15 Nov 2018
Article de : Charles Hoareau
Comme le rappelle la fédération CGT des industries chimiques sur le prix que nous payons pour le carburant seuls 10% vont à l'industrie du raffinage les 90% restants allant aux taxes et dans les poches des actionnaires, la France faisant partie des 25% de pays qui taxent le plus les carburants. L'énoncé de ces seuls chiffres justifie la colère : c'est du racket !
De plus soyons clairs : cette politique de taxation, outre le fait qu'elle est excessive, n'est juste d'aucun point de vue.
- D'un point de vue social c'est faire payer aux plus pauvres l'impôt sur le transport. Le seul impôt juste c'est l'impôt sur le revenu. Les taxes devraient être réservées aux produits de luxe.
- L'argument écologique ne tient pas pour les mêmes raisons. Les riches continueront à se déplacer quel que soit le prix de l'essence et les pauvres, s'ils n'ont pas les transports en commun adéquats, continueront à prendre la voiture...en payant plus cher !
Dans cette situation un mouvement tant politique que syndical, soucieux du monde du travail, aurait dû se mobiliser depuis longtemps et en particulier depuis les dernières hausses annoncées par ce gouvernement qui a réduit l'impôt sur les grosses fortunes et multiplié les cadeaux aux riches.
Sur ce sujet spécifique des taxes il n'en a rien été...
Et la nature ayant horreur du vide, le peuple s'est emparé de ce sujet.
Ces jours-ci se multiplient sur les réseaux sociaux des appels à une action le 17 novembre, action de blocage nous dit-on. Ces appels sont critiqués pour deux raisons essentielles :
- Parce que, lancés par des individus, ils seraient relayés, voire récupérés par l'extrême droite
- La forme d'action proposée (un samedi sans grève serait inefficace). Dans la foulée de ces critiques des interpellations directes sont lancées en direction de celles et ceux qui se positionnent pour ce mouvement : « où étiez-vous dans les actions contre la loi travail, les ordonnances et plus généralement les actions pour l'augmentation des salaires...etc ? »
Devant cette situation il nous appartient de prendre de la hauteur.
Oui celles et ceux qui aspirent à prendre en compte les besoins des travailleuses et travailleurs sont coupables de n'avoir rien vu venir. Non pas qu'ils l'aient fait exprès mais, aspirés par d'autres logiques, par d'autres préoccupations, parfois par des guerres picrocholines entre organisations se réclamant du changement de société, ils sont en fait coupés du peuple [1].
Bien sûr qu'il faut lutter pour l'augmentation des salaires, que c'est même une des conditions premières de sortie de crise mais en quoi cela est-il contradictoire avec le fait de demander la baisse des taxes sur un produit qui, qu'on le veuille ou non, dans l'état actuel des choses, est un produit de première nécessité ?
Mieux, même si par l'action nous arrachions une augmentation générale des salaires et pensions, cela rendrait-il acceptable le racket actuel du gouvernement ? L'impôt continuerait à frapper plus fort celles et ceux qui ont les plus bas revenus. La redistribution par l'impôt ne se ferait pas.
On peut critiquer la forme d'action. Soit. Mais que répondre à celles et ceux qui disent que par nos formes d'actions traditionnelles nous n'avons ni réussi à empêcher le loi travail, ni aucune des lois malfaisantes de l'actuel gouvernement ? Dans ces conditions, même si nous ne le partageons pas, ne pouvons-nous pas comprendre le scepticisme d'une partie de la population ?
L'extrême droite récupère ? Mais c'est justement parce que le mouvement ouvrier n'est pas à la pointe de ces batailles pour le pouvoir d'achat. Et depuis longtemps.
Nous ne voulons pas que la juste colère des gens du peuple soit dévoyée, alors agissons et proposons !
Disons que nous sommes prêts à nous mobiliser pour les revendications suivantes :
- Baisse immédiate de la taxation des carburants.
- Fixation des prix par l'état afin d'avoir le même prix sur tout le territoire (comme cela se fait dans de nombreux pays) : la libéralisation de 1983 n'a pas fait baisser les prix et 70% des stations-services ont fermé
- Rétablissement de l'impôt sur la fortune et de la progressivité de l'impôt sur le revenu
- Développement des transports en commun et gratuité des transports urbains ou péri-urbains
- Gratuité des parkings et développement de ceux-ci à l'entrée des villes et aux grandes stations de transport.
- Augmentation des salaires et réduction de l'échelle des salaires
Et surtout, surtout, sur la base de ces quelques premières revendications qui ne demandent qu'à être élargies dans le sens de la justice sociale, proposons un calendrier de luttes efficace et des formes d'actions concrètes dont le peuple pourra s'emparer et agir prenant ainsi confiance dans l'action.
Source: Association Nationale des Communistes
Note: [1] Cela rappelle le mouvement contre les horodateurs à Marseille qu'aucune force politique n'avait vu venir à part à l'époque, à part l'ANC 13 qui avait lancé sa pétition pour les transports et les parkings gratuits.