20/04/2025 francesoir.fr  9min #275515

Australie - Un document explosif sur le couvre-feu Covid, gardé secret pendant quatre ans, révélé après une bataille juridique

France-Soir

Australie - Un document explosif sur le couvre-feu COVID, gardé secret pendant quatre ans, révélé après une bataille juridique

Résumé : un  document obtenu après plus de quatre ans de bataille juridique révèle que le couvre-feu imposé à Victoria, en Australie, en 2020, interdisant les sorties entre 20 h et 5 h, n'était pas fondé sur des conseils de santé publique, contrairement aux affirmations de l'ancien Premier ministre Daniel Andrews. Une correspondance par courriel entre Finn Romanes, commandant de la santé publique, et Brett Sutton, directeur de la santé, montre l'absence d'évaluation écrite justifiant cette mesure. Obtenu grâce à une demande d'accès à l'information par le député libéral David Davis et une décision du Tribunal civil et administratif de Victoria (VCAT), ce document expose une faille dans la légitimité du couvre-feu, emblématique des confinements stricts de Melbourne, qui ont totalisé 262 jours.  Publiée le 19 avril 2025 par Sky News Australia, cette révélation a ravivé les critiques contre Andrews, accusé d'autoritarisme. John Pesutto, chef de l'opposition, a salué la transparence imposée par le VCAT, mais le public reste divisé, avec seulement 50 % des Victoriens approuvant la gestion de la pandémie. Cette affaire met en lumière des tensions sur la transparence et la prise de décision, alimentant le débat sur les coûts sociaux et économiques des restrictions.

Australie - Un document crucial, dissimulé pendant plus de quatre ans par le gouvernement de l'État de Victoria, en Australie, a révélé que le couvre-feu strict imposé pendant la pandémie de COVID-19 n'était pas fondé sur des conseils de santé publique. Cette révélation, publiée par Sky News Australia le 19 avril 2025, découle d'une bataille acharnée pour la liberté d'information menée par le député libéral David Davis contre le Département de la Santé de Victoria. Le document, obtenu après une décision du Tribunal civil et administratif de Victoria (VCAT), met en lumière une correspondance par courriel entre Finn Romanes, commandant de la santé publique de Victoria à l'époque, et Brett Sutton, alors directeur de la santé de l'État. Datée de 2020, cette correspondance montre que Romanes n'avait vu aucune évaluation écrite ou analyse formelle justifiant la nécessité d'un couvre-feu, contredisant directement les déclarations publiques de l'ancien Premier ministre Daniel Andrews, qui avait affirmé que cette mesure était basée sur des recommandations des autorités sanitaires.

Le couvre-feu, instauré à partir du 2 août 2020, interdisait aux résidents de Victoria, en particulier ceux de Melbourne, de quitter leur domicile entre 20 h et 5 h, sauf pour des raisons essentielles comme le travail ou des urgences médicales. Cette mesure, intégrée aux restrictions de niveau 4, faisait partie de la réponse agressive de Victoria à la seconde vague de COVID-19, qui a vu Melbourne subir l'un des confinements les plus longs au monde, totalisant 262 jours entre 2020 et 2021. Les résidents ont exprimé une frustration croissante face à cette mesure, perçue comme particulièrement intrusive et autoritaire, d'autant plus que Daniel Andrews avait insisté, lors de conférences de presse, sur le fait que le couvre-feu était une directive directe des autorités sanitaires, notamment du professeur Brett Sutton. Cependant, le courriel de Finn Romanes à Sutton, révélé dans le document, indique clairement qu'il n'existait « aucune évaluation écrite spécifique » ou « analyse formelle » pour étayer la décision d'imposer un couvre-feu, soulevant des questions sur la légitimité de cette mesure draconienne.

La bataille pour obtenir ce document a été longue et semée d'embûches. David Davis, membre du Conseil législatif de Victoria et fervent défenseur de la transparence, a déposé une demande d'accès à l'information en 2020, peu après l'instauration du couvre-feu. Le Département de la Santé a initialement refusé de divulguer les documents, invoquant des exemptions liées à la confidentialité et à la sensibilité des informations. Davis a persévéré, portant l'affaire devant le VCAT, qui, après des années de litige, a tranché en avril 2025 en faveur de la publication des courriels. Cette décision a été un tournant, mettant fin à ce que Davis a décrit comme une « culture du secret » au sein du gouvernement victorien. Dans une déclaration à Sky News Australia, Davis a accusé le gouvernement Andrews d'avoir « trompé le public » en prétendant que le couvre-feu était scientifiquement justifié, alors que les preuves disponibles suggèrent qu'il s'agissait d'une décision politique.

Le document révèle également des tensions internes au sein du Département de la Santé. Dans un autre courriel, Finn Romanes exprimait des inquiétudes quant à la communication publique autour du couvre-feu, notant que les affirmations selon lesquelles il était basé sur des conseils sanitaires pourraient être contestées en l'absence de documentation formelle. Romanes écrivait à Sutton : « Je n'ai pas vu de rapport ou d'analyse spécifique qui recommande explicitement le couvre-feu comme mesure nécessaire. Si cela existe, pourriez-vous me le transmettre ? » La réponse de Sutton, bien que partiellement caviardée dans les documents publiés, ne semble pas fournir de justification claire, renforçant l'idée que le couvre-feu était davantage une décision improvisée qu'une mesure étayée par des données scientifiques.

Ces échanges internes contrastent fortement avec les déclarations publiques d'Andrews, qui, le 3 août 2020, avait affirmé lors d'une conférence de presse : « Le couvre-feu est une mesure difficile mais nécessaire, basée sur les conseils des experts de la santé publique. »

 content.api.news

La révélation de ce document a intensifié les critiques contre Daniel Andrews, qui a quitté ses fonctions de Premier ministre en septembre 2023. Andrews, surnommé « Dan le Dictateur » par ses détracteurs, a été à la fois loué pour sa gestion rigoureuse de la pandémie et vilipendé pour son approche perçue comme autoritaire. Le couvre-feu, en particulier, est devenu un symbole des mesures controversées de son gouvernement, avec des manifestations anti-confinement à Melbourne en 2020 et 2021 ayant parfois dégénéré en affrontements avec la police. Les critiques, y compris des groupes de défense des libertés civiles comme Liberty Victoria, ont soutenu que le couvre-feu violait les droits fondamentaux sans preuve claire de son efficacité.

Un rapport du Herald Sun publié en 2024 a révélé que seulement 50 % des Victoriens estimaient que le gouvernement avait bien géré la pandémie, un chiffre qui reflète une fracture persistante dans l'opinion publique.

John Pesutto, chef de l'opposition victorienne, a salué la décision du VCAT, déclarant que « la transparence est essentielle pour restaurer la confiance dans nos institutions ». Dans une interview accordée à Sky News Australia, Pesutto a qualifié le couvre-feu de « mesure draconienne qui a infligé des souffrances inutiles » et a appelé à une enquête plus large sur la prise de décision pendant la pandémie. Il a également critiqué l'héritage d'Andrews, affirmant que « les Victoriens méritent de savoir pourquoi des décisions aussi lourdes ont été prises sans fondement clair ». De son côté, le gouvernement actuel de Victoria, dirigé par la Première ministre Jacinta Allan, a minimisé l'importance du document, un porte-parole déclarant que « les décisions prises pendant la pandémie étaient basées sur les meilleures informations disponibles à l'époque dans un contexte de crise sans précédent ».

Cette affaire intervient dans un contexte où la population victorienne reste profondément divisée sur la gestion de la pandémie. Si certains créditent Andrews d'avoir contenu la propagation du virus dans un État qui a enregistré plus de 40 % des cas australiens de COVID-19 en 2020, d'autres dénoncent les coûts humains et économiques des restrictions. Les fermetures prolongées des écoles, la mise à l'arrêt des entreprises et les restrictions de mouvement ont contribué à une augmentation des problèmes de santé mentale, avec une hausse de 30 % des appels aux lignes d'assistance psychologique en 2020, selon Beyond Blue. L'économie victorienne a également souffert, avec un chômage atteignant 7,5 % à son pic en 2020, selon l'Australian Bureau of Statistics.

La révélation que le couvre-feu, l'une des mesures les plus emblématiques, manquait de fondement scientifique risque d'alimenter davantage le mécontentement et de relancer les appels à une commission d'enquête publique sur la gestion de la pandémie à Victoria.

Et en France

La gestion de la pandémie de COVID-19 a suscité des controverses majeures, marquées par des confinements stricts, une instrumentalisation de la science pour justifier des mesures parfois infondées et une opacité dans la prise de décision, notamment via le Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN).

Les confinements de mars et octobre 2020, parmi les plus rigoureux d'Europe, ont été imposés sur la base de modèles épidémiologiques, comme ceux de l'Institut Pasteur, qui surestimaient les hospitalisations et les décès, entraînant des restrictions jugées excessives par des économistes et des défenseurs des libertés. La science a souvent été instrumentalisée pour généraliser des assertions fausses, comme l'efficacité universelle des vaccins ou la dangerosité exagérée de certains traitements précoces, tels que l'hydroxychloroquine, discrédités sans considération rigoureuse par les autorités, alors que  de nombreuses études dont celles de l'IHU Méditerranée montraient leur efficacité.

Le CDSN, présidé par Emmanuel Macron, a centralisé les décisions dans un cadre confidentiel, échappant au contrôle parlementaire et marginalisant les experts indépendants, ce qui a alimenté les accusations d'autoritarisme.

Un sondage  France-Soir/BonSens.org du 27 février 2025 révèle une défiance profonde :  55 % des Français estiment que les effets secondaires des vaccins COVID sont trop nombreux et 69 % exigent une évaluation indépendante des traitements précoces. Par ailleurs,  67 % soutiennent la création d'une commission d'enquête sur la gestion de la crise, et 58 % demandent la levée du secret-défense sur les décisions du CDSN pour clarifier les contrats vaccinaux et les choix stratégiques. Des erreurs logistiques, comme la pénurie de masques et les retards dans les tests, combinées à une hausse de 20 % des troubles anxieux en 2021 (Santé publique France), ont exacerbé la méfiance.

Cette fracture, amplifiée par l'opacité et l'instrumentalisation scientifique, continue de nourrir un débat sur l'équilibre entre santé publique et libertés fondamentales.

 francesoir.fr