05/03/2025 dedefensa.org  5min #270759

Désolé, la Cia fait une pause

 Journal dde.crisis de Philippe Grasset  

5 mars 2025 (20H10) – Parlant à Fox Business, le directeur de la CIA, John Ratcliffe, a annoncé que la CIA "faisait une pause" dans sa politique de partage des informations avec les Ukrainiens. C'est une  nouvelle stupéfiante qui est à classer avec le plus grand calme possible dans la corbeille du "Grand Retournement" en cours.

On pourrait envisager d'ajouter que le ‘Daily Mail', – tout de même étiqueté, j'en témoigne, comme une source peu fiable, – écrit que la CIA a interdit aux GCHQ et MI6 britanniques de partager des renseignements avec les Ukrainiens. Ces agences britanniques reçoivent un flux d'information permanant de la CIA, – entre cousins anglo-saxons des ‘Five Eyes', – et la CIA est de ce point de vue entièrement justifiée d'intervenir...

Il faut dire encore que le ‘Daily Mail' avait précédemment laissé entendre que la CIA coupait les vivres, ou disons les informations vers l'Ukraine, comme l'annonce Ratcliffe ; donc, le ‘Daily Mail' ne dit pas que des ragots sans fondements, et  ainsi rapporte-t-on :

« Selon le tabloïd britannique, toutes les agences de renseignement et les organes militaires britanniques "ont reçu un ordre interdisant expressément le partage de renseignements générés par les Etats-Unis, marqués ‘Rel UKR', – signifiant "pouvant être communiqués à l'Ukraine". Cette mesure porterait encore plus atteinte à la capacité de Kiev à combattre la Russie, a noté le journal.

» La suspension, dont la date précise ne semble pas avoir été fixée, devrait affecter des agences britanniques telles que le Government Communications Headquarters (GCHQ) et le MI6, et le ministère de la Défense. Phil Ingram, expert en renseignement militaire britannique, a déclaré au Daily Mail que les États-Unis "contrôleront étroitement la diffusion de leurs renseignements à l'Ukraine" en s'appuyant sur leurs propres agences basées à Kiev. »

Donc hier, comme déjà annoncé, le nouveau directeur de la CIA, qui est un proche de Trump en plus d'être son espion en chef,  confirmait la décision de "pause". Il a présenté cette décision dans le cadre de l'annonce générale d'un arrêt ("temporaire"!) des livraisons d'armes à l'Ukraine.

« Interrogé par l'animatrice Maria Bartiromo pour savoir si les États-Unis avaient "interrompu" leur coopération avec l'Ukraine, Ratcliffe a déclaré que le président américain Donald Trump avait "demandé une pause" pour voir si Kiev était prêt à œuvrer à la résolution du conflit avec la Russie.

» "Le président Trump se demande vraiment si… Zelenski est engagé dans un processus de paix", a déclaré Ratcliffe, affirmant que l'arrêt de l'aide et du partage d'informations a contribué à ce que Zelenski déclare publiquement qu'il était "prêt pour la paix". »

Bien que cela nous soit annoncé, comme je l'ai observé, dans le plus grand calme et que la chose soit classée dans les choses déjà dites, cette nouvelle est tout simplement sensationnelle du point de vue de la communication et du symbole. La CIA est ce monstre que l'on sait, et chaque soupir du monstre, soit pour respirer soit pour retenir son souffle, constitue un événement considérable et un signal politique extrêmement puissant, – surtout et essentiellement, symboliquement veux-je dire, si cela est calmement annoncé en public.

D'ailleurs, cela n'arrête pas, comme je le remarquai en citant le témoignage d'une corbeille ‘top secret' ("classer avec le plus grand calme possible dans la corbeille du ‘Grand Retournement' en cours"). Le rythme des nouvelles révolutionnaires par rapport à ce qu'on sait du  Système et de la  politiqueSystème constitue, comme nous l'avons plusieurs fois remarqué, un formidable événement d'organisation, de décision et d'exécution, et tout cela réalisé à une vitesse stupéfiante.

On reprend ici un passage  d'un texte de Pierre-Émile Blairon sur lequel nous reviendrons, qui s'interroge sur « Le nouveau "Nouveau Monde" de Trump ».

« Ce qui a abasourdi les observateurs, c'est la rapidité et la facilité avec lesquelles cette Révolution s'est produite, comme si c'était un jeu d'enfant, comme s'il suffisait de décréter la mise en place d'une nouvelle base de valeurs pour la voir se réaliser sous nos yeux, simplement en brandissant une baguette magique.

» Nous avons en effet peine à imaginer l'énorme charivari – sans doute non encore bien maîtrisé - que ce Grand Retournement représente d'organisation et de décisions au niveau de la plus grande puissance du monde, même si cette dernière en était à vivre des moments difficiles au moment où le basculement paradigmatique s'est produit et à effectuer des concessions douloureuses au nom de l'avènement d'un monde multipolaire qui étend inexorablement ses tentacules sur l'ensemble de la planète. Et c'est peut-être parce que l'Amérique était acculée, contrainte à cet effort de changement, que la magie a pu opérer. »

Nous y reviendrons, disais-je, en considérant, selon l'interprétation de Blairon, l'arrivée et l'installation de Trump-II comme un « Événement Primordial ». C'est dire si je m'y retrouve, dans ce qui est une interprétation fondamentalement guénonienne, – et donc effectivement "Primordiale"... Ce qui se passe sous nos yeux, en temps hyper-réel, est quelque chose qui n'a guère de précédent. Ne boudons pas notre plaisir, même si nous avons peine à suivre, et encore plus à expliquer précisément.

 dedefensa.org