{"169257":{"id":"169257","parent":"0","time":"1582194811","url":"http:\/\/newsnet.fr\/169257","source":"http:\/\/www.les-crises.fr\/?p=236683","category":"documentaires","title":"Irak : Cheminement et bilan de la crise - Par Fran\u00e7ois Nicoullaud","catalog-images":"3\/\/1\/newsnet_169257_951e6b.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_169257_951e6b.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/irak-cheminement-et-bilan-de-la-crise-par-francois-nicoullaud","admin":"newsnet","views":"235","priority":"2","length":"9111","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003ESource : \u003Ca href=\"https:\/\/www.boulevard-exterieur.com\/Irak-cheminement-et-bilan-de-la-crise.html\"\u003EBoulevard Ext\u00e9rieur, Fran\u00e7ois Nicoullaud\u003C\/a\u003E, 10-01-2019\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa tension \u00e9tait si forte au Moyen-Orient que l'on pense que l'avion ukrainien qui s'est crash\u00e9 mercredi 8 au d\u00e9part de T\u00e9h\u00e9ran avec ses passagers irano-canadiens a \u00e9t\u00e9 victime d'une... erreur de tir. Pour comprendre comment on en est arriv\u00e9 l\u00e0, Fran\u00e7ois Nicoullaud, ancien ambassadeur de France \u00e0 T\u00e9h\u00e9ran, revient sur l'histoire de ce conflit, de cette escalade de violences o\u00f9 l'hubris des dirigeants semble l'emporter sur toute rationalit\u00e9 (sauf peut-\u00eatre en Iran) et o\u00f9 Donald Trump a r\u00e9ussi \u00e0 recr\u00e9er contre l'Am\u00e9rique des unit\u00e9s nationales \u00e9branl\u00e9es par la contestation sociale - en l'absence de l'Europe.\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDevant l'ambassade des Etats-Unis \u00e0 Bagdad le 31 d\u00e9cembre 2019\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans la description d'une escalade de violence, la d\u00e9signation du fait initial est \u00e9videmment d\u00e9terminant pour faire pencher d'un c\u00f4t\u00e9 ou de l'autre le poids de la responsabilit\u00e9. Pour la crise qui vient d'embraser le Moyen-Orient, il est possible d'en voir l'origine imm\u00e9diate dans les frappes meurtri\u00e8res, d'abord inexpliqu\u00e9es, intervenues \u00e0 l'\u00e9t\u00e9 dernier en Irak sur des d\u00e9p\u00f4ts d'armes d\u00e9tenus par des milices de mobilisation populaire soutenues par l'Iran. Ces frappes ont fini par \u00eatre revendiqu\u00e9es du bout des l\u00e8vres par le Premier ministre Netanyahou, et justifi\u00e9es par la n\u00e9cessit\u00e9 de d\u00e9truire des arsenaux contenant notamment des missiles de moyenne port\u00e9e, pouvant donc toucher Isra\u00ebl, introduits en Irak par l'Iran. Responsabilit\u00e9 de l'\u00c9tat h\u00e9breu ou responsabilit\u00e9 primaire de l'Iran, une nouvelle donne \u00e9tait cr\u00e9\u00e9e dans la r\u00e9gion avec l'\u00e9largissement \u00e0 l'Irak de l'affrontement opposant d\u00e9j\u00e0 les deux pays sur le th\u00e9\u00e2tre syro-libanais-palestinien.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003ELe premier mort am\u00e9ricain\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn septembre, le Premier ministre irakien, apr\u00e8s enqu\u00eate, d\u00e9non\u00e7ait officiellement Isra\u00ebl comme l'auteur de ces frappes, dont chacun \u00e0 Bagdad consid\u00e9rait qu'elles n'avaient pu avoir lieu sans l'assentiment des \u00c9tats-Unis. D\u00e8s lors, les bases am\u00e9ricaines en Irak devenaient des cibles privil\u00e9gi\u00e9es pour les amis irakiens de l'Iran. Le puissant g\u00e9n\u00e9ral Soleimani, principal responsable de la coop\u00e9ration entre les deux pays, n'allait pas les dissuader d'agir. C'est ainsi qu'entre octobre et d\u00e9cembre, ces bases sont l'objet d'une dizaine d'op\u00e9rations de tirs de roquettes. Elles ne tuent personne, ne font que des bless\u00e9s. Ceci jusqu'\u00e0 la frappe, le 27 d\u00e9cembre, d'une trentaine de roquettes sur une base am\u00e9ricaine de la r\u00e9gion de Kirkouk, blessant plusieurs soldats am\u00e9ricains et irakiens, et tuant un interpr\u00e8te am\u00e9ricain, d'origine irakienne.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EC'\u00e9tait le premier mort am\u00e9ricain que chacun redoutait depuis le premier affrontement direct entre \u00c9tats-Unis et Iran survenu dans la r\u00e9gion au mois de juin 2019, avec la destruction par l'Iran d'un drone d'observation am\u00e9ricain. Pr\u00e9cis\u00e9ment parce que l'incident n'avait caus\u00e9 aucun mort, chacun s'\u00e9tait f\u00e9licit\u00e9 \u00e0 l'\u00e9poque que cette ligne rouge n'ait pas \u00e9t\u00e9 franchie. Elle l'\u00e9tait cette fois-ci, fin d\u00e9cembre.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003ETrump et son dilemme\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETrump, d\u00e9j\u00e0 entr\u00e9 en campagne \u00e9lectorale, se trouvait d\u00e8s lors prisonnier d'un s\u00e9rieux dilemme : ne pas appara\u00eetre comme un Pr\u00e9sident faible, tout en \u00e9vitant d'entra\u00eener le pays dans un conflit que lui reprocherait ensuite sa base \u00e9lectorale, lass\u00e9e des aventures lointaines. Pr\u00e9sident faible, cela lui avait \u00e9t\u00e9 r\u00e9cemment reproch\u00e9 lorsqu'il s'\u00e9tait refus\u00e9 en juin de r\u00e9pliquer par des frappes \u00e0 la destruction du drone abattu par l'Iran, et \u00e0 nouveau en septembre, lorsqu'il avait fait savoir \u00e0 l'Arabie saoudite qu'elle ne pouvait compter sur les \u00c9tats-Unis pour r\u00e9pliquer \u00e0 l'Iran \u00e0 la suite de l'attaque spectaculaire contre ses installations p\u00e9troli\u00e8res. Il fallait donc agir cette fois-ci de fa\u00e7on visible, et dans l'urgence. La f\u00e9brilit\u00e9 s'empare de l'Administration am\u00e9ricaine.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe choix est fait de frapper plusieurs bases de la milice Kataeb Hezbollah, jug\u00e9e responsable de l'attaque du 27 d\u00e9cembre. Ces frappes interviennent le 29 d\u00e9cembre et provoquent quelques dizaines de morts, parmi lesquels un certain nombre de responsables. Deux jours plus tard, \u00e0 l'occasion des c\u00e9r\u00e9monies de deuil se d\u00e9roulant \u00e0 Bagdad, une foule en col\u00e8re force les premi\u00e8res d\u00e9fenses de l'ambassade am\u00e9ricaine. Bien que les manifestants s'en retirent peu apr\u00e8s, Trump voit se lever le spectre de la prise de l'ambassade am\u00e9ricaine \u00e0 T\u00e9h\u00e9ran en novembre 1979, suivie de la d\u00e9tention pendant 444 jours de 52 otages : l'une des humiliations les plus cuisantes subies par l'Am\u00e9rique, et fatale \u00e0 la carri\u00e8re du Pr\u00e9sident Jimmy Carter. Persuad\u00e9 que les Iraniens sont derri\u00e8re cette nouvelle offensive, Trump, auquel sont pr\u00e9sent\u00e9es plusieurs options de r\u00e9plique, choisit alors sans doute la plus transgressive, celle qu'aucun de ses pr\u00e9d\u00e9cesseurs n'avait os\u00e9 retenir : abattre le g\u00e9n\u00e9ral Soleimani, chef mythique de la force sp\u00e9ciale Al Qods, g\u00e9rant depuis plus de 20 ans les op\u00e9rations ext\u00e9rieures de l'Iran. Son ex\u00e9cution le 3 janvier au matin par des frappes de drones lors de son arriv\u00e9e \u00e0 l'a\u00e9roport de Bagdad en compagnie d'autres responsables iraniens et irakiens provoque dans la r\u00e9gion une onde de choc in\u00e9dite.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003ELe choc et l'humiliation\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour les Iraniens, r\u00e9gime et population cette fois-ci confondus, c'est le choc et l'humiliation de voir abattu comme un vulgaire terroriste un militaire charismatique, consid\u00e9r\u00e9 comme exemplaire, ayant prot\u00e9g\u00e9 l'Iran, par une strat\u00e9gie de d\u00e9fense avanc\u00e9e, contre les men\u00e9es de l'Etat islamique. Des millions d'Iraniens sortent dans les rues pour lui rendre un dernier hommage. Pour les Irakiens, c'est le deuil de leurs propres morts et l'humiliation de voir leur territoire utilis\u00e9 pour un r\u00e8glement de compte. Pour le Premier ministre en particulier, c'est l'humiliation de voir Soleimani ex\u00e9cut\u00e9 alors qu'il se rendait \u00e0 son invitation, pour un entretien dans le cadre d'une m\u00e9diation conduite par l'Irak entre l'Iran et l'Arabie saoudite. Le Parlement irakien vote alors dans l'urgence une r\u00e9solution enjoignant au gouvernement de faire partir du pays toutes les forces \u00e9trang\u00e8res.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe r\u00e9gime iranien, pour sa part, crie vengeance mais p\u00e8se soigneusement sa r\u00e9ponse. Il choisit, pour une fois, de viser directement l'ennemi principal, et \u00e0 force ouverte, seule r\u00e9ponse digne \u00e0 ses yeux d'une nation \u00e0 l'honneur offens\u00e9. Mais avant de frapper le 8 janvier deux bases am\u00e9ricaines en Irak, il pr\u00e9vient les autorit\u00e9s irakiennes, qui pr\u00e9viennent \u00e0 leur tour les Am\u00e9ricains. Bilan : z\u00e9ro mort, z\u00e9ro bless\u00e9. Trump peut siffler la fin de l'escalade. Le Guide de la R\u00e9volution, Ali Khamenei peut dire, lui, que l'Iran a donn\u00e9 une gifle \u00e0 l'Am\u00e9rique. Il rappelle n\u00e9anmoins que le but \u00e0 atteindre est le d\u00e9part des troupes am\u00e9ricaines de l'ensemble de la r\u00e9gion. Le pire est \u00e9vit\u00e9, mais il faut s'attendre \u00e0 la poursuite dans la p\u00e9riode qui s'ouvre d'incidents de basse intensit\u00e9, pouvant eux-m\u00eames d\u00e9g\u00e9n\u00e9rer en nouvelles crises.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003EGagnants et perdants de la crise\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans l'imm\u00e9diat, deux gagnants en cette affaire, deux r\u00e9gimes qui s'\u00e9taient r\u00e9cemment discr\u00e9dit\u00e9s, qui avaient vu leur propre population se soulever contre eux, qui n'avaient pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 \u00e9craser la contestation dans le sang : les r\u00e9gimes iranien et irakien. Gr\u00e2ce \u00e0 Trump, ils ont repris des couleurs. Les voil\u00e0 r\u00e9investis d'un peu de l\u00e9gitimit\u00e9, et gratifi\u00e9s, jusqu'\u00e0 nouvel ordre, d'un certain soutien populaire - dans le cas iranien, toutefois, voil\u00e0 ce soutien d\u00e9j\u00e0 \u00e9rod\u00e9 par la destruction, certes involontaire, d'un avion de ligne par les Pasdaran, qui vient de faire 176 morts... Et les grands perdants sont donc ceux qui avaient esp\u00e9r\u00e9, dans l'un et l'autre pays, pouvoir remettre en cause l'inefficacit\u00e9 et la corruption de leurs dirigeants. Pauvres sacrifi\u00e9s de l'Histoire, martyrs aux noms d\u00e9j\u00e0 effac\u00e9s, victimes de la fureur et du chaos g\u00e9n\u00e9r\u00e9s par le combat des puissants.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EGagnants aussi, au moins pour un temps, les d\u00e9bris de l'\u00c9tat islamique en Irak, qui vont sans doute b\u00e9n\u00e9ficier d'un peu de r\u00e9pit, la \u00ab Coalition globale \u00bb contre Da'esh conduite par les Am\u00e9ricains devant donner pour le moment la priorit\u00e9 \u00e0 la s\u00e9curit\u00e9 de ses personnels et moyens sur place. Et gagnants certainement tous les jihadistes, tous les s\u00e9cessionnistes, avec une chance de relever la t\u00eate si la coalition devait un jour quitter le pays, le laissant \u00e0 la faiblesse de son arm\u00e9e et \u00e0 ses luttes de factions.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPerdants aussi, mais c'est moins grave, les Europ\u00e9ens, t\u00e9tanis\u00e9s par cette crise, qui n'ont pas trouv\u00e9 d'autre langage que d'inviter les parties \u00e0 la retenue, qui n'ont pas os\u00e9 critiquer leur grand ami am\u00e9ricain, qui n'ont r\u00e9uni quelque courage que pour exiger de l'Iran qu'il soit raisonnable pour deux. Ils auront beaucoup \u00e0 faire pour regagner quelque cr\u00e9dit aupr\u00e8s des Iraniens, comme d'ailleurs aupr\u00e8s des Irakiens, toutes opinions confondues.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESource : \u003Ca href=\"https:\/\/www.boulevard-exterieur.com\/Irak-cheminement-et-bilan-de-la-crise.html\"\u003EBoulevard Ext\u00e9rieur, Fran\u00e7ois Nicoullaud\u003C\/a\u003E, 10-01-2019\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_169257_951e6b.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.les-crises.fr\/?p=236683\"\u003Eles-crises.fr\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E"}}