{"169037":{"id":"169037","parent":"0","time":"1581762170","url":"http:\/\/newsnet.fr\/169037","source":"http:\/\/reporterre.net\/Eau-claire-retour-des-oiseaux-A-Madrid-une-riviere-redevient-un-nid-de-biodiversite","category":"\u00e9cologie","title":"Eau claire, retour des oiseaux... \u00c0 Madrid, une rivi\u00e8re redevient un nid de biodiversit\u00e9","catalog-images":"3\/\/1\/newsnet_169037_a327d5.jpg\/newsnet_169037_1defd6.jpg\/newsnet_169037_3e102e.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_169037_a327d5.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/eau-claire-retour-des-oiseaux-a-madrid-une-riviere-redevient-un-nid-de-biodiversite","admin":"newsnet","views":"290","priority":"2","length":"7580","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003EC'\u00e9tait le mauvais jour pour que le haut-parleur tombe en rade. Erika Gonz\u00e1lez tripote les piles, les retourne et les remet, sans succ\u00e8s. Heureusement que la voix de Santiago Mart\u00edn Barajas porte fort et loin sans besoin d'appareil. En ce samedi de d\u00e9but f\u00e9vrier \u00e0 la douceur peu habituelle pour la p\u00e9riode, pr\u00e8s de 200 personnes se sont rassembl\u00e9es sur le pont de Tol\u00e8de pour une promenade le long du r\u00edo Manzanares, la rivi\u00e8re qui traverse Madrid. \u003Ci\u003E\u00ab On ne pensait pas qu'il y aurait autant de monde \u00bb\u003C\/i\u003E, dit Erika Gonz\u00e1lez. Santiago Mart\u00edn Barajas et elle sont membres de l'association \u003Ca href=\"https:\/\/www.ecologistasenaccion.org\"\u003EEcologistas en Acci\u00f3n\u003C\/a\u003E. Ils organisent des visites guid\u00e9es - \u003Ci\u003E\u00ab au d\u00e9but ponctuellement et cette ann\u00e9e, si possible, une fois toutes les six semaines \u00bb\u003C\/i\u003E - aux abords de la rivi\u00e8re madril\u00e8ne. Objectif : faire conna\u00eetre aux habitants le travail de renaturalisation du cours d'eau effectu\u00e9 depuis presque quatre ans.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe Manzanares n'a rien \u00e0 voir avec la Seine ou la Tamise, les grands fleuves qui traversent les capitales fran\u00e7aise et anglaise. Il prend sa source au nord-ouest de Madrid, dans la Sierra de Guadarrama, et s'\u00e9coule sur 92 kilom\u00e8tres jusqu'au sud-est de la capitale qu'il traverse sur 7,5 kilom\u00e8tres. Une taille modeste donc, et une profondeur fluctuant entre 20 et 60 centim\u00e8tres. Le Manzanares n'a \u00e9galement plus rien \u00e0 voir avec son aspect d'il y a quelques ann\u00e9es, soit une succession de piscines, parfois malodorantes, \u00e0 l'eau stagnante et obscure.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003EUn tron\u00e7on renaturalis\u00e9 de la rivi\u00e8re Manzanares.\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EL'id\u00e9e propos\u00e9e en janvier 2016 par Ecologistas en Acci\u00f3n \u00e0 la municipalit\u00e9 \u00e9tait simple : recr\u00e9er un couloir \u00e9cologique au cœur de Madrid en ouvrant les vannes des neufs \u00e9cluses pr\u00e9sentes sur le tron\u00e7on urbain de la rivi\u00e8re. L'eau s'est remise \u00e0 courir d\u00e8s mai 2016 apr\u00e8s l'accord de la mairie alors contr\u00f4l\u00e9e par Ahora Madrid, parti de gauche alternative proche de Podemos, et un investissement d'1,2 million d'euros.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003E\u00ab L'eau est redevenue claire et le fond sablonneux visible \u00bb\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn quelques mois, les effets \u00e9taient d\u00e9j\u00e0 visibles. \u003Ci\u003E\u00ab La rivi\u00e8re s'\u00e9coulait naturellement, l'eau est redevenue claire et le fond sablonneux visible. Des petites \u00eeles se sont cr\u00e9\u00e9es et des rives dessin\u00e9es avec l'apport des s\u00e9diments \u00bb\u003C\/i\u003E, d\u00e9taille Erika Gonz\u00e1lez. Et d'ajouter : \u003Ci\u003E\u00ab Cela a \u00e9t\u00e9 plus rapide que pr\u00e9vu. D\u00e8s que l'on arr\u00eate de faire pression et de laminer la nature, elle a une capacit\u00e9 de r\u00e9cup\u00e9ration ph\u00e9nom\u00e9nale. \u00bb\u003C\/i\u003E La biologiste ferme la marche derri\u00e8re la troupe qui remonte lentement les abords de la rivi\u00e8re, entre les quelque 5.000 peupliers blancs et saules replant\u00e9s, au rythme des explications de Santiago Mart\u00edn Barajas. Le guide s'arr\u00eate, pointe du doigt un oiseau aux plumes blanches entre les roseaux et les massettes. \u003Ci\u003E\u00ab Une aigrette garzette ! \u00bb\u003C\/i\u003E, dit-il les jumelles devant les yeux, aussit\u00f4t imit\u00e9 par les ornithologues amateurs.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003EDeux Madril\u00e8nes observent les esp\u00e8ces d'oiseaux.\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E\u00ab Depuis l'ouverture des \u00e9cluses, on a identifi\u00e9 pr\u00e8s de 80 esp\u00e8ces d'oiseaux \u00bb\u003C\/i\u003E, poursuit l'ing\u00e9nieur agronome et membre historique de l'association \u00e9cologique \u00e0 Madrid. \u003Ci\u003E\u00ab L\u00e0, un grand cormoran ! Il s'est mis en mode sous-marin au milieu de la rivi\u00e8re. Vous l'avez vu ? \u00bb\u003C\/i\u003E Des bergeronnettes grises, des h\u00e9rons cendr\u00e9s, des martins-p\u00eacheurs, des ouettes d'Egypte ou des pics verts ont \u00e9galement fait leur nid ces quatre derni\u00e8res ann\u00e9es le long du Manzanares. Et m\u00eame une esp\u00e8ce venue du nord de la Sib\u00e9rie, la b\u00e9cassine sourde. \u003Ci\u003E\u00ab On en a observ\u00e9 une l'an dernier, elle a pass\u00e9 tout l'hiver ici. Cette ann\u00e9e, elles sont deux ! \u00bb\u003C\/i\u003E, s'extasie Santiago Mart\u00edn Barajas.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003ELes Madril\u00e8nes se sont r\u00e9appropri\u00e9s cet espace d\u00e9laiss\u00e9\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECe sont, selon Francisco Jos\u00e9 Garc\u00eda, les indicateurs d'une biodiversit\u00e9 retrouv\u00e9e. \u003Ci\u003E\u00ab Il n'y a plus de retour en arri\u00e8re possible\u003C\/i\u003E, estime ce biologiste et membre du groupe de suivi de la biodiversit\u00e9 de l'Universit\u00e9 Complutense de Madrid (UCM). \u003Ci\u003EAu printemps, on voit d\u00e9sormais les barbeaux remonter jusqu'en amont de la rivi\u00e8re pour y d\u00e9poser leurs œufs. L'an dernier, on a aussi observ\u00e9 le retour d'une loutre apr\u00e8s cinquante ans d'absence \u00e0 cause des \u00e9cluses. \u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa renaturalisation du Manzanares, outre ses b\u00e9n\u00e9fices \u00e9cologiques tels que la fixation du carbone et l'am\u00e9lioration de l'air, a eu un fort effet social. Car au lieu d'en d\u00e9tourner le regard, les Madril\u00e8nes se sont r\u00e9appropri\u00e9s cet espace d\u00e9laiss\u00e9. \u00c0 l'image des 200 curieux de la visite ou des coureurs, cyclistes et simples promeneurs qui zigzaguent parmi eux. \u003Ci\u003E\u00ab Je venais d\u00e9j\u00e0 courir ici en 2015, avant le projet. Il y avait tellement de moustiques que j'avais des piq\u00fbres partout en rentrant. Aujourd'hui, il n'y en a presque plus et c'est un plaisir de venir \u00bb\u003C\/i\u003E, raconte Francisco Jos\u00e9 Garc\u00eda.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIsabel, retrait\u00e9e de 71 ans avec ses jumelles autour du cou, confirme. \u003Ci\u003E\u00ab Ce qui a \u00e9t\u00e9 fait rel\u00e8ve presque du miracle ! Avant, c'\u00e9tait sale, avec de mauvaises odeurs, une vrai porcherie. Un proche vivait dans la zone mais je ne venais pas souvent le voir tellement je trouvais l'endroit horrible\u003C\/i\u003E, peste-t-elle en faisant de grands mouvements de bras. \u003Ci\u003EMaintenant, c'est un plaisir de venir s'y promener. Et de voir tant d'oiseaux ! \u00bb\u003C\/i\u003E Seuls les membres du club d'aviron, qui s'entra\u00eenaient auparavant juste apr\u00e8s l'\u00e9cluse num\u00e9ro 9, se sont plaints. Pas du projet en lui-m\u00eame mais de la perte de leur espace d'entra\u00eenement.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cfigcaption\u003E\u003Cb\u003ESantiago Mart\u00edn Barajas, d'Ecologistas en Acci\u00f3n, pendant une visite.\u003C\/b\u003E\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ELa mairie, pass\u00e9e sous le giron du Parti populaire (conservateurs) avec le soutien de Ciudadanos (lib\u00e9raux) et de Vox (extr\u00eame-droite), s'est engag\u00e9e \u00e0 leur trouver une solution, qui prend du temps \u00e9tant donn\u00e9 les co\u00fbts de construction de tels canaux. En tout cas, l'\u00e9dile a annonc\u00e9 que le plan de renaturalisation ne serait pas remis en question, les partis ayant vot\u00e9 son maintien \u00e0 l'unanimit\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn surfant sur la r\u00e9ussite madril\u00e8ne, Ecologistas en Acci\u00f3n souhaite exporter ses projets de r\u00e9cup\u00e9ration \u00e0 d'autres cours d'eau espagnols : le Genil \u00e0 Grenade (Andalousie), le Bes\u00f3s entre Barcelone et Badalona (Catalogne) ou l'Isuela \u00e0 Huesca (Aragon). \u003Ci\u003E\u00ab Autant d'\u00e9cosyst\u00e8mes qu'il faut prendre au cas par cas\u003C\/i\u003E, dit Erika Gonz\u00e1lez. \u003Ci\u003EL'exemple du Manzanares nous donne raison, m\u00eame si l'on observe certaines limites : les murs en pierre qui d\u00e9limitent le lit de la rivi\u00e8re, les bassins de retenue d'eau en amont... Les grandes villes ont vol\u00e9 tout l'espace \u00e0 la nature et nous tentons de lui en redonner un peu. \u00bb\u003C\/i\u003E Francisco Jos\u00e9 Garc\u00eda entrevoit, lui, le c\u00f4t\u00e9 positif de ce b\u00e9ton enserrant le cours d'eau. \u003Ci\u003E\u00ab C'est une barri\u00e8re entre cette faune et les humains. Personne ne peut descendre dans ce qui reste un petit corridor de nature au cœur d'une capitale. \u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00c9quip\u00e9 de ses jumelles, il vient observer la b\u00e9cassine sourde venue de la toundra sib\u00e9rienne. C'est le clou de l'excursion de Santiago Mart\u00edn Barajas. Pendant vingt minutes, il d\u00e9crit et r\u00e9p\u00e8te aux visiteurs captiv\u00e9s, toujours sans haut-parleur, l'emplacement du pr\u00e9cieux volatile. \u003Ci\u003E\u00ab Devant les massettes \u00e9cras\u00e9es, au bord de l'eau, \u00e0 droite du petit renfoncement. Vous l'avez ? \u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/reporterre.net\/Eau-claire-retour-des-oiseaux-A-Madrid-une-riviere-redevient-un-nid-de-biodiversite\"\u003Ereporterre.net\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":[]}}