© Stefani BARGE Source: AFP
Des palettes de munitions, d'armes et d'autres équipements à destination de l'Ukraine chargées dans un avion américain, en janvier 2022 (image d'illustration).
27 mai 2022, 16:39
Kiev et Washington échangeraient régulièrement concernant l'envoi d'armes de plus en plus sophistiquées en Ukraine. Selon Reuters, des responsables américains redoutent les conséquences de frappes ukrainiennes potentielles en territoire russe.
A en croire des révélations publiées le 26 mai par l'agence Reuters, un vent d'inquiétude traverserait une partie de l'administration américaine au sujet d'une possible escalade du conflit ukrainien, due au fait que les Occidentaux continuent de livrer à Kiev des armes «de plus en plus sophistiquées».
Des responsables étatsuniens redouteraient notamment les conséquences de frappes ukrainiennes potentielles sur le territoire russe. Comme le rapporte l'agence de presse américaine, certains d'entre eux pointent le fait que les discussions en coulisses entre Kiev et Washington, au sujet de l'envoi d'équipement militaire, «n'imposent pas de restrictions géographiques explicites à l'utilisation des armes fournies aux forces ukrainiennes».
L'administration Biden serait «de plus en plus disposée à donner à l'Ukraine des armes à plus longue portée»
«Nous avons des inquiétudes au sujet d'une escalade et pourtant nous ne voulons toujours pas imposer de limites géographiques ou trop leur lier les mains avec ce que nous leur donnons», a confié à ce sujet un responsable américain auprès l'agence de presse, selon qui l'administration Biden apparaît «de plus en plus disposée à donner à l'Ukraine des armes à plus longue portée».
Estimant que Kiev avait pour l'heure suffisamment de cibles russes à l'intérieur de l'Ukraine, l'ancien ambassadeur américain auprès de l'OTAN Douglas Lute a reconnu qu'il existait un risque d'escalade et de division politique au sein de l'Alliance atlantique si l'armée ukrainienne venait à frapper «au plus profond de la Russie». «Cela déclencherait un débat diviseur au sein de l'Alliance. Et, bien sûr, l'alliance ne veut pas cela. Et l'Ukraine non plus», a-t-il analysé, toujours selon Reuters.
La question des livraisons occidentales d'équipement militaire à l'Ukraine fait partie intégrante du conflit qui se poursuit. Le 23 mai, le Pentagone a par exemple fait savoir que le Danemark s'était engagé à fournir à Kiev des missiles Harpoon, plaçant la Crimée - rattachée à la Russie en 2014 à l'issue d'un référendum non reconnu par les Occidentaux - à portée de tir de l'armée ukrainienne.
La Russie, qui a entamé son offensive militaire en Ukraine le 24 février, a condamné à maintes reprises les envois massifs d'armes à Kiev, estimant qu'ils constituaient un obstacle à la résolution rapide du conflit militaire en cours. Fin avril, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait par exemple accusé les Occidentaux de «jeter de l'huile sur le feu» en multipliant les livraisons d'armes à Kiev, et exhorté l'OTAN et les Etats-Unis à cesser celles-ci s'ils «sont vraiment intéressés à résoudre la crise ukrainienne».
Début mai, le président russe Vladimir Poutine a également plaidé pour un arrêt de ces livraisons occidentales, au cours d'un échange téléphonique avec Emmanuel Macron.