Par Electronic Intifada, le 7 avril 2025
Durant le mois de mars, Israël a violé le cessez-le-feu dans la bande de Gaza occupée et tué plus de 1 000 personnes, tout en refusant l'entrée de l'aide humanitaire, plongeant la population survivante dans la pire crise à ce jour.
Pendant ce temps, Israël a poursuivi son assaut militaire contre les camps de réfugiés dans le nord de la Cisjordanie occupée, qui a débuté fin janvier.
Des dizaines de Palestiniens ont été massacrés dans les opération en cours en Cisjordanie. L'armée israélienne a aussi déplacé des dizaines de milliers de personnes de leurs foyers, le plus grand déplacement forcé sur le territoire depuis 1967.
Dans la ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie, l'armée israélienne a
"ravagé et assiégé des quartiers résidentiels, avec des destructions similaires à celles de Gaza", a rapporté The Electronic Intifada en mars.
Blocus total
Benjamin Netanyahu, le Premier ministre d'Israël, a annoncé le 2 mars le blocus total de Gaza, quelques heures après l'expiration de la première phase de l'accord de cessez-le-feu et d'échange de prisonniers entré en vigueur près de deux mois plus tôt.
Depuis, Gaza est soumise à ce blocus total, Israël refusant l'entrée de carburant, d'aide humanitaire et de denrées de première nécessité, dans ce qui constitue la plus longue suspension de l'approvisionnement du territoire depuis le début de la guerre génocidaire en octobre 2023
Bezalel Smotrich, le ministre des Finances d'Israël, membre de l'extrême droite, a déclaré avoir décidé, au nom du gouvernement israélien,
"de suspendre totalement l'aide humanitaire à Gaza jusqu'à ce que le Hamas soit éliminé ou se rende sans condition, et que tous nos otages soient libérés".Il a ajouté que les "portes de l'enfer" vont s'ouvrir "sans tarder et de la manière la plus meurtrière qui soit sur cet ennemi impitoyable, jusqu'à la victoire totale".
Quelques jours avant l'annonce de Netanyahu, le COGAT [l'unité militaire israélienne qui administre l'occupation] vient de dévoiler un plan visant à établir des "centres humanitaires" à Gaza.
Selon ce plan, c'est le COGAT qui déterminera la distribution de l'aide humanitaire d'urgence aux "Palestiniens sélectionnés" uniquement dans les zones sous contrôle militaire israélien total, selon les groupes palestiniens de défense des droits de l'homme.
L'unique point de passage de Karem Abu Salem serait utilisé pour laisser entrer l'aide humanitaire dans le cadre du programme, et seules les organisations non gouvernementales enregistrées en Israël pourraient opérer à Gaza. Ce qui exclurait de facto l' UNRWA, l'agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine, la plus grande organisation d'aide à Gaza actuellement interdite par Israël.
Les groupes palestiniens de défense des droits de l'homme ont averti que le plan du COGAT présenté à l'ONU et aux organisations d'aide internationales
"constitue un développement très inquiétant du génocide actuel et montre clairement que l'annexion des territoires palestiniens va de l'avant".
"L'aide instrumentalisée"
Le blocus total prive les habitants de Gaza d'accès aux produits de première nécessité.
"Les produits de première nécessité ont disparu sur le marché, les prix ont flambé et la plupart des boulangeries ont été contraintes de fermer en raison de la pénurie de farine et de carburant nécessaires au fonctionnement des générateurs",
a déclaré le 2 avril Al Mezan, une organisation de défense des droits de l'homme.
"La fermeture prolongée des checkpoints par Israël et l'obstruction de l'aide humanitaire aggravent la situation à Gaza à un degré sans précédent, comparé aux 17 derniers mois",selon Samir Zaqout, directeur adjoint d'Al Mezan.
"Sans carburant, les services vitaux tels que les usines de dessalement et les points d'eau ont cessé d'être opérationnels, et la population souffre de la soif et de la faim à des degrés potentiellement mortels", a ajouté Zaqout.
Le 6 mars, plus d'une vingtaine d'experts des droits de l'homme de l'ONU ont déclaré
qu'"en coupant délibérément les approvisionnements vitaux, y compris ceux liés à la santé sexuelle et reproductive, et les dispositifs d'assistance aux personnes handicapées, Israël instrumentalise une fois de plus l'aide humanitaire".
Les corps de 30 Palestiniens exécutés par l'armée israélienne et enterrés dans une fosse commune sont exhumés pour identification et inhumation dans le district d'al-Alemi à Beit Lahiya, au nord de Gaza, le 5 mars. © Omar Ashtawy Images APA
Les experts de l'ONU ont ajouté que durant le cessez-le-feu,
"les conditions demeurent très éprouvantes. Seules quelques tentes et pas une seule unité mobile n'ont été autorisées à entrer à Gaza, et les Palestiniens, y compris les enfants et les personnes âgées, continuent à mourir de froid et d'épuisement"."Rétablir un blocus total contre une population qui survit à peine après 16 mois de bombardements constants, de déplacements forcés répétés avec 80 % des terres agricoles et des infrastructures civiles détruites, ne fera qu'aggraver une situation déjà désastreuse", dixit les experts.
Annexion "accélérée"
Pendant ce temps, en Cisjordanie, les experts confirment que "l'annexion de territoires par la force s'accélère".
Ils ont ajouté que
"les camps de réfugiés et les villes sont bombardés, dépeuplés et pillés, et d'autres secteurs sont attaqués par des colons armés avec la complicité de l'armée israélienne".
Le 12 mars, selon le groupe d'observation de l'ONU OCHA, "un colon israélien de 18 ans a été blessé par balle alors qu'il conduisait près de la colonie d'Ariel", près de Salfit en Cisjordanie. Suite à cette fusillade, des colons israéliens ont attaqué des habitants d'une communauté bédouine, blessant deux personnes, dont un homme âgé qui a subi une hémorragie cérébrale et se trouve hospitalisé dans un état critique.
Le lendemain, des dizaines de colons ont incendié des maisons d'une communauté bédouine près de Naplouse, une ville du nord de la Cisjordanie. Selon l'OCHA, les colons
"ont lancé un cocktail Molotov, mettant le feu au logement alors qu'un bébé et un jeune enfant se trouvaient à l'intérieur".
Les colons ont fait sortir les enfants de la maison et les ont relâchés plus loin, à une cinquantaine de mètres.
Quelques jours plus tard, un Palestinien de 18 ans a perdu connaissance après avoir été attaqué par des colons alors qu'il faisait paître des moutons près d'Hébron, dans le sud de la Cisjordanie.
La stratégie d'Israël "pour dominer et détruire"
Le 12 mars, Euro-Med Human Rights Monitor a déclaré qu'Israël a tué 150 Palestiniens à Gaza depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 janvier.
"Les meurtres perpétrés par l'armée israélienne sont commis par des snipers et des drones, y compris des quadcoptères",
a déclaré le groupe de défense des droits de l'homme.
"Les attaques meurtrières se produisent fréquemment lorsque les habitants tentent de rentrer chez eux pour inspecter leurs maisons endommagées près de la soi-disant "zone tampon" imposée par Israël le long des frontières nord et est de la bande de Gaza", a ajouté Euro-Med.
Le 13 mars, une commission d'enquête indépendante des Nations unies a publié un rapport concluant que depuis octobre 2023,
"Israël recourt de plus en plus fréquemment aux violences sexuelles, aux violences liées à la procréation et à d'autres formes de violence sexiste contre les Palestiniens".
Selon les enquêteurs, Israël se livre à des violences sexuelles et sexistes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza
"comme stratégie de guerre destinée à dominer et à éradiquer le peuple palestinien".
Israël massacre des familles & viole le cessez-le-feu
Aux premières heures du 18 mars, Israël a lancé des attaques intensives par air, terre et mer dans tout Gaza, tuant au moins 400 personnes et en blessant plus de 560, a déclaré plus tard dans la journée le ministère de la Santé du territoire.
Des familles entières ont été massacrées lors des frappes, selon le Bureau des médias du gouvernement à Gaza, et on compte au moins 174 enfants parmi les morts, selon l'organisation Defense for Children International-Palestine. Ayed Abu Eqtaish, directeur de programme au sein de l'organisation de défense des droits de l'enfant, a déclaré avoir enregistré
"l'un des plus grands nombres de morts d'enfants en une journée de l'histoire de Gaza ".
Le même jour, l'armée israélienne a ordonné l'évacuation des zones proches de Jabaliya au nord et de Khan Younis au sud, tout en bombardant et attaquant Gaza, marquant ainsi le retrait d'Israël des négociations sur la fin de la guerre à Gaza.
"Désormais, Israël combattra le Hamas avec des moyens militaires accrus", a déclaré Netanyahu lors de la reprise des frappes massives.
Plusieurs responsables gouvernementaux à Gaza ont été tués ainsi que des membres de leur famille lors des frappes israéliennes.
Le porte-parole du Hamas, Sami Abu Zuhri, a accusé Israël de vouloir imposer une capitulation au peuple palestinien. Il a également affirmé que Washington et Tel Aviv tentent de modifier les termes de l'accord de cessez-le-feu qu'Israël a signé, garanti par les États-Unis.
Cet accord prévoyait une issue à la guerre et l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza.
Vue globale des destructions à Jabaliya, au nord de Gaza, le 8 mars. © Omar AshtawyImages APA
Le 19 mars, un ressortissant bulgare travaillant pour l'ONU a été tué par une frappe sur une maison d'hôtes du Bureau des Nations unies chargée des services liés aux projets à Deir al-Balah, au centre de Gaza.
Le même jour, Israël Katz, le ministre israélien de la Défense, a lancé "un dernier avertissement" à la population de Gaza dans une déclaration d'intention génocidaire manifeste.
"Les conditions vont devenir beaucoup plus dures et vous allez payer le prix fort", a déclaré Katz, ajoutant que "l'évacuation de la population des zones de combat va bientôt reprendre"."Suivez les conseils du président américain. Rendez les otages et éliminez le Hamas, et de nouvelles options vous seront offertes, comme la réinstallation dans d'autres régions du monde pour ceux qui le souhaitent", a ajouté Katz.
"L'alternative, c'est la destruction, et la dévastation totales".
Un mineur meurt en détention israélienne, des secouristes sont "exécutés"
Le 22 mars, Walid Khalid Abdullah Ahmad, 17 ans, est mort après s'être effondré dans la cour de la prison de Megiddo, dans le nord d'Israël, où le garçon se trouvait en détention provisoire depuis septembre de l'année dernière.
"Walid est le premier mineur palestinien à mourir dans une prison israélienne", selon Defense for Children International-Palestine, qui a ajouté que "les autorités israéliennes refusent de rendre le corps à sa famille".
Un rapport d'autopsie a indiqué que le garçon, arrêté en septembre à son domicile de Silwad, en Cisjordanie, a été affamé et battu par des gardiens de prison pendant des mois avant de s'effondrer et d'en mourir.
Plus tôt dans le mois, les autorités palestiniennes ont annoncé la mort d'un homme du camp de réfugiés de Jénine détenu par Israël. L'homme a été détenu sans inculpation ni jugement avant de mourir dans des circonstances obscures le 23 février.
Au moins 63 Palestiniens sont morts en détention israélienne depuis le 7 octobre 2023, dont 40 de la bande de Gaza, selon le Prisoners Club palestinien.
Les proches de neuf Palestiniens, dont trois journalistes, tués lors d'une attaque israélienne à Beit Lahiya, se recueillent à l'hôpital indonésien de le 15 mars. Selon certaines sources, un drone israélien a frappé une équipe de secours qui distribuait des tentes aux habitants dont les maisons ont été détruites. © Omar AshtawyImages APA
Le 23 mars, une équipe d'ambulanciers de la Société du Croissant-Rouge palestinien a été appelée pour évacuer des blessés dans une frappe aérienne israélienne dans le quartier d'al-Hashashin à Rafah, au sud de Gaza, avant d'être pris pour cible et blessés.
D'autres équipes d'ambulanciers et de sauveteurs de la protection civile ont été envoyées sur place lorsque les forces israéliennes ont encerclé la zone et coupé toute communication avec le personnel d'urgence.
Le sort des 15 secouristes n'a été connu qu'une semaine plus tard, lorsque les équipes de la protection civile ont pu accéder au site et ont récupéré un corps fin mars. Quatorze autres corps ont été retrouvés dans une fosse commune les jours suivants.
Le Dr Ahmed al-Farra, médecin-chef du complexe médical Nasser, a déclaré au Guardian que les corps des médecins et des membres de la protection civile
"présentent des impacts de balles dans la poitrine et la tête. Ils ont été exécutés. Ils avaient les mains liées".
L'un des ambulanciers parlait au moment de l'attaque avec un régulateur d'ambulances de la Société du Croissant-Rouge palestinien. Le Dr Bashar Murad, directeur du Croissant-Rouge à Gaza, a déclaré au Guardian que lors de cet appel,
"on entendait très bien les coups de feu tirés tout près, et les voix de soldats israéliens sur place criant en hébreu et ordonnant l'arrestation de certains des ambulanciers".
Parmi les morts , on compte huit 𝕏 médecins du Croissant-Rouge, six membres de la protection civile et un employé de l'UNRWA, l'agence des Nations unies pour les réfugiés de Palestine.
L'intérieur d'une maison d'une famille palestinienne dans le village de Khirbet al-Marajim en Cisjordanie, le 15 mars, après l'attaque d'une cinquantaine de colons israéliens dans le village la nuit précédente. Les colons ont jeté des pierres sur les habitants et mis le feu à trois maisons et à une voiture, alors que les familles étaient en train de dormir. Dans l'une des pièces, deux enfants dormaient lorsque les colons les ont enlevés avant de les relâcher plus tard un peu plus loin. © Avishay MoharActiveStills
"Ils ont été abattus par les forces israéliennes alors qu'ils tentaient de sauver des vies", a déclaré Tom Fletcher, le responsable humanitaire de l'ONU, le 31 mars. "Nous exigeons des réponses et que justice soit faite".
Depuis octobre 2023, Israël a tué plus de 100 employés de la protection civile, 1 000 professionnels de la santé et 280 employés de l'UNRWA.
Israël fait exploser un hôpital de cancérologie
Le 21 mars, le Croissant-Rouge palestinien a rouvert l'hôpital Al-Quds dans le quartier de Tal al-Hawa, à Gaza. L'établissement avait été contraint de fermer en novembre après avoir été assiégé et attaqué par les forces israéliennes.
"Malgré des défis considérables, notamment de graves pénuries de matériel et de produits médicaux, l'hôpital a pu rouvrir ces dernières semaines",
a déclaré le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies.
"Deux blocs opératoires, un service d'urgence, des services de consultation externe, une unité de soins intensifs et des services de diagnostic tels que la radiologie et les laboratoires ont été ouverts pour assurer la prise en charge médicale complète", a ajouté le bureau de l'ONU.
Le même jour, les troupes israéliennes ont fait sauter l'hôpital turco-palestinien de l'amitié, l'unique hôpital spécialisé dans le traitement du cancer à Gaza, qui accueillait plus de 12 000 patients, selon le Centre palestinien pour les droits de l'homme.
L'hôpital a été contraint de fermer en novembre 2023 après avoir été attaqué par l'armée israélienne, qui l'a finalement utilisé comme cantonnement pour ses soldats.
Des familles s'enfuient après l'ordre d'évacuation ordonnée par l'armée israélienne de plusieurs quartiers de Beit Hanoun, au nord de Gaza, à la suite de violentes frappes aériennes le 18 mars. © Omar AshtawyImages APA
Vingt-deux hôpitaux et cinq hôpitaux mobiles à Gaza ont été partiellement opérationnels et quatre hôpitaux de campagne pleinement opérationnels, annonce le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies le 25 mars. Toutefois, "treize hôpitaux et cinq unités hospitalières mobiles ne sont plus opérationnels", a-t-il ajouté.
L'armée israélienne s' est attaquée au service de chirurgie du complexe médical Nasser à Khan Younis, dans le sud de Gaza, le 23 mars. Deux personnes ont été tuées, dont un membre de la direction politique du Hamas, et huit autres ont été blessées dans la frappe aérienne qui a gravement endommagé une partie du plus grand hôpital spécialisé du sud de Gaza.
"Les stigmates de crimes atroces"
Le lendemain, 24 mars, Israël a tué deux journalistes, le correspondant d'Al Jazeera Hossam Shabat et le reporter de Palestine Today, Mohammad Mansour, dans des attaques distinctes.
Al Mezan, un groupe palestinien de défense des droits de l'homme, 𝕏 a déclaré que Shabat et Mansour ont été "délibérément ciblés" en toute "impunité", comme pour les assassinats de plus de 200 journalistes depuis octobre 2023.
Le même jour, trois techniciens de l'assainissement ont été tués lors d'une attaque contre un camion-poubelle "clairement ciblé" à Abasan al-Kabira, dans le secteur de Khan Younis, au sud de Gaza, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Le 23 mars encore, le cabinet de sécurité de Netanyahu a approuvé une proposition d'Israël Katz, le ministre de la Défense, pour la création d'un bureau chargé de favoriser ce qu'il a appelé "l'émigration volontaire" des Palestiniens de Gaza.
Le 24 mars, António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a publié une déclaration par l'intermédiaire de son porte-parole, dans laquelle il a déclaré avoir décidé de réduire la présence de l'organisation mondiale à Gaza.
Guterres a invoqué le blocus imposé par Israël à l'entrée de l'aide humanitaire et les frappes meurtrières israéliennes contre un complexe des Nations unies le 19 mars comme raisons de cette décision.
Le corps d'un membre du personnel international des Nations unies tué lors d'une frappe israélienne sur le siège de l'organisation mondiale à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, est transféré à l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa le 19 mars. © Louay Abu KhousaImages APA
Le 27 mars, la High Court d'Israël a rejeté une requête contestant la légalité des restrictions imposées par Israël à l'aide humanitaire à Gaza. Les organisations requérantes, toutes basées en Israël, ont déclaré que la décision de la Cour
"s'apparente à un hymne à la gloire de l'État d'Israël et de son armée durant la période la plus sombre de leur histoire".Les groupes ont ajouté qu'elle "donne le feu vert pour les crimes de guerre et s'en prendre aux civils à Gaza".
La politique d'aide humanitaire d'Israël est au cœur de la plainte pour génocide déposée contre l'État par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice et des nouvelles procédures consultatives engagées par la Cour à la demande de l'Assemblée générale des Nations unies.
Le même jour, un employé de l'organisation caritative américaine World Central Kitchen a été 𝕏 tué lors d'une frappe israélienne à proximité d'un point de distribution de repas.
"Les actes de guerre auxquels nous assistons témoignent des crimes atroces de l'armée israélienne",
a déclaré Jens Laerke, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), le 28 mars.
"Des centaines d'enfants et de civils ont été tués par des frappes aériennes israéliennes et les bombardements ont détruit des infrastructures de santé. Les zones densément peuplées et les hôpitaux sont à nouveau la cible des combats. Des patients sont tués dans leur lit, les ambulances sont attaquées et des urgentistes sont tués".
Les boulangeries de Gaza contraintes de fermer
Le 30 mars, date de la commémoration annuelle de la Journée de la Terre palestinienne, Netanyahu 𝕏 a déclaré son intention
"d'intensifier la pression" et de "continuer à traquer le Hamas pour établir les conditions optimales de libération de nos otages".
Netanyahu a clairement indiqué que "la dernière étape" du processus de cessez-le-feu passerait par la reddition complète du Hamas et l'expulsion de ses dirigeants de Gaza.
"Nous assurerons la sécurité sur l'ensemble de la bande de Gaza et mettrons en œuvre le plan Trump de migration volontaire", a déclaré Netanyahu. "Tel est le plan. Nous ne nous en cachons pas, et sommes prêts à en débattre à tout moment".
Les Palestiniens ont également observé le premier jour de l'Aïd al-Fitr, la fête sacrée marquant la fin du ramadan, le 30 mars.
Plus de 50 Palestiniens ont été tués et près de 200 blessés lors d'attaques israéliennes le premier jour de l'Aïd al-Fitr. Le deuxième jour de l'Aïd, le 31 mars, Israël a ordonné des déplacements forcés 𝕏 couvrant Rafah, dans le sud de Gaza, 𝕏 touchant plus de 140 000 personnes.
Le 21 mars, lors de la Journée internationale des droits des femmes, une femme veille sur son enfant malade au Nasser Medical Complex de Khan Younis. © Doaa AlbazActiveStills
Le 1er avril, le Programme alimentaire mondial 𝕏 a annoncé que les 25 boulangeries de Gaza soutenues par l'agence des Nations unies
"ont fermé en raison du manque de carburant et de farine."Des repas chauds sont toujours servis, mais le stock ne durera que deux semaines au maximum", a déclaré le Programme alimentaire mondial, ajoutant que l'agence "distribuera ses derniers colis alimentaires ces deux prochains jours".
Pendant ce temps, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 85 000 tonnes de
"produits alimentaires, suffisants pour tenir un à deux mois, restent bloqués à l'extérieur de Gaza".
Plus de 50 000 morts à Gaza
Au 31 mars, le ministère de la Santé de Gaza a fait état de 1 001 morts et 2 359 blessés depuis qu'Israël a repris ses attaques massives le 18 mars.
Selon le ministère, plus de 50 350 personnes ont été tuées et 114 400 autres blessées à Gaza depuis octobre 2023. 31 % des morts sont des enfants, 17 % des femmes, 44 % des hommes et 8 % des personnes âgées.
Les corps de membres de la famille al-Mashharawi sont retrouvés dans leur maison après une frappe israélienne dans la nuit du 22 mars dans le quartier d'al-Tuffah, à l'est de la ville de Gaza. © Yousef ZaanounActiveStills
Sept pour cent de la population de Gaza a été tuée ou blessée, selon le Dr Munir al-Bursh, directeur général du ministère de la Santé à Gaza.
"L'afflux croissant de patients victimes de traumatismes a mis le système de santé de Gaza à rude épreuve", a déclaré l'OCHA, "et l'urgence de réapprovisionner les stocks de fournitures médicales, notamment en produits de perfusion, antibiotiques, attelles externes et poches de sang, se fait sentir".Les stocks d'anesthésiques disponibles à Gaza sont "insuffisants pour répondre à la demande croissante, notamment pour la chirurgie, les accouchements, la gestion de la douleur et les soins intensifs", a ajouté l'OCHA.
En Cisjordanie, 99 Palestiniens ont été tués par Israël depuis le début de l'année, dont 17 enfants et trois femmes, a indiqué le bureau des Nations unies dans un rapport publié le 27 mars. Plus de la moitié de ces homicides ont eu lieu "dans quatre localités seulement, dont les camps de réfugiés de Jénine et de Nur Shams", a précisé l'ONU.
Vies perdues en Cisjordanie
Parmi les Palestiniens tués en Cisjordanie durant le mois de mars, un jeune homme de 18 ans a été abattu par les forces israéliennes dans le nord de la Cisjordanie après s'être approché du checkpoint de Homesh avec un couteau, le 4 mars.
Le même jour, selon l'OCHA, "les forces israéliennes ont abattu deux Palestiniens dans la ville de Jénine dans le cadre des opérations en cours dans la région".
Le bureau des Nations unies a ajouté :
"L'un des hommes tués essayait apparemment de rentrer chez lui et le second aurait été pris dans un échange de tirs avec les forces israéliennes, qui ont retenu son corps".
Un Palestinien à moto, percuté par un véhicule militaire israélien à Jénine le 10 mars, est mort sur le coup.
Le même jour, un garçon de 16 ans a été abattu par les services de sécurité de l'Autorité palestinienne, qui l'ont poursuivi "dans des véhicules civils, lui ont tiré dans la tête et la poitrine, puis l'ont emmené" selon l'OCHA.
Des enfants regardent le site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la tente de Salah al-Bardawil, membre du bureau politique du Hamas, et de sa famille à Khan Younis, dans le sud de Gaza, le 23 mars. Plusieurs autres personnalités de l'aile politique du Hamas ont été ciblées depuis le 18 mars et tuées avec des membres de leur famille. © Doaa AlbazActiveStills
Quatre Palestiniens, dont une femme, ont été tués dans un raid israélien à Jénine qui a duré 10 heures le 11 mars. Le lendemain, un Palestinien est mort après être tombé d'un immeuble de cinq étages alors qu'il fuyait l'armée qui perquisitionnait un immeuble de Jérusalem à la recherche de Palestiniens sans permis de travail.
"Récemment, Israël a intensifié ses opérations d'arrestation de travailleurs palestiniens sans permis, et des centaines d'entre eux auraient été arrêtés",
a déclaré le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies.
Des victimes sont extraites des décombres de leur maison après les attaques israéliennes dans le quartier de Zeitoun à Gaza, le 28 mars. © Omar AshtawyImages APA
Le 14 mars, selon le bureau des Nations unies, "un Palestinien a été abattu par des snipers israéliens lors d'un raid dans le village de Salem", dans la région de Naplouse.
Le 18 mars, un Palestinien a été tué par balle par des agents israéliens en civil dans un café de Qalqiliya. Le lendemain, un autre a été abattu lors d'une rafle israélienne dans le camp de réfugiés d'Ein Beit al-Mai, dans la région de Naplouse.
Les corps des deux hommes sont retenus par Israël.
Le 18 mars également, un Palestinien est mort des suites de blessures après une fusillade avec deux autres hommes près de Jérusalem, qui a fait un mort parmi les colons israéliens. Deux des trois Palestiniens armés ont été tués par les forces israéliennes sur le coup, et le troisième, dans le coma, a été détenu jusqu'au 27 février, "date à laquelle il a été libéré dans le cadre de l'échange de prisonniers et d'otages au cours de la première phase du cessez-le-feu à Gaza", selon l'ONU.
Une famille palestinienne cuisine des pâtisseries traditionnelles pour l'Aïd al-Fitr, la fête marquant la fin du Ramadan, dans une école de l'UNRWA offrant l'abri aux Palestiniens déplacés à Khan Younis, dans le sud de Gaza, le 28 mars © Doaa Albaz Images APA
Le 25 mars, l'armée israélienne est accusée d'avoir utilisé un drone explosif à l'intérieur d'un magasin à Qalqiliya pour tuer un homme qui refusait de se rendre. Le lendemain, elle a abattu un jeune homme de 18 ans qui aurait jeté des pierres sur des colons dans le village de Beita, près de Naplouse. Israël a refusé de restituer les corps des deux hommes.
L'ONU a ajouté que plus de 850 personnes ont été contraintes de quitter leur domicile à Tulkarem au cours des deux dernières semaines seulement, et que 431 autres ont été évacuées depuis le début de l'année après la destruction de leurs maisons sous prétexte qu'elles ont été construites sans permis.
Dans un rapport publié le 4 avril, le bureau des Nations unies a informé que plus de 280 000 personnes ont été déplacées à Gaza durant les deux dernières semaines, dont 100 000 à Rafah, et que le nombre de personnel humanitaire tué dans la région est passé à 409.
Jonathan Whittall, le chef par intérim de l'OCHA en Cisjordanie et à Gaza, a déclaré
qu'"en tant qu'humanitaires, nous ne pouvons tolérer que les civils palestiniens soient déshumanisés au point de ne même plus mériter de survivre [...], [et] que la survie des civils est tributaire d'un système d'aide lui-même en proie aux attaques".