20/08/2025 ssofidelis.substack.com  6min #287847

Comment von der Leyen épouse la cause des colons israéliens

Le leader des colons israéliens Dani Dayan accueilli à Bruxelles par Urusla von der Leyen en janvier 2024. (© Dati Bendo / Union européenne)

Par  David Cronin, le 19 août 2025

La Palestine est morcelée et l'Union européenne y répond par des discours creux.

Bezalel Smotrich, le ministre fasciste des Finances d'Israël, relance le  projet E-1, qui intensifiera la colonisation dans la zone reliant Jérusalem-Est au reste de la Cisjordanie. Il ne cache pas son intention d'enterrer la perspective d'un État palestinien.

Il le fait à un moment où plusieurs puissances occidentales s'orientent vers la reconnaissance de l'État de Palestine.

En s'en prenant aux communautés palestiniennes de Cisjordanie, Smotrich ne fait qu'amplifier sa stratégie d'anéantissement de tout espoir pour la population de Gaza.

Lui et d'autres membres du gouvernement ont vidé de leur substance l'ensemble du corpus juridique international entré en vigueur après l'Holocauste. Les conventions des Nations unies interdisant le vol de terres et exigeant de prévenir et punir le génocide ont été adoptées durant la seconde moitié des années 1940.

Au lieu de demander des comptes à Israël, la haute représentante de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, a lancé à Israël un banal  appel à renoncer à la décision E-1. Cet appel est fondé sur

"la nécessité d'envisager des mesures pour garantir la viabilité de la solution à deux États".

Si Mme Kallas croit vraiment à ces balivernes, elle devrait consulter quelques cartes. La réalité est simple : l'accaparement incessant des terres palestiniennes par Israël est un obstacle insurmontable à la solution à deux États depuis bien longtemps.

Le soutien de l'UE à la solution à deux États relève peut-être du fantasme. Mais la politique réellement menée n'est qu'une illusion.

En anônant le terme "solution à deux États" comme un mantra supposé porteur de bon sens, les initiés de Bruxelles veulent faire croire au public qu'ils œuvrent malgré tout pour la paix.

Pourtant, la solution à deux États n'a jamais été qu'une manière de  perpétuer l'apartheid. Ce n'est qu'une stratégie prétendument libérale visant à préserver Israël en tant qu'État voué à la suprématie juive, tout en confinant les Palestiniens dans quelques parcelles de leur patrie historique.

Complices

Malgré leurs discours en faveur d'une solution à deux États, les représentants de l'UE se montrent extrêmement permissifs envers le mouvement des colons israéliens.

En janvier 2024, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a  accueilli à Bruxelles Dani Dayan, l'un des principaux leaders du mouvement.

Grâce aux dispositions relatives à la liberté d'information, j'ai pu obtenir la demande que l'ambassade d'Israël à Bruxelles a envoyée à Mme von der Leyen pour organiser la visite de M. Dayan.

La demande, disponible ci-dessous, indique que Dayan a été président du Conseil Yesha. Bien que l'ambassade n'ait pas précisé la nature de cette organisation, une rapide recherche sur Internet aurait permis au personnel de von der Leyen d'établir que le Conseil Yesha chapeaute les principales colonies israéliennes en Cisjordanie.

Dans le cadre de ses fonctions, Dayan a  fait valoir que

"le développement de la zone E-1 servira les intérêts majeurs d'Israël".

La "philosophie" de Dayan a été résumée dans un  article qu'il a écrit en 2012 pour le New York Times.

"Notre présence dans toute la Judée-Samarie - et pas seulement dans les soi-disant 'blocs de colonies' - est un fait irréversible",

a-t-il martelé, qualifiant de "dérisoires" les tentatives cherchant à mettre fin à l'expansion des colonies.

Or, puisque Dayan prône exactement le contraire de ce que laissent entendre les représentants de l'UE, pourquoi Ursula von der Leyen l'a-t-elle reçu à Bruxelles l'année dernière ?

C'est son poste actuel qui lui a valu cette invitation. Aujourd'hui, Dayan  dirige en effet le Yad Vashem, le musée de l'Holocauste d'Israël, à Jérusalem.

À l'instar de nombreux politiciens allemands, von der Leyen ne cesse de ressasser l'Holocauste, tout en cautionnant un holocauste contemporain à Gaza.

En octobre 2023, von der Leyen a rendu visite au Premier ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, et lui a  réaffirmé le soutien de l'UE dans sa guerre contre Gaza. Si elle a pu soutenir aussi ardemment un génocide, elle n'a évidemment aucun scrupule à accueillir Dayan.

Maintenant qu'il occupe un poste respectable à la tête d'un musée de l'Holocauste avec lequel l'UE  coopère régulièrement, la hiérarchie bruxelloise ferme les yeux sur le soutien de Dayan à l'expansion des colonies, une position qu'il n'a jamais reniée.

Le tapis rouge déroulé à Dayan n'est pas un incident isolé. Le personnel de la susmentionnée Kaja Kallas a récemment  accueilli à Bruxelles Elie Pieprz, un autre vétéran du Conseil Yesha.

De son côté, la France a récemment déclaré  condamner fermement la destruction par Israël d'une école dans le nord de la Cisjordanie. Cette école avait été financée par la France en collaboration avec l'Union européenne.

Comme l'a souligné Gérard Araud, ancien diplomate français, une telle destruction relève de la "routine" pour l'occupation israélienne. La réponse de l'UE aux attaques contre les infrastructures qu'elle a financées n'a jamais donné lieu à des mesures concrètes contre Israël.

Ndt : je me trouve dans l'impossibilité de faire figurer le lien du tweet contrairement à mon habitude, le diplomate Arnaud m'ayant bloquée suite à une question - non répondue, bien entendu.

La dernière protestation en date de la France s'inscrit dans un schéma bien établi dont les États et les institutions de l'UE s'écartent rarement.

Les États et les institutions de l'UE ont pour obligation de condamner sans réserve les exactions commises par Israël, une violence pourtant encouragée par l'Occident. Punir Israël relève de l'impensable.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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