par Serge Van Cutsem
En 2025, Londres célèbrera les 80 ans de la victoire sur le nazisme. Une commémoration censée honorer le souvenir de ceux qui ont donné leur vie pour libérer l'Europe de la barbarie. Et pourtant, c'est une ignominie sans nom qui s'y prépare : les soldats ukrainiens, nourris d'un héritage revendiqué de Stepan Bandera - l'un des plus infâmes collaborateurs de l'Allemagne nazie - défileront en grande pompe, glorifiés comme les «nouveaux défenseurs de la liberté». Pendant ce temps, la Russie, pilier central de la victoire de 1945, en est exclue.
Oui, vous avez bien lu : les enfants spirituels de la Waffen-SS ukrainienne seront acclamés sur le sol britannique, tandis que les héritiers de ceux qui ont écrasé Hitler à Stalingrad et Berlin seront considérés comme persona non grata. C'est plus qu'un oubli. C'est une trahison. Une abjection.
Mon père, résistant dans l'armée secrète belge, fut arrêté, torturé, et envoyé dans un camp de concentration nazi de Oranienburg-Sachsenhausen, après être passé par celui de Breendonk. Il y a survécu un an, brisé mais debout, ce camp a été libéré par l'Armée rouge le 22 avril 1945, avec l'appui de troupes polonaises. Ce sont bien les Soviétiques qui ont mis fin à l'enfer de ce camp, où plus de 200 000 personnes avaient été détenues depuis sa création en 1936. Entre 30 000 et 50 000 y ont trouvé la mort selon les estimations. Il avait subi la bête immonde et il savait ce que signifiait vraiment le mot liberté. S'il vivait encore, il n'aurait pas compris. Il aurait pleuré de rage.
Car que voit-on aujourd'hui ? Des gouvernements occidentaux, à genoux devant leur propre propagande, qui réécrivent l'histoire avec le cynisme d'un faussaire sans morale. On efface l'Union soviétique de la mémoire collective, on transforme des collaborateurs notoires en patriotes et on ose prétendre que ceux qui marchaient sous les drapeaux nazis étaient des résistants à l'oppression soviétique, comme si cela effaçait les massacres de civils polonais, juifs et russes, les pogroms, les délations.
Ce n'est plus simplement une falsification de l'Histoire, C'est une insulte à nos morts.
Car soyons clairs : sans l'Armée rouge, sans les sacrifices inouïs du peuple soviétique - qu'ils soient russes, ukrainiens, biélorusses, géorgiens ou arméniens - l'Europe serait peut-être encore sous la botte nazie. Ce sont eux qui ont brisé la machine de guerre allemande. Pas Hollywood. Pas les batailles reconstituées en Normandie pour touristes. Pas les communiqués de presse de l'OTAN.
Mais voilà : dans le monde inversé que l'on nous impose, on glorifie les bourreaux tant qu'ils servent le bon camp. Celui de Washington. Celui des multinationales. Celui de l'idéologie otanienne. On ressuscite les collabos, on efface les libérateurs et on piétine les tombes avec un sourire satisfait.
C'est cela, aujourd'hui, la «mémoire européenne» ? Un défilé de marionnettes arborant des drapeaux aux couleurs des divisions SS Galicie ?
Et pendant ce temps, les médias se taisent, les intellectuels baissent les yeux et il n'y a quasiment plus d'anciens combattants pour s'indigner. Il ne reste que les enfants - comme moi - et les petits-enfants des résistants pour refuser cette inversion totale des valeurs, cette décadence morale qu'on nous impose comme nouveau récit.
Non, nous n'oublierons pas. Non, nous ne laisserons pas l'histoire être détournée au profit des stratèges du chaos. Non, nous n'accepterons pas que nos pères soient effacés par des communicants en costard, qui n'ont jamais risqué autre chose qu'un mauvais sondage.
Ce qu'il se passe aujourd'hui est plus qu'un scandale : c'est une capitulation morale. Et c'est à nous, citoyens libres, enfants des résistants véritables, de dire NON. Haut et fort. Car si la mémoire est une arme, alors nous nous en servirons pour défendre la vérité - et honorer les morts qui ne peuvent plus parler.