/a\u003E] Op. Cit., p. 221-222\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh45\" id=\"nb45\"\u003E45\u003C\/a\u003E] Cit\u00e9 par Alexander N. SACK, Les r\u00e9clamations diplomatiques contre les soviets (1918-1938), \u003Ci\u003ERevue de droit international et de l\u00e9gislation compar\u00e9e\u003C\/i\u003E, note 152, p. 291. Pour la version en anglais, \u003Ca href=\"http:\/\/heinonline.org\/HOL\/LandingPage?handle=hein.hoil\/dipclsov0001&div=1\"\u003Evoir ici\u003C\/a\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh46\" id=\"nb46\"\u003E46\u003C\/a\u003E] \u003Ci\u003EOp. Cit\u003C\/i\u003E., p. 118.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh47\" id=\"nb47\"\u003E47\u003C\/a\u003E] \u003Ci\u003EOp. Cit\u003C\/i\u003E., p. 140\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh48\" id=\"nb48\"\u003E48\u003C\/a\u003E] Voir Carr, T. 3, p. 355.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh49\" id=\"nb49\"\u003E49\u003C\/a\u003E] G\u00eanes, \u003Ci\u003EOp. Cit.\u003C\/i\u003E, p. 92.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh50\" id=\"nb50\"\u003E50\u003C\/a\u003E] Carr, t. 3, p. 436-440.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh51\" id=\"nb51\"\u003E51\u003C\/a\u003E] L'article 9 de l'accord anglo-russe disait : \u00ab \u003Ci\u003ELe Gouvernement britannique d\u00e9clare qu'il n'intentera aucune action aux fins de saisir ou de prendre possession de n'importe quel or, fonds, titres ou marchandises et de tout autre article qui ne peut \u00eatre identifi\u00e9 comme \u00e9tant la propri\u00e9t\u00e9 du Gouvernement britannique, qui pourraient \u00eatre export\u00e9s de la Russie en payement des importations ou comme garanties pour de tels payements, ou n'importe quelle propri\u00e9t\u00e9 mobili\u00e8re ou immobili\u00e8re qui pourrait \u00eatre acquise par le Gouvernement sovi\u00e9tique russe sur le territoire du Royaume-Uni.\u003C\/i\u003E \u00bb Cit\u00e9 par Sack, p. 301. Voir aussi \u00e0 ce propos Carr, T. 3, p. 360.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh52\" id=\"nb52\"\u003E52\u003C\/a\u003E] Sack, p. 306-307\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh53\" id=\"nb53\"\u003E53\u003C\/a\u003E] Sack, note 209, p. 307\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh54\" id=\"nb54\"\u003E54\u003C\/a\u003E] Sack, p. 315.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh55\" id=\"nb55\"\u003E55\u003C\/a\u003E] Sack, p. 321-322.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh56\" id=\"nb56\"\u003E56\u003C\/a\u003E] J'ai analys\u00e9 cela dans l'\u00e9tude : \u00c9ric Toussaint, \"L\u00e9nine et Trotsky face \u00e0 la bureaucratie - R\u00e9volution russe et soci\u00e9t\u00e9 de transition\", publi\u00e9 le 21 janvier 2017, \u003Ca href=\"http:\/\/www.europe-solidaire.org\/spip.php?article37007\"\u003Eeurope-solidaire.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh57\" id=\"nb57\"\u003E57\u003C\/a\u003E] Voir sur le site du s\u00e9nat fran\u00e7ais, les ACCORDS RELATIFS AU R\u00c8GLEMENT D\u00c9FINITIF DES CR\u00c9ANCES ENTRE LA FRANCE ET LA RUSSIE ANT\u00c9RIEURES AU 9 MAI 1945 \u003Ca href=\"http:\/\/www.senat.fr\/seances\/s199712\/s19971210\/sc19971210010.html\"\u003Esenat.fr\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh58\" id=\"nb58\"\u003E58\u003C\/a\u003E] Stiglitz in Barry Herman, Jos\u00e9 Antonio Ocampo, Shari Spiegel, Overcoming Developing Country Debt Crises, OUP Oxford, 2010, p. 49.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/cadtm.org\/Centenaire-de-la-revolution-russe\"\u003Ecadtm.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":[]}}