Même le New York Times ne veut plus reproduire la version israélienne des tueries à Gaza et remet pour une fois les pendules à l'heure. Le conseil des droits de l'Homme à l'ONU rejette également les déclarations israéliennes, selon lesquelles les manifestants palestiniens posaient un danger. Quant à la Procureure de la CPI (Cour pénale internationale), qui ne se mouille jamais, elle s'est sentie obligée de faire un communiqué pour rappeler que des plaintes pour crimes de guerre et génocide avaient été déposées sur son bureau, et que "le recours à la violence doit s'arrêter".
Le communiqué de Liz Throssell, Commissaire des Droits de l'Homme aux Nations Unies, "s'inquiète du grand nombre de morts et de blessés à Gaza, alors que les manifestants étaient désarmés et ne posaient aucun danger pour les forces de sécurité israéliennes bien équipées, et dans certains cas étaient même en train de s'éloigner de la barrière."
Il demande "le respect de la liberté d'expression et de réunion et condamne l'usage des armes par Israël, qui est une violation de la 4ème convention de Genève", dans la mesure où "le fait de s'approcher de la frontière ne constitue pas une menace de mort ou de blessure sévère pour I'occupant israélien."
De son côté, Fatou Bensouda, Procureure de la Cour Pénale Internationale, a notamment déclaré :
"Je suis extrêmement préoccupée par la violence et la détérioration de la situation dans la bande de Gaza dans le contexte des récentes manifestations massives. Depuis le 30 mars 2018, 27 personnes auraient été tuées et plus d'un millier auraient été blessées, dont un grand nombre par les tirs des forces de défense israéliennes utilisant des munitions réelles et des balles enrobées de caoutchouc. Les violences perpétrées contre des civils dans une situation comme celle qui prévaut à Gaza pourraient constituer des crimes visés au Statut de Rome de la Cour pénale internationale (la « CPI » ou la « Cour ») à l'instar de l'utilisation de civils pour protéger des activités militaires.
Je rappelle à toutes les parties que la situation en Palestine fait l'objet d'un examen préliminaire amorcé par mon Bureau. Un tel examen n'est certes pas une enquête, mais tout nouveau crime prétendument commis dans le contexte de cette situation peut faire l'objet d'un examen attentif du Bureau. Il peut s'agir des événements de ces dernières semaines ou de tout autre épisode à venir."
Quant au New York times, tout le monde a noté son changement ton, dans l'article de David Halbfinger, qui souligne : " Des videos montrent que les manifestants n'étaient pas armés et que certains ont reçu des balles alors qu'ils tournaient le dos à la frontière."
Il conteste également le risque d'invasion massive, et estime que" si quelques manifestants ont jeté des pierres ou fait rouler des pneus enflammés vers la frontière, la plupart chantaient, scandaient des slogans"et que 'l'usage des armes à feu était inadmissible".
L'article s'émeut également du fait que l'armée israélienne a tiré sur 7 journalistes, en tuant un, Yaser Murtaja, connu et apprécié pour ses qualités, dont sa gentillesse.
Et le New York Times donne la parole à Yousef Munayyer, en charge de l'association des droits humains aux USA, qui dit ceci :
"Je pense sincèrement que ces manifestations non violentes à la frontière de Gaza, sont le talon d'Achille d'Israel. Et il est de la plus grande importance que la communauté internationale soit solidaire en ce moment des manifestants. Cette dernière n'a cessé de répéter : "Renoncez à la violence !" Si elle permet la répression violente sans intervenir pour faire cesser les assassinats, elle va envoyer au monde le message selon lequel toute forme de résistance palestinienne à l'occupation, qu'elle soit violente ou non violente, est interdite. Ce qui serait très grave".
CAPJPO-EuroPalestine