France-Soir
L'ONU estime le nombre de déplacés à 1,9 million, soit près de 85 % de la population de Gaza.
AFP
MONDE - Le conflit entre le Hamas et Israël dans la bande de Gaza est entré, dimanche 14 janvier 2024, dans son 100e jour. Selon un bilan de l'organisation palestinienne, au moins 24 000 morts et 60 300 blessés ont été enregistrés depuis le 7 octobre dans l'enclave palestinienne, où la situation humanitaire "catastrophique", marquée par "la mort, la destruction, le déplacement, la faim, la perte et le chagrin massifs" selon l'ONU et ses agences. Cent-trente-deux otages israéliens manquent encore à l'appel, dont 25 personnes décédées sans que leurs corps aient été restitués. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou affirme que "personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni 'l'Axe du Mal', ni personne d'autre", en référence à la procédure de l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice, accusant Israël d'acte génocidaire à Gaza. La Chine et l'Egypte appellent à un cessez-le-feu et à la création d'un État palestinien tandis que le président Emmanuel Macron assure que la France "fera tout" pour les otages franco-israéliens.
Les bombardements israéliens à Gaza se poursuivent. Samedi 13 janvier, le Hamas a annoncé la mort de 60 personnes. L'armée israélienne affirme avoir frappé des dizaines de "positions du Hamas". Au sud de l'enclave, particulièrement à Khan Younès, principale ville du territoire palestinien, où se concentrent les combats ces dernières semaines, quatre personnes, identifiées comme des membres de l'organisation du Hamas, ont été tuées après des frappes aériennes.
Le sort de Gaza se joue-t-il à La Haye ?
Selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, au moins 24 000 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens, et 60 317 autres ont été blessés tandis que des milliers de personnes sont encore ensevelies sous les décombres. Tsahal a perdu 187 soldats, selon un dernier décompte et 132 Israéliens sur les 250 pris en otage le 7 octobre dernier manquent encore à l'appel.
L'ONU estime le nombre de déplacés à 1,9 million, soit près de 85 % de la population de Gaza. Son porte-parole accuse Tel-Aviv de "cibler délibérément les hôpitaux (...) pour les mettre hors service" et met en garde contre des "répercussions dévastatrices". Israël a sans cesse justifié ses attaques par le fait que les membres du Hamas se serviraient des structures hospitalières comme de bases de commandement. Le blocus israélien, accentué depuis le début de la guerre, provoque, par ailleurs, de graves pénuries de vivres et de carburant dans toute la bande de Gaza.
Le Commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), Philippe Lazzarini souligne qu'une "génération entière d'enfants" dans l'enclave est "traumatisée", avertissant contre la propagation des maladies et de la famine. "La mort, la destruction, le déplacement, la faim, la perte et le chagrin massifs de ces cent derniers jours entachent notre humanité commune", déplore-t-il. Dimanche 6 janvier, l'OMS a annulé une mission d'approvisionnement médical pour la quatrième fois dans le nord de Gaza, évoquant des menaces constantes.
Rien qui puisse dissuader Israël et son Premier ministre, Benjamin Netanyahou, d'accepter de négocier un cessez-le-feu. "Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni 'l'Axe du Mal', ni personne d'autre", a-t-il martelé lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv. Le Premier ministre israélien fait référence à l'Iran et son soutien au Hamas ainsi qu'au Hezbollah libanais mais surtout à l'Afrique du Sud qui a déposé une requête devant la Cour internationale de justice, accusant Israël d'acte génocidaire à Gaza. Les plaidoiries ont eu lieu vendredi dernier et les juges de La Haye devraient se prononcer d'ici deux à trois semaines, sur la demande de suspension des opérations militaires de l'Etat hébreu dans l'enclave palestinienne.
Le chef d'état-major de l'armée israélienne, Herzi Halevi, affirme qu'il est "important de se souvenir que nous livrons une guerre plus juste qu'aucune autre, une guerre déclenchée par un ennemi sanguinaire, qui a massacré des innocents de façon inhumaine. Nous n'oublions pas, nous n'oublierons pas et nous continuerons à le rappeler, même à ceux qui essaient de le nier".
Otages encore retenus : Macron tente de rassurer
Pour le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, Israël a déjà "échoué" à atteindre ses objectifs à Gaza, ce qui le contraindra à négocier. "Qu'est-ce que l'ennemi a réalisé durant cent jours, à part tuer ? Il n'a remporté aucune victoire réelle ou semblant de victoire. Il a échoué dans l'atteinte de ses objectifs déclarés, à moitié déclarés et implicites", estime-t-il, affirmant que "si l'on continue sur cette voie, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, au Yémen ou en Irak, le gouvernement ennemi n'aura d'autre choix que d'accepter les conditions de la résistance à Gaza, et donc de mettre fin à l'agression et de négocier".
En Cisjordanie occupée, théâtre d'une escalade des violences en marge de la guerre à Gaza, trois Palestiniens ont été tués vendredi soir dans une attaque contre une colonie juive.
En France, Emmanuel Macron a promis que "la France n'abandonnera pas ses enfants" et appelle à ne "rien céder" pour la libération des otages encore retenus à Gaza. "Nous allons tout faire, vous pouvez compter sur moi, pour les ramener à la maison", a-t-il affirmé.
Jean-Luc Mélenchon a, de son côté, alerté contre les "risques de guerre généralisée".
Si l'expansion du conflit était surtout crainte à la frontière sud du Liban, ce sont les tensions en mer Rouge qui connaissent une recrudescence après les frappes visant des sites des rebelles houthis au Yémen. La coalition internationale, mis en place en décembre par Washington, a entamé le bombardement des sites des rebelles yéménites en réponse à leurs attaques contre des navires marchands ou militaires.
En outre, les ministres des Affaires étrangères égyptiens et chinois ont plaidé dimanche pour un cessez-le-feu à Gaza et appelé à la création d'un État palestinien, avec Jérusalem-Est comme capitale.