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Grégory Doucet
Le maire écologiste de Lyon, troisième ville de France, a été entendu pendant une dizaine d'heures en garde à vue mercredi dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds publics.
A un an des élections municipales, lors desquelles il briguera un second mandat, Grégory Doucet a été convoqué pour s'expliquer sur la nature des taches effectuées par des chargés de mission payés par la ville, donc par les contribuables.
Sa garde à vue a été levée en fin d'après-midi, mais les investigations se poursuivent, a déclaré le parquet.
L'édile a été interrogé sur 24 chargés de mission payés par la ville, et qui, selon la Chambre régionale des comptes (CRC), exercent des taches de nature politique, en violation de la loi.
En France, les CRC sont des juridictions financières chargées notamment de vérifier les comptes des collectivités locales.
"Nous défendons que ces emplois sont bien des agents administratifs parce qu'ils travaillent pour la collectivité, au service des Lyonnaises et des Lyonnais", a assuré aux médias Grégory Doucet en sortant du commissariat.
Le parquet de Lyon a confié début 2024 une information judiciaire à trois magistrats instructeurs, à la suite d'un signalement de la CRC, elle-même saisie par un opposant au maire.
La CRC a poursuivi en parallèle ses investigations et a conclu, dans un rapport publié en septembre, que depuis 2016, le système des chargés de mission de la Ville de Lyon viole la loi, qui l'autorise à recruter uniquement douze personnes sur des fonctions politiques.
Outre ces 12 collaborateurs de cabinet, une vingtaine d'agents, contractuels ou fonctionnaires de la mairie, exercent aussi "des missions clairement politiques", estime la CRC qui évalue la "masse salariale concernée" à "environ 1,4 million d'euros en 2022". Une peccadille directement ponctionnée dans les poches des Lyonnais, y compris ces gueux qui ne pourront bientôt plus sortir leurs belles guimbardes CritAir.
La période concernée par l'enquête vise les mandats des anciens maires Gérard Collomb, un ex-membre du Parti socialiste rallié à Emmanuel Macron, décédé en 2023 (2001-2017, puis 2018-2020), Georges Képénékian, lui aussi partisan de M. Macron (2017-2018) et Grégory Doucet, élu en 2020.
Suite à la publication de ce rapport, la Ville a supprimé 24 postes de chargés de mission tout en soulignant ne pas "partager l'analyse juridique" de la CRC.
Georges Képénékian, qui compte se présenter en 2026, a déclaré à l'AFP qu'il avait lui aussi été interrogé mardi pendant deux heures et demie, sous le régime de la garde à vue.
"J'ai eu à expliquer comment fonctionnaient les chargés de mission et le cabinet du maire (...) j'ai dit que jusqu'en 2020, on n'avait jamais franchi la limite des 12" postes politiques, a-t-il dit, en niant lui aussi toute irrégularité.