Votre Altesse, le Prince Mohamad ben Salman, Prince Héritier du Royaume d'Arabie Saoudite, Vos Majestés et Altesses, Mesdames et Messieurs ;
Par où une personne peut-elle commencer son discours alors que les dangers ne sont plus imminents mais se sont concrétisés ? Elle commence par l'espoir qui pousse à accomplir et à agir. Et quand les maux s'accumulent, le médecin peut les traiter individuellement, à condition qu'il traite la maladie essentielle sous-jacente.
Nous devons donc examiner les grandes raisons qui menacent notre avenir et engendrent nos crises, afin de ne pas nous noyer et noyer les générations futures en traitant les effets et non les causes.
Or, les menaces comportent aussi bien des risques que des opportunités. Et aujourd'hui, nous nous trouvons devant l'opportunité d'un changement de la situation internationale qui se manifeste par un monde multipolaire, en réaction à l'hégémonie de l'Occident dépourvu de principes, de morale, d'amis et de partenaires.
C'est une opportunité historique pour réorganiser nos affaires avec une moindre ingérence étrangère. Ce qui exige notre repositionnement dans ce monde en cours de formation, afin d'en prendre une part active en investissant dans les circonstances positives nées des réconciliations ayant précédé ce sommet jusqu'à aujourd'hui.
C'est aussi une opportunité pour consolider notre culture face au délitement à venir avec le libéralisme moderne qui cible les affiliations instinctives de l'être humain et le dépouille de sa morale et de son identité, et aussi de définir notre identité arabe dans sa dimension civilisationnelle alors qu'elle est faussement accusée de discriminations et de chauvinisme dans le but de la mettre en conflit avec les composantes naturelles, nationales, ethniques et religieuses, afin qu'elle meurt et que meurent avec elle nos sociétés dans leur lutte contre elles-mêmes et non contre autrui.
Les raisons sont nombreuses, les mots ne peuvent les cerner et les sommets ne peuvent y suffire. Elles ne commencent ni par les crimes de l'entité sioniste, rejetée par les Arabes, contre le peuple palestinien résistant, ni ne se terminent par le danger de la pensée expansionniste ottomane imprégnée de la saveur d'une « fraternité » déviante, et sont indissociables du défi posé par le développement qui est une priorité absolue pour nos sociétés.
D'où le rôle de la Ligue des États arabes en tant que plate-forme naturelle pour discuter des diverses questions et les traiter, à condition d'améliorer son travail via la révision de la Charte et du règlement intérieur et de faire évoluer ses organismes pour suivre le rythme de ce siècle.
Le travail arabe commun a besoin de visions, de stratégies et d'objectifs communs que nous transformerons ultérieurement en plans opérationnels, tout comme il a besoin d'une politique unifiée, de principes fermes, de mécanismes et de contrôles transparents. Dès lors nous passerons de la réaction aux événements à leur anticipation et la Ligue sera le respirateur en cas de siège et non son partenaire, le refuge contre l'agression et non sa plate-forme.
Quant à ce qui nous préoccupe quotidiennement, de la Libye à la Syrie en passant par le Yémen et le Soudan, plus nombre d'autres problèmes dans différentes régions, nous ne pouvons traiter les maladies en traitant les symptômes. Tous ces problèmes sont la conséquence de raisons supérieures non traitées auparavant. Parler de certains d'entre eux nécessite le traitement des fissures, qui se sont produites sur la scène arabe au cours de la dernière décennie, et la restauration du rôle de la Ligue en tant que baume sur les plaies et non en tant que facteur aggravant.
Le plus important est de laisser les problèmes internes à leur peuple, car ils sont capables de gérer leurs affaires, et nous n'avons qu'à empêcher les ingérences extérieures dans leurs pays et les aider exclusivement sur demande.
Concernant la Syrie, son arabité est son passé, son présent et son avenir. Mais c'est une arabité de l'appartenance, non l'arabité des girons. Les girons sont éphémères, mais l'appartenance est permanente. Une personne peut passer d'un giron à un autre pour une raison quelconque, mais elle ne change pas d'appartenance. Celui qui change (son appartenance) en est fondamentalement dépourvu. Celui qui loge dans le cœur ne se confine pas dans un giron. Et la Syrie est le cœur de l'arabité et en son cœur.
Mesdames et Messieurs,
Pendant que nous tenons ce sommet dans un monde agité, l'espoir renaît à l'ombre du rapprochement arabo-arabe, arabo-régional et international ; lequel espoir est consacré par ce sommet. J'espère qu'il marquera le début d'une nouvelle étape du travail arabe pour la solidarité entre nous, la paix dans notre région, le développement et la prospérité au lieu de la guerre et de la destruction.
Dans le respect des cinq minutes accordées à chaque orateur, j'adresse mes vifs remerciements aux chefs des délégations qui ont exprimé leur profonde amitié envers la Syrie. Je leur exprime la mienne à mon tour, tout comme je remercie le Serviteur des deux Lieux Saints pour son rôle important et les efforts intenses qu'il a déployés afin de promouvoir la réconciliation dans notre région et de faire le succès de ce sommet. Je lui souhaite ainsi qu'à Son Altesse le Prince héritier et au peuple frère saoudien la permanence du progrès et de la prospérité.
Et que la paix soit sur vous...
Dr. Bachar al-Assad
Président de la République arabe syrienne
source : Vidéo Sana
traduction par Mouna Alno-Nakhal