par Philippe Huysmans.
La centrale nucléaire de Zaparijia, qui était tombée aux mains des forces russes le 4 mars dernier, soit dans les premier jours de l'opération spéciale en Ukraine - suite à un audacieux raid des troupes aéroportées - a été bombardée à de multiples reprises ces derniers jours.
Et soyons clair, bombarder une centrale nucléaire en activité est totalement irresponsable, mais étrangement, les médias de grands chemins n'hésitent pas à laisser planer le doute quant aux responsables de ces frappes (quand ils n'accusent pas directement les Russes) :
FranceTvInfo - La centrale de Zaporijia (Ukraine) a de nouveau été bombardée, jeudi 11 août. Kiev et Moscou s'accusent mutuellementLa centrale de Zaporijia (Ukraine) est redevenue le théâtre d'affrontements quotidiens entre Russes et Ukrainiens. Actuellement, dans cette zone occupée par la Russie, se trouvent des tonnes de déchets radioactifs. Vendredi 12 août au matin, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a accusé Moscou de vouloir rattacher le réseau électrique de la centrale à la Crimée et de chantage nucléaire. « Ce qui se passe actuellement autour de la centrale de Zaporijia est l'un des plus grands crimes commis par l'État terroriste. Aujourd'hui, de nouvelles frappes russes ont été enregistrées près de la frontière nucléaire », a confié le président ukrainien.
« L'heure est grave et l'AIEA doit être autorisée à mener sa mission à Zaporijjia aussi vite que possible », a déclaré Rafael Grossi, intervenant en vidéo lors de cette réunion d'urgence du Conseil de sécurité [1].
Le Soir - Centrale nucléaire de Zaporijia : l'Agence internationale de l'énergie atomique affirme que « l'heure est grave »... « L'heure est grave et l'AIEA doit être autorisée à mener sa mission à Zaporijia aussi vite que possible », a déclaré Rafael Grossi, intervenant en vidéo lors de cette réunion d'urgence du Conseil de sécurité.
« Le temps presse », a-t-il insisté, alors que l'AIEA tente depuis des semaines d'envoyer une mission pour inspecter la centrale.
Le site de la centrale de Zaporijia, la plus grande d'Europe, sous contrôle russe depuis début mars, a de nouveau été bombardé jeudi. Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, interrogé à propos d'accusations pointant du doigt une responsabilité de l'ONU dans le retard de l'envoi de la mission de l'AIEA sur place, a de nouveau rejeté cette idée jeudi [2].
Donc en gros on vous annonce sans rire que les Russes auraient bombardé la centrale nucléaire alors qu'elle est entre leurs mains et qu'ils ont la ferme intention de l'intégrer à la Fédération de Russie. Les pseudo-pleurnicheries de l'AIEA sont de la poudre aux yeux, l'installation ne leur est absolument pas fermée, et même l'AFP a pu visiter la centrale après les bombardements. Non, il faut à tout prix maintenir le brouillard informationnel, en espérant que de guerre lasse, les Russes rendent le contrôle de la centrale aux Ukrainiens ou à une « force internationale », ce qui n'arrivera pas.
Mais pourquoi cette hystérie ukrainienne ?
C'est bien simple, l'Ukraine possédait, avant l'opération spéciale, 5 centrales nucléaires en activité, et la centrale de Zaporojia est la plus grande de toutes, la plus puissante d'Europe. Avec ses six réacteurs, elle fournit à elle seule 6000 Mwh, soit 20% de la capacité totale du parc nucléaire ukrainien.
Or les Russes en ont assez de fournir de l'énergie gratuitement à l'Ukraine, et plus spécifiquement aux régions qui lui sont hostiles. Ils sont donc en train de déconnecter ces régions du réseau, tout en continuant à alimenter les régions notoirement russophones du Sud de l'Ukraine, que les Russes appellent Novorossya (nouvelle Russie). Soit les villes situées à l'Ouest de Zaporojia comme Nikolaïev ou Odessa, toujours occupées par les Ukrainiens.
Pour l'Ukraine c'est une catastrophe, le parc nucléaire était déjà à la limite de sa capacité depuis la fermeture de la dernière centrale de Tchernobyl, en 2000. Ajoutez à cela la perte d'autres centrales thermiques sous l'avancée des troupes Russes/RPD dans le Donbass, et vous avez un tableau bien sombre surtout lorsqu'on sait que l'Ukraine est pratiquement coupée de ses approvisionnements en gaz russe.
L'hiver prochain s'annonce glacial.