01/04/2022 arretsurinfo.ch  14min #205280

Chine et Russie unies face aux sanctions occidentales

Allocution d'ouverture de Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors des négociations avec Wang Yi, ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, Tunxi, 30 mars 2022

Cher Monsieur le Ministre,

Cher ami,

Je suis heureux d'être de retour en Chine. C'est notre deuxième rencontre cette année. Elle souligne l'intensité et le caractère privilégié du dialogue régulier bilatéral.

Nous traversons une étape importante de l'histoire des relations internationales. Je suis convaincu qu'à la suite de ses résultats, la situation internationale deviendra plus claire. Nous avancerons ensemble avec vous et autres personnes partageant les mêmes idées, vers un ordre mondial multipolaire, juste et démocratique.

Nous souhaitons voir nos relations avec la République populaire de Chine continuer à se développer régulièrement et successivement. Le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine et le président de la République populaire de Chine Xi Jinping se sont mis d'accord sur ce point.

Aujourd'hui, nous examinerons des démarches concrètes visant à garantir la mise en œuvre de toutes ces ententes.

Je suis heureux de communiquer avec vous, cher ami, surtout dans cette belle province. J'ai visité plusieurs provinces chinoises, elles sont tous vraiment admirables.

Source:  mid.ru

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Réponses du Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov aux questions de l'agence de presse Xinhua, Tunxi, 31 mars 2022

Question: Quels sont les principaux résultats de la réunion au format des pays voisins de l'Afghanistan?

Sergueï Lavrov: Les principaux résultats sont fixés dans la déclaration finale de l'Initiative Tunxi, qui reflète les vues générales des participants à la réunion. L'objectif principal est d'aider le peuple afghan qui souffre de l'héritage de près de vingt ans de présence des forces de l'Otan. Ils ont laissé le pays dans un très mauvais état.

La tâche de la communauté internationale est d'aider l'Afghanistan, d'abord à résoudre les problèmes humanitaires, puis à relancer l'économie. Le principal message adressé à la communauté internationale est qu'elle doit devenir beaucoup plus active. La feuille de route pour le monde entier concernant l'Afghanistan est en train d'être élaborée par les pays voisins de l'Afghanistan. Cette réunion organisée par la Chine était particulièrement importante.

Question: Quelles sont les causes de la crise actuelle en Ukraine?

Sergueï Lavrov: La principale cause de la crise en Ukraine est la politique menée par l'Otan sous la direction des États-Unis pendant plusieurs décennies. Après la disparition de l'URSS, ils ont continué à faire avancer l'infrastructure militaire vers l'est, ont alimenté l'Ukraine en armes, y ont créé une infrastructure militaire. Cela menaçait la sécurité de la Russie et constituait une violation grave des décisions prises au sein de l'OSCE et dans le cadre des relations Otan-Russie de ne pas renforcer sa sécurité au détriment de celle des autres.

Source:  mid.ru

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Allocution de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors d'une session plénière à la réunion des pays voisins de l'Afghanistan (Russie, Chine, Iran, Pakistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan), Tunxi, 31 mars 2022

Monsieur le Président,

Chers collègues et amis,

Je voudrais avant tout remercier nos hôtes chinois pour l'organisation d'une nouvelle réunion ministérielle des pays voisins de l'Afghanistan et des activités qui se déroulent et auront lieu en marge de cette réunion. Nous jugeons cette initiative très opportune. La « remise des pendules à l'heure » dans ce format sur la situation en Afghanistan est nécessaire pour élaborer des approches régionales de la remise en état post-conflit de ce pays.

Force est de constater que malgré un manque d'expérience en gestion, les restrictions financières et économiques et la pression politique et diplomatique du côté des États-Unis et de leurs alliés, la nouvelle administration afghane parvient à maintenir l'État « à flot ». Des résultats positifs dans la lutte antiterroriste sont visibles. Des efforts sont entrepris dans le domaine des droits de l'homme.

Kaboul travaille activement sur l'élargissement des relations diplomatiques et économiques. Les représentants officiels du gouvernement taliban organisent régulièrement des rencontres avec des partenaires étrangers au format bilatéral et multilatéral, comme ce fut le cas à Moscou, à Téhéran, à Doha, à Oslo, à Antalya, etc. Aujourd'hui, la ville de Tunxi s'ajoutera à cette liste. Nous notons une reprise progressive de l'interaction commerciale et économique, avant tout avec les pays de la région, dont les entreprises témoignent de l'intérêt pour l'Afghanistan. Tous ces contacts contribuent évidemment à la reconnaissance internationale des nouvelles autorités afghanes. Je voudrais noter à cet égard que le premier diplomate afghan envoyé par les nouvelles autorités et venu à Moscou le mois dernier a reçu son accréditation au Ministère russe des Affaires étrangères.

Selon nous, le principal obstacle à la reconnaissance officielle du nouveau gouvernement à Kaboul est sa représentativité insuffisante. Je fais allusion à l'absence au sein du pouvoir de ceux qui représenteraient les intérêts non seulement de différents groupes ethniques du pays, des minorités nationales et confessionnelles, mais également des forces politiques. En respectant ces conditions, le rôle déterminant dans la reconnaissance officielle du mouvement Taliban doit revenir à l'ONU.

Les Nations unies doivent devenir le principal coordinateur dans le règlement de l'ensemble des problèmes de remise en état post-conflit de l'Afghanistan. Ce dont il était notamment question pendant la récente réunion du format de Moscou en octobre 2021. Avec la participation de tous les pays ici présents et des talibans. Le document final contenait un appel collectif de nous tous à réunir au plus vite sous l'égide de l'ONU une conférence internationale représentative des donateurs. Presque six mois se sont écoulés avant que l'ONU avec le soutien des pays tels que le Qatar, l'Allemagne et le Royaume-Uni ne réponde à cet appel pour annoncer l'organisation d'une conférence de haut niveau sur l'aide humanitaire à l'Afghanistan. Franchement, nous sommes confus par l'absence de coordination entre les organisateurs et les participants lors de la préparation de ce forum. Nous avons reçu une invitation à moins de deux semaines de son déroulement. Et la date a étrangement coïncidé avec l'événement d'aujourd'hui. D'où la conclusion que les collègues occidentaux cherchent à utiliser le drapeau de l'ONU, le secrétariat de l'ONU pour créer une concurrence artificielle dans les efforts régionaux et internationaux sur le dossier afghan. Nous trouvons de telles actions contreproductives et appelons les collègues de l'ONU à remplir leurs obligations avec plus de responsabilité.

Le 17 mars a été adoptée la résolution 2626 du Conseil de sécurité des Nations unies sur la prolongation de la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA). La Russie a activement participé au travail sur ce document. En même temps, nous avons dû nous abstenir du vote à cause du refus catégorique des membres occidentaux du Conseil de sécurité de mentionner directement dans le texte de facto des autorités talibanes. Nous sommes convaincus que cette question doit être convenue avec les nouvelles autorités afghanes. Cependant, nos propositions insistantes ont été ignorées, bien que le soutien de toute mission de l'ONU par le pays d'accueil est un impératif absolu lors d'une prise de décision sur le travail de toutes les missions de maintien de la paix et politiques spéciales de l'Organisation.

Nous trouvons nécessaires d'intensifier notre travail commun avec la direction de l'ONU et sa mission afghane pour que les intérêts des voisins et d'autres partenaires régionaux de l'Afghanistan dans le contexte de la remise en état de ce pays soient entièrement pris en compte.

Chers collègues,

Malgré la cessation dans l'ensemble des activités militaires et une baisse considérable du nombre de victimes parmi les civils, la situation en matière de sécurité n'est pas encore stable. L'activité d'organisations terroristes internationales telles que Daech, Al-Qaïda, Jamaat Ansarullah, le Mouvement islamique d'Ouzbékistan, le Turkestan oriental et d'autres reste un sérieux facteur de tension. Une tension supplémentaire provient de l'activité des résistants du Panchir du Front national de résistance.

Les projets de Daech et de ses adeptes de déstabiliser les pays d'Asie centrale et d'exporter l'instabilité en Russie sont particulièrement préoccupants. Nous trouvons alarmant le renforcement des troupes de Jamaat Ansarullah et du Mouvement islamique d'Ouzbékistan à la frontière afghano-tadjike et afghano-ouzbèke.

Comme nous l'avons déjà déclaré, nous trouvons inadmissible le déploiement de toute infrastructure militaire des États-Unis et de l'Otan ou d'Afghans pour la desservir sur le territoire des pays voisins, notamment en Asie centrale. De tels projets sont contraires aux intérêts de sécurité de nos pays et aux engagements qui découlent des documents statutaires de l'Organisation du Traité de sécurité collective. Nous appelons à adopter une approche très prudente des demandes d'accueillir des réfugiés afghans sur le territoire des pays voisins et à peser minutieusement les conséquences négatives éventuelles des risques élevés pour les pays concernés et pour la sécurité régionale dans l'ensemble. Même si de telles initiatives sont présentées sous de nobles slogans humanitaires, il serait utile de rester prudent.

La gravité du problème de trafic de stupéfiants ne diminue pas. Selon certaines estimations, les revenus du trafic de drogue s'élèvent à 6-11% du PIB afghan. En 2021 a été enregistrée une hausse des récoltes de cultures de drogue et de la production de drogue. À ce que l'on sache, malgré les mesures mentionnées par notre Président, les autorités talibanes n'interdisent pas aux fermiers locaux de cultiver du pavot d'opium à cause d'une situation économique difficile. Alors que les hauts représentants talibans eux-mêmes tirent la sonnette d'alarme à cause d'une hausse du nombre de toxicomanes jusqu'à 5 millions de personnes, dont 1 million de femmes et d'enfants. Ils appellent la communauté internationale à apporter à l'Afghanistan une contribution dans le passage aux cultures alternatives. Nous sommes convaincus que les approches du règlement du problème de drogue afghan doivent être globales et se présenter sous la forme d'actions de maintien de l'ordre et de développement de l'agriculture nationale et du système de santé.

Chers collègues,

Après 20 ans de présence militaire de l'Otan, qui s'accompagnait d'un effondrement total de l'expérience visant à imposer des recettes et valeurs étrangères au peuple afghan, l'Occident collectif est directement responsable de la situation humanitaire actuelle, de l'état déplorable de l'économie afghane. Par conséquent, il doit assumer le fardeau financier principal pour surmonter la crise et stabiliser la situation.

Cependant, comme nous l'avons vu à plusieurs reprises, Washington cherche à se soustraire à la responsabilité pour le sort des citoyens et réfugiés afghans, y compris ceux qui desservaient les Américains et sont maintenant « coincés » sur leur chemin aux États-Unis dans des « pays de transit ». Il semblerait que Washington ne s'oppose pas à ce que ces gens restent définitivement dans la région.

Le décret du Président américain Joe Biden sur le blocage de la moitié des comptes de la Banque centrale afghane sous prétexte de la nécessité de verser des compensations sur les plaintes des proches des victimes des attentats du 11 septembre 2001 semble particulièrement cynique et même moqueur. Le peuple afghan n'avait rien à voir avec l'organisation de ces crimes. Cette décision franchement injuste réduit significativement les capacités du gouvernement taliban pour normaliser la situation et réduit le potentiel antiterroriste des forces armées afghanes et des forces de l'ordre. La sincérité des intentions des Américains de contribuer à la stabilisation de la situation en Afghanistan suscite de sérieux doutes.

Nous trouvons positives certaines démarches des structures et institutions financières internationales, notamment de la Banque mondiale, qui a décidé de débloquer le Fonds de reconstruction de l'Afghanistan afin de faciliter la situation humanitaire. Mais pour l'instant, ces mesures ne conduisent pas à une amélioration notable de la vie des Afghans ordinaires. Une fois de plus, à travers son influence au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale, Washington ralentit la mise en œuvre des programmes sociaux par les autorités de Kaboul. En particulier, il empêche la reprise du travail des opérateurs financiers afghans avec le système bancaire international.

Dans ces conditions, il est nécessaire de renforcer la coopération régionale, consolider nos approches visant à normaliser toutes les sphères d'activité de l'Afghanistan et à faire entrave aux menaces de terrorisme et de drogue qui continuent d'en émaner. Je trouve même que le format de Moscou, l'OCS et l'OTSC sont des mécanismes prometteurs pour mettre en place un travail efficace, durable et coordonné dans ce sens.

Il est important de poursuivre le travail dans le cadre de la troïka élargie. Elle possède un grand potentiel inexploité et elle est capable d'unir les principaux partenaires régionaux et d'autres donateurs pour la remise en état post-conflit globale de l'Afghanistan.

Il faut que les collègues américains participent de bonne foi à ce mécanisme en étant orientés sur les intérêts du peuple afghan et de la stabilité de la région, et non sur de nouvelles ambitions géopolitiques. La Russie continue d'apporter une aide humanitaire à la population afghane. En novembre-décembre 2021, nous avons acheminé trois chargements humanitaires, notamment de la nourriture et des médicaments. Un autre lot d'aide humanitaire a été livré la semaine dernière, quand une délégation russe interministérielle se trouvait à Kaboul. Cette visite a confirmé la volonté mutuelle d'établir la coopération russo-afghane dans les secteurs tels que l'énergie, le transport, l'aviation civile, l'extraction minière, l'agriculture.

Pour conclure, je voudrais noter que nous soutenons l'adoption à l'issue de notre rencontre d'aujourd'hui de la Déclaration commune ainsi que de l'Initiative de Tunxi proposée par les organisateurs chinois. Ce document pourrait servir de base pour poursuivre le travail sur le renforcement de la coopération pratique avec les collègues afghans.

Source:  mid.ru

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Réponses aux médias du Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov à l'issue de réunions bilatérales en marge de la réunion ministérielle des pays voisins de l'Afghanistan, Tunxi, 30 mars 2022

Question (traduite de l'anglais): Comment pouvez-vous commenter les entretiens avec le Ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi?

Sergueï Lavrov: Une série de pourparlers a eu lieu avec mon homologue, le Ministre des Affaires étrangères, membre du Conseil d'État de la République populaire de Chine Wang Yi. Nous avons passé en revue l'ensemble des relations bilatérales conformément aux directives convenues par les dirigeants de la Russie et de la Chine, Vladimir Poutine et Xi Jinping. Cela concerne le développement global des relations russo-chinoises et le renforcement de la coordination de notre politique étrangère. Je suis satisfait des négociations qui ont eu lieu.

Question (traduite de l'anglais): Comment évaluez-vous les résultats des pourparlers avec la partie ukrainienne qui se sont tenus à Istanbul?

Sergueï Lavrov: Nous considérons les résultats des pourparlers à Istanbul comme un progrès positif. Ce n'est pas encore le résultat final. Je considère comme un progrès significatif le fait que les négociateurs ukrainiens aient confirmé la nécessité de garantir à l'Ukraine un statut non nucléaire et non aligné et sa sécurité en dehors du cadre de l'Alliance de l'Atlantique Nord, ainsi que la compréhension par les collègues ukrainiens du fait que les questions de la Crimée et du Donbass ont été définitivement réglées.

Question: Vous avez eu des entretiens avec le Ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi. Quelles sont vos impressions après les rencontres avec d'autres homologues?

Sergueï Lavrov: Les impressions sont positives. Pendant les pourparlers d'aujourd'hui avec les représentants des pays participants, les voisins de l'Afghanistan, nous avons constaté et confirmé la similitude de nos approches face à ce qui se passe aujourd'hui sur la scène internationale.

Une nouvelle réalité est en train de se former, le monde unipolaire disparaît irrémédiablement, et un monde multipolaire est en train d'émerger. Il s'agit d'un processus objectif. Il est impossible de l'arrêter. Dans cette réalité, plus d'une puissance « régnera » - il faudra négocier entre tous les États clés qui ont aujourd'hui une influence décisive sur l'économie et la politique mondiales. Dans le même temps, conscients de leur position particulière, ces pays garantissent le respect des principes de base de la Charte des Nations unies, y compris le principe fondamental - l'égalité souveraine des États. Personne sur cette Terre ne devrait être traité comme un acteur mineur. Tous sont égaux et souverains.

Question: Il existe une liste de pays inamicaux envers la Russie. Existe-t-il une liste d'amis?

Sergueï Lavrov: Tous ceux qui ne sont pas inclus dans cette liste sont des pays amis.

Question (traduite de l'anglais): Le président Joe Biden a déclaré: « Je ne fais pas d'évaluations tant que je n'ai pas vu les mesures qu'ils prennent. » Dans le même temps, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déclaré qu'il y avait une différence entre ce que la Russie dit et ce qu'elle fait. Quelle sera votre réponse?

Sergueï Lavrov: Je ne peux pas réfléchir et imaginer pour le président américain Joe Biden, ainsi que pour le secrétaire d'État Antony Blinken. Si nous parlons de ceux dont les paroles diffèrent des actes, je ne veux même pas citer un grand nombre d'exemples maintenant où les États-Unis disaient une chose et faisaient quelque chose de complètement différent.

 mid.ru

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