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Christian Perronne, ancien chef du service d'infectiologie de l'hôpital de Garches.
Neyer Valeriano / FS
REPORTAGE - Mardi 13 septembre, le professeur Christian Perronne était auditionné devant la chambre disciplinaire du Conseil de l'Ordre des médecins. Une foule extraordinaire s'était rassemblée près du lieu de l'audition dès le début de journée en soutien au médecin.
8 h du matin, métro volontaires dans le 15e arrondissement de Paris, le quotidien des passants a été remué dans ce quartier habituellement calme. Les slogans « Liberté » résonnent dans les rues de Paris, comme on a pu les entendre chaque semaine lors des manifestations contre les politiques sanitaires de ces deux dernières années. Dans les étroites rue des Volontaires et rue Blomet, la foule s'est petit à petit amassée pour aller à la rencontre du médecin. Convoqué par son Ordre, celui-ci doit répondre de ses déclarations sur la crise du Covid-19 à l'occasion de ses interventions dans divers grands médias. Parmi les griefs qui lui sont reprochés, ses prises de position favorables à la prescription des traitements précoces contre le Covid-19, ou encore sa remise en cause de la compétence des autorités sanitaires.
Figure emblématique des scientifiques opposés au discours officiel des autorités sanitaires sur la gestion du Covid-19, le professeur a été acclamé, à la manière dont on acclame les héros, par les quelques centaines de personnes qui ont fait le déplacement, en pleine semaine, pour soutenir le médecin. Sur place, des Français de tous âges nous confient avoir pris une demi-journée de congé. Orléans, Bruxelles, Clermont-Ferrand... ils sont nombreux à avoir rejoint la capitale pour être présent à cette manifestation de soutien.
@Neyer Valeriano / FS
Un « symbole » accueilli en héros
Pour Sandrine, coprésidente de l'association Lyme Event, ce rassemblement est l'occasion de manifester son soutien à un professeur qui s'est illustré par son combat pour la reconnaissance de la maladie de Lyme, une pathologie qui continue de faire débat dans le monde médical : « C'est un grand homme, il nous a tellement aidé.... Pour la maladie de Lyme, c'est le seul à faire de la recherche en France, au niveau international. Si l'on tape sur des grands professeurs de cette façon, on n'aura plus personne », déplore-t-elle.
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Pour Stéphanie, infirmière suspendue depuis bientôt un an, le professeur des universités est un symbole de légitimité pour les soignants qui ont refusé la vaccination et restent toujours suspendus depuis le 15 septembre dernier : « C'est un hommage au professeur, c'est un hommage aux soignants et à tous ceux qui ont vécu cette obligation vaccinale et qui aujourd'hui ne peuvent plus exercer, des pompiers, aux soignants, c'est absolument symbolique, il ne faut pas nous oublier. »
Tristan Edelman, coordinateur des collectifs Réinfo Covid et Arts vivants libres, et auteur de l'ouvrage Les indomptables paru en juin dernier, partage aussi ce sentiment : « Le professeur Perronne, c'est un prétexte bien entendu. C'est surtout un symbole de courage : courage de la vérité, du courage de s'exposer et c'est aussi une manière de rappeler qu'il y a beaucoup de gens derrière qui ont été, et qui sont encore, sous la menace de la discrimination d'une politique délétère ».
Devant la ferveur du public à son endroit, nous avons demandé au Pr Perronne s'il se sentait perçu comme un héros : « Un héros je ne sais pas, mais je pense que s'il y a autant de monde, c'est que mon message les a touchés au fond de leur cœur et de leur tripe. Et ils ont senti qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas bien, il fallait remettre l'église au centre du village. »
Une audition « calme et sereine »
Peu après midi, le professeur quitte la salle d'audience. À notre micro, il nous confie ses impressions : « C'était un débat très calme, très serein ». Et de préciser : « Mon avocat et moi avons pu exposer des faits de façon très tranquille. Ce que j'ai dit, c'est que j'ai toujours été attaché à la déontologie médicale. Toute ma carrière, je l'ai mise au service des patients. J'ai travaillé des années pour le ministère de la Santé pour gérer des épidémies et la politique vaccinale. Donc, je suis très serein quand je regarde derrière moi, sur ma carrière.... Maintenant, il faut laisser le jury débattre tranquillement, je ne veux pas interférer là-dedans. »
Me Thomas Benages, avocat du professeur, et Me Carlo Brusa, figure médiatique des débats juridiques liés à la crise du Covid-19, se sont félicités d'avoir été témoin d'un débat sur les questions de fond. Selon Me Brusa, le Pr Perronne a « amené le débat dans le droit. » Il ajoute : « On n'était pas dans une émotion hystérique, on était vraiment dans un débat juridique. »
Même discours chez Me Benages, qui rapporte que la discussion a porté autour des problématiques liées au droit à la liberté d'expression des médecins en temps de crise sanitaire : « Ça s'est très bien passé, mais ça me permet de dire que le débat était fondamental et c'était important que la chambre disciplinaire l'entende, parce que la question principale portait sur la liberté d'expression des médecins et des enseignants-chercheurs. Est-ce qu'un médecin de renommée international dans le cadre d'une crise sanitaire mondiale peut s'exprimer sans justement avoir de critique personnelle, peut s'exprimer de manière libre pour pouvoir apporter sa pierre à l'édifice. »
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Une fois le professeur entré dans la salle d'audience, la foule est restée un temps sur place pour chanter, avant d'être invitée par les organisateurs des collectifs Réinfo Paris et Liberté78 à se déplacer vers l'esplanade Jacques Chabans-Delmas, lieu un second rassemblement avec des prises de paroles qui se sont déroulées de 10 h jusqu'au milieu de l'après-midi.
@Neyer Valeriano / FS