par Réseau Voltaire
Les conditions de sécurité en Haïti continuent de se détériorer, ce qui fait peser une menace toujours plus grande sur la paix et la sécurité internationales. Les contributions qu'a apportées le Kenya en sa qualité de pays pilote depuis la création de la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS), notamment en déployant plus de 700 personnes, dont certaines ont perdu la vie en assurant la protection du peuple haïtien, ne sauraient être sous-estimées. Nous les remercions vivement du rôle moteur qu'ils ont joué et du dévouement remarquable dont ils ont fait preuve. Malgré les sacrifices considérables consentis par celles et ceux qui ont contribué activement à la MMAS, que le Conseil de sécurité a autorisée dans sa résolution 2699 (2023) et prorogée dans sa résolution 2751 (2024), la MMAS ne dispose pas des ressources et des capacités nécessaires pour être pleinement à la hauteur de la situation de plus en plus difficile. Seule une force élargie, épaulée par un bureau d'appui des Nations unies et autorisée à mener des opérations antigangs en vertu d'un mandat solide établi au titre du Chapitre VII de la Charte, qui autorise l'emploi de la force, serait en mesure de réduire notablement le contrôle des gangs sur le territoire et de sécuriser les infrastructures critiques à Port-au-Prince.
Si les États Membres n'en prennent pas les rênes, aucune force repensée et aucun bureau d'appui des Nations unies ne pourront véritablement s'imposer. Le secrétaire général a insisté sur ce point dans la lettre qu'il a adressée le 24 février 2025 au président du Conseil de sécurité (S/2025/122), dans laquelle il recommande qu'un groupe permanent de partenaires fournisse une orientation stratégique de haut niveau et assure le contrôle et la prise de décision de toute force de sécurité remaniée, même si la prise de décision et le commandement opérationnels au jour le jour resteraient du ressort du commandant ou de la commandante de la force. Ce groupe permanent de partenaires aurait, entre autres fonctions clefs, pour mission : a) d'obtenir les contributions financières volontaires requises pour couvrir les dépenses de personnel non prises en charge par le bureau d'appui des Nations unies ; b) de faciliter la constitution de la force ; c) d'assurer la représentation et la coordination stratégiques de la force. Il désignerait également un représentant spécial ou une représentante spéciale pour la force, qui serait en poste à Port-au-Prince. Cette personne rendrait compte au groupe permanent de partenaires et assurerait la représentation et la coordination stratégiques indispensables au succès de la Mission, tout en veillant à répondre aux besoins opérationnels de la force avec les ressources limitées.
Plusieurs États Membres des Amériques ont déjà prouvé leur volonté d'empêcher l'effondrement des institutions haïtiennes en fournissant du personnel et en prenant des engagements financiers et logistiques importants en faveur de la MMAS, notamment les Bahamas, le Canada, El Salvador, les États-Unis, le Guatemala et la Jamaïque. En leur qualité de corédacteurs des documents du Conseil sur Haïti, les États-Unis ont l'intention de réunir ces pays pour former le Groupe permanent de partenaires. Ce Groupe inclura également le Kenya, qui dirige actuellement la force. La composition du Groupe permanent pourra être modifiée à tout moment sur la base d'un consensus entre ses membres.
Chaque État membre du Groupe permanent prévoit de désigner une personne qui le représentera aux réunions périodiques du Groupe et facilitera la réalisation des objectifs du Groupe, en consultation avec la personne que le Groupe aura désignée à la fonction de représentant(e) spécial(e) de la force. En outre, le Groupe permanent entend collaborer étroitement avec le Gouvernement haïtien, et note à cet égard que, dans la lettre qu'il a adressée au Secrétaire général le 6 mars 2025, le Gouvernement haïtien a apporté tout son soutien à la proposition du Secrétaire général relative à la création d'un groupe permanent de partenaires et d'un bureau d'appui des Nations unies et s'est dit espérer qu'elle pourrait faire l'objet d'un large consensus entre les membres du Conseil de sécurité.
Le Groupe permanent est conscient qu'il faut de toute urgence rétablir un environnement qui permette au peuple haïtien de déterminer librement son avenir politique. À cette fin, il se tient prêt à travailler en étroite collaboration avec les représentantes et représentants d'Haïti, de l'Organisation des Nations unies, de ses institutions spécialisées et d'un bureau d'appui des Nations unies. Il se félicite en outre de l'appui et des contributions apportés par d'autres États Membres, organisations internationales et régionales et autres entités pour assurer le succès d'une force de sécurité remaniée en Haïti.
source : Réseau Voltaire