26/11/2025 euro-synergies.hautetfort.com  6min #297340

Directoire et Macronisme: un parallèle historique saisissant!

L'Europe du déclin

Frédéric Andreu

Une crise interminable — et, disons-le, minable — éteint peu à peu les lumières de l'Europe réelle. On assiste aujourd'hui à une fragmentation esthétique et morale qui n'est pas sans rappeler la période du Directoire (1795-1799), entre chapeaux à plumes et déclarations de guerre opportunes. Nous allons voir comment une oligarchie irréformable génère toujours des dérivatifs.

Alors que la corruption et la délinquance gangrènent la France d'alors, l'expédition d'Égypte sert le régime. L'UE de Macron et de von der Leyen, quant à elle, désigne aujourd'hui la Russie comme l'ennemi du genre humain. Une faute qui risque de coûter cher au peuple, éternel dindon de la farce.

- Des élections qui ne plaisent pas au pouvoir. Lorsqu'on regarde le tour de passe-passe électoral de 2005 et le discrédit persistant de la classe politique, on remarque une troublante similarité avec la période du Directoire. Nous sommes en 1797. La misère ronge les faubourgs de Paris; on mange des chats tandis que l'oligarchie d'affaires festoie dans des palais cossus. Dérive conjoncturelle ou aboutissement de la Révolution de 1789: tromper le peuple, lui retirer ses libertés concrètes et coutumières pour les remplacer par des lois abstraites? À chacun d'en juger.

Sans le savoir, la Révolution politique allait servir de préparatif à la révolution industrielle: il s'agissait de remplacer les anciennes élites par des marchands et des banquiers, et de faire entrer la machine dans la société. C'est ce que l'Histoire officielle — tatillonne sur les faits mais aveugle sur les structures — ne dit jamais: le coup d'État politique anticipait un coup d'État technique.

Dans ce contexte délétère, on ne s'étonnera pas que les élections de 1797 (dites du « 18 Fructidor an V ») donnent une large victoire aux royalistes. Que fait alors le pouvoir? Il invalide purement et simplement les résultats ! Depuis cette époque, l'ADN du républicain semble inchangé: en 2005, Sarkozy confisque lui aussi le résultat du « non » à Bruxelles, en faisant revoter le même traité par les parlementaires. Sarkozy serait-il un héritier du Directoire? Dans un certain sens, oui: sa politique reflète sa culture personnelle, celle d'un Barras amateur de Rolex et de Fouquet's. Moins flamboyants, Hollande et Macron resteront sans doute dans l'Histoire comme des ploutocrates sans envergure, les Directeurs dont personne ne retient le nom.

- La désignation de l'« ennemi dérivatif ». La dérive corruptrice d'un pouvoir s'accompagne toujours de la désignation d'ennemis factices. Il faut détourner le regard du pourrissement des élites en inventant des menaces opportunes. L'Italie puis l'Égypte vont remplir ce rôle: la presse fabrique un « Mars de la guerre », Bonaparte, alors même que le pillage des églises par ses soldats est encouragé. Suivez mon regard: que fait aujourd'hui l'UE — le Directoire de notre temps — sinon créer elle aussi de faux ennemis? Les « nationalistes/populistes » sont désignés comme l'ennemi intérieur; la Russie comme l'ennemi extérieur, destiné à canaliser les angoisses collectives. Rien de nouveau sous le soleil !

Bonaparte part en Égypte. À cette époque, il n'est qu'un général ambitieux parmi d'autres. Joubert lui est d'ailleurs préféré, mais celui-ci meurt au combat. Les années qui viennent diront si un soldat surgira pour « sauver l'Europe » face à une invasion russe imminente...

- Bonaparte contre Pichegru: Cette période du Directoire, courte mais si riche en éclats, a connu l'irruption de Bonaparte au détriment d'autres hommes, tombés dans les oubliettes de l'Histoire. Le cas de Jean-Charles Pichegru (portrait) est emblématique de cette époque ! Fils de cordonnier, entré dans l'armée, il devient un Général plus populaire que Bonaparte. Il faut dire qu'il libère l'Alsace de la menace autrichienne et réalise nombre d'exploits militaires. Cet homme le plus populaire de son temps est totalement oublié aujourd'hui. Pourquoi ? Ni jacobin sectaire, ni bonapartiste arriviste, il se rallie peu à peu, lui le fils de cordonnier, aux camps des Royalistes. Il est envoyé au bagne de Cayenne après avoir remporté les élections de 1797!

Aujourd'hui, on n'envoie plus les opposants au bagne, mais certains dissidents sont mis au ban médiatique. C'est une autre manière d'exclure. Comme au temps du Directoire, les courants favorables à la démocratie directe ou à la royauté sont craints par le système. Bien que minoritaires, ces courants représentent un rempart contre un système jugé intrinsèquement profanateur. Ils appartiennent plus à la tradition qu'à la politique proprement dite.  

- Le moteur en trois temps : On remarque que ce pouvoir délétère qui règne sur l'Europe, avec von der Leyen en tête de gondole, suit toujours le même scénario :

  1. (1) Le déclin de l'élite conduit inexorablement le pays à la ruine.
  2. (2) Elle secrète alors un « leader » chargé de remettre de « l'ordre ».
  3. (3) Une fois le travail accompli, elle se débarrasse du « sauveur » avant de recommencer un cycle identique.

Ce moteur à articulation ternaire peut expliquer comment un idéaliste comme Robespierre fut mis au pouvoir, puis exécuté une fois sa tâche accomplie; comment un Bonaparte, à la fois redouté par les élites mais jugé assez corruptible, fut mis en selle par Sieyès, puis envoyé en exil. D'un certain point de vue, même De Gaulle — rappelé en 1958 lors de la crise algérienne, puis battu au référendum de 1969 — a joué un rôle similaire.

À ces époques, on ne parlait pas encore de « deep state », mais c'était déjà une oligarchie — celle de l'industrie et de la colonisation — qui exerçait les pouvoirs profonds. En partie autonomes, les forces de l'argent et de la technique génèrent un pouvoir cybernétique tournant autour d'une classe possédante et non élue. Ce pouvoir « cherche » des acteurs (conscients ou non) pour jouer leur rôle dans le grand théâtre démocratique, puis les jette ou les recycle en icônes. De Gaulle est particulièrement emblématique de ces figures historiques, à une époque où le gaullisme est érigé en idéal par des gens qui ne cessent de le trahir. Dernier chef d'État à avoir eu une haute conscience du principe monarchique au-dessus des partis, il entretenait des échanges réguliers avec le prétendant au trône. Rien d'étonnant : il savait qu'il servait un principe supérieur à sa personne.

On remarquera au passage que le seul chef d'État du XIXᵉ siècle à n'avoir connu ni exil ni prison n'est ni un président ni un empereur, mais un roi: Louis XVIII, un souverain dont l'aura et la finesse mériteraient d'être étudiées de près. La République, experte en théâtralisation, en trahison et en usurpation, n'a cessé de renier ses propres principes, tandis que le pouvoir légitime n'a pas besoin de postuler les siens: il les incarne.

Les technocrates d'aujourd'hui sont à l'image des Directeurs d'hier. Von der Leyen, Macron ou Zelensky forment un « Euro-Directoire » prêt à tout pour se maintenir au pouvoir. Comme leurs ancêtres Barras et autres chapeaux à plumes, ils inventent des dérivatifs pendant que le peuple, lui, est livré à un effacement progressif. Nous savons que l'expédition d'Égypte, par exemple, avait servi de diversion au pouvoir de l'époque; aujourd'hui, c'est la fabrication de la menace russe qui joue ce rôle.

Les événements à venir permettront-ils aux arapèdes de se cramponner au rocher du pouvoir ? Ou, a contrario, les contraindront-ils à quitter la scène ? Des réponses sont attendues dans les mois à venir.

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