{"169448":{"id":"169448","parent":"0","time":"1582562291","url":"http:\/\/newsnet.fr\/169448","source":"http:\/\/cadtm.org\/Le-pronunciamiento-bolivien","category":"Latina","title":"Le \u00ab pronunciamiento \u00bb bolivien","catalog-images":"3\/\/1\/newsnet_169448_30f198.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_169448_30f198.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/le-pronunciamiento-bolivien","admin":"newsnet","views":"467","priority":"3","length":"50959","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_169448_30f198.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Je demande \u00e0 mes fr\u00e8res indig\u00e8nes qu'ils me contr\u00f4lent\u003Cbr \/\u003E\net si je n'avance pas suffisamment qu'ils me poussent \u00bb\u003Cbr \/\u003E\nEvo Morales\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPourquoi faut-il que les erreurs politiques d'Evo Morales interdisent d'appeler un chat un chat et un coup d'\u00c9tat un coup d'\u00c9tat ? Il n'y aurait pas eu de coup d'\u00c9tat en Bolivie contre Evo Morales : telle est la th\u00e8se d\u00e9fendue par certains observateurs, journalistes ou universitaires europ\u00e9ens et latino am\u00e9ricains [\u003Ca href=\"#nb1\" id=\"nh1\"\u003E1\u003C\/a\u003E]. L'une des plus significatives \u00e9mane de J.-.P Lavaud, universitaire fran\u00e7ais, sp\u00e9cialiste de la Bolivie, reprenant dans son blog sur Mediapart l'essentiel du discours n\u00e9o-conservateur. Il r\u00e9cuse l'existence d'un coup d'\u00c9tat. Selon lui, la candidature d'Evo Morales \u00e9tant ill\u00e9gale, \u00ab d\u00e9noncer et combattre cette ill\u00e9galit\u00e9 n'a rien d'un coup d'\u00c9tat. Elle vise au contraire \u00e0 r\u00e9tablir l'ordre l\u00e9gal \u00bb. D'autant que selon le m\u00eame auteur \u00ab les Forces arm\u00e9es, militaires et policiers, n'ont pas particip\u00e9 \u00e0 ce soi-disant coup d'\u00c9tat qui n'est qu'un sc\u00e9nario de victimisation visant \u00e0 confondre l'opinion nationale et internationale \u00bb. Il n'y aurait donc eu en Bolivie que \u00ab la complainte d'un coup d'\u00c9tat \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EUne s\u00e9quence \u00e9lectorale contest\u00e9e\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa crise bolivienne r\u00e9sulte de causes multiples, mais la plus r\u00e9cente plonge ses racines dans le r\u00e9f\u00e9rendum de 2016, par lequel Evo Morales demandait aux Boliviens de pouvoir briguer un quatri\u00e8me mandat pr\u00e9sidentiel, il esp\u00e9rait ainsi contourner les limites impos\u00e9es par l'article 168 de la Constitution. Evo Morales fut battu d'une courte majorit\u00e9, 51,3 % de Boliviens refusant de modifier la Constitution. Le 24 f\u00e9vrier 2016, le Tribunal Supr\u00eame \u00c9lectoral (TSE) confirmait la d\u00e9faite du pr\u00e9sident bolivien. Mais, en novembre 2017, le Tribunal Constitutionnel Plurinational (TCP) reconnaissait le \u00ab droit humain pour tout citoyen, y compris pour les gouvernants actuels \u00bb d'\u00e9lire et d'\u00eatre \u00e9lu, ouvrant ainsi la voie \u00e0 la candidature d'Evo Morales et du vice-pr\u00e9sident Alvaro Garcia Linera. Une manœuvre politique qui allait susciter de nombreuses protestations.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED\u00e8s janvier 2019, \u00e0 huit mois de la pr\u00e9sidentielle pr\u00e9vue en octobre, l'opposition \u00e0 Evo Morales avait fait du 21 f\u00e9vrier, date anniversaire du r\u00e9f\u00e9rendum de 2016 perdu par le pr\u00e9sident sortant, un rendez-vous pour l'alternance. Pendant les semaines qui pr\u00e9c\u00e9d\u00e8rent l'\u00e9lection, les conflits et les affrontements se multipli\u00e8rent entre les secteurs pro-gouvernementaux, dont le Mouvement vers le Socialisme (MAS) [\u003Ca href=\"#nb2\" id=\"nh2\"\u003E2\u003C\/a\u003E], le parti d'Evo Morales, et l'opposition, notamment celle de Santa Cruz, bastion des \u00e9lites conservatrices. Mais les mobilisations impliqu\u00e8rent \u00e9galement des secteurs sociaux critiques envers la pr\u00e9sidence d'Evo Morales, y compris dans la population indig\u00e8ne et parmi les jeunes des centres urbains.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EC'est dans ce contexte que le d\u00e9roulement de la s\u00e9quence \u00e9lectorale allait provoquer une crise ouverte. L'interruption inexpliqu\u00e9e du d\u00e9pouillement des bulletins de vote lors de la transmission des premiers r\u00e9sultats jetait le doute sur leur validit\u00e9. Avec 47,1 % des voix en sa faveur, contre 36,5 % seulement pour Carlos Mesa, lors d'un premier tour contest\u00e9 par l'Organisation des \u00c9tats Am\u00e9ricains (OEA), Evo Morales \u00e9tait proclam\u00e9 vainqueur. Il \u00e9vitait ainsi les risques d'un deuxi\u00e8me tour, le r\u00e8glement \u00e9lectoral bolivien permettant qu'un candidat ayant obtenu au moins 40 % des voix et un \u00e9cart de 10 % des voix avec son concurrent soit \u00e9lu. Dans leur rapport les \u00e9missaires de l'OEA pr\u00e9sents sur place \u00e0 l'invitation du pr\u00e9sident bolivien (malgr\u00e9 la r\u00e9putation sulfureuse de son pr\u00e9sident Luis Almagro) jug\u00e8rent \u00ab statistiquement peu probable qu'Evo Morales ait obtenu la marge de 10 % n\u00e9cessaire pour \u00eatre \u00e9lu \u00e0 l'issue du premier tour du scrutin \u00bb [\u003Ca href=\"#nb3\" id=\"nh3\"\u003E3\u003C\/a\u003E]. L'Union europ\u00e9enne \u00e9mettait de \u00ab s\u00e9rieux doutes \u00bb sur les r\u00e9sultats, estimant que la meilleure option serait la tenue d'un second tour. Les observateurs du Center for Economic and Policy Research (CEPR) bas\u00e9 \u00e0 Washington allaient contester ces d\u00e9clarations en expliquant diff\u00e9remment l'interruption de la transmission des r\u00e9sultats et l'\u00e9cart final des 10,6 % entre les deux candidats [\u003Ca href=\"#nb4\" id=\"nh4\"\u003E4\u003C\/a\u003E]. Selon eux, l'\u00e9cart \u00e9tait d\u00fb au d\u00e9compte des premiers r\u00e9sultats qui n'\u00e9taient d\u00e9pouill\u00e9s que pour 84 % des votes, l'avantage de Morales n'\u00e9tant alors que de 7,9 %. Mais le d\u00e9compte effectu\u00e9 plus tard sur 95 % des bulletins indiquait un \u00e9cart final de 10,6 % entre les deux candidats [\u003Ca href=\"#nb5\" id=\"nh5\"\u003E5\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans un appel publi\u00e9 par le journal britannique The Guardian, des journalistes et intellectuels am\u00e9ricains mettaient en cause l'OEA [\u003Ca href=\"#nb6\" id=\"nh6\"\u003E6\u003C\/a\u003E], dont la Mission d'Observation \u00e9lectorale affirmait d\u00e8s le 21 octobre, le lendemain de l'\u00e9lection, \u00ab sa surprise et sa grande pr\u00e9occupation face au changement radical et difficile \u00e0 expliquer concernant la tendance indiqu\u00e9e par les r\u00e9sultats pr\u00e9liminaires apr\u00e8s la fermeture des urnes \u00bb. Une all\u00e9gation qui sous-entendait qu'il y avait eu fraude, sans en apporter la preuve. Cette fraude pr\u00e9sum\u00e9e n'a toujours pas \u00e9t\u00e9 prouv\u00e9e mais elle sera affirm\u00e9e par l'ensemble des m\u00e9dias.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E
La premi\u00e8re r\u00e9action d'Evo Morales f\u00fbt de demander \u00e0 l'OEA de r\u00e9aliser un audit, audit qui sera refus\u00e9 par Carlos Mesa, le candidat de l'opposition. L'OEA recommandait alors de recommencer l'\u00e9lection plut\u00f4t que de proc\u00e9der \u00e0 un deuxi\u00e8me tour. Mais l'opposition profita de la suspicion pour exiger l'annulation de l'\u00e9lection et la chute du gouvernement d'Evo Morales. Quelques jours \u00e0 peine apr\u00e8s le 20 octobre, un appel \u00e0 la gr\u00e8ve nationale et \u00e0 la r\u00e9sistance civile avait \u00e9t\u00e9 lanc\u00e9 \u00e0 Santa Cruz, capitale \u00e9conomique du pays et bastion de l'opposition conservatrice, par Fernando Camacho, pr\u00e9sident du Comit\u00e9 Civique de Santa Cruz, appel \u00e0 bloquer le pays.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EFace aux manifestations et aux affrontements quotidiens, Evo Morales d\u00e9cidait de convoquer de nouvelles \u00e9lections nationales \u00ab afin de permettre au peuple bolivien d'\u00e9lire d\u00e9mocratiquement ses nouvelles autorit\u00e9s en incorporant de nouveaux acteurs politiques \u00bb. C'est alors qu'intervinrent les mutineries de certaines unit\u00e9s de police, puis l'intervention de l'arm\u00e9e qui provoqu\u00e8rent la d\u00e9mission de Morales. Le commandant en chef de l'arm\u00e9e, William Kaliman, \u00ab sugg\u00e9rant \u00bb (sic) au pr\u00e9sident de d\u00e9missionner, alors que le mandat de ce dernier ne devait se terminer que deux mois plus tard, en janvier 2020. Menac\u00e9 physiquement, Morales partit pour le Mexique, accompagn\u00e9 du vice-pr\u00e9sident Alvaro Garcia Linera. Le champ \u00e9tait libre pour imposer une pr\u00e9sidente autoproclam\u00e9e.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa s\u00e9quence \u00e9lectorale est \u00e9loquente. Trois t\u00e9moignages la r\u00e9sument, le New York Times analyse ainsi la situation [\u003Ca href=\"#nb7\" id=\"nh7\"\u003E7\u003C\/a\u003E] : \u00ab Alors que les protestations se r\u00e9pandaient et que les mutineries de la police explosaient, les dirigeants de l'opposition firent appel aux Forces arm\u00e9es pour d\u00e9loger Mr Morales et les leaders de l'arm\u00e9e lui \u00ab sugg\u00e9r\u00e8rent \u00bb de d\u00e9missionner. Mr Morales partit pour le Mexique et c'est une s\u00e9natrice de l'opposition, Jeanine Anez, qui assuma la pr\u00e9sidence. En r\u00e9alit\u00e9 Mr Morales a \u00e9t\u00e9 la proie d'un coup d'\u00c9tat. De nombreux Boliviens cherchaient le d\u00e9part de Mr Morales. Mais il s'en alla seulement apr\u00e8s la r\u00e9bellion de la police et apr\u00e8s que le chef d'\u00e9tat-major l'eut appel\u00e9 \u00e0 d\u00e9missionner, un appel fait apr\u00e8s qu'il eut accept\u00e9 de proc\u00e9der \u00e0 de nouvelles \u00e9lections sous l'\u00e9gide de nouvelles autorit\u00e9s \u00e9lectorales, ce qui offrait une issue plausible \u00e0 la crise sans intervention militaire. Le coup d'\u00c9tat met en \u00e9vidence une tendance alarmante en Am\u00e9rique latine : ignorant les le\u00e7ons tragiques du pass\u00e9 pr\u00e9torien de la r\u00e9gion, de nombreux politiciens se tournent vers les Forces arm\u00e9es pour r\u00e9soudre les crises et m\u00eame destituer les gouvernements \u00bb. Le journaliste de RFI, Amaury de Rochegonde [\u003Ca href=\"#nb8\" id=\"nh8\"\u003E8\u003C\/a\u003E], d\u00e9crit ainsi la situation : \u00ab Le probl\u00e8me, c'est qu'au-del\u00e0 des mots, il y a les faits. Et l\u00e0, il faut \u00eatre aveugle pour ne pas voir la r\u00e9pression le 15 novembre des manifestations indig\u00e8nes \u00e0 Cochabamba o\u00f9 5 paysans ont \u00e9t\u00e9 tu\u00e9s. Ou bien le 19 \u00e0 El Alto, pr\u00e8s de La Paz, o\u00f9 plusieurs manifestants sont morts lors du d\u00e9blocage d'une raffinerie. Il faut \u00eatre aveugle aussi pour ne pas voir que s'opposent des nostalgiques de droite, Bible en main, comme le tr\u00e8s m\u00e9diatis\u00e9 Luis Fernando Camacho, surnomm\u00e9 le \"Bolsonaro\" bolivien, et des classes pauvres d'origine indienne plus proches de la Pachamama, la terre sacr\u00e9e \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECitons enfin l'ancien Pr\u00e9sident du gouvernement espagnol Jos\u00e9 Luis Zapatero, qui incrimine \u00ab les performances de l'OEA, ses positions fausses, la seule chose qu'elle a faite c'est d'aggraver les divisions sur le continent latino-am\u00e9ricain \u00bb. J.-L. Zapatero appelait \u00e0 ne pas se taire devant le coup d'\u00c9tat contre le pr\u00e9sident Evo Morales, tout en exhortant la gauche du continent \u00e0 d\u00e9noncer la situation de ce pays andin. \u00ab Nous voyons le scandaleux coup port\u00e9 au pr\u00e9sident bolivien. Demander \u00e0 un pr\u00e9sident \u00e9lu constitutionnellement de quitter le pouvoir ne peut \u00eatre un acte de d\u00e9mocratie. Nous ne pouvons pas nous taire \u00bb. Un coup d'\u00c9tat dans la tradition latino-am\u00e9ricaine, o\u00f9 l'expression \u00ab pronunciamiento \u00bb d\u00e9signe le fait que l'arm\u00e9e se \u00ab prononce \u00bb contre le pouvoir en place et le remplace par un autre impos\u00e9 par la force.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESelon Reporters sans fronti\u00e8res (RSF), \u00ab la libert\u00e9 de la presse est en grand danger en Bolivie. Si ce n'est pas un coup d'\u00c9tat, \u00e7a y ressemble de plus en plus \u00bb. Des dizaines de quotidiens comme Los Tiempos ou Pagina 7 ont d\u00fb suspendre leur version imprim\u00e9e pour des raisons de s\u00e9curit\u00e9. Le gouvernement de facto a d\u00e9clar\u00e9 qu'il agira selon la loi contre les journalistes qui soutiennent la \u00ab s\u00e9dition \u00bb. Un d\u00e9cret exemptant de responsabilit\u00e9 p\u00e9nale les militaires participant \u00e0 des op\u00e9rations de maintien de l'ordre contre \u00ab des groupes subversifs arm\u00e9s, des groupes \u00e9trangers avec des armes de gros calibre \u00bb \u00e9tait parrain\u00e9 par le ministre int\u00e9rimaire de la d\u00e9fense. Ce d\u00e9cret assurait l'impunit\u00e9 des militaires, il fut suspendu ult\u00e9rieurement. Fin novembre on d\u00e9nombrait dans l'ensemble du pays 32 morts, dont de nombreux \u00e0 balles r\u00e9elles, et 700 bless\u00e9s. Sans compter les brutalit\u00e9s et les humiliations racistes commises sur des femmes indig\u00e8nes, certaines peintes en rouge ou ridiculis\u00e9es pour le port de la pollera, la jupe bouffante traditionnelle. La mission de la Commission Interam\u00e9ricaine des Droits de l'Homme (CIDH), qui visita la Bolivie du 22 au 25 novembre, \u00e9voque un massacre \u00e0 propos des actes violents qui se sont produits \u00e0 Sacaba (Cochabamba) et \u00e0 Senkata (El Alto). Son rapport signale que \u00ab les blessures observ\u00e9es montrent de s\u00e9rieux indices de pratiques d'ex\u00e9cutions extra-judiciaires \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EC'est dans ce contexte que l'Ambassadeur de l'Union europ\u00e9enne (UE) Leon de la Torre s'est r\u00e9uni avec la Pr\u00e9sidente autoproclam\u00e9e Jeanine A\u00f1ez et a propos\u00e9 la m\u00e9diation de l'UE afin que \u00ab la Bolivie puisse organiser le plus t\u00f4t possible des \u00e9lections cr\u00e9dibles \u00bb. L'ambassadeur officialisait ainsi l'appui de l'UE au gouvernement de facto, suivi de peu par le secr\u00e9taire d'\u00c9tat am\u00e9ricain, Mike Pompeo, proclamant \u00ab son soutien \u00e0 la libert\u00e9 de la presse, aux protestations et aux r\u00e9unions non violentes. La violence, la r\u00e9pression et l'intimidation politique n'ont pas de place dans une d\u00e9mocratie \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'Internationale Socialiste embo\u00eetait le pas en estimant qu'il ne s'agissait pas d'un coup d'\u00c9tat, mais qu'au contraire \u00ab la situation offrait d'\u00e9normes possibilit\u00e9s pour r\u00e9cup\u00e9rer la d\u00e9mocratie et le pluralisme [\u003Ca href=\"#nb9\" id=\"nh9\"\u003E9\u003C\/a\u003E] \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELe coup d'\u00c9tat l\u00e9gitim\u00e9 ?\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EApr\u00e8s la d\u00e9mission et le d\u00e9part contraints d'Evo Morales le champ institutionnel \u00e9tait libre. \u00ab Du fait de l'absence d\u00e9finitive du pr\u00e9sident et du vice-pr\u00e9sident (...) en tant que pr\u00e9sidente de la Chambre des S\u00e9nateurs, j'assure imm\u00e9diatement la pr\u00e9sidence comme pr\u00e9vu par l'ordre constitutionnel \u00bb, d\u00e9clarait le 12 Novembre la s\u00e9natrice Jeanine A\u00f1ez, membre de l'opposition conservatrice et deuxi\u00e8me vice-pr\u00e9sidente du S\u00e9nat, invoquant Dieu \u00ab qui a permis que la Bible entre \u00e0 nouveau au Palais \u00bb. L'arm\u00e9e reconnaissait aussit\u00f4t cette pr\u00e9sidente autoproclam\u00e9e, charg\u00e9e d'assurer l'int\u00e9rim et de pr\u00e9parer de nouvelles \u00e9lections. Pour les nouveaux d\u00e9tenteurs du pouvoir civil et militaire, il s'agissait de l\u00e9gitimer le coup d'\u00c9tat en le pr\u00e9sentant comme un processus de transition d\u00e9mocratique. Pourtant le quorum n'\u00e9tait pas atteint au Parlement o\u00f9 le parti d'Evo Morales, le MAS, est majoritaire. Malgr\u00e9 l'absence de quorum, la pr\u00e9sidente autoproclam\u00e9e annon\u00e7ait alors la formation d'un gouvernement. Les responsables du coup d'\u00c9tat \u00e9taient confront\u00e9s \u00e0 un choix : tenter un accord avec le MAS pour pouvoir \u00e9lire de nouvelles autorit\u00e9s \u00e9lectorales et convoquer de nouvelles \u00e9lections afin de neutraliser les mobilisations populaires, ou affronter les s\u00e9nateurs et les d\u00e9put\u00e9s du MAS encore majoritaires au Congr\u00e8s et imposer par la r\u00e9pression le pouvoir et les d\u00e9cisions du gouvernement de facto.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe MAS \u00e9tait divis\u00e9 et les militants d\u00e9sorient\u00e9s par la d\u00e9mission d'Evo Morales. Certains des parlementaires soutenaient les partisans du pr\u00e9sident exil\u00e9, ils bloquaient les routes reliant La Paz aux r\u00e9gions agricoles du centre de la Bolivie, r\u00e9clamant son retour et exigeant la d\u00e9mission de la pr\u00e9sidente autoproclam\u00e9e dans un d\u00e9lai de 48 heures. Mais d'autres ne demandaient pas le retour d'Evo Morales, ils r\u00e9clamaient l'arr\u00eat des violences et acceptaient de pr\u00e9parer avec les putschistes de nouvelles \u00e9lections.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EC'est dans ce contexte qu'un \u00ab Accord de Pacification \u00bb f\u00fbt sign\u00e9 fin novembre \u00e0 La Paz. Parrain\u00e9 par la Conf\u00e9rence \u00c9piscopale bolivienne, l'UE et l'ONU, l'accord conclu pr\u00e9voyait le retrait de l'arm\u00e9e, la suspension du d\u00e9cret assurant l'impunit\u00e9 des militaires, la lib\u00e9ration des d\u00e9tenus, les organisations sociales s'engageant \u00e0 arr\u00eater les blocages de route. Pr\u00e9sent\u00e9 par le Secr\u00e9taire ex\u00e9cutif de la Centrale Ouvri\u00e8re Bolivienne (COB), Juan Carlos Huarachi (qui avait soutenu auparavant la candidature d'Evo Morales), et par le ministre de l'Int\u00e9rieur du gouvernement de facto, Arturo Murillo, le document se proposait de \u00ab r\u00e9orienter \u00bb le pays et \u00ab les structures organiques du peuple bolivien \u00bb. Des organisations de femmes, telles que la Conf\u00e9d\u00e9ration Nationale des femmes paysannes originaires de Bolivie-Bartolina Sisa [\u003Ca href=\"#nb10\" id=\"nh10\"\u003E10\u003C\/a\u003E]- les Bartolinas -, signaient un accord avec le gouvernement int\u00e9rimaire. Il allait mettre un terme aux mobilisations contre Jeanine A\u00f1ez dans la majeure partie du pays. Toutefois, dans le Chapar\u00e9, bastion des cocaleros (cultivateurs de coca), soutiens d'Evo Morales, les manifestations se prolong\u00e8rent plusieurs jours sans que la police puisse intervenir. Le document d'accord avec le gouvernement \u00e9tait \u00e9galement ratifi\u00e9 par des organisations sociales tr\u00e8s importantes telles que la Conf\u00e9d\u00e9ration syndicale unique des travailleurs paysans de Bolivie (CSUTCB), la Conf\u00e9d\u00e9ration syndicale des Communaut\u00e9s interculturelles de Bolivie (CSCIB), la Conf\u00e9d\u00e9ration des peuples indig\u00e8nes de l'Est bolivien (CIDOB), et le Conseil des Ayllus [\u003Ca href=\"#nb11\" id=\"nh11\"\u003E11\u003C\/a\u003E] et Markas du Qullasuyu [\u003Ca href=\"#nb12\" id=\"nh12\"\u003E12\u003C\/a\u003E] (CONAMAQ), un ralliement t\u00e9moignant des divisions affectant les organisations sociales et le mouvement indig\u00e8ne. La signature de la Coordination des six F\u00e9d\u00e9rations du tropique de Cochabamba, bastion des cocaleros, n'apparaissait pas alors sur le document.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans le m\u00eame temps, le Parlement bolivien donnait son feu vert \u00e0 l'organisation de nouvelles \u00e9lections pr\u00e9sidentielle et l\u00e9gislatives. Le texte approuv\u00e9 par le Parlement pr\u00e9voyait notamment l'annulation du scrutin du 20 octobre, reconnaissant ainsi sa non validit\u00e9. Le MAS qui disposait encore d'une majorit\u00e9 des deux tiers au Parlement apr\u00e8s des d\u00e9bats houleux votait en faveur du projet de loi, ent\u00e9rinant ainsi la d\u00e9mission et l'exil de l'ancien pr\u00e9sident dont le mandat n'aurait d\u00fb s'achever l\u00e9galement que fin janvier 2020.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPar son vote le MAS pensait \u00e9viter la poursuite des violences, mais ce faisant il offrait une apparence de l\u00e9gitimit\u00e9 d\u00e9mocratique au coup d'\u00c9tat. Depuis, Evo Morales a \u00e9t\u00e9 accus\u00e9 par le ministre de l'Int\u00e9rieur du gouvernement de facto, Arturo Murillo, de fomenter la \u00ab s\u00e9dition \u00bb et le \u00ab terrorisme \u00bb. Il est interdit de s\u00e9jour et de participation \u00e9lectorale. Et le parquet bolivien le 18 d\u00e9cembre a \u00e9mis contre lui un mandat d'arr\u00eat. L'ex-commandant William Kaliman, qui avait obtenu la d\u00e9mission d'Evo Morales, a \u00e9t\u00e9 limog\u00e9, ainsi que son alter ego de la police Vladimir Calder\u00f3n, tous deux \u00e9tant remplac\u00e9s par plus d\u00e9termin\u00e9s qu'eux. Enfin plus de cent responsables du MAS sont aujourd'hui recherch\u00e9s ou emprisonn\u00e9s.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EQuatorze ans apr\u00e8s l'\u00e9lection du premier pr\u00e9sident indig\u00e8ne et la proclamation d'une \u00ab R\u00e9volution d\u00e9mocratique et culturelle \u00bb, les prochaines \u00e9lections [\u003Ca href=\"#nb13\" id=\"nh13\"\u003E13\u003C\/a\u003E] se tiendront donc sans Evo Morales. Le gouvernement de facto contr\u00f4le les rouages politiques, \u00e9conomiques, judiciaires, militaires de l'appareil d'\u00c9tat. Son objectif est de diviser et de d\u00e9mobiliser les forces militantes du MAS, de le discr\u00e9diter lors des prochaines \u00e9lections, tout en pr\u00e9servant les apparences, en proclamant son respect de la l\u00e9galit\u00e9, de la d\u00e9mocratie, de l'\u00c9tat de droit et de la Constitution. En d\u00e9pit de ses d\u00e9n\u00e9gations, le gouvernement dit int\u00e9rimaire l\u00e9gif\u00e8re en politique int\u00e9rieure et en politique internationale. Il s'est engag\u00e9 \u00e0 \u00ab lib\u00e9rer \u00bb l'\u00e9conomie, sur le plan international \u00e0 rompre avec l'Union des nations sud-am\u00e9ricaines [\u003Ca href=\"#nb14\" id=\"nh14\"\u003E14\u003C\/a\u003E](UNASUR) et \u00e0 reconna\u00eetre le pr\u00e9sident autoproclam\u00e9 du Venezuela Juan Guaido. Apr\u00e8s l'arrestation par la police bolivienne de 4 m\u00e9decins cubains \u00e0 El Alto, La Havane a retir\u00e9 imm\u00e9diatement tous ses personnels de sant\u00e9 pr\u00e9sents en Bolivie. Dernier \u00e9pisode, des d\u00e9put\u00e9s europ\u00e9ens responsables du parti d'extr\u00eame droite franquiste VOX, en mission \u00e0 La Paz avec l'accord de Jeanine \u00c1\u00f1ez, y ont men\u00e9 une enqu\u00eate sur des liens financiers suppos\u00e9s entre le ministre Juan Ramon Quintana, bras droit d'Evo Morales, et le parti Podemos. L'objectif de VOX est de d\u00e9noncer l'alliance gouvernementale du PSOE avec Podemos. \u00c0 cette occasion, Arturo Murillo, ministre int\u00e9rimaire de l'Int\u00e9rieur, s'est permis de d\u00e9clarer : \u00ab Le d\u00e9linquant Quintana n'aura jamais de sauf-conduit pour quitter l'Ambassade mexicaine, son seul sauf-conduit sera pour la prison de Chonchocoro \u00bb. Ce qui en dit long sur le respect de l'\u00c9tat de droit et l'ind\u00e9pendance de la justice de la part du pouvoir des putschistes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe 7 d\u00e9cembre 2019, le Congr\u00e8s National \u00e9largi du MAS r\u00e9uni \u00e0 Cochabamba ent\u00e9rinait sa participation aux \u00e9lections de 2020 et d\u00e9signait Evo Morales comme chef de campagne, consid\u00e9rant qu'il \u00e9tait le plus qualifi\u00e9 \u00ab compte tenu de ses qualit\u00e9s de strat\u00e8ge \u00bb et de ses appels \u00e0 l'unit\u00e9. Le d\u00e9put\u00e9 du MAS et dirigeant cocalero Lino C\u00e1rdenas affirmait qu'Evo Morales pourrait, gr\u00e2ce aux nouvelles technologies, diriger la campagne avec l'appui des mouvements sociaux et des militants. Apr\u00e8s avoir quitt\u00e9 le Mexique, Evo Morales s'est r\u00e9fugi\u00e9 en Argentine, accompagn\u00e9 d'Alvaro Garcia Linera, de l'ancien chancelier Diego Pary et de deux anciens ministres. Ce d\u00e9part avait \u00e9t\u00e9 pr\u00e9c\u00e9d\u00e9 d'un voyage \u00e0 Cuba discr\u00e8tement \u00e9voqu\u00e9 par les m\u00e9dias officiels \u00e0 La Havane.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EUne transition p\u00e9rilleuse\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EComment le rapport de forces va-t-il \u00e9voluer sur le terrain ? Le 6 d\u00e9cembre 2019 la Chambre des d\u00e9put\u00e9s avait approuv\u00e9 une loi de Garanties constitutionnelles pr\u00e9sent\u00e9e par les d\u00e9put\u00e9s du MAS (encore majoritaires au Parlement). La loi \u00e9tablissait que les dirigeants ayant appel\u00e9 \u00e0 des mobilisations apr\u00e8s le coup d'\u00c9tat d'octobre 2019 ne pourraient \u00eatre poursuivis sur le plan judiciaire ni \u00eatre appr\u00e9hend\u00e9s. La pr\u00e9sidente int\u00e9rimaire avait alors d\u00e9clar\u00e9 qu'elle opposerait son veto \u00e0 ce projet de loi. Mais la surprise allait venir de la nouvelle pr\u00e9sidente du S\u00e9nat [\u003Ca href=\"#nb15\" id=\"nh15\"\u003E15\u003C\/a\u003E] Eva Copa, s\u00e9natrice du MAS \u00e0 El Alto, qui avait jou\u00e9 un r\u00f4le cl\u00e9 dans les n\u00e9gociations avec Jeanine \u00c1\u00f1ez. Affirmant la n\u00e9cessit\u00e9 d'aboutir \u00e0 un consensus \u00e0 la Chambre Haute, elle r\u00e9affirmait la volont\u00e9 du MAS de ne pas r\u00e9activer les conflits dans le pays afin que cessent les morts et les violences et que gr\u00e2ce au dialogue et \u00e0 la paix des \u00e9lections aient lieu le plus t\u00f4t possible. Eva Copa repr\u00e9sente les pragmatiques du MAS, oppos\u00e9s \u00e0 des secteurs plus radicaux. Interrog\u00e9e sur ses motivations elle a d\u00e9clar\u00e9 : \u00ab Parce que je viens d'El Alto, parce que je n'ai pas d'autre issue, parce que je ne vais pas quitter la Bolivie pour aller ailleurs, je n'ai pas de raisons de fuir \u00bb. \u00c0 la question de pourquoi d'autres se sont enfuis, elle r\u00e9pondit : \u00ab Ils disent que c'est pour raisons familiales \u00bb [\u003Ca href=\"#nb16\" id=\"nh16\"\u003E16\u003C\/a\u003E]. Une r\u00e9ponse implicitement critique \u00e0 l'\u00e9gard de l'ancien pr\u00e9sident, partag\u00e9e par d'autres militants. Interrog\u00e9 lui aussi sur les raisons de l'accord intervenu, l'ancien ministre des Affaires \u00e9trang\u00e8res Diego Pary affirmait que le dialogue \u00e9tait la meilleure solution \u00ab car nous pensons que l'on ne pouvait continuer \u00e0 pers\u00e9cuter les gens et \u00e0 les r\u00e9primer \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EFormellement, la p\u00e9riode transitoire devrait s'achever avec la convocation de nouvelles \u00e9lections l\u00e9gislatives le 3 mai 2020 et l'\u00e9lection des nouvelles autorit\u00e9s composant le Tribunal Supr\u00eame \u00c9lectoral. En d\u00e9pit de l'accord intervenu, le retour au calme est loin d'\u00eatre assur\u00e9. Dans le Chapar\u00e9, les cocaleros se sont oppos\u00e9s \u00e0 l'entr\u00e9e de la police. La Constitution accorde l'autonomie aux territoires indig\u00e8nes et laisse aux peuples indig\u00e8nes la libert\u00e9 de les administrer. Antonio Murillo, ministre de l'Int\u00e9rieur, a d\u00e9nonc\u00e9 \u00ab la police syndicale des cocaleros comme ill\u00e9gale et inconstitutionnelle dans une \"r\u00e9publiquette\" (R\u00e9publiqueta) \u00bb, une allusion aux Six F\u00e9d\u00e9rations du Tropique de Cochabamba, les syndicats de producteurs de coca [\u003Ca href=\"#nb17\" id=\"nh17\"\u003E17\u003C\/a\u003E]. Mais la Conf\u00e9d\u00e9ration des Femmes Indig\u00e8nes (les Bartolinas) a exig\u00e9 que les policiers boliviens \u00ab s'excusent \u00e0 genoux \u00bb pour les massacres commis. Morales a d\u00e9nonc\u00e9 depuis l'exil la volont\u00e9 du gouvernement d'interdire le vote indig\u00e8ne et paysan.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa pr\u00e9sidente int\u00e9rimaire a reconnu le droit du MAS de se pr\u00e9senter aux \u00e9lections \u00ab sous r\u00e9serve qu'il cherche un candidat autre qu'Evo Morales \u00bb. Ainsi l'ancien pr\u00e9sident aymara sera absent de l'\u00e9lection pr\u00e9sidentielle, tandis que Luis Fernando Camacho, surnomm\u00e9 le Bolsonaro bolivien, sera candidat. Apr\u00e8s la d\u00e9mission d'Evo Morales, il \u00e9tait entr\u00e9 au Palais pr\u00e9sidentiel et pla\u00e7ant une Bible sur le drapeau bolivien, il avait d\u00e9clar\u00e9 : \u00ab La Bible est revenue au Palais pr\u00e9sidentiel et la Pachamama (la Terre-m\u00e8re) ne reviendra plus jamais. La Bolivie appartient \u00e0 Dieu \u00bb. Militant d'extr\u00eame droite, pentec\u00f4tiste li\u00e9 \u00e0 une \u00e9glise \u00e9vang\u00e9lique r\u00e9actionnaire, cet homme d'affaires pr\u00e9sidait jusqu'alors le Comit\u00e9 Civique de Santa Cruz, anim\u00e9 par les \u00e9lites \u00e9conomiques et financi\u00e8res conservatrices de la r\u00e9gion orientale du pays. Apr\u00e8s avoir marginalis\u00e9 Carlos Mesa, l'ancien candidat \u00e0 l'\u00e9lection pr\u00e9sidentielle, Luis Fernando Camacho b\u00e9n\u00e9ficie de l'appui de Jeanine \u00c1\u00f1ez.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECeux qui pensent que le gouvernement va permettre des \u00e9lections \u00e9quitables se trompent. Les auteurs du coup d'\u00c9tat ne l'ont pas fait pour perdre le pouvoir lors des prochaines \u00e9lections, commente Katu Arkonada, ancien conseiller du vice- ministre de la Planification strat\u00e9gique. Le MAS est d\u00e9capit\u00e9, la participation de ses deux principaux dirigeants est interdite. Or, Evo Morales \u00e9tait jusqu'alors le principal facteur de coh\u00e9sion et d'unit\u00e9 du MAS, un parti compos\u00e9 de secteurs h\u00e9t\u00e9rog\u00e8nes aux int\u00e9r\u00eats corporatistes et communautaristes divers, qui est aujourd'hui affaibli. Ce \u00e0 quoi il faut ajouter la confusion provoqu\u00e9e par les d\u00e9missions et les d\u00e9parts du pr\u00e9sident et de son vice-pr\u00e9sident dans des conditions chaotiques. Alors qu'une des dirigeantes du MAS, Adriana Salvatierra, n\u00e9gociait son appui \u00e0 un gouvernement de transition si la s\u00e9curit\u00e9 d'Evo Morales et son d\u00e9part \u00e9taient assur\u00e9s, l'avion missionn\u00e9 par le pr\u00e9sident mexicain Lopez Obrador pour transf\u00e9rer Evo Morales au Mexique eut le plus grand mal \u00e0 obtenir l'autorisation de p\u00e9n\u00e9trer dans l'espace a\u00e9rien bolivien. Sans leader sur le terrain, harcel\u00e9 par la presse et des m\u00e9dias qui l'accusent de fraude \u00e9lectorale, le MAS a peu de chances de retrouver la majorit\u00e9 des deux tiers qu'il d\u00e9tient encore \u00e0 l'Assembl\u00e9e. Il va \u00eatre handicap\u00e9 par le fait d'avoir c\u00e9d\u00e9 le pouvoir \u00e0 ceux qu'il accusait d'\u00eatre des usurpateurs. \u00ab Il faut se pr\u00e9parer \u00e0 une travers\u00e9e du d\u00e9sert en r\u00e9sistant \u00e0 l'Assembl\u00e9e, en se retranchant sur les territoires pour gagner le plus de municipalit\u00e9s possibles \u00bb, r\u00e9sume Katu Arkonada.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EQui sera le candidat ou la candidate du MAS ? Pour Evo Morales il s'agit de pr\u00e9senter \u00ab quelqu'un qui d\u00e9fende non seulement le vote indig\u00e8ne, mais aussi celui de la classe moyenne et des dirigeants d'entreprises \u00bb [\u003Ca href=\"#nb18\" id=\"nh18\"\u003E18\u003C\/a\u003E]. Une position de compromis qui risque d'\u00eatre contest\u00e9e.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAutre inconnue, le score du candidat \u00e9vang\u00e9lique d'origine cor\u00e9enne, Chi Hyung Chung. Lors de la campagne \u00e9lectorale d'octobre il avait d\u00e9nonc\u00e9 la pr\u00e9sence de Satan dans le gouvernement d'Evo Morales, condamn\u00e9 le p\u00e9ch\u00e9 et l'idol\u00e2trie de la Pachamama. Il est arriv\u00e9 troisi\u00e8me au premier tour de l'\u00e9lection.\u003Cbr \/\u003E\nDes mouvements sociaux affaiblis, une gauche divis\u00e9e, une droite \u00e0 l'offensive, la soci\u00e9t\u00e9 est polaris\u00e9e. Une p\u00e9riode d'incertitudes s'ouvre pour la Bolivie.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EUn processus de fragmentation sociale et communautaire\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EComment expliquer la chute d'un gouvernement dont le bilan \u00e9conomique et social \u00e9tait salu\u00e9 par la plupart des observateurs comme l'un des plus positifs d'Am\u00e9rique latine ? Des progr\u00e8s ind\u00e9niables ont \u00e9t\u00e9 constat\u00e9s par la Banque interam\u00e9ricaine de d\u00e9veloppement, la pauvret\u00e9 a presque \u00e9t\u00e9 divis\u00e9e par deux, de 60 % en 2006 \u00e0 35 %, et l'extr\u00eame pauvret\u00e9 de 37,7 % en 2006 \u00e0 15,2 %. Des travaux d'infrastructures spectaculaires ont \u00e9t\u00e9 entrepris, notamment le t\u00e9l\u00e9ph\u00e9rique reliant la ville d'El Alto (\u00e0 4 000 m\u00e8tres d'altitude) \u00e0 La Paz, domin\u00e9e par le sommet de l'Illimani \u00e0 plus de 6 000 m\u00e8tres. De nombreuses routes ont \u00e9t\u00e9 construites, facilitant les \u00e9changes et la communication dans ce pays au cœur de la Cordill\u00e8re des Andes \u00e0 la g\u00e9ographie tr\u00e8s contrast\u00e9e entre les hauts plateaux et la r\u00e9gion orientale au climat tropical. Pendant plus de 13 ans le pays a connu un des taux de croissance les plus importants de l'Am\u00e9rique latine. La nationalisation des hydrocarbures en 2006 (une ren\u00e9gociation des contrats donnant le contr\u00f4le majoritaire \u00e0 l'\u00c9tat) avait permis d'accro\u00eetre de fa\u00e7on spectaculaire les revenus du gouvernement (de 731 millions de dollars \u00e0 4,95 milliards de dollars). L'Agenda Patriotique 2025 (date du bicentenaire de l'ind\u00e9pendance) avait pour objectif la diversification \u00e9conomique et le d\u00e9veloppement de la production agricole. La cr\u00e9ation d'entreprises nationales a fait partie d'une industrialisation contr\u00f4l\u00e9e par l'\u00c9tat, tout en recherchant la collaboration des entreprises \u00e9trang\u00e8res [\u003Ca href=\"#nb19\" id=\"nh19\"\u003E19\u003C\/a\u003E]. Les investissements \u00e9trangers envisag\u00e9s devaient permettre au pays de mettre \u00e0 profit ses ressources tr\u00e8s importantes en lithium pour devenir leader dans l'exportation des batteries. Mais la strat\u00e9gie de d\u00e9veloppement et la modernisation \u00e9conomique ont provoqu\u00e9 de nombreux conflits socio-environnementaux.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa contestation de la politique d\u00e9veloppementiste du gouvernement au sein de ses soutiens indig\u00e8nes n'est pas r\u00e9cente.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EComme le rappelle Laurent Lacroix [\u003Ca href=\"#nb20\" id=\"nh20\"\u003E20\u003C\/a\u003E], \u00ab deux des grandes organisations autochtones du pays, la CIDOB et la CONAMAQ qui ont largement contribu\u00e9 \u00e0 l'accession au pouvoir d'Evo Morales, r\u00e9clament l'application des droits des peuples autochtones \u00e9tablis dans la Constitution. Elles d\u00e9noncent des projets \u00e9conomiques qu'elles estiment contradictoires au principe constitutionnel du \"Buen Vivir\" (bien vivre) et une menace pour leurs territoires ancestraux \u00bb. Selon la Constitution les peuples indig\u00e8nes doivent \u00eatre consult\u00e9s \u00e0 propos de l'exploitation des ressources naturelles pr\u00e9sentes sur leurs territoires. Ces deux organisations avaient rompu leur alliance avec le MAS en 2011 \u00e0 la suite de plusieurs conflits socio-environnementaux dans les r\u00e9gions mini\u00e8res et dans quelques aires prot\u00e9g\u00e9es.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'extractivisme en plein essor, en d\u00e9pit des engagements pris par Evo Morales, a provoqu\u00e9 l'opposition croissante de secteurs sociaux paysans et indig\u00e8nes qui lui \u00e9taient autrefois acquis. \u00ab La Pachamama est revendiqu\u00e9e par le gouvernement bolivien mais elle est simultan\u00e9ment \u00e9voqu\u00e9e par les mouvements sociaux pour lutter contre le gouvernement \u00bb, constate Claude Le Gouill [\u003Ca href=\"#nb21\" id=\"nh21\"\u003E21\u003C\/a\u003E]. Malgr\u00e9 cette rh\u00e9torique \u00e9cologique les mouvements ruraux boliviens se caract\u00e9risent en majorit\u00e9 par l'acceptation de l'\u00e9conomie mini\u00e8re. \u00ab Les indig\u00e8nes revendiquent le droit d'\u00eatre consult\u00e9s et de participer aux b\u00e9n\u00e9fices sur les redevances et de former des entreprises communautaires mini\u00e8res administr\u00e9es par leurs organisations (parfois m\u00eame selon leurs us et coutumes). Ce qui explique aussi les tensions provoqu\u00e9es par des projets territoriaux oppos\u00e9s port\u00e9s par des organisations sociales concurrentes. Les principaux conflits miniers dans le Nord Potosi sont en effet situ\u00e9s dans des zones o\u00f9 se superposent plusieurs organisations \u00bb. De nombreux mineurs sont eux-m\u00eames indig\u00e8nes et peuvent \u00eatre affili\u00e9s en m\u00eame temps \u00e0 des organisations distinctes aux fronti\u00e8res identitaires floues [\u003Ca href=\"#nb22\" id=\"nh22\"\u003E22\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour des raisons historiques, certaines communaut\u00e9s sont affili\u00e9es au syndicat paysan indig\u00e8ne de la CSUTCB, tandis que d'autres affili\u00e9es \u00e0 la CONAMAQ lui sont oppos\u00e9es. Des organisations peuvent proposer des choix \u00e9conomiques et sociaux diff\u00e9rents pour les travailleurs miniers des secteurs public et priv\u00e9 et ceux des coop\u00e9ratives mini\u00e8res. Les divisions des communaut\u00e9s indig\u00e8nes rendent encore plus complexe le panorama. Au fil des ann\u00e9es les mutations \u00e9conomiques et les \u00e9volutions g\u00e9opolitiques continentales ont produit de nouveaux clivages sociaux avec l'\u00e9mergence d'une petite bourgeoisie commer\u00e7ante indig\u00e8ne.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa soci\u00e9t\u00e9 bolivienne s'est diversifi\u00e9e. L'\u00e9conomie informelle repr\u00e9sente 60 % du PIB et 70 % de la population active, les commerces informels ont prolif\u00e9r\u00e9, donnant naissance \u00e0 de petits et moyens entrepreneurs \u00e9mergents, b\u00e9n\u00e9ficiant aussi de pratiques de contrebande r\u00e9ticulaire. Les commer\u00e7ants aymaras disposent de r\u00e9seaux puissants de distribution et d'approvisionnement qui se sont enrichis gr\u00e2ce aux relations commerciales qu'ils ont \u00e9tablies avec des consortiums chinois [\u003Ca href=\"#nb23\" id=\"nh23\"\u003E23\u003C\/a\u003E]. Ils importent des marchandises chinoises produites \u00e0 grande \u00e9chelle et les revendent gr\u00e2ce \u00e0 des circuits ethniques locaux [\u003Ca href=\"#nb24\" id=\"nh24\"\u003E24\u003C\/a\u003E]. Ces secteurs ont acquis un capital politique de plus en plus important. La diversification commerciale aymara s'appuie sur de multiples liens familiaux et contacts socio-\u00e9conomiques, ce qui lui permet de mobiliser de nombreux r\u00e9seaux. Cette ascension sociale est devenue un d\u00e9fi pour les \u00e9lites blanches traditionnelles.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa bourgeoisie indig\u00e8ne \u00e9mergente n'h\u00e9site pas \u00e0 contester les d\u00e9cisions du gouvernement lorsqu'elles lui sont d\u00e9favorables. Avec la jeunesse urbaine elle a contribu\u00e9 \u00e0 la perte d'influence de l'ancien pr\u00e9sident.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECe n'est pas le cas des cocaleros, soutiens privil\u00e9gi\u00e9s d'Evo Morales. Apr\u00e8s la fermeture des mines dans les ann\u00e9es 1980, les mineurs licenci\u00e9s afflu\u00e8rent massivement vers le Chapar\u00e9. Ils \u00e9taient attir\u00e9s par les possibilit\u00e9s d'emploi dans le complexe \u00e9conomique coca-coca\u00efne, \u00ab une activit\u00e9 tr\u00e8s lucrative favorisant l'ascension sociale car les revenus tir\u00e9s de la coca peuvent \u00eatre 8 \u00e0 10 fois sup\u00e9rieurs \u00e0 ceux d'un paysan andin des hauts plateaux \u00bb, constate Romain Busnel [\u003Ca href=\"#nb25\" id=\"nh25\"\u003E25\u003C\/a\u003E]. Depuis 2017, la production de coca n'est plus criminalis\u00e9e. Dans la Constitution la coca est reconnue comme un \u00ab patrimoine culturel \u00bb facteur de \u00ab coh\u00e9sion sociale \u00bb. Sa production est contr\u00f4l\u00e9e par des syndicats aux vastes pr\u00e9rogatives qui repr\u00e9sentent \u00ab un pouvoir local proto-\u00e9tatique \u00bb [\u003Ca href=\"#nb26\" id=\"nh26\"\u003E26\u003C\/a\u003E]. R. Busnel \u00e9voque un \u00ab corporatisme \u00e9conomique fond\u00e9 sur une production r\u00e9gionale de coca au caract\u00e8re (il)licite flou, les march\u00e9s licites et illicites de la coca se confondent souvent \u00bb. Le lien entre syndicats et culture de la coca interroge sur les ressources que la coca procure aux organisations syndicales. Peu d'\u00e9tudes permettent d'\u00e9valuer les revenus et l'enrichissement de ces producteurs qui ont b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 de l'\u00e9lection de Evo Morales. Leur statut social a chang\u00e9. Font-ils partie des \u00ab nouvelles classes moyennes \u00bb comme l'affirment certains auteurs ? L'h\u00e9t\u00e9rog\u00e9n\u00e9it\u00e9 sociale et ethnique du pays rend cette classification peu op\u00e9rationnelle.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa bureaucratisation du r\u00e9gime\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab La crise actuelle ne peut s'expliquer par l'opposition entre d'une part les indig\u00e8nes et les paysans soutenant Evo Morales, et d'autre part l'extr\u00eame droite raciste et fasciste qui a pris le pouvoir. Ce point de vue ignore l'histoire de 13 ans du gouvernement de Morales et m\u00e9conna\u00eet de larges secteurs de la population y compris des milliers d'adeptes de son r\u00e9gime qui mettent en cause le processus \u00e9lectoral qui l'a \u00e9lu pour la 4\u003Csup\u003Ee\u003C\/sup\u003E fois mais \u00e9galement les manœuvres et les reculs r\u00e9alis\u00e9s par un pr\u00e9sident qui a tiss\u00e9 des alliances avec ses anciens ennemis \u00bb [\u003Ca href=\"#nb27\" id=\"nh27\"\u003E27\u003C\/a\u003E]. Ce jugement de Gloria Mu\u00f1oz Ram\u00edrez, journaliste au quotidien mexicain La Jornada, pour s\u00e9v\u00e8re qu'il soit, n'est pas sans fondements. Ceux qui ont vot\u00e9 contre la r\u00e9\u00e9lection d'Evo Morales en 2016 n'\u00e9taient pas tous des \u00ab contre-r\u00e9volutionnaires \u00bb. Parmi ceux qui ne veulent pas de son retour, nombreux sont ceux qui veulent le d\u00e9part de la pr\u00e9sidente int\u00e9rimaire et qui sont hostiles aux \u00e9lites r\u00e9actionnaires de Santa Cruz et \u00e0 la candidature de Camacho.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EParmi les secteurs sociaux qui avaient vot\u00e9 pour le MAS et qui constituaient au d\u00e9but sa base d'appui la plus importante, certains s'en sont d\u00e9tourn\u00e9s, accompagnant des mobilisations urbaines pendant l'ann\u00e9e 2017. Pour Laurent Lacroix et Claude Le Gouill, \u00ab le gouvernement des mouvements sociaux appara\u00eet davantage comme un \"mythe mobilisateur\", les bases des organisations sociales \u00e9tant peu consult\u00e9es et leurs repr\u00e9sentants s'\u00e9tant \u00e9loign\u00e9s d'elles, plus souvent pr\u00e9occup\u00e9s par l'acc\u00e8s aux postes de la Fonction publique. Le manque de d\u00e9mocratie interne et la difficult\u00e9 pour les bases militantes \u00e0 faire \u00e9merger une parole critique au gouvernement dans les espaces de d\u00e9cision collective g\u00e9n\u00e8rent une autonomie d\u00e9cisionnelle des dirigeants. \u00c0 son insu, le MAS constitue le creuset d'une nouvelle \u00e9lite compos\u00e9e des dirigeants des organisations sociales proches d'Evo Morales, et de techniciens fid\u00e8les \u00bb [\u003Ca href=\"#nb28\" id=\"nh28\"\u003E28\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes syndicats de cocaleros ont un r\u00f4le essentiel au sein du MAS. La professionnalisation politique de leurs dirigeants a favoris\u00e9 l'imbrication entre le parti politique et l'administration au niveau des municipalit\u00e9s, des r\u00e9gions, du gouvernement et de l'appareil d'\u00c9tat. Elle a suscit\u00e9 de nombreuses tensions et des conflits entre ceux qui b\u00e9n\u00e9ficient de cette activit\u00e9 \u00e9conomique et ceux qui ont d'autres activit\u00e9s, entre les paysans syndiqu\u00e9s et les non syndiqu\u00e9s. Elle a perp\u00e9tu\u00e9 des pratiques de cooptation, de client\u00e9lisme. \u00ab Le piston est r\u00e9apparu comme outil l\u00e9gitime de construction politique. D\u00e8s le d\u00e9but les dirigeants de corporations ont exig\u00e9 de participer aux listes l\u00e9gislatives du MAS \u00bb [\u003Ca href=\"#nb29\" id=\"nh29\"\u003E29\u003C\/a\u003E]. Progressivement le MAS a obtenu plus de postes institutionnels et de pouvoir et a consolid\u00e9 sa place au sein de l'\u00c9tat, provoquant de nombreuses accusations de corruption, \u00ab un terrain min\u00e9 qui concerne non seulement des dirigeants du MAS qui g\u00e8rent de fa\u00e7on discr\u00e9tionnaire les entreprises publiques, mais \u00e9galement des dirigeants interm\u00e9diaires qui mettent en œuvre des programmes sociaux \u00bb, affirme Jorge Lazarte [\u003Ca href=\"#nb30\" id=\"nh30\"\u003E30\u003C\/a\u003E] qui d\u00e9nonce la gestion des fonds publics comme s'ils \u00e9taient des propri\u00e9t\u00e9s personnelles. Le client\u00e9lisme s'est d\u00e9velopp\u00e9 parall\u00e8lement \u00e0 l'absence d'espaces pour le d\u00e9bat et la critique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans un article publi\u00e9 sur son blog, Katu Arkonada [\u003Ca href=\"#nb31\" id=\"nh31\"\u003E31\u003C\/a\u003E], ancien conseiller du vice-ministre de la Planification strat\u00e9gique, qui revendique sa loyaut\u00e9 envers le MAS et Evo Morales, affirme que \u00ab le temps est venu d'analyser les erreurs commises pendant \"le processus de changement\", des erreurs qui ont profit\u00e9 aux putschistes, afin de ne pas commettre les m\u00eames pendant les prochains mois \u00bb. Selon lui, cinq erreurs ont \u00e9t\u00e9 commises. La premi\u00e8re : \u00ab Avoir plac\u00e9 des fonctionnaires m\u00e9diocres sans engagement politique. Le MAS s'est transform\u00e9 en un instrument d'ascension sociale (de plus impr\u00e9gn\u00e9 de corruption) \u00bb. La deuxi\u00e8me : \u00ab Baisser pavillon (bajar banderas) en voulant s'adresser aux classes moyennes depuis le lib\u00e9ralisme a \u00e9t\u00e9 une deuxi\u00e8me erreur d\u00e9terminante. Au lieu de les attirer, leur conservatisme a \u00e9t\u00e9 renforc\u00e9. L'objectif aurait d\u00fb \u00eatre de se consacrer au noyau dur, le mouvement indig\u00e8ne originaire paysan et non aux classes moyennes. Ces derni\u00e8res \u00e9taient d\u00e9j\u00e0 perdues car non seulement elles ne voyaient pas les b\u00e9n\u00e9fices imm\u00e9diats du processus mais elles \u00e9taient mobilis\u00e9es contre lui par les moyens de communication \u00bb. La troisi\u00e8me erreur, \u00ab c'est d'avoir fait confiance aux m\u00e9dias qui aujourd'hui d\u00e9fendent les putschistes, mais aussi aux \u00e9lites \u00e9conomiques de Santa Cruz qui appuy\u00e8rent le gouvernement tant qu'il \u00e9tait fort mais retourn\u00e8rent leur veste rapidement \u00bb. La quatri\u00e8me \u00ab fut de faire confiance \u00e0 l'OEA, une erreur d\u00e9cisive pour le coup d'\u00c9tat, sans oublier une confiance excessive dans la police (des putschistes structurels) et dans l'arm\u00e9e \u00bb. La cinqui\u00e8me enfin pour Arkonada, c'est d'avoir inscrit la limitation des mandats pr\u00e9sidentiels dans la Constitution \u00ab sous la pression de la droite \u00bb, un jugement partag\u00e9 par de nombreux cadres et militants du mouvement.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00c0 cette recension, il faudrait ajouter la d\u00e9faillance des contre-pouvoirs judiciaires. Le Tribunal Constitutionnel Plurinational (TCP) dont l'\u00e9lection des magistrats se fait par un \u00ab vote universel \u00bb a valid\u00e9 \u00e0 la fois la r\u00e9\u00e9lection d'Evo Morales et le coup d'\u00c9tat (les candidats ayant \u00e9t\u00e9 pr\u00e9alablement s\u00e9lectionn\u00e9s par le gouvernement au sein du Parlement o\u00f9 le MAS \u00e9tait majoritaire) [\u003Ca href=\"#nb32\" id=\"nh32\"\u003E32\u003C\/a\u003E] ce qui augurait mal de son ind\u00e9pendance politique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa nation \u00e0 l'heure de l'indianit\u00e9, des strat\u00e9gies de d\u00e9veloppement divergentes\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDepuis l'\u00e9lection d'Evo Morales \u00e0 la pr\u00e9sidence en 2006, la Bolivie constituait un laboratoire pour la gauche latino-am\u00e9ricaine avec la mise en place d'un gouvernement des mouvements sociaux d\u00e9fendant les droits des autochtones inscrits dans la Constitution d'un \u00c9tat plurinational. B\u00e9n\u00e9ficiant pendant plus d'une d\u00e9cennie d'une stabilit\u00e9 \u00e9conomique et institutionnelle exceptionnelle dans l'histoire du pays, le gouvernement avait mis en œuvre une politique de redistribution sociale massive. Mais Evo Morales n'a jamais mis en cause le r\u00f4le central du march\u00e9 dans l'\u00e9conomie. Les int\u00e9r\u00eats des entrepreneurs de l'agrobusiness et des grandes entreprises ont \u00e9t\u00e9 pr\u00e9serv\u00e9s. Inscrite dans la Constitution, la superficie maximale d'une exploitation agricole ne peut d\u00e9passer 5 000 hectares. Mais cette d\u00e9cision n\u00e9goci\u00e9e avec l'opposition n'est pas r\u00e9troactive. Les latifundistes ont donc conserv\u00e9 leurs propri\u00e9t\u00e9s. Depuis la crise de 2008 Evo Morales a pass\u00e9 des accords avec les grands propri\u00e9taires de Santa Cruz.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMaintenir cet \u00e9quilibre politique en \u00e9vitant les conflits sociaux \u00e9tait devenu de plus en plus d\u00e9licat, au fur et \u00e0 mesure que la croissance des exportations primaires diminuait. Pour l'\u00e9cologue Dimitri de Boissieu [\u003Ca href=\"#nb33\" id=\"nh33\"\u003E33\u003C\/a\u003E], \u00ab le mod\u00e8le politique bolivien s'apparente plus \u00e0 un capitalisme d'\u00c9tat qui redistribue les richesses qu'\u00e0 un socialisme communautaire. Mais surtout, l'objectif de devenir le cœur \u00e9nerg\u00e9tique du continent sud-am\u00e9ricain a vite rel\u00e9gu\u00e9 au second plan les ambitions \u00e9cologiques annonc\u00e9es. Exploitations p\u00e9troli\u00e8res au milieu des aires prot\u00e9g\u00e9es, pollution croissante des lacs, extraction de gaz naturel et de r\u00e9serves de lithium pour r\u00e9pondre \u00e0 l'engouement en faveur de la voiture \u00e9lectrique, d\u00e9forestation, d\u00e9veloppement d'une agriculture industrielle et transg\u00e9nique et d'un projet de centrale nucl\u00e9aire \u00bb. L'indig\u00e9nisme du gouvernement s'est r\u00e9v\u00e9l\u00e9 \u00e0 g\u00e9om\u00e9trie variable.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'\u00e9mergence politique et juridique de l'indianit\u00e9 est l'un des changements les plus notables en Am\u00e9rique latine depuis la fin du 20\u003Csup\u003Ee\u003C\/sup\u003E si\u00e8cle. Apr\u00e8s des si\u00e8cles d'oppression, les populations autochtones ont obtenu des r\u00e9formes constitutionnelles reconnaissant leurs droits. Droit \u00e0 la terre, droits coutumiers, reconnaissance de leurs langues, de leurs organisations, droits de la nature, en particulier dans les soci\u00e9t\u00e9s plurinationales, en \u00c9quateur et en Bolivie. \u00ab Des Constitutions indig\u00e9nistes de type communautariste \u00bb, selon le politologue Georges Couffignal [\u003Ca href=\"#nb34\" id=\"nh34\"\u003E34\u003C\/a\u003E].\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'article 1 de la Constitution bolivienne d\u00e9finit l'\u00c9tat \u00ab comme unitaire, social, de droit plurinational communautaire, fond\u00e9 sur le pluralisme politique, \u00e9conomique, juridique, culturel et linguistique dans un processus int\u00e9grateur du pays \u00bb. La Constitution de ce pays de 11 millions d'habitants avec 36 nations ne compte pas moins de 411 articles. Mais l'int\u00e9gration des territoires autochtones s'est-elle r\u00e9alis\u00e9e sur le plan national ? Comment l'autorit\u00e9 de l'\u00c9tat s'est-elle manifest\u00e9e envers des autonomies dissidentes ? La nation avec \u00ab une unit\u00e9 dans la diversit\u00e9 \u00bb comme l'avait souvent r\u00e9p\u00e9t\u00e9 Evo Morales s'est-elle consolid\u00e9e, ou au contraire n'est-elle que l'association de communaut\u00e9s aux int\u00e9r\u00eats parfois divergents ? Les tensions se sont accrues entre les communaut\u00e9s indig\u00e8nes et paysannes, la jeunesse et la bourgeoisie urbaine, et les autorit\u00e9s publiques.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDes projets de d\u00e9veloppement concurrentiels ont divis\u00e9 les organisations et les ont affaiblies face \u00e0 la puissance \u00e9conomique et financi\u00e8re de Santa Cruz. Le corporatisme syndical a renforc\u00e9 les int\u00e9r\u00eats sectoriels, les appartenances communautaires. Les logiques identitaires, les antagonismes sociaux et territoriaux se sont multipli\u00e9s. \u00ab La recrudescence des conflits entre les organisations indig\u00e8nes et le gouvernement \u00e9tait pr\u00e9visible d\u00e8s lors que la majorit\u00e9 des ressources strat\u00e9giques du XXI\u003Csup\u003Ee\u003C\/sup\u003E si\u00e8cle (eau, biodiversit\u00e9, gaz, p\u00e9trole, min\u00e9raux, for\u00eats) est situ\u00e9e dans des zones habit\u00e9es par des peuples indig\u00e8nes \u00bb, constate le politologue Salvador Marti i Puig [\u003Ca href=\"#nb35\" id=\"nh35\"\u003E35\u003C\/a\u003E]. La mobilisation de certains secteurs indig\u00e8nes contre le projet gouvernemental de construction d'une route traversant un parc naturel, le Territoire indig\u00e8ne parc national Isiboro S\u00e9cure (TIPNIS), avait d\u00e9bouch\u00e9 sur des affrontements entre les manifestants. Les marcheurs avaient \u00e9t\u00e9 attaqu\u00e9s par des policiers de l'\u00c9tat. Ce conflit socio-environnemental opposait d'un c\u00f4t\u00e9 environ 12 000 indig\u00e8nes natifs regroup\u00e9s en 64 communaut\u00e9s et de l'autre 15 000 colons cultivateurs de coca. Les heurts entre ces colons et les populations originaires souvent s\u00e9dentaris\u00e9es, oppos\u00e9es aux projets de construction d'infrastructures du gouvernement, r\u00e9v\u00e9laient deux strat\u00e9gies de d\u00e9veloppement divergentes. \u00ab Pour les partisans du gouvernement, interdire la construction des routes c'est interdire la construction et l'ach\u00e8vement du territoire national [\u003Ca href=\"#nb36\" id=\"nh36\"\u003E36\u003C\/a\u003E]. \u00bb, observe Laetitia Perrier Brusl\u00e9. L'expansion des infrastructures \u00e9tant la garantie du d\u00e9veloppement, de la lutte contre la pauvret\u00e9 et l'isolement des petits paysans. \u00c0 ceux qui critiquaient la strat\u00e9gie d'industrialisation des ressources naturelles promue par Evo Morales afin de sortir le pays de la mono-exportation mini\u00e8re, le vice pr\u00e9sident Garcia Linera avait r\u00e9pondu : \u00ab La Bolivie ne sera pas le garde forestier de la plan\u00e8te \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour les opposants au gouvernement, le mod\u00e8le extractiviste a eu gain de cause. Ils d\u00e9noncent la volont\u00e9 de l'ex-pr\u00e9sident de r\u00e9tablir les pr\u00e9rogatives de l'État central dans des zones \u00e9loign\u00e9es, quitte \u00e0 avoir recours \u00e0 des m\u00e9thodes autoritaires contraires aux promesses constitutionnelles. L'ancien vice-pr\u00e9sident de l'Assembl\u00e9e Constituante, Jorge Lazarte [\u003Ca href=\"#nb37\" id=\"nh37\"\u003E37\u003C\/a\u003E], avait critiqu\u00e9 \u00ab le virage modernisateur, extractiviste et favorable aux entreprises adopt\u00e9 depuis 2014 alors que l'indig\u00e9nisme est devenu un rituel symbolique et p\u00e9riph\u00e9rique \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ERetour sur le projet initial\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn 2014, le \u00ab processus de changement \u00bb bolivien avait \u00e9t\u00e9 d\u00e9fini par Alvaro Garcia Linera comme \u00ab une \u00e9conomie de transition h\u00e9t\u00e9rodoxe. C'est la coexistence entre des entreprises priv\u00e9es, des entreprises communautaires, des investissements \u00e9trangers avec un fort leadership de l'\u00c9tat. L'id\u00e9e est d'ouvrir la possibilit\u00e9 de passer \u00e0 une soci\u00e9t\u00e9 post-capitaliste. Mais l\u00e0 ce n'est plus l'affaire d'un pays aussi petit que la Bolivie, c'est une t\u00e2che plan\u00e9taire \u00bb [\u003Ca href=\"#nb38\" id=\"nh38\"\u003E38\u003C\/a\u003E]. Et il ajoutait : \u00ab Nous ne pensons pas au socialisme mais \u00e0 une r\u00e9volution d\u00e9mocratique d\u00e9colonisatrice profonde \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAujourd'hui, nombreux sont ceux parmi les cadres et les militants du MAS qui mettent en cause la concentration des pouvoirs autour de la personne de \u00ab El Evo \u00bb, la croyance en son invuln\u00e9rabilit\u00e9. La crise bolivienne a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 une institutionnalit\u00e9 d\u00e9mocratique d\u00e9faillante. Marginalis\u00e9es pendant plus d'une d\u00e9cennie, les \u00e9lites conservatrices traditionnelles et l'extr\u00eame droite ont instrumentalis\u00e9 \u00e0 leur profit les erreurs commises. Le coup d'\u00c9tat bolivien r\u00e9alis\u00e9 avec une habilet\u00e9 certaine au nom de la d\u00e9fense de la d\u00e9mocratie rappelle que toute tentative de \u00ab r\u00e9gulation \u00bb du capitalisme au profit des couches populaires devra faire face \u00e0 une opposition nationale et internationale, \u00e9conomique et si besoin militaire. Interrog\u00e9 au Mexique sur la crise bolivienne, le vice-pr\u00e9sident Garcia Linera a estim\u00e9 que \u00ab l'erreur est de ne pas avoir contr\u00f4l\u00e9 l'arm\u00e9e et la police. La pire erreur est de ne pas avoir organis\u00e9 le peuple pour son auto-d\u00e9fense. Aujourd'hui c'est l'arm\u00e9e et la police qui ont le pouvoir \u00bb. Mais il s'interroge : \u00ab Comment cr\u00e9er une structure de d\u00e9fense du pouvoir r\u00e9volutionnaire ? Il faut d\u00e9fendre la d\u00e9mocratie contre ceux qui l'attaquent de l'int\u00e9rieur ou de l'ext\u00e9rieur. Mais la d\u00e9mocratie ce n'est pas seulement le processus \u00e9lectoral \u00bb [\u003Ca href=\"#nb39\" id=\"nh39\"\u003E39\u003C\/a\u003E]. Reconnaissance des failles d'un projet d\u00e9mocratique inachev\u00e9 doubl\u00e9 d'une confiance illusoire dans la loyaut\u00e9 des chefs militaires.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED\u00e9cembre 2019\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003ENotes\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh1\" id=\"nb1\"\u003E1\u003C\/a\u003E] Cf. la s\u00e9rie d'articles sur le blog de J.-P. Lavaud sur Mediapart.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh2\" id=\"nb2\"\u003E2\u003C\/a\u003E] Le MAS-IPSP (Mouvement vers le socialisme-Instrument Politique pour la souverainet\u00e9 des peuples).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh3\" id=\"nb3\"\u003E3\u003C\/a\u003E] Agence Reuters, 11 novembre 2019.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh4\" id=\"nb4\"\u003E4\u003C\/a\u003E] \"How the OAS, and the Media's Lack of Scrutiny, Caused a Violent Coup in Bolivia\" Guillaume Long, Open Democracy, 25 novembre 2019.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh5\" id=\"nb5\"\u003E5\u003C\/a\u003E] \"What Happened in Bolivia's 2019 Vote\u003Cbr \/\u003E\nCount ?\", novembre 2019, Guillaume Long, David Rosnick, Cavan Kharrazian, and Kevin Cashman.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh6\" id=\"nb6\"\u003E6\u003C\/a\u003E] \"The OAS has to answer for its role in the Bolivian coup\",The Guardian, 2 d\u00e9cembre 2019.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh7\" id=\"nb7\"\u003E7\u003C\/a\u003E] The New York Times, 24 novembre 2019.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh8\" id=\"nb8\"\u003E8\u003C\/a\u003E] RFI, Chronique des m\u00e9dias, pression et r\u00e9pression en Bolivie, 23 novembre 2019.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh9\" id=\"nb9\"\u003E9\u003C\/a\u003E] R\u00e9solution du Comit\u00e9 pour l'Am\u00e9rique latine, 3 janvier 2020.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh10\" id=\"nb10\"\u003E10\u003C\/a\u003E] Bartolina Sisa, combattante aymara (18\u003Csup\u003Ee\u003C\/sup\u003E si\u00e8cle).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh11\" id=\"nb11\"\u003E11\u003C\/a\u003E] Ayllu et Markas : Structure communautaire traditionnelle. Un Marka regroupe plusieurs ayllus.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh12\" id=\"nb12\"\u003E12\u003C\/a\u003E] Qullasuyu : une des r\u00e9gions qui formaient l'empire Inca.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh13\" id=\"nb13\"\u003E13\u003C\/a\u003E] Les \u00e9lections devraient avoir lieu le 3 mai 2020.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh14\" id=\"nb14\"\u003E14\u003C\/a\u003E] Unión de Naciones Suramericanas, projet sud-am\u00e9ricain d'int\u00e9gration r\u00e9gionale.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh15\" id=\"nb15\"\u003E15\u003C\/a\u003E] Du fait de la d\u00e9mission en cascade de l'ancien pr\u00e9sident du S\u00e9nat et de cinq autres hauts responsables du MAS.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh16\" id=\"nb16\"\u003E16\u003C\/a\u003E] ALNAVIO, Daniel Gomez, 25 novembre 2019.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh17\" id=\"nb17\"\u003E17\u003C\/a\u003E] La Jornada, 12 d\u00e9cembre 2019. Evo Morales a toujours pr\u00e9sid\u00e9 ces F\u00e9d\u00e9rations.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh18\" id=\"nb18\"\u003E18\u003C\/a\u003E] France 24, 18 d\u00e9cembre 2019.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh19\" id=\"nb19\"\u003E19\u003C\/a\u003E] Laurent Lacroix, \u00ab Les grands chantiers de la Bolivie d'Evo Morales \u00bb, Am\u00e9rique Latine 2013, La Documentation française.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh20\" id=\"nb20\"\u003E20\u003C\/a\u003E] Ibid.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh21\" id=\"nb21\"\u003E21\u003C\/a\u003E] Claude Le Gouill, \u00ab Imaginaires miniers et conflits sociaux en Bolivie \u00bb, Cahiers des Am\u00e9- riques Latines, n\u00b0 82, 2016.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh22\" id=\"nb22\"\u003E22\u003C\/a\u003E] Ibid.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh23\" id=\"nb23\"\u003E23\u003C\/a\u003E] Nico Tassi, Juan Manuel Arbona, Giovanna\u003Cbr \/\u003E\nFerrufino, Antonio Rodriguez Carmona, \u00ab El des- borde economico popular en Bolivia, Comer- ciantes aymaras en el mundo global \u00bb, Nueva Sociedad, n\u00b0 241.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh24\" id=\"nb24\"\u003E24\u003C\/a\u003E] Ibid., p. 93.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh25\" id=\"nb25\"\u003E25\u003C\/a\u003E] \u00ab L'inclusion politique par le corporatisme syndical cocalero \u00bb, Cahiers des Am\u00e9riques Latines, n\u00b0 86, Éditions de l'IHEAL, 2017.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh26\" id=\"nb26\"\u003E26\u003C\/a\u003E] Herv\u00e9 Do Alto, Pablo Stefanoni, Nous serons des millions, Éditions Raisons d'agir, 2008.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh27\" id=\"nb27\"\u003E27\u003C\/a\u003E] La Jornada, 23 novembre 2019, Gloria Muñoz Ramírez.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh28\" id=\"nb28\"\u003E28\u003C\/a\u003E] \u00ab Le processus de changement \u00bb en Bolivie, Laurent Lacroix et Claude Le Gouill, Éditions de l'IHEAL, 2019.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh29\" id=\"nb29\"\u003E29\u003C\/a\u003E] G. Merino et S. Stoessel, \u00ab Le pouvoir du volant en Argentine et en Bolivie dans le cycle post n\u00e9olib\u00e9ral \u00bb, Cahiers des Am\u00e9riques Latines n\u00b0 86, 2017.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh30\" id=\"nb30\"\u003E30\u003C\/a\u003E] J. Lazarte, \"Bolivia : proceso electoral pre- maturo o incertidumbre del post-evismo ?\", C.A.L. n\u00b0 86, 2017.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh31\" id=\"nb31\"\u003E31\u003C\/a\u003E] Telesur, Katu Arkonada, \u00ab Bolivie : l'heure de l'autocritique \u00bb, 11 d\u00e9cembre 2019. Katu Arkonada, militant de la gauche abertzale du Pays Basque.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh32\" id=\"nb32\"\u003E32\u003C\/a\u003E] Cahiers des Am\u00e9riques Latines, n\u00b0 86 2017\/3, p. 7.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh33\" id=\"nb33\"\u003E33\u003C\/a\u003E] Dimitri de Boissieu, Bolivie : l'illusion \u00e9cologiste. Voyage entre nature et politique au pays d'Evo Morales, Éditions Écosoci\u00e9t\u00e9, 2019.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh34\" id=\"nb34\"\u003E34\u003C\/a\u003E] La nouvelle Am\u00e9rique latine, Les Presses de SciencesPo, 2013.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh35\" id=\"nb35\"\u003E35\u003C\/a\u003E] Salvador Marti i Puig, \u00ab L'apparition politique et juridique de l'indianit\u00e9 en Am\u00e9rique latine \u00bb, Am\u00e9rique latine, 2013, La Documentation française.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh36\" id=\"nb36\"\u003E36\u003C\/a\u003E] Laetitia Perrier Brusl\u00e9, \u00ab Le conflit du Tipnis 110 et la Bolivie d'Evo Morales face \u00e0 ses contradictions : analyse d'un conflit socio-environnemental \u00bb, ÉchoGeo, 2012.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh37\" id=\"nb37\"\u003E37\u003C\/a\u003E] Jorge Lazarte, op.cit.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh38\" id=\"nb38\"\u003E38\u003C\/a\u003E] Alvaro Garcia Linera, Bolivie\/Europe, Regards sur les gauches, Éditions du Croquant, 2014.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh39\" id=\"nb39\"\u003E39\u003C\/a\u003E] Le vent se l\u00e8ve, 29 novembre 2019, lvsl.fr\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/cadtm.org\/Le-pronunciamiento-bolivien\"\u003Ecadtm.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":[]}}