Anne Hidalgo n'a peur de rien. Cette personne est inaccessible à la simple décence. Elle passe son temps à mentir, jusqu'à nier des évidences, et elle n'a aucun complexe à « vivre sur la bête ». Comme beaucoup de ces socialistes qui considèrent une fois élus, que le contribuable doit leur financer un niveau de vie très confortable. On se rappelle peut-être l'anecdote de ce député socialiste devenu éphémère ministre sous Hollande (président socialiste), avant d'être prestement débarqué parce qu'on s'était aperçu que non seulement il ne payait pas d'impôts, mais qu'il ne déclarait pas ses revenus ! Il revint à l'assemblée, et évita évidemment de démissionner pour percevoir son indemnité jusqu'à la fin du mandat. C'était à lui que son prédécesseur qui lui avait laissé le siège avait dit d'un air gourmand : « tu vas voir, on ne paye plus rien ! ».
« Oui, mais j'ai été à Auschwitz »
Pratiquant tranquillement cette culture Anne Hidalgo vient de se faire accrocher pour une affaire parfaitement déplaisante. Profitant de l'organisation des jeux olympiques à Paris, elle s'est offert dans des conditions douteuses trois semaines de vacances en Polynésie française. Le scandale ayant pris une certaine ampleur, elle n'a pas hésité à abandonner le registre de l'indécence pour celui de l'abjection. Justifiant ce qui ressemble à un onéreux passe-droit, elle a répliqué en substance : « oui j'ai été à Tahiti, mais attention j'ai aussi été Auschwitz ».
Concernant ce personnage, il faut utiliser les bons mots. Celui de « corruption » a plusieurs acceptions et il faut par conséquent le manier avec quelques précautions. Il y a bien sûr d'abord la qualification pénale établie par l'article 432 - 11 du Code, qui sanctionne le fait pour un élu de demander ou d'accepter un avantage quelconque, pour lui ou pour autrui, en échange de l'exécution ou de l'inexécution d'un acte de son mandat ou facilité par son mandat. Et puis il y a une acception imagée beaucoup plus large, utilisée dans le langage courant, celle d'une corruption qui peut être morale, politique ou comportementale. Anne Hidalgo, la maire de Paris, la caractérise assez bien, avec son comportement autoritaire, arrogant, souvent immoral, comme vient de le démontrer par exemple l'affaire de son récent voyage à Tahiti. Au menu : utilisation abusive de fonds publics, contradictions politiques criantes, mensonges et refus arrogant de rendre des comptes, dès lors que son comportement immoral est pointé. Le problème étant cette fois-ci qu'en y regardant bien, des qualifications pénales pourraient bien recevoir application, si les magistrats du parquet daignaient se pencher sur ce qui s'est passé.
Tahiti, c'est comme la Seine-Saint-Denis mais avec la mer
Chacun sait que la Ville de Paris est l'autorité organisatrice du grand barnum des JO de 2024. L'État et d'autres collectivités locales sont directement concernés, mais le grand patron politique et technique, c'est Anne Hidalgo. On connaît aussi les inquiétudes du ministère de l'Intérieur quant à la sécurité des manifestations, les appréhensions des Parisiens un minimum lucides, l'affolement des bouquinistes privés de leur gagne-pain, et la surprise des étudiants chassés de leur chambre universitaire. Seul ceux qui s'intéressent de près à l'organisation avaient cependant relevé le caractère ubuesque de la décision d'organiser les épreuves de surf à 20 000 km de la capitale, à savoir en Polynésie française. On sait bien qu'il aurait été difficile de les prévoir sur la Seine, mais le territoire métropolitain disposait de plusieurs endroits adaptés, que ce soit en Bretagne ou sur la côte basque. Non, non c'était beaucoup mieux de faire cela à Tahiti, et qu'importent le bilan carbone ou le décalage horaire de 12 heures. Oui, parce que les épreuves auront lieu en pleine nuit pour la France métropolitaine, ce qui leur garantira un audimat explosif.
Anne Hidalgo vient de rajouter une petite séquence tout à fait déplaisante et sur laquelle la justice serait peut-être avisée de jeter un coup d'œil. En effet, on a appris par la presse que la maire de Paris s'était rendue en Polynésie, du 16 au 22 octobre en « mission officielle » d'inspection des installations destinées à accueillir les épreuves de surf. Premier problème, elle n'est rentrée que le 5 novembre en métropole, ce qui pouvait apparaître longuet pour aller visiter une plage, regarder quelques miradors installés pour les juges, et jeter un coup d'œil sur une salle de presse. Et puis elle n'est pas partie toute seule pour cette mission harassante, puisqu'elle s'est fait accompagner par son adjoint aux sports, son chef de cabinet et son directeur de cabinet. On apprend ensuite, remarquable sens du timing, que Nahema Temarii, la ministre des Sports polynésienne, était à Paris à ce moment-là, et que les travaux des installations n'avaient pas commencé ! Et enfin qu'Anne Hidalgo n'était pas présente aux « visites d'inspection », laissant ainsi ses collaborateurs faire le boulot. Ah bon, et pourquoi donc ? Et c'est ainsi, grâce aux explications embrouillées des élus de la majorité municipale, que l'on pût avoir le fin mot de l'histoire. Anne Hidalgo avait un avion des lignes intérieures tahitiennes à prendre pour aller retrouver sa fille qui réside Polynésie et passer trois semaines de vacances sur une plage de sable blanc.
Cocotiers, plage dorée, vahinées, yukulélé...
L'incendie s'étant déclenché dans la presse et sur les réseaux sociaux, l'arrogance et la désinvolture ne suffirent pas à l'éteindre. Entre deux insultes à son opposition municipale et sans peur du ridicule, Anne Hidalgo a donc saisi la Commission de déontologie de la ville de Paris. Sans peur du ridicule parce que cette commission a été créée par la maire de Paris qui en a nommé tous les membres ! Sans surprise, l'organisme a prononcé une absolution rapide en considérant que le voyage « est en lien direct avec les intérêts de la Ville de Paris, tant au regard de ses objets que des rencontres avec diverses autorités [...] la Ville de Paris n'a pas subi de préjudice puisque la maire de Paris a réalisé un déplacement à titre professionnel en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie financé par la collectivité parisienne du 16 au 21 octobre 2023 matin ainsi qu'un voyage à titre privé du 21 octobre après-midi au 5 novembre 2023 pris en charge sur ses deniers personnels ». Par conséquent, circulez il n'y a rien à voir.
Rien à voir ? Voire...
Si on est un minimum de bonne foi, on comprend qu'Anne Hidalgo s'est servie d'un prétexte pour aller passer trois semaines de vacances avec sa fille dans un des plus beaux endroits du monde, sans en avoir à en supporter le coût véritable. Un aller-retour Paris-Papeete, probablement en classe business, coûte très cher. Les vols internes polynésiens, en général sur des ATR de petite taille, sont plus qu'abordables. Désolé, Madame la maire, mais votre petite escapade sent la combine à plein nez. Alors on va rappeler quelques-uns des principes qui gouvernent la gestion publique locale. Toute dépense qui engage des fonds publics doit précisément être rattachée à un intérêt public. En la circonstance, pour juger comme l'a fait la « commission de déontologie » que l'ensemble de cette mission justifiait la prise en charge du déplacement par la ville, il aurait fallu démontrer que la présence de ces quatre personnes, et en particulier de la maire, était, dans l'intérêt de la Ville de Paris, indispensable à ce moment-là. À défaut de cette démonstration, les participants pourraient se voir appliquer l'article 432 - 15 du Code pénal qui réprime le détournement de fonds publics. Anne Hidalgo comme auteur principal éventuel et ceux qui ont organisé l'escapade pour complicité.
Au regard des informations dont on dispose par la presse, les soupçons sont très lourds. Le meilleur moyen de crever cet abcès et de mettre fin à la polémique serait que la justice se saisisse de cette affaire et commence par diligenter une enquête préliminaire sous l'autorité du parquet. Soit celui du Tribunal judiciaire de Paris, soit directement le Parquet National Financier. Malheureusement, et comme d'habitude, parier sur leur pieux silence serait un placement de père de famille.
Anne Hidalgo a été Auschwitz, cela vaut excuse absolutoire.