Daniel VANHOVE
Suite à une pétition en soutien à la Palestine et adressée au Ministre Maxime Prévot pour une prise de décisions à l'encontre du régime génocidaire israélien, voici sa réponse... et la nôtre, ensuite :
Madame, Monsieur,
Merci pour votre courriel.
Vous êtes nombreux à m'écrire à propos de la situation à Gaza et du conflit entre la Palestine et Israël, conflit qui a atteint des sommets d'horreur inacceptables. Votre indignation est légitime ; je suis moi-même profondément choqué par la situation sur place, et interpellé aussi par ses conséquences en Belgique.
C'est une évidence, que je m'étonne de devoir parfois rappeler à certains responsables politiques : face aux évènements, nous avons une obligation légale et un devoir moral d'agir. Y compris pour éviter la survenance d'un génocide. C'est ce que je fais, jour et nuit, avec mes équipes, dans l'exercice des responsabilités qui m'ont été confiées. Et je suis loin d'être le seul : des centaines de milliers de personnes, en Belgique et à travers le monde, se mobilisent. Pas toujours en faveur d'un camp en particulier, mais pour la paix entre Palestiniens et Israéliens.
Je travaille activement, depuis ma prise de fonction en tant que Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères, afin que la Belgique maintienne le respect du droit international, par toutes les parties, comme le socle intouchable et inébranlable de notre politique de relations extérieures. Il est au cœur de la diplomatie belge et tant que je serai là, il le restera. Ce que je dis dans les médias, c'est exactement ce que je plaide au niveau de l'Union européenne et des Nations Unies, c'est aussi ce que je dis à mes homologues d'autres pays quand je les rencontre : ma position est claire, ferme et c'est désormais celle du gouvernement belge.
Ceux qui disent que la Belgique ne peut faire aucune différence ont tort et manquent de courage. Nous sommes conscients de nos limites, mais nous pouvons et nous devons agir autant que possible, seuls et ensemble avec nos partenaires, pour alléger les souffrances et faire revenir la paix au Moyen-Orient. C'est l'addition des initiatives étatiques et citoyennes qui pourra atteindre une masse critique de réactions susceptible d'entraîner sans cesse plus de pays et d'accroître la pression sur le gouvernement israélien pour qu'il cesse ses exactions inhumaines en violation totale du droit international.
Le Hamas est évidemment un groupe terroriste qui a commis des actes ignobles le 7 octobre 2023. Nous faisons tout pour qu'il libère les otages, qu'il soit désarmé, et qu'il ne joue aucun rôle dans la gestion ni de la bande de Gaza ni du futur Etat de Palestine. Nous luttons contre le Hamas, notamment via des sanctions fortes et ciblées prises aux niveaux national et européen. La pression sur les leaders du Hamas doit se poursuivre et s'accentuer, c'est aussi l'un des messages que nous relayons à nos partenaires internationaux.
Israël a le droit d'exister, tout comme la Palestine, et les deux peuples ont le droit de vivre en sécurité, côte à côte, de manière apaisée. Mais Israël a aussi l'obligation de respecter le droit international. Or, il y a peu de doutes aujourd'hui sur le fait que la réaction du gouvernement Netanyahu est tout à fait disproportionnée, extrêmement loin de toute notion de légitime défense, et que des violations graves du droit international humanitaire sont commises à Gaza, ainsi que dans le reste du Territoire palestinien occupé, en Cisjordanie et à Jérusalem Est. La Belgique condamne fermement ces violations, dont certaines emportent des crimes de guerre, et enjoint Israël à cesser immédiatement ses velléités expansionnistes. Vouloir occuper militairement toute la bande de Gaza, relancer de nouvelles colonies illégales ou annexer la Cisjordanie est totalement inacceptable !
J'ai plaidé avec force auprès de mes collègues du gouvernement pour que des actes concrets et forts soient posés en matière de sanctions à l'égard du gouvernement israélien afin qu'il cesse de priver les Palestiniens de l'aide humanitaire dont ils ont urgemment besoin. Et pour que nous progressions aussi sur la question de la reconnaissance de l'Etat palestinien. Je suis ravi que notre gouvernement, à mon initiative, ait pu désormais définir une politique parmi les plus fermes de tous les pays européens. Vous pouvez retrouver le détail de nos décisions ici : Moyen-Orient, la souveraineté palestinienne - Accord au sein du Conseil ministériel restreint |Maxime Prévot
La seule fois que le gouvernement israélien a un peu amélioré l'accès humanitaire à Gaza, c'est quand nous avons menacé de prendre des sanctions au niveau européen. L'UE est le principal partenaire commercial d'Israël et un acteur politique efficace, quand elle parvient à prendre des décisions fortes. Mais nous avons bien dû constater que les maigres engagements formulés par Israël n'ont pas été tenus. C'est la raison pour laquelle nous estimons qu'une réaction européenne d'ampleur est indispensable pour maximiser l'impact sur le terrain et sur le gouvernement israélien. Je ne peux que regretter les dissensions existantes entre les 27 Etats membres qui empêchent à ce jour la prise de décision pour des sanctions significatives, érodant un peu plus chaque semaine qui passe la crédibilité de la politique internationale de l'Europe. Néanmoins, le gouvernement belge a décidé de voter toutes les sanctions possibles que l'Europe voudra bien proposer et mettre sur la table. Et nous continuerons de plaider pour ces mesures, parmi lesquelles la suspension partielle ou complète de l'accord d'association entre l'UE et Israël.
Même si l'UE est le niveau le plus pertinent pour prendre des mesures à fort impact, la Belgique doit prendre ses responsabilités à son niveau et ne pas utiliser l'Europe comme paravent de ses propres initiatives. C'est pourquoi j'ai obtenu que le gouvernement belge prenne aussi des mesures au niveau national. Aujourd'hui, la Belgique est dans le peloton de tête : il n'y a pas 5 pays européens qui ont adopté des mesures aussi fermes et variées !
Il s'agit notamment de sanctions à l'égard de colons israéliens violents et de responsables du Hamas : restrictions financières, gel des avoirs, interdiction d'entrer sur le territoire. Les ministres israéliens Smotritch et Ben Gvir et les terroristes du Hamas sont personae non gratae sur le territoire belge. Nous renforçons l'interdiction d'exportation et de transit des armes à destination d'Israël, tout en plaidant activement pour un embargo au niveau européen (armes et biens à double usage lorsque l'utilisateur final est militaire). Je refuserai, aussi longtemps que la guerre se poursuit, les demandes de survol de notre espace aérien émanant des autorités israéliennes pour les vols militaires.
La priorité à court terme est un cessez-le-feu, la libération des otages et l'aide humanitaire, qui doit parvenir aux populations civiles à Gaza. J'ai donc décidé d'allouer encore 12.5 millions d'euros d'aide humanitaire en plus des 7 millions d'euros déjà débloqués pour Gaza. Cette aide permettra notamment au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d'offrir protection et assistance aux personnes les plus vulnérables, de soutenir l'agence onusienne UNRWA pour soulager les réfugiés et d'aider, sous coordination des Nations Unies, les acteurs les mieux placés pour répondre aux besoins sur le terrain. L'aide est là : ce qu'il faut, c'est qu'Israël la laisse parvenir sans entrave à ceux qui en ont besoin. Bloquer pareille assistance humanitaire est assimilable à un crime de guerre. L'état de famine a été officiellement décrété par les Nations Unies, il y a donc lieu d'agir avec rapidité et force ; c'est là l'ambition du paquet de sanctions belges adopté.
Le gouvernement fédéral s'engage par ailleurs à poursuivre activement les évacuations médicales et la prise en charge d'enfants atteints de pathologies complexes qui ne peuvent être traitées dans la région.
Dans l'attente d'une mesure similaire au niveau européen, pour laquelle j'ai plaidé avec 9 autres Etats membres, nous prévoyons une interdiction nationale d'importation des marchandises produites, exploitées ou transformées dans les territoires occupés illégalement par Israël. J'ai également convaincu le gouvernement de limiter l'accès aux services consulaires pour les Belges qui résident dans ces colonies illégales. Nous travaillons par ailleurs au refus de visas de long séjour en Belgique pour les colons israéliens.
Il ne s'agit pas de punir un pays ni de stigmatiser un peuple, dont d'ailleurs une large part ne cautionne pas non plus l'action de son gouvernement. J'insiste d'ailleurs bien sur l'importance de ne pas faire d'amalgames : tout Israélien ou Juif n'est pas pour autant un fervent supporter de Benjamin Netanyahu ! Faire l'amalgame est une erreur qui a malheureusement déjà des conséquences regrettables, notamment sur la montée de l'antisémitisme. Raison pour laquelle le gouvernement a également décidé de renforcer encore la vigilance de nos services de sécurité face aux menaces antisémites et de poursuivre plus activement toute glorification des actes terroristes du 7 octobre 2023.
La Belgique a toujours défendu une solution à deux États. J'ai toujours plaidé moi-même pour la reconnaissance de l'Etat de Palestine, conformément au droit international, sans condition. Ce qui n'est absolument pas une récompense au Hamas, comme certains voudraient le faire croire. Car on reconnait le droit d'un peuple à disposer d'un Etat, on ne gratifie pas un gouvernement et encore moins un groupe terroriste. Bien au contraire.
Mais la reconnaissance d'un Etat n'est pas quelque chose d'automatique, c'est un acte politique. Et à ce titre, il envoie un signal que l'on ne peut pas risquer de voir instrumentalisé.
Après d'intenses négociations pendant lesquelles les membres du gouvernement ont pris leurs responsabilités, nous sommes parvenus à une position de compromis qui soit à la fois forte et cohérente : la Belgique a décidé d'envoyer un signal politique et diplomatique fort en se joignant aux nations annonçant la reconnaissance de l'État de Palestine en marge de la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies, ce lundi 22 septembre 2025. Nous proclamerons la légitimité des Palestiniens à disposer d'un Etat, que nous reconnaîtrons politiquement. Nous avons d'ailleurs voté favorablement la Déclaration de New-York, issue de l'initiative franco-saoudienne, traçant le chemin pour l'atteinte d'une solution à deux Etats. Mais pour que celle-ci puisse voir le jour, cela postule, comme le nom l'indique, qu'il puisse bien y avoir deux Etats ! Et donc que celui de la Palestine doit être soutenu et reconnu pour envoyer un message diplomatique clair à Israël et faire rempart à ses volontés d'annexion.
La Belgique n'a toutefois décidé de formaliser légalement cette reconnaissance par voie d'arrêté royal qu'une fois que le dernier otage aura été libéré et que les organisations terroristes telles que le Hamas auront été écartées de la gestion de la Palestine, afin que cette formalisation puisse servir de levier. Nous avons déjà des relations diplomatiques avec l'Autorité palestinienne, mais la mise en œuvre de relations traditionnelles d'Etat à Etat avec le nouvel État de Palestine se fera au rythme de l'atteinte progressive des objectifs de la Déclaration de New York.
La position belge a été saluée par de nombreux pays dans le monde, en raison de son volontarisme, de l'ampleur des sanctions prises et de son message clair de reconnaissance de l'Etat palestinien, sans pour autant constituer un chèque en blanc.
Je vous remercie encore pour votre intérêt en faveur de la paix et de m'interpeller sur ces questions importantes. Sachez qu'elles m'occupent à temps plein et qu'elles resteront pour moi des priorités, que vous m'ayez interpellé en tant que ministre, en tant que membre des Engagés, ou en tant que citoyen. Plus que jamais, c'est l'humain d'abord !
Cordialement,
Maxime Prévot -
Et voici donc la nôtre :
A l'attention du Ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot
Monsieur le Ministre,
je vous sais gré de figurer dans votre liste de citoyens auxquels vous avez envoyé votre (longue) réponse suite à la signature d'une pétition concernant le génocide - désigné comme tel par les plus hautes instances internationales dont vous vous référez - en cours à Gaza par le régime de terreur israélien, et non du risque de ''survenance de génocide'' comme vous l'écrivez.
Il y aurait tant à dire et à redire à votre courrier, que je ne sais pas où commencer. J'essaierai donc d'être plus concis que vous, et vous répondrai sur quelques points. Aussi, vous dirai-je d'emblée, n'ayez pas peur des mots Monsieur le Ministre : il n'est pas question d'un « conflit » entre la Palestine et Israël, mais d'une entreprise d'épuration ethnique, dénoncée et documentée de longue date, par des historiens parmi les plus respectables auxquels je vous renvoie - si vraiment la question vous travaille autant que vous semblez le dire - devenue par la complicité occidentale, le génocide dramatique que l'on voit sous nos yeux, sans que personne aujourd'hui ne veuille l'arrêter.
Puisqu'il semble d'après vos dires, que vous travailliez "activement afin que la Belgique maintienne le respect du Droit international (...) comme socle intouchable et inébranlable de sa politique internationale (...) au cœur de la diplomatie belge'' tant que vous serez en fonction, allons-y voir.
Vous déclarez : " Le Hamas est évidemment un groupe terroriste qui a commis des actes ignobles le 7 octobre 2023. Nous faisons tout pour qu'il libère les otages, qu'il soit désarmé, et qu'il ne joue aucun rôle dans la gestion ni de la bande de Gaza ni du futur Etat de Palestine. Nous luttons contre le Hamas, notamment via des sanctions fortes et ciblées prises aux niveaux national et européen. La pression sur les leaders du Hamas doit se poursuivre et s'accentuer, c'est aussi l'un des messages que nous relayons à nos partenaires internationaux''.
Or, que dit le Droit international dans le cas de figure présent ?
La Résolution 2621 XXV, du 12.10.1970 des Nations Unies affirme « le droit inhérent des peuples coloniaux de lutter par tous les moyens nécessaires contre les puissances coloniales qui répriment leur aspiration à la liberté et à l'indépendance. » Cette légitimation du droit à la résistance est confortée par l'article 1er §4 du premier protocole additionnel de Genève du 08.06.1977 aux termes duquel, parmi les conflits armés internationaux, figurent ceux « dans lesquels les peuples luttent contre la domination coloniale et l'occupation étrangère et contre les régimes racistes dans l'exercice du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes,... ».
J'ajoute que, comme vous l'écrivez plus loin, vous pouvez bien traiter le Hamas de terroriste, je vous signale que les Etats qui font de telles déclarations sont très minoritaires dans le monde par rapport à ceux qui ne mélangent pas les choses. En effet, je vous rappelle que les élections qui ont porté le Hamas au pouvoir dans la Bande de Gaza, ont été supervisées par des commissaires extérieurs au nombre desquels des Européens et des Américains, déclarant qu'elles s'étaient déroulées de manière « démocratique » pour utiliser le terme sacré de l'occident. Et si donc, après de nouvelles élections - très hypothétiques dans le cadre actuel - les citoyens de Gaza portaient une nouvelle fois le Hamas au pouvoir, que leur diriez-vous ? Qu'ils ont mal voté ? Et vous n'êtes pas sans savoir que si l'actuel Président Mahmud Abbas devait organiser des élections en Cisjordanie, c'est sans doute le Hamas qui devancerait le Fatah... et quoi, là aussi vous direz que les Palestiniens se sont trompés ? Monsieur le Ministre, nous ne sommes plus à l'ère coloniale, un peu de sérieux, svp.
Par ailleurs, depuis que des puissances étrangères s'occupent de dire et dicter à la Palestine ce qu'elle devrait être, ne pensez-vous pas que ces interventions de type coloniales doivent impérativement cesser ?! Les Palestiniens vous disent-ils ce qu'il faudrait que soit la Belgique qui se déchire régulièrement sur des questions linguistiques, et n'est pas capable de nommer un gouvernement à Bruxelles, des mois après les élections ?! Il y a urgence à revoir ce type de réflexe Monsieur le Ministre. Et la première chose à faire - si vous vous préoccupez vraiment du sort des Palestiniens, comme vous l'affirmez - est de leur demander en priorité leur avis, et non celui de vos pairs étrangers sur ce qu'il convient de leur imposer.
Vos longues phrases à propos de l'aide humanitaire que vous déclarer défendre "avec force" auprès de vos collègues du gouvernement masque en réalité le nœud du problème qui à la base n'est pas humanitaire, mais politique, ce qui vous renvoie directement à vous-même. Et vous le savez très bien. Alors, certes, en ces temps de génocide orchestré par un régime de terreur, il y a évidemment un problème humanitaire des plus grave qui se pose puisque l'impunité laissée à ce régime par vos complicités, lui ont permis d'en arriver jusqu'à bloquer toute aide élémentaire, bombardant les hôpitaux, et jusqu'aux infrastructures de l'UNRWA, et aboutissant à une famine qui décime jour après jour les plus faibles d'entre les citoyens palestiniens.
Un peu plus loin vous déclarez : "Le gouvernement belge a décidé de voter toutes les sanctions possibles que l'Europe voudra bien proposer et mettre sur la table. Et nous continuerons de plaider pour ces mesures, parmi lesquelles la suspension partielle ou complète de l'accord d'association entre l'UE et Israël".
Sérieusement, Monsieur le Ministre, votre gouvernement a-t-il besoin d'autorisations extérieures pour certaines décisions qui seraient, elles, autre chose que de simples menaces verbales à l'encontre du régime colonial israélien ?! Vous trouvez que les choses ne sont pas allées assez loin, et lui laissez encore de la marge ? Combien de morts et de destructions supplémentaires vous faudra-t-il pour que vous passiez de la parole aux actes ? Voulez-vous une liste de ce que vous pourriez entreprendre de suite, sans avoir besoin d'interroger d'autres acteurs européens pour agir ? Bloquer tout envoi d'armes - comme il y a déjà longtemps que la Belgique aurait pu/dû le faire ; ne plus recevoir aucun élu israélien sur le sol belge ; refuser toute participation israélienne à tout évènement sportif et culturel ; rompre toute collaboration universitaire dénoncer l'Accord d'association entièrement - et non en partie - comme plusieurs ONG le préconisent depuis longtemps ; prendre des sanctions comme vous en prenez avec zèle contre la Russie pour soutenir un Etat d'Ukro-nazis ; geler les avoirs israéliens en Belgique ; renvoyer le personnel consulaire ; etc. En lieu et place de demi-mesures ou de mesurettes que vous présentez comme "fermes".
Vous en prendre aux "colons violents" - et les autres ?, ceux qui ne sont pas violents selon vos critères, mais n'en restent pas moins des colons quand même, ce qui est dès le départ une posture de violence, et contraire au Droit international qui vous semble si cher - et au Hamas est de la gesticulation facile. Ce sont des mots et des formules creuses. Qui en réalité, ne vous engage à rien.
Je ne m'étendrai pas sur vos paragraphes qui traitent du danger d'assimilation entre sionisme et anti-sémitisme, tout citoyen quelque peu sérieux et engagé dans la protection du peuple palestinien a depuis longtemps réglé cette affaire. C'est là aussi des phrases qui remplissent une page mais ne pèsent rien au niveau de l'urgence à traiter. En revanche, cela me permet de vous renvoyer une nouvelle fois à vous-même puisque vous insistez pour ne pas faire d'amalgames : ne commettez donc pas cette erreur non plus. Un groupe de résistance reconnu par le Droit international n'est pas assimilable à un mouvement terroriste ! Prenez garde Monsieur le Ministre. Soyez cohérent et ne versez pas, vous non plus, dans une « justice à géométrie variable », parce que c'est précisément cela que les citoyens du monde entier ne tolèrent plus.
Enfin, que dire sur vos paragraphes concernant votre "position de compromis qui soit à la fois forte et cohérent : la Belgique a décidé d'envoyer un signal politique et diplomatique fort en se joignant aux nations annonçant la reconnaissance de l'État de Palestine en marge de la semaine de haut niveau de l'AG des Nations Unies, ce lundi 22 septembre 2025. Nous proclamerons la légitimité des Palestiniens à disposer d'un Etat, que nous reconnaîtrons politiquement. Nous avons d'ailleurs voté favorablement la Déclaration de New-York, issue de l'initiative franco-saoudienne, traçant le chemin pour l'atteinte d'une solution à deux Etats. Mais pour que celle-ci puisse voir le jour, cela postule, comme le nom l'indique, qu'il puisse bien y avoir deux Etats ! (...) La Belgique n'a toutefois décidé de formaliser légalement cette reconnaissance par voie d'arrêté royal qu'une fois que le dernier otage aura été libéré et que les organisations terroristes telles que le Hamas auront été écartées de la gestion de la Palestine, afin que cette formalisation puisse servir de levier. Nous avons déjà des relations diplomatiques avec l'Autorité palestinienne, mais la mise en œuvre de relations traditionnelles d'Etat à Etat avec le nouvel État de Palestine se fera au rythme de l'atteinte progressive des objectifs de la Déclaration de New York".
J'en reste pantois, mais vous demande quand même quelque éclairage : sur quelles bases géographiques allez-vous dans votre magnanimité collective accorder un Etat aux Palestiniens ? Comment ferez-vous face à l'hégémonie des Etats-Unis sur le dossier, qui viennent encore d'opposer leur énième veto à un simple cessez-le-feu proposé par le Conseil de sécurité de l'ONU ? Avez-vous réellement lu et compris les retombées de la Déclaration franco-saoudienne initiée à New-York pour vous y rallier ? Et puis, sans revenir sur votre couplet à propos du Hamas dont j'ai traité, pensez-vous sérieusement que vos relations diplomatiques avec l'Autorité palestinienne changeront un iota à l'affaire ? Pour rappel, son président exerce un mandat sans être élu, participe à la sécurité des forces d'occupation de son pays contre la résistance de sa propre population, et est détesté de l'écrasante majorité du peuple qui le considère comme le Pétain palestinien. Bonne pioche !
Pour conclure, non, Monsieur le Ministre, malgré votre longue missive, enrobée de propos humanitaires, vous ne me convainquez pas. Vous mélangez les plans et par ce biais, prenez les citoyens pour des benêts. Vous devriez commencer à prendre garde à la montée de la colère populaire que l'on voit enfler de toutes parts sur ce dossier brûlant. Arrivera le jour où celle-ci se muera en rage incontrôlable, et nous ne devrez en vouloir à personne d'autre qu'au personnel politique qui n'a que trop tardé à fixer les limites au régime colonial israélien, qui définitivement, fait tout ce qu'il veut, vu précisément, les jongleries verbales et les menaces sans effets que vous et vos pairs produisez depuis des décennies, quand il eût fallu non se montrer plus ferme, mais intransigeant et catégorique !
Ce n'est assurément pas avec ce genre de plaidoirie que vous calmerez la rue.
courriel envoyé à info.prevotdiplobel.fed.be
Daniel Vanhove -
19.09.25