{"169126":{"id":"169126","parent":"0","time":"1581959120","url":"http:\/\/newsnet.fr\/169126","source":"http:\/\/www.mondialisation.ca\/les-horreurs-de-la-dictature-duvalieriste-racontees-par-le-journaliste-neozelandais-bernard-diederich\/5641722","category":"Histoire","title":"Les horreurs de la dictature duvali\u00e9riste racont\u00e9es par le journaliste n\u00e9oz\u00e9landais Bernard Diederich","catalog-images":"5\/\/3\/newsnet_169126_feee9b.jpg\/newsnet_169126_5f5bd7.jpg\/newsnet_169126_38665c.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_169126_38665c.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/les-horreurs-de-la-dictature-duvalieriste-racontees-par-le-journaliste-neozelandais-bernard-diederich","admin":"newsnet","views":"293","priority":"3","length":"9713","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_169126_feee9b.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn d\u00e9cembre 1949, un jeune N\u00e9o-Z\u00e9landais du nom de Bernard Diederich, venant fraichement de participer \u00e0 la Seconde Guerre Mondiale dans le Pacifique, d\u00e9barque dans la rade de Port-au-Prince. Le gouvernement ha\u00eftien ayant \u00e0 sa t\u00eate le pr\u00e9sident Dumarsais Estim\u00e9, comm\u00e9more \u00e0 l'\u00e9poque les deux cents ans de fondation de la ville. Une exposition internationale s'organise au \u003Ci\u003EBicentenaire\u003C\/i\u003E, \u00e0 proximit\u00e9 de la baie de la capitale.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EParades militaires, c\u00e9r\u00e9monies religieuses, performances artistiques, une ambiance festive et chaleureuse bat son plein au bas de la ville. Bernard Diederich tombe sous le charme et d\u00e9cide de ne pas repartir dans son pays natal. C'est ainsi que ce jeune homme de 23 ans seulement \u00e0 l'\u00e9poque, va s'installer en Ha\u00efti et se construire une solide carri\u00e8re de journaliste.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAlors qu'Ha\u00efti c\u00e9l\u00e8bre ce 7 f\u00e9vrier 2020 le d\u00e9but de la transition d\u00e9mocratique faisant suite au d\u00e9part du dictateur Jean-Claude Duvalier en 1986, un retour sur l'œuvre de ce grand journaliste qui a permis de faire la lumi\u00e8re sur les 29 ann\u00e9es sombres de la dynastie duvali\u00e9riste, s'av\u00e8re n\u00e9cessaire.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_169126_5f5bd7.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELes \u00e9lections de 1957 racont\u00e9es par Bernard Diederich\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn 1957, des \u00e9lections sont annonc\u00e9es dans le pays. Quatre candidats partent favoris parmi les 10 inscrits : le professeur Daniel Fignol\u00e9 qui a un solide soutien populaire ; l'ancien s\u00e9nateur Louis D\u00e9joie, industriel exp\u00e9riment\u00e9, tr\u00e8s proche de l'oligarchie \u00e9conomique ; Cl\u00e9ment Jumelle, \u00e9conomiste form\u00e9 aux Etats-Unis et qui a \u00e9t\u00e9 ministre au gouvernement de Paul Eug\u00e8ne Magloire et enfin Fran\u00e7ois Duvalier dont le profil \u00e9tait celui \u00ab \u003Ci\u003Ed'un modeste m\u00e9decin de campagne, inoffensif \u00bb.\u003C\/i\u003E L'opinion publique ignorait encore l'autre face de \u00ab Papa Doc \u00bb. Ce futur pr\u00e9sident \u00e0 vie de la R\u00e9publique, d\u00e9tenait d\u00e9j\u00e0 un r\u00e9seau occulte de malfrats dont \u003Ci\u003E\u00ab l'expertise \u00e9tait assur\u00e9e par un \u00e9ventails de talents, allant de la d\u00e9sinformation \u00e0 la fabrication de bombes artisanales \u00bb\u003C\/i\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'un des actes perp\u00e9tr\u00e9s par ses sbires, avec \u00e0 leur t\u00eate le cubain Temistocles Fuentes Rivera, Cl\u00e9ment Barbot (futur chef de la police secr\u00e8te duvali\u00e9riste avant de devenir opposant) et Fritz Cin\u00e9as, fut l'incident de Thor. Dans ce quartier de la commune de Carrefour, une bombe artisanale explose dans un entrep\u00f4t appartenant \u00e0 M. Daniel Francis. Deux officiers de l'arm\u00e9e d'Ha\u00efti d\u00e9c\u00e8dent. Le candidat Fran\u00e7ois Duvalier est point\u00e9 du doigt, une partie de l'opinion publique exige son exclusion de la course \u00e9lectorale. Pour se d\u00e9douaner des accusations port\u00e9es \u00e0 son encontre, il intervient sur les ondes de la \u003Ci\u003Eradio Port-au-Prince.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EQuelques semaines apr\u00e8s ce drame, un gouvernement coll\u00e9gial est mis en place sous la direction du g\u00e9n\u00e9ral L\u00e9on Cantave. Le 25 mai 1957, des affrontements ont lieu entre les hommes de Cantave et ceux du colonel Armand. A l'issue de cette journ\u00e9e sanglante, environ 17 personnes sont mortes. Pour \u00e9viter au pays une guerre civile, Daniel Fignol\u00e9, candidat tr\u00e8s influent dans le milieu populaire, est choisi comme pr\u00e9sident provisoire. L'ancien professeur priorisait la comp\u00e9tence dans la formation de son gouvernement, pour paraphraser Bernard Diederich.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ECoup d'Etat contre Daniel Fignol\u00e9\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMoins d'un mois apr\u00e8s son investiture, soit le 14 juin 1957, Daniel Fignol\u00e9 est d\u00e9mis de ses fonctions suite \u00e0 un putsch orchestr\u00e9 par le g\u00e9n\u00e9ral Antonio K\u00e9breau et le lieutenant Jean Beauvoir. Le pr\u00e9sident d\u00e9chu et son \u00e9pouse Carm\u00e8ne ont \u00e9t\u00e9 forc\u00e9s de monter \u00e0 bord d'un avion au M\u00f4le St-Nicolas \u00e0 destination des Etats-Unis.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa junte militaire \u00e9touffe dans l'œuf le soul\u00e8vement populaire \u00e0 La Saline qui allait suivre le d\u00e9part de Daniel Fignol\u00e9. Un couvre feu est d\u00e9cr\u00e9t\u00e9 avant la lettre. Plusieurs dizaines de victimes sont enregistr\u00e9es. L'ex-ministre de la sant\u00e9, Camille Lh\u00e9rission, fait \u00e9tat de 1000 personnes assassin\u00e9es ; des chiffres d\u00e9mentis par le putschiste Antonio K\u00e9breau.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EFinalement, le 29 ao\u00fbt 1957, le gouvernement militaire ratifie une loi \u00e9lectorale fixant la date des \u00e9lections ainsi que la dur\u00e9e du mandat pr\u00e9sidentielle. Le 22 septembre, Fran\u00e7ois Duvalier, support\u00e9 le g\u00e9n\u00e9ral Antonio K\u00e9breau, est \u00e9lu pr\u00e9sident d'Ha\u00efti pour un mandat de 6 ans. Il pr\u00eate serment le 22 octobre 1957.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa presse ha\u00eftienne a jou\u00e9 un r\u00f4le important avant et pendant le d\u00e9roulement de ce scrutin. Le journal \u003Ci\u003ELa Phalange,\u003C\/i\u003E le plus influent \u00e0 cette \u00e9poque, lance un appel au discernement et \u00e0 la mod\u00e9ration aux diff\u00e9rents camps politiques, alors que les stations de radio Jean-Jacques Dessalines et Port-au-Prince supportent respectivement les candidats Cl\u00e9ment Jumelle et Fran\u00e7ois Duvalier.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe journal Haiti Sun, cr\u00e9\u00e9 par Bernard Diederich en 1950 en collaboration avec T.J Grant (\u00e9cossais, ancien v\u00e9t\u00e9ran de l'arm\u00e9e am\u00e9ricaine lors de l'occupation de 1915-1934), Daniel Arty, Lucien Montas et les po\u00e8tes F\u00e9lix Morisseau Leroi et Emile Roumer, a assur\u00e9 la couverture de ces diff\u00e9rents moments historiques.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDes tribunes ont \u00e9t\u00e9 consacr\u00e9es aux diff\u00e9rents acteurs politiques ; r\u00e9guli\u00e8rement l'\u00e9quipe du journal produit des reportages sur l'actualit\u00e9 politique locale. Les publications se font en trois langues : anglais, fran\u00e7ais et cr\u00e9ole.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EBernard muni de son appareil de photo et de son enregistreur, arpente les rues de la capitale ha\u00eftienne \u00e0 la recherche d'informations de premi\u00e8re main.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EUne fois, nous raconte-t-il lors d'un entretien qu'il nous a accord\u00e9 en 2015 :\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab \u003Ci\u003EJ'ai \u00e9t\u00e9 \u00e0 Carrefour Dufort, sur la route du Sud, pour couvrir un meeting du candidat Louis D\u00e9joie, une zone r\u00e9put\u00e9e pour son attachement \u00e0 Daniel Fignol\u00e9. Une pluie de pierres a souhait\u00e9 la bienvenue \u00e0 D\u00e9joie. Son \u00e9quipe a ripost\u00e9 via des armes \u00e0 feu. Une personne a \u00e9t\u00e9 tu\u00e9e. J'en ai fait un reportage pour le Time Magazine. Ce qui n'a pas plu \u00e0 D\u00e9joie. Il voulait me faire expulser du pays. J'ai d\u00fb partir pour New-York pendant trois semaines en attendant que la temp\u00eate passe. \u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EL'\u00e9v\u00e9nement du 26 avril et l'expulsion de Bernard Diederich\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAlors que son mandat arrive \u00e0 son terme, Fran\u00e7ois Duvalier refuse de partir. Il renforce sa main mise sur l'ensemble des institutions du pays. Le 26 avril 1963, l'ancien chef de police secr\u00e8te de Duvalier, Cl\u00e9ment Barbot tente d'enlever Jean-Claude Duvalier, le fils du chef de l'\u00e9tat, alors que le jeune gar\u00e7on se rend \u00e0 l'\u00e9cole. Le pr\u00e9sident accuse le lieutenant Fran\u00e7ois Benoit d'\u00eatre \u00e0 l'origine de cet incident. Une chasse \u00e0 l'homme sans merci est lanc\u00e9e. En repr\u00e9sailles, le fils de Fran\u00e7ois Benoit, G\u00e9rald, \u00e2g\u00e9 de 18 mois seulement, est port\u00e9 disparu apr\u00e8s que les sbires de Duvalier ont mis feu \u00e0 la maison de la famille.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EBernard Diederich qui vivait \u00e0 l'\u00e9poque sur la route des Fr\u00e8res, gagne le centre ville de Port-au-Prince pour couvrir l'\u00e9v\u00e9nement. Une fois encore, cela ne pla\u00eet pas au r\u00e9gime qui ne tarde pas \u00e0 l'expulser du pays.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EQuatorze ans apr\u00e8s son arriv\u00e9e au pays, le propri\u00e9taire du journal Haiti Sun, son \u00e9pouse et son premier fils \u00e2g\u00e9 d'\u00e0 peine d'environ 40 jours, vont s'installer en R\u00e9publique Dominicaine. De l\u00e0, il fr\u00e9quente des exil\u00e9s ha\u00eftiens dont Jean-Claude Barjeux, le p\u00e8re Georges et Fred Baptiste. Ce dernier allait par la suite diriger une gu\u00e9rilla sur les hauteurs de la for\u00eat des Pins, dans la commune de Thiotte, en juin 1964.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EL'h\u00e9ritage de Bernard Diederich\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EBernard Diederich est mort \u00e0 93 ans, il y a trois semaines, le 14 janvier 2020, chez lui \u00e0 P\u00e9tionville. Son d\u00e9c\u00e8s est une perte immense pour la presse ha\u00eftienne et internationale. Il \u00e9tait aussi un fid\u00e8le reporter \u003Ci\u003Efreelance\u003C\/i\u003E pour Associated Press, New York Times ou encore NBC.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_169126_38665c.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETout au long de sa carri\u00e8re, il a analys\u00e9 la vie politique et sociale du pays qu'il aimait au point de ne plus repartir chez lui. De ses 22 ouvrages publi\u00e9s\u003Csup\u003E*\u003C\/sup\u003E, environ une dizaine est consacr\u00e9e \u00e0 Ha\u00efti, interrogeant les 29 ans de la dictature duvali\u00e9riste. De \u003Ci\u003EPapa Doc\u003C\/i\u003E et les \u003Ci\u003ETontons Macoutes\u003C\/i\u003E, en passant par \u003Ci\u003ELe Prix sang I et II, le Troph\u00e9e, Fort Dimanche la chine exterminatrice,\u003C\/i\u003E les livres de Bernard Diederich constituent une source intarissable de l'histoire politique et sociale ha\u00eftienne des soixante derni\u00e8res ann\u00e9es.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe travail documentaire, m\u00e9ticuleux et pointu de ce N\u00e9o-Z\u00e9landais, amateur de rhum Barboncourt d\u00e8s son premier jour sur le sol ha\u00eftien, en d\u00e9cembre 1949, a marqu\u00e9 profond\u00e9ment l'histoire du journalisme en Ha\u00efti.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EFeguenson Hermog\u00e0ne\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E*\u003Ca href=\"https:\/\/www.miamiherald.com\/news\/nation-world\/world\/americas\/haiti\/article239300758.html\"\u003Emiamiherald.com\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPhoto en vedette : Bernard Diederich\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECet article a \u00e9t\u00e9 publi\u00e9 initialement par \u003Ca href=\"https:\/\/ayibopost.com\/les-horreurs-de-la-dictature-des-duvalier-racontees-par-bernard-diederich\"\u003EAyibopost\u003C\/a\u003E, le 7 f\u00e9vrier 2020..\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ER\u00e9f\u00e9rence bibliographique :\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E-Bernard Diederich, le Tromph\u00e9e. Ed. Henry Deschamps. Mai 2008. Port-au-Prince, Ha\u00efti.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E-Bernard Diederich, Le prix du sang. La r\u00e9sistance du peuple ha\u00eftien \u00e0 la. tyrannie. Tome I : Fran\u00e7ois Duvalier (1957-1971). Ed Antilla et Centre œcum\u00e9nique des droits humains. Oct 2005. Port-au-Prince.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMichel Soukar (Mus\u00e9e de la BRH), Ha\u00efti \u00e0 travers sa monnaie. Ed. Banque de la r\u00e9publique d'Ha\u00efti.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EFeguenson Hermog\u00e8ne\u003C\/b\u003E \u003Ci\u003Eest journaliste et cin\u00e9aste. Il a int\u00e9gr\u00e9 l'\u00e9quipe d'Ayibopost en d\u00e9cembre 2018. Avant il \u00e9tait journaliste \u00e0 la radio communautaire 4VPL (Radyo Vwa p\u00e8p la, 98.9 FM) de Plaisance du Nord.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa source originale de cet article est Ayibopost\u003Cbr \/\u003E\nCopyright \u00a9 \u003Ca href=\"https:\/\/www.mondialisation.ca\/author\/feguenson-hermogene\"\u003EFeguenson Hermog\u00e8ne\u003C\/a\u003E, Ayibopost, 2020\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.mondialisation.ca\/les-horreurs-de-la-dictature-duvalieriste-racontees-par-le-journaliste-neozelandais-bernard-diederich\/5641722\"\u003Emondialisation.ca\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E"}}