Par Moon of Alabama - Le 6 mai 2025
Ce reportage du New York Timessur le nouveau gouvernement allemand est d'une étonnante maladresse.
Ce qu'il faut savoir sur le nouveau gouvernement allemand - ( archivé) - New York Times, 6 mai 2025
L'article est rédigé par Christopher F. Schuetze, qui est « en reportage à Berlin »
Lisez cette partie :
La prestation de serment d'un chancelier en Allemagne est une procédure parlementaire qui est associée à beaucoup moins de faste - mais beaucoup plus d'étapes - que son équivalent américain.
Tout d'abord, M. Merz doit être élu chancelier par le Parlement, qui compte 630 sièges. La coalition détient 360 de ces sièges. Ce n'est pas une grande majorité, mais comme il n'y a aucune raison pour que quiconque s'écarte des lignes du parti, on s'attend à ce qu'il remporte la majorité simple nécessaire au premier tour....
La coalition, qui n'a été finalisée qu'hier, se compose des chrétiens-démocrates (CDU/CSU ou « l'Union ») et des sociaux-démocrates (SPD). Leur nombre combiné de sièges est de 328 (208+120). Le NYT affirme que le nombre total de sièges pour la coalition est de 360. Ce serait le cas si l'Union avait formé une coalition avec l'Alternative für Deutschland (AfD), qui lui dispute les votes conservateurs.
Non seulement le journaliste du NYT s'est trompé dans les chiffres de base, mais il fait également preuve d'un manque total de perspicacité quant à l'état d'esprit qui règne au sein de la coalition : « Il n'y a aucune raison pour que quiconque s'écarte des lignes du parti », écrit-il. Or, il s'avère que ces fameuses raisons sont pourtant nombreuses.
C'est pourquoi Merz n'a pas réussi à obtenir suffisamment de voix :
Le leader conservateur allemand Friedrich Merz n'a pas réussi à obtenir suffisamment de voix au Parlement pour devenir chancelier mardi, un coup dur qui a plongé la politique de la plus grande économie d'Europe une fois de plus dans le désarroi.Merz, 69 ans, qui a mené ses conservateurs CDU/CSU à la victoire lors des élections fédérales de février et a signé un accord de coalition avec les sociaux-démocrates de centre-gauche (SPD), n'a obtenu que 310 voix lors du vote secret à la chambre basse, le Bundestag, soit six voix de moins que la majorité absolue. Cela signifie qu'au moins 18 députés de la coalition ne l'ont pas soutenu.
Merz n'est pas apprécié par de nombreux membres de son parti. Son style personnel est plutôt dictatorial. Il a fait campagne sur la restriction budgétaire pour ensuite faire volte-face, immédiatement après l'élection, en levant les restrictions constitutionnelles sur la dette.
Neuf législateurs se sont abstenus et 307 ont voté contre Merz, a déclaré Julia Kloeckner, présidente du Bundestag.Visiblement choqué, Merz s'est levé pour s'entretenir avec ses collègues. Lundi, les initiés du parti s'étaient pourtant montrés confiants dans le fait qu'il obtiendrait une majorité.
Merz n'est pas apprécié non seulement au sein de son propre parti, mais aussi par l'opinion publique. Un récent sondage le plaçait au treizième rang des hommes politiques actuels les plus appréciés.
Seuls 38 % des Allemands pensent qu'il sera un bon chancelier. 52 % pensent qu'il sera un mauvais chancelier (10 % ne savent pas).
Merz est désormais le premier candidat au poste de chancelier à ne pas avoir remporté son vote de confirmation.
Ce n'est cependant pas suffisant pour l'éliminer. Il y aura un deuxième vote, puis un troisième, au cours duquel une majorité relative suffira à le faire élire.
Faute de politiques et d'hommes politiques dignes de ce nom, l'Europe s'autodétruit. Merz, tout comme Starmer en Grande-Bretagne et Macron en France, tentera de gouverner de manière tyrannique.
Mais sans une majorité convaincue derrière lui, il devra gouverner beaucoup plus prudemment qu'il ne le voudrait.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.