05/10/2023 3 articles dedefensa.org  8min #234902

C'est la faute à Poutine

• RapSit-USA2023 et l'Ukraine. • Un récit précis avec tous les enjeux de la bataille qui a mené à l'élimination de McCarthy. • L'Ukraine n'était pas l'enjeu central mais l'aide US à l'Ukraine, c'est-à-dire l'engagement US, a constitué un des principaux motifs indirectsde l'affrontement. • Bien entendu, cette bataille est annonciatrice des affrontements qui vont émailler la campagne présidentielle, avec d'ores et déjà le retour de 'Russiagate' et de la préhistorique Hillary Clinton. • Que la fête commence ! • Avec un article de la talentueuse Rachel Marsden.

L'éviction du Speaker de la Chambre des Représentants du Congrès US est un bel épisode ; non seulement historique (une première dans l'histoire des États-Unis) mais très significatif sur le plan politique, pour la situation aux USA par rapport à l'élection présidentielle de 2024 et, indirectement, par rapport à la guerre en Ukraine. Lorsqu'on développe le récit de l'épisode, on y trouve à peu près tous les ingrédients du système de l'américanisme et de la modernité, ainsi que tous les facteurs de la politique qui s'y rapporte ; on y trouve même la traîtrise du corrompu des tragédies antiques, avec un peu de sauce hollywoodienne bien entendu. L'article de Rachel Marsden ci-dessous, en direct  de RT.com bien sûr, est très complet à cet égard, sans la moindre timidité déplacée.

Même Larry Johnson, pourtant peu friand des agitations washingtoniennes cantonnées dans la corruption, la délation et la trahison, sort cette fois  de sa réserve. Il a cru distinguer dans l'épisode des signes encourageants, évidemment directement liés à l'activisme du 'Freedom Caucus', Matt Gaetz en tête.

« Normalement, j'évite de parler du théâtre politique kabuki de Washington, DC. En particulier la lutte politique qui définit le Congrès américain. Mais l'éjection du président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, est une affaire importante et a des effets directs sur la politique étrangère des États-Unis, en particulier sur l'Ukraine.

» McCarthy a gagné le droit de devenir président de la Chambre des Représentants parce qu'il était un joueur doué dans le jeu politique de la Chambre des représentants. Qu'est-ce que cela signifie ? Il était doué pour collecter de l'argent et le transmettre aux membres du Congrès qui, à leur tour, étaient obligés de le soutenir. Seul petit problème : le Republican Freedom Caucus. La semaine dernière, ils ont envoyé une lettre à McCarthy pour lui faire part de leurs inquiétudes quant à l'adoption d'une "résolution de continuation" et le président de la Chambre leur a dit d'aller se faire voir ailleurs. [...]

» McCarthy est devenu président de la Chambre en janvier après avoir fait un certain nombre de promesses aux membres du Freedom Caucus, notamment celle de traiter les projets de loi de finances séparément plutôt que de les regrouper dans une résolution permanente. McCarthy n'a pas tenu cette promesse. C'est la raison pour laquelle le Freedom Caucus a fait volte-face et a imposé le vote à l'assemblée. »

Il faut rappeler que cette capacité de mettre en accusation le Speaker et de la congédier est spécifiquement une mesure voulue par le Caucus  en janvier, une des conditions pour soutenir McCarthy, - et c'était même la première d'une liste de sept que McCarthy dut accepter, scellant ainsi par avance le sort d'une élection qu'il avait dû acheter :

« 1. Comme cela a été rapporté, il suffira d'un seul membre du Congrès, agissant dans le cadre de ce que l'on appelle la "motion Jeffersonnienne" (" Jeffersonian Motion"), pour proposer de destituer le Speaker s'il revient sur sa parole ou son programme politique. »

Qui donc a grugé l'autre ?

Dans une inversion remarquable de logique, Marsden démolit avec brio l'argument d'un Matt Gaetz solitaire, ayant réussi un "coup" par surprise en se vendant aux démocrates alors qu'il prétend le combattre. Pour un peu on nous dirait que Gaetz a été manipulé, conformément à la narrative qui entend se réserver la désignation de la dupe qu'on trouve toujours chez les dissidents. Marsden explique exactement le contraire : c'est Gaetz et le Caucus qui ont manipulé les démocrates et leur obéissance aveugle aux consignes "du Parti", - vote antirépublicain, donc contre McCarthy alors que McCarthy était un Speaker qui leur convenait parfaitement sans qu'ils le réalisent. Gaetz, lui, est leur ennemi, il est bien connu et notablement renforcé après l'éviction de McCarthy.

De ce point de vue de la tactique politique et parlementaire aussi, le comportement du Freedom Caucus a été brillant. Ils ont montré qu'une très petite minorité peut mener la Chambre par le bout de son gros nez sur les affaires les plus importantes.

« Le fait que la discipline partisane des démocrates ait été utilisée avec succès contre McCarthy par le Freedom Caucus pour l'évincer prouve simplement que la différence entre les deux principaux partis américains importe beaucoup moins dans les deux sens de nos jours, alors que les caciques des deux partis étaient et sont en général constamment d'accord pour imposer des éléments d'un programme qui semble profiter principalement aux intérêts des élites établies occidentales. S'ils peuvent s'unir de manière bipartite sur ce point, il ne devrait y avoir désormais aucun problème à faire cause commune avec ceux de l'autre côté, ceux qui s'y opposent. C'est sans doute même le modèle pour la défaite du programme de l'establishment - pour que le paradigme droite/gauche passe au second plan. »

Retour de  Russiagate (et d'Hilary !)

L'affaire McCarthy est donc intéressante en nombre d'aspect, et elle a mis nettement mais indirectement en avant la question de l'Ukraine. "Indirectement" parce que l'on mesure combien l'hostilité grandissante chez les parlementaires au soutien à l'Ukraine n'est ni stratégique, ni politique, mais purement financier et politicien, et fondé sur la philosophie 'America First'. La plupart des arguments sont d'ordre financier et économique, bien peu abordent la question de la Russie, de la justification du conflit, etc.

Peu importe, les neocon veillent ! Et c'est ainsi qu'on peut sans grandes difficultés comprendre que cette opposition à l'aide à l'Ukraine sera très vite tentativement transférée et développée sur le terrain idéologique ; et c'est ainsi que le retour de  Russiagate est déjà effectif... On a même sorti l'épouvantable Hillary de la naphtaline, elle qui fut la principale inventeuse/inventrice de cette cabale russe pour dissimuler ses propres actes complètement illégaux, véritables "fautes d'État", notamment avec l'usage qu'elle fit de ses courriels officiels en tant que secrétaire d'État pour ses besoins personnels, notamment de promotion. Comme les mauvaises herbes, elle est absolument increvable après avoir menti, corrompu et été corrompue, trompé, fraudé, diffamé, etc. Elle parvient même à désigner, dans une nouvelle performance, le propagateur principal de  Russiagate, dans le chef du réseau RT ; - ce qui permet à RT de nous offrir une manchette et un long compte-rendu puisque l'occasion est trop belle.

Quelques belles envolées rapportées  par RT.com qui n'a jamais été aussi satisfait d'être attaqué de cette façon, par une personnalité de cette sorte, sur un sujet aussi usé et si mal rapiécé. On, notera sur la fin de l'extrait une reprise de la fameuse exclamation d'Hillary saluant la mort atroce de Kadhafi d'un grand éclat de rire (« Second Presidential Debate | Election 2016 | The New York Times  ») ; cette personne répugnante est  vraiment étrange à force de cruauté et de morbidité, elle qui veut faire subir le même traitement à Poutine, et peut-être bien à Matt Geitz...

« Dans un entretien avec Geoff Bennett de PBS publié mardi, l'ancienne secrétaire d'État et principale architecte de la théorie du complot du Russiagate a été interrogée sur la manière dont elle pense que la Russie perçoit l'opposition croissante des législateurs américains au financement de l'aide à Kiev.

» Clinton a laissé entendre que Poutine ne se contentait pas de se réjouir des dissensions entre les hommes politiques américains, mais qu'il les "fomentait" afin de "saper la démocratie" et de "suborner les dirigeants politiques".

» "Lorsque je vois des gens répéter des points de discussion russes qui ont été diffusés pour la première fois sur Russia Today [RT] ou dans un discours d'un responsable russe, c'est un grand point marqué pour Poutine", a déclaré Clinton.

» Elle a ensuite suggéré qu'en dépit des clivages politiques "idéologiques" et "partisans", le Congrès américain devait se pencher sur ses problèmes et finir par adopter une législation qui garantirait la poursuite de l'aide à l'Ukraine.

» "Ce combat est le nôtre", a affirmé Clinton, ajoutant qu'elle ne comprenait pas comment les Américains pouvaient se ranger du côté de Poutine. "Mais nous l'avons vu, nous l'avons entendu et nous devons le combattre", a-t-elle déclaré. »

Mais quoi,  Russiagate nous paraît tout de même un peu voyant dans la vétusté et le ridicule, comme Hillary elle-même bien sûr. Certains y croiront encore, certes, mais ce sont les indécrottables, qui ne croient à rien sauf à ce qui satisfait leur folie ou/et leurs intérêts ; donc, gens sans existence ni opinion, que rien ne fera changer. Ce sont les autres, plus nuancés, voire très critiques, qui aujourd'hui sont de plus en plus nombreux au Congrès, qui ne seront certainement pas très émus ni mobilisés par un porte-drapeau comme Hillary... L'effet pourrait même être inverse. Il y a un temps venu où il vaut mieux mettre les déchets sous le tapis.

Quoi qu'il en soit, si le parti démocrate continue à laisser parler Hillary en jugeant que c'est un atout de sa mobilisation, c'est qu'il se trouve dans un état aussi désespéré que Mister Z et son armée. Marsden  nous montre bien combien ce parti, malgré toute sa puissance idéologique, n'est pas très habile dans les batailles des couloirs du Congrès. Le terrain se prépare à Washington pour une superbe bataille.

(Le titre de l'article de Rachel Marsden est de notre cru.)

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