Auteur(s): FranceSoir
Invité au Forum économique mondial de Davos par Klaus Schwab, l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger a plaidé pour un retour des négociations entre l'Ukraine et la Russie le 24 mai dans une prise de parole par visioconférence, estimant que l'Ukraine devait envisager des concessions territoriales à la Russie, plutôt que de vouloir reconquérir la Crimée et le Donbass, relate Yahoo Finance.
« Les négociations doivent commencer dans les deux prochains mois avant que cela ne crée des bouleversements et des tensions qui ne seront pas facilement surmontés », a-t-il alerté. L'homme politique de 98 ans a soutenu que l'Ukraine devait faire des concessions territoriales, en mettant fin à ses projets de s'emparer de la Crimée (rattachée à la Russie en 2014 à l'issue d'un référendum, dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux) ou des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk (reconnues par Moscou).
« Idéalement, la ligne de démarcation devrait être un retour au statu quo ante. Poursuivre la guerre au-delà de ce point ne concernerait pas la liberté de l'Ukraine, mais une nouvelle guerre contre la Russie elle-même », a-t-il jugé.
Il a aussi enjoint l'Occident à se souvenir de l'importance de la Russie pour le continent européen et à ne pas se laisser influencer « par l'humeur du moment », prédisant que persister à vouloir infliger une défaite à la Russie aura pour seule conséquence de pousser les Russes dans les bras de la Chine et de l'Inde :
« L'Ukraine aurait dû être un pont entre l'Europe et la Russie, mais maintenant, alors que les relations sont remodelées, nous pouvons entrer dans un espace où la ligne de démarcation est redessinée et la Russie est entièrement isolée. Nous sommes maintenant confrontés à une situation où la Russie pourrait se couper complètement de l'Europe et chercher une alliance permanente ailleurs. Cela peut conduire à des distances diplomatiques semblables à celles de la Guerre froide, qui nous feront reculer de plusieurs décennies. Nous devons lutter pour une paix à long terme. »
Les « Sages » appellent à négocier la paix en Ukraine
Le jour suivant, d'anciens responsables et dirigeants mondiaux regroupés sous le nom des « Sages », un groupe fondé par Nelson Mandela en 2007, ont fait une déclaration similaire, rapporte Mediapart.
« Mettre fin à la souffrance humaine provoquée par cette guerre par l'entremise de la diplomatie doit être la principale priorité de la communauté internationale. Idéalement, la ligne de démarcation devrait être le retour au statu quo », ont-ils estimé, s'inquiétant notamment des retombées de cette guerre sur la paix mondiale et les prix alimentaires, comme des souffrances du peuple ukrainien.
Parmi les «Sages» figurent l'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ou encore les anciens présidents irlandais Mary Robinson et chilien Ricardo Lagos. L'ancien président américain Jimmy Carter en est membre honoraire.