13/10/2025 dedefensa.org  8min #293299

 Un million pour Boris Johnson : le prix d'une loyauté politique

Boris, l'Ukraine, son pote Harborne et le £million

 Journal dde.crisis de Philippe Grasset  

13 octobre 2025 (12H45) – Il y a bien longtemps que je ne lis plus ‘The Guardian' ; un peu par manque de temps et beaucoup parce que je sais bien ce qu'ils vont écrire, dans quel sens, avec quel sérieux et ainsi de suite. Si je me trompe ou bien n'accomplis pas assez bien ma tâche, – mais qu'on en juge sur pièces, sur ce que j'ai écrit, – eh bien, à Dieu vat !. D'ailleurs, qu'on se rassure, j'ai tout de même pris quelque précautions ; je veux dire qu'il y a des amis inconnus mais très sûrs, qui continuent à lire ces titres prestigieux, d'un œil acéré et très critique, et je m'en remets à eux.

Ainsi, Larry C. Johnson, sur son site ‘sonar21.com', le  12 octobre, qui s'intéresse à Boris Johnson via ‘The Guardian'. L'article choisi n'est pas tendre pour Boris ! Vous direz : pourtant, lui et eux c'est le même combat ? Oui, mais Boris est conservateur, et ‘The Guardian' est vertueux... Alors.

Il y a notamment cette reprise verbatim d'un extrait de l'article de ‘The Guardian' par Johnson, dont le titre est : « Boris Johnson a-t-il accepté un pot-de-vin pour maintenir la guerre en Ukraine ? »... Et comme on dit : "Poser la question, c'est y répondre..."

« À son embarquement dans le train de nuit pour l'Ukraine, Boris Johnson était accompagné de son entourage habituel, composé d'assistants et de gardes du corps, sans oublier l'homme qui lui avait donné 1 million de livres sterling.

» Moins d'un an s'était écoulé depuis que Johnson avait accepté ce qui est considéré comme le don le plus important jamais fait à un député. Il provenait de Christopher Harborne, l'un des donateurs politiques les plus importants et les plus privés du Royaume-Uni.

» Harborne, dont les millions ont contribué au financement du Brexit, a versé le paiement à une société privée créée par Johnson après sa démission du poste de Premier ministre. Des documents fuités révèlent que Johnson, défenseur de l'Ukraine pendant et après son mandat, était accompagné de son bienfaiteur en septembre 2023 pour une visite de deux jours, incluant des rencontres avec de hauts responsables. »

C'est le 10 octobre que ‘The Guardian' a publié son article à partir de documents piratés "à partir de déni de secrets distribués" selon la formule consacrée, et qui sont  disponibles ici, sous l'intitulé ‘Boris files'. D'autres documents sont accessibles et dans cet ensemble on trouve les principaux détails des relations entre Boris Johnson et Harborne.

Aussitôt vient la question : qui est ce Harfborne, puisqu'on connaît bien Boris... ?

« Christopher Harborne (également connu sous le nom de Chakrit Sakunkrit en Thaïlande) est un homme d'affaires britannique basé en Thaïlande, un investisseur en technologie et un important donateur politique. Il est le principal actionnaire de QinetiQ, une entreprise de défense britannique qui fournit des drones et de la robotique à l'Ukraine, et détient des participations dans des entreprises de cryptomonnaies comme Digifinex (société mère de Bitfinex et Tether). Sa relation avec Boris Johnson, ancien Premier ministre britannique (2019-2022), est principalement celle d'un bailleur de fonds et d'un associé personnel, marquée par un don record d'un million de livres sterling et une étroite collaboration après la démission de Johnson. Cela a alimenté les spéculations sur un trafic d'influence, notamment concernant la politique ukrainienne, suite à la fuite de documents Boris Files. »

Johnson (Larry) rapporte ensuite les divers aspects des relations de Harborne avec Boris. On peut les consulter, et quant à moi je me limiterais à citer celles qui concerne l'Ukraine, qui est ici notre sujet et centre d'intérêt.

« En septembre 2023, Harborne a accompagné Johnson lors d'un voyage de deux jours en Ukraine, au cours duquel il a notamment rencontré le président Volodymyr Zelenskyy lors du forum stratégique européen de Yalta à Kiev et le maire de Lviv, Andriy Sadovyy. Les notes d'itinéraire indiquaient "Boris et Chris uniquement" pour certaines sessions et une "réunion à huis clos dans un centre de R&D de technologies militaires", conformément aux intérêts de Harborne en matière de défense (QinetiQ a obtenu un contrat de 80 millions de livres sterling auprès du ministère de la Défense britannique en janvier 2023 pour des technologies liées à l'Ukraine). Ce voyage a eu lieu moins d'un an après le don, ce qui soulève des questions sur les motivations de Harborne, compte tenu de la fourniture par QinetiQ de drones et de robots de déminage aux forces ukrainiennes. »

Pour conclure sur cette aventure de "Boris et Chris" en Ukraine (notamment), il faut citer les protagonistes et leur chroniqueur bienveillant.

« Johnson [Boris] a publiquement décrit Harborne comme "à la fois un ami et un soutien de mon cabinet" dans une lettre signée datée du 23 octobre 2023. Le représentant de Harborne a déclaré n'avoir "aucune attente de gain personnel" [dans l'affaire ukrainienne]. [...]

[Johnson (Larry)] a commenté : « Bien… Si vous croyez cela, contactez-moi et je vous vendrai un pont légèrement usagé à New York qui enjambe l'East River. J'accepte l'or et les bitcoins comme moyen de paiement. »

Laissez de côté les persiflages de Johnson (Larry), homme de peu de foi et prenez l'ensemble Boris-Chris, en y ajoutant les fantasmagoriques aventures de la famille Biden en Ukraine et le rôle de cette famille dans la crise ukrainienne depuis le coup de Kiev de février 2014. Pour cela et pour le plus récent document sur cette affaire maintenant bien documentée, je vous recommande une conversation entre Glenn Diesen et Tara Read , réfugiée en Russie et naturalisée russe pour échapper aux sales coups du ministère US de la Justice et du FBI. Tara Read est célèbre pour ceux qui veulent bien parler d'elle, et de ses accusations de viol contre Joe Biden lorsqu'elle travaillait pour lui au Congrès dans les années 1990.

Outre les problèmes généraux des "lanceurs d'alerte", elle est particulièrement bien informée sur les activités des Biden en Ukraine sur lesquelles une enquête vient d'être lancée au FBI, sans beaucoup d'espoir... Selon elle, c'est au moins $300 millions qui ont été recyclés par la famille, une famille très solidaire, très-très unie, active et aimante, et particulièrement efficace dans la gestion de ses gains normaux et ses divers salaires de corruption.

Eh bien, ajoutez Boris-Chris aux Biden et vous avez un début d'explication de l'intérêt humanitaire des Anglo-Saxons pour la défense des libertés et la sécurité des Ukrainiens dans ces années de feu et de toc... Rien qu'"un début"', certes, parce que le déferlement a apporté le reste que vous devinez bien, tout le gang Zelenski, sous-traitant des gangsters de la Maison-Blanche et de Downing Street. On a placé ici et là quelques génie de géopolitique pour donner une explication qui excite les experts-Zombie et le tout est joué, noué, cadenassé.

Vous allez observer, en cyniques vertueux que vous êtes, que toutes les guerres ont toujours fonctionné au fric, alors celle-là... Impossible de vous démentir, et d'ailleurs ce n'est pas mon idée. Mon idée, c'est plutôt ce qui est nouveau et inédit : avez-vous vu la convergence des vitesses en cours ? La vitesse de la corruption et la vitesse d'accumulation des sommes d'une part ? La vitesse à laquelle toutes ces choses deviennent publiques et sérieusement documentées, presque "en temps réel" ? La communication, vous dis-je, la communication avec son  effet-Janus ! Elle invite à la corruption comme les vautours fondent sur les charognes, comme la chose la plus évidente du monde ; elle invite en même temps à la mise à jour et à nu parallèle de cette corruption ! En plus, le destin est gracieux : vous avez des démocrates et des conservateurs impliqués.

Tout cela chez les Anglo-Saxons, j'insiste là-dessus. Ce sont eux qui possèdent leurs systèmes législatif et judiciaire installés sur l'esprit de caste et une certitude suprémaciste sans faille, insisté sur une dynamique de darwinisme social (petit nom pour les intimes : "capitalisme") sans la moindre retenue, et l'entretien des colonies postmodernes dans le foutu Sud Global des métèques qui prétendent les délogze... Leur décadence, c'est d'avoir perfectionné un système de technologies et de manipulations qui utilise à fond la communication, et sans voir, encore une fois dit, l'effet-Janus du système de la communication que la vitesse fait surgir sans aucun avertissement. Car tout cela, si rapide, malgré toute la presseSystème pour boucher les voies d'eau, mais celles-ci se créant et se sur-créant à mesure par l'extension vertigineuse de la presse dissidente !

Imaginez l'embarras des historiens de demain s'il y a un après-demain : cette fantastique  GrandeCrise de fin de civilisation et de fin des temps tenue et tenant au fric, à la corruption, à la cupidité, couronnés d'un sans-gêne, d'une inconscience des Sapiens, et par-dessus le tout, cerise sur la gâteau et emballage-cadeau, leur connerie sans fin et sans retour.

Je vous dis et vous répète, moi, qu'il est temps de consulter les " forces surhumaines" et les événements que la métahistoire décide pour faire passer cette pilule-simulacre de la médiocrité abyssale de l'humain comme moteur de cet effondrement. Nous subissons, c'est tout, et le fric s'accumule chez les maîtres du monde pour qu'ils aient la sensation cde perdre quelque chose lorsqu'ils seront précipités au fond du trou noir comme de l'encre.

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