par Mikhail Gamandiy-Egorov
Face aux multiples échecs des Occidentaux sur le continent africain, Paris en tête, l'establishment washingtonien tente par tous les moyens de maintenir l'influence occidentale en terre stratégique africaine. Et par la même occasion se bat pour réduire l'influence de Pékin et de Moscou sur le continent.
Les élites occidentales mettent le plein d'efforts en vue de tenter de se repositionner en Afrique. Si du côté de Paris et malgré toutes les tentatives récentes de sauver ce qui est encore possible à sauver, le constat va clairement dans le sens d'un échec évident, aujourd'hui le maître de l'axe occidental-otanesque en la qualité de Washington tente de son côté de prendre la relève et barrer la route à l'axe sino-russe et celui de la multipolarité.
Ainsi, le chef de la diplomatie US Blinken est de nouveau en tournée en Afrique. Il a visité d'abord l'Éthiopie, pays qui était pourtant encore récemment sous la déstabilisation ouverte et assumée de l'Occident, où il a annoncé « une nouvelle aide humanitaire » de 331 millions de dollars.
Le choix de l'Éthiopie n'étant pas un hasard car le pays est stratégique à plusieurs égards. Deuxième en termes démographique à l'échelle continentale africaine avec plus de 120 millions d'habitants, l'un des principaux partenaires de Pékin et de Moscou en Afrique, sans oublier que le siège de l'Union africaine se trouve précisément dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba.
Après l'Éthiopie, Blinken sera au Niger. Le choix du Niger n'est certainement pas un hasard non plus car Niamey étant toujours orienté sur l'axe occidental, notamment sur l'Hexagone, à l'heure du large rejet de ce dernier dans plusieurs pays africains.
Mais les relations politiques ne sont certainement pas la seule raison. Le pays riche en ressources naturelles, mais dont profite bien peu la population locale - fait partie des principaux fournisseurs de l'Europe en uranium naturel, avec le Kazakhstan et la Russie. A l'heure où les structures occidentales s'alarment que des pays comme la France restent dépendants dans le domaine nucléaire vis-à-vis de Moscou.
Perdre ainsi un autre allié qui est un fournisseur de taille d'une matière stratégique serait synonyme de catastrophe pour les Occidentaux, d'autant plus qu'ils savent parfaitement qu'une large partie de la société civile nigérienne partage les convictions panafricanistes et souverainistes de ses camarades maliens, burkinabés et d'autres populations africaines.
Et cela d'ailleurs confirme également les prévisions d'Observateur Continental que les ressources naturelles stratégiques représenteront la clé du monde multipolaire post-occidental. À l'heure où il est devenu totalement évident que malgré toutes les belles paroles de l'establishment occidental quant au succès des économies néolibérales - sans l'accès aux ressources naturelles des nations non-occidentales - cet Occident est bel et bien condamné soit à de bien grandes difficultés économiques et industrielles, soit à la catastrophe pure et simple.
Une autre option qui fait trembler à ce titre l'establishment occidental est celle lorsque les pays possédant justement ces ressources naturelles stratégiques, dont nombreux se trouvent précisément en Eurasie et en Afrique, imposeront leur propre mécanisme de régulation des prix sur le marché international, indépendamment des « centres » existant en Occident, ces derniers n'ayant par la même occasion aucun lien avec la propriété sur les dites ressources naturelles.
Il suffira après de créer les mécanismes nécessaires en vue de travailler conjointement pour les pays non-occidentaux sur la transformation des matières premières et c'est ainsi que les nouveaux rapports de force sur ce sujet d'importance effectivement stratégique s'imposeront.
Pour revenir donc à l'énième tournée de Blinken sur le continent africain, il serait aussi important de dire à quel point l'Afrique est importante pour les élites occidentales, qui se battent aujourd'hui de manière ouverte, et habituellement arrogante, pour sauver leurs fameux vestiges de l'unipolarité et écarter au plus tard possible leur chute déjà attendue. Mais bien que Washington tente de modifier les rapports de force sur le continent africain, à l'heure des échecs évidents de ses sous-traitants en la qualité des régimes européistes, il est peu probable que cela aura une influence notable sur la suite des événements.
source : Observateur Continental