07/07/2022 lesakerfrancophone.fr  5min #211710

 Royaume-Uni : Boris Johnson annonce sa démission comme chef du parti conservateur

Boris Johnson va-t-il chuter ?

Par  Moon of Alabama - Le 6 juillet 2022

Laissez-moi d'abord admettre que je ne comprends pas tous les détails du processus politique au sein des partis britanniques. Je ne sais donc pas si les conservateurs pourront forcer Boris Johnson à quitter le numéro 10 de Downíng Street ou pas.

Au cours des dernières 24 heures, quelque 26 fonctionnaires de son parti ont démissionné à la suite du dernier de ses nombreux  mensonges :

La dispute actuelle porte sur le scandale de Charles Pincher, dont le nom fait penser à Dickens. Mais Johnson avait déjà pris un autre coup quand il a perdu les  deux sièges qu'ils avaient détenus, l'un précédemment considéré comme sûr, l'autre arraché au Parti travailliste en 2019. Le fait que Johnson semblait plus intéressé à soutenir Zelensky qu'à soutenir ses collègues députés, il était au  Rwanda le jour des élections spéciales, n'a pas aidé.

Pincher a démissionné de son poste le 30 juin en raison d'allégations d'inconduite sexuelle. Le n°10 a affirmé que Johnson ne savait pas que Pincher avait fait face à des accusations d'inconduite similaire en 2019, au Foreign Office. Cette histoire a explosé au cours du week-end.

Mais Johnson ne  semble pas impressionné :

Johnson a défié les appels à la démission malgré une attaque cinglante, une nouvelle vague de démissions ministérielles et des signes que le soutien des députés conservateurs s'amenuise.

Le Premier ministre a déclaré aux députés que le « mandat colossal » qui lui avait été confié en 2019 signifiait qu'il devait continuer malgré les « circonstances difficiles«.

Plus tard dans la journée, la commission 1922, un groupe parlementaire de conservateurs, votera sur certains changements de règles qui devraient permettre de soumettre la position de Boris au vote, d'ici la semaine prochaine.

Kitty Donaldson @kitty_donaldson - 𝕏 10:20 UTC - 6 juil. 2022

EXC : Le Comité 1922 se réunira à 17 heures pour modifier les règles de leadership et, s'il y a quorum, il le fera et il pourrait y avoir un vote sur le leadership de Johnson la semaine prochaine.

Mais que se passera-t-il s'il ne s'en va pas, même après ce vote ?

Lors de la lutte contre le Brexit en 2019 au sein du parti conservateur, plusieurs membres du parti avaient  voté contre la direction de Johnson. Il les a virés du parti et a organisé de nouvelles élections qu'il a ensuite remportées avec une bonne marge.

Mikey Smith @mikeysmith - 𝕏 12:22 UTC - 6 juil. 2022

Une source bien placée est convaincue que Boris Johnson ne démissionnera pas, même si les 22 changent les règles, et qu'il perd le vote.

Au lieu de cela, il prétendra qu'il a un mandat donné par 14 millions d'électeurs, et menacera de forcer une élection, mais pas avant d'avoir viré tous ceux qui ont voté contre lui.

Pourrait-il maintenant tenter quelque chose de similaire ?

Il le pourrait probablement, mais à l'heure actuelle, les Conservateurs perdraient probablement les élections générales. Les prix de l'énergie ont atteint des sommets et peu de gens ont encore les moyens de payer.

Johnson est  l'idiot utile des milliardaires. Leurs dons l'ont placé et maintenu au pouvoir. Mais même eux, à un moment donné, couperont leur soutien et choisiront un autre idiot corrompu, mais populaire, pour faire ce qu'ils disent.

Il pourrait même s'agir de Ken Starmer, l'actuel leader travailliste qui a castré le parti de toute pensée radicale en virant les partisans de Corbyn.

Les différences politiques entre les « Conservateurs modérés » et les travaillistes sont  moins importantes que beaucoup ne le pensent. Starmer, en tant que Premier ministre, pourrait bien s'avérer lui aussi n'être qu'un menteur du genre de Tony Blair.

Deux guerres mondiales et la crise de Suez  ont détruit l'État impérial britannique. Le Brexit l'a achevé :

Le Brexit n'était qu'une convulsion, alors que le Royaume-Uni traversait le traumatisme psychologique d'accepter que son statut passe de celui de grande puissance à celui d'État européen raisonnablement senior. Il y aurait beaucoup à écrire sur ce sujet et sur la vague de nationalisme anglais populiste qui en a résulté.

Vous aimerez peut-être noter l'utilisation constante par les Conservateurs de l'expression « leader mondial » dans des circonstances risibles, le fait qu'hier encore Starmer a ressenti le besoin de commenter l'effondrement du gouvernement alors qu'il était planté entre trois Union Jacks, le militarisme constant et la fétichisation des forces armées à la télévision, et le désir de gloire revenu en menant une grande guerre jusqu'au sang du tout dernier Ukrainien.

Johnson n'est qu'une partie d'un processus. Lorsque la puissance d'un Empire se désintègre, ses mœurs suivent. Depuis la seconde guerre mondiale, plus de soixante États sont devenus indépendants de la domination britannique.

Au fur et à mesure que la puissance militaire, économique et politique du Royaume-Uni s'est effondrée, ses mœurs politiques se sont effondrées, en bien comme en mal. Johnson n'est qu'un étron vomi au sommet de l'égout jaillissant du déclin britannique.

C'est Boris Johnson qui, fin mars, a poussé le président ukrainien Zelensky à  mettre fin aux négociations avec la Russie et à prolonger la guerre dans son pays.

C'est un crime pour lequel tous deux devraient être sévèrement punis. Une honteuse destitution forcée ne serait même pas suffisante.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

 lesakerfrancophone.fr