Mettant en avant les contradictions australiennes dans l'affaire des sous-marins entre la France, l'Australie et les Etats-Unis, le porte-parole du ministère des armées, Hervé Grandjean a affirmé sur Twitter le 21 septembre que «les Australiens ont écrit à la France pour dire qu'ils étaient satisfaits des performances atteignables par le sous-marin et par le déroulement du programme».
Il a étayé son propos sur le plateau de Cnews ce 22 septembre. Hervé Grandjean a ainsi assuré que «le jour même de l'annonce du président [Joe] Biden et du premier ministre [australien Scott] Morrisson», le ministère des Armées et Naval Group auraient reçu «un courrier officiel» de la marine australienne selon lequel le gouvernement australien serait «extrêmement satisfait».
Autre incompréhension suscitée par le revirement du gouvernement australien, ce dernier souhaitait vraisemblablement dès le départ acquérir des sous-marins à propulsion classique et non pas à propulsion nucléaire contrairement à ce qui est mis en avant à propos du choix finalement effectué au profit des Etats-Unis.
Hervé Grandjean a mis en effet plusieurs contradictions en avant dans la réaction australienne : le sacrifice des créations locales d'emploi au profit d'une conception exclusivement étasunienne, le report de la livraison de dix ans malgré un calendrier serré prévu dans le cahier des charges, et le coût. La technologie américaine représenterait en effet une somme de 3 milliards d'euros par submersible, «c'est deux à trois fois plus que le prix d'un barracuda français tel que la marine nationale en est dotée», a assuré Hervé Grandjean.
Autre paradoxe, celui d'avoir une industrie nucléaire pour entretenir les sous-marins commandés auprès des Etats-Unis. «Il y a un hiatus massif dans ce qu'à annoncé le Premier ministre [australien Scott] Morrisson, d'un côté le Premier ministre dit : "nous ne voulons pas développer une industrie nucléaire, ni civile, ni militaire, mais d'autre part nous voulons des sous-marins nucléaires"», a souligné Hervé Grandjean. La conséquence directe de ce choix est que, selon lui, «la partie nucléaire du sous-marin sera faite aux Etats-Unis, et ça veut dire que pour démarrer le bateau, pour le réparer, peut-être même pour l'opérer», l'Australie aura probablement besoin de marins étasuniens à son bord «alors que les Australiens voulaient des capacités souveraines».
La crise provoquée par l'annulation du contrat de vente risque également d'avoir des conséquences sur les négociations du traité de libre-échange entre l'Union Européenne et l'Australie. Le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Clément Beaune, avait en effet affirmé à Bruxelles le 21 septembre à ce propos : «On ne peut pas faire comme si de rien n'était... nous devons ouvrir toutes les options.»
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