Par Al Mayadeen English, Source : Al Mayadeen English + médias israéliens, le 11 novembre 2025
Les médias israéliens font état d'une instabilité croissante en Cisjordanie alors que les groupes de résistance se réorganisent, que les violences des colons s'intensifient et que l'armée d'occupation change de stratégie.
Les médias israéliens ont fait état d'une évolution significative dans l'approche de l'armée d'occupation en Cisjordanie, les analystes militaires avertissant que la région se rapproche d'une escalade à grande échelle en raison de l'instabilité croissante.
Selon un analyste militaire cité par le site web Zaman Israel, l'armée a modifié ses tactiques opérationnelles en Cisjordanie, lançant ce qui a été décrit comme une "offensive silencieuse de confinement et de dissuasion" contre les groupes de résistance.
Le rapport souligne que ces groupes de résistance sont en train de réorganiser leurs rangs. Ils auraient également révélé l'existence de laboratoires locaux de fabrication de missiles, représentant un défi croissant pour l'occupant qui cherche à contrôler le territoire. L'évolution de la posture militaire traduit une inquiétude croissante quant à la situation actuelle en Cisjordanie, que l'armée d'occupation considère comme instable et de plus en plus difficile à gérer.
L'analyste note que la détérioration des conditions sur le terrain, notamment l' effondrement de l'économie palestinienne, un affaiblissement des infrastructures civiles et un manque de coordination sécuritaire, pourrait mener à de nouveaux affrontements.
Il a notamment souligné l'intensification de la violence des colons, qui alimente les tensions dans les villes et les camps de réfugiés de Cisjordanie. Ces évolutions, combinées à l'intensification de la résistance armée organisée et à l'érosion de la confiance dans le processus politique, laissent présager "une potentielle explosion".
L'analyse de Zaman Israel souligne l'opinion de plus en plus répandue en Israël selon laquelle la Cisjordanie entre dans une nouvelle phase de confrontation prolongée et imprévisible.
Que se passe-t-il en Cisjordanie ?
La Commission contre le mur et les colonies de l'Autorité palestinienne a rapporté le 5 novembre que les forces d'occupation israéliennes (IOF) et les colons ont mené un total de 2 350 attaques en Cisjordanie occupée au cours du mois d'octobre, poursuivant ainsi leur campagne de violences incessantes contre les Palestiniens, leurs terres et leurs biens.
Selon Mu'ayyad Sha'ban, le chef de la commission, 1 584 de ces attaques ont été commises par les forces d'occupation et 766 par des colons. Le rapport révèle que les attaques les plus violentes ont eu lieu dans les gouvernorats de Ramallah et al-Bireh (542), de Naplouse (412) et d'al-Khalil (401), confirmant ainsi les stratégies concertées déployées pour bouleverser la vie des Palestiniens dans des zones clés du territoire occupé.
Ces violences coïncident avec la saison de la récolte des olives, traditionnellement marquée par un pic d'attaques. La commission a recensé des incidents tels que des agressions physiques directes, le déracinement et l'incendie d'oliviers, le blocage de l'accès aux terres agricoles et la saisie de biens.
Depuis le début du mois d'octobre, les militaires israéliens ont intensifié leurs raids et leurs attaques en Cisjordanie occupée, arrêtant et tuant des Palestiniens, fragilisant ainsi une économie déjà chancelante.
Raids militaires, arrestations
Depuis le début du mois d'octobre, les militaires israéliens multiplient les incursions à grande échelle dans les villes et les camps de réfugiés palestiniens de Cisjordanie, pour étendre les colonies illégales. Les colons, protégés par l'armée israélienne, poursuivent également leurs attaques sur les agriculteurs palestiniens, déracinant des centaines d'oliviers.
Selon les autorités palestiniennes des affaires des détenus, l'armée israélienne a arrêté 442 Palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, au cours du mois d'octobre 2025. Dont trois femmes et 33 enfants.
Dans une déclaration commune, la Commission des affaires des détenus et anciens détenus, la Société palestinienne des prisonniers et l'association Addameer de soutien aux prisonniers et aux droits de l'homme ont déclaré que c'est dans le gouvernorat de Bethléem que la plupart des arrestations ont eu lieu. Les raids ont été accompagnés d'interrogatoires systématiques sur le terrain dans diverses parties de la Cisjordanie, sans compter les agressions commises par les colons israéliens. Ces agressions ont contribué à l'augmentation des détentions dans de nombreuses villes.
En outre, un rapport de l'ONU publié le 8 novembre révèle que les colons israéliens ont mené au moins 264 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée au cours du mois d'octobre, soit le chiffre mensuel le plus élevé depuis que les Nations unies ont commencé à recenser ces violations en 2006.
youtube-nocookie.comLe Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a dénoncé la recrudescence des attaques de colons, responsable de nombreuses victimes et de destructions matérielles considérables, avec une moyenne d'environ huit attaques par jour.
"Depuis 2006, l'OCHA a recensé plus de 9 600 attaques de ce type. Environ 1 500 d'entre elles ont eu lieu cette année, soit environ 15 % du total",
a déclaré l'ONU dans un communiqué.
La Cisjordanie, qui compte 2,7 millions de Palestiniens, reste au cœur des aspirations à un État palestinien. Mais les gouvernements israéliens successifs n'ont cessé d'accélérer l'expansion des colonies.
L'armée israélienne les manœuvres en Cisjordanie
Lundi matin, l'armée israélienne a annoncé de nouvelles manœuvres militaires en Cisjordanie et dans la vallée palestinienne du Jourdain, près de la frontière jordano-palestinienne.
L'armée a confirmé dans un communiqué officiel que ces exercices impliqueront des mouvements intensifs d'unités et de véhicules militaires dans les zones concernées. Selon les médias israéliens, ces manœuvres visent à simuler divers scénarios, en mettant l'accent sur
"la protection des colonies israéliennes et la gestion de toute attaque potentielle".
Ces exercices militaires vont intensifier la présence militaire dans les zones frontalières avec la Jordanie, notamment dans la vallée palestinienne du Jourdain, et viennent s'ajouter aux tentatives permanentes d'extension des zones sous contrôle militaire israélien, sous couvert de prétendues "raisons de sécurité".
Une économie en danger
La situation économique, déjà désastreuse en Cisjordanie, s'est aggravée depuis le début de la guerre contre Gaza, en octobre 2023, avec un taux de chômage de 30 % contre 12,9 % avant les opérations militaires. Cette hausse spectaculaire du chômage correspond à la perte d'accès aux marchés du travail israéliens qui employaient auparavant des dizaines de milliers de Palestiniens. Une enquête de l'Organisation internationale du travail a révélé que, durant la première année des opérations militaires, plus de la moitié des salariés ont vu leurs heures de travail restreintes, plus de 60 % ont constaté une baisse de leur salaire et 65 % des entreprises ont réduit leurs effectifs.
Les politiques restrictives d'Israël ne font qu'aggraver la crise des finances publiques en Cisjordanie, notamment en bloquant des milliards de dollars de recettes fiscales palestiniennes depuis 2019. Après octobre 2023, de nouveaux gels des fonds publics ont empêché l'Autorité palestinienne (AP) de payer intégralement les salaires, la plupart des personnels ne recevant désormais que des paies partielles financées par des prêts bancaires. La dette publique a grimpé à plus de 13 milliards de dollars, tandis que les liaisons financières avec les banques israéliennes sont suspendues, exposant les Palestiniens à devoir se tourner vers une économie monétaire et compromettant le commerce et les importations de première nécessité.
Les pénuries de devises ont atteint un niveau critique, avec des excédents de shekels israéliens qui s'accumulent et des bureaux de change régulièrement pillés. Cette situation perturbe non seulement la circulation des devises indispensables, comme le dollar américain et le dinar jordanien, mais compromet également les transactions quotidiennes et le commerce. Selon les experts, l'objectif de ces restrictions économiques est d'inciter les Palestiniens à l'émigration. Pour résoudre la crise, qui ne relève pas de mesures purement techniques, une solution politique s'impose : la fin de l'occupation, la réouverture des circuits commerciaux et une souveraineté pleine et entière pour la Palestine.
Ils déracinent les oliviers
Les colons israéliens s'attaquent aussi sans cesse aux oliveraies palestiniennes en Cisjordanie, déracinant et détruisant des milliers d'arbres, notamment pendant la saison de la récolte des olives. Des rapports indiquent qu'au cours du seul mois d'octobre 2025, les colons, sous la protection des soldats israéliens, ont déraciné environ 150 oliviers à Masafer Yatta et plus de 120 autres près de Ramallah, menaçant ainsi l'agriculture locale et les communautés tributaires de cette culture vitale. Ces attaques sont soigneusement planifiées et ne se contentent pas de détruire des arbres. Elles imposent également des restrictions de mouvement, rendant l'accès des agriculteurs à leurs terres extrêmement difficile sans "permis d'entrée" spéciaux, renforçant ainsi la réalité de l'apartheid dans la région.
D'autres sources indiquent que la violence des colons s'est intensifiée ces dernières années. Un rapport montre comment des colons armés, parfois avec le soutien de l'armée, brûlent des oliveraies, pillent des récoltes et attaquent même directement les paysans, détruisant ainsi leurs moyens de subsistance et cherchant à les chasser de leurs terres ancestrales. L'olivier, symbole fort de la culture palestinienne, est ainsi devenu la cible privilégiée de ces agressions, tant pour infliger une crise économique que pour éradiquer le patrimoine culturel.
Cette campagne de confiscation de terres et de destruction des cultures s'inscrit dans une stratégie plus large d'expansion des colonies israéliennes et d'annexion de nouveaux territoires, comme l'ont révélé des entretiens avec des agriculteurs locaux et des témoignages d'activistes recueillis par Al Mayadeen.
Un bilan détaillé fait état du déracinement et de la destruction par le feu de plus de 37 000 arbres Un bilan détaillé fait état du déracinement et destruction de plus de 37 000 arbres par le feu, dont des dizaines de milliers d'oliviers, depuis octobre 2023. Les agriculteurs subissent non seulement une perte de revenus et de production, mais aussi une attaque portée à leur culture, pilier de l'identité palestinienne. Cette violence systématique compromet la sécurité alimentaire, déstabilise les communautés rurales et illustre la dépossession et le déplacement incessants auxquels les Palestiniens sont confrontés en Cisjordanie.
youtube-nocookie.comQuel scénario doit-on craindre ?
La situation actuelle en Cisjordanie risque de provoquer des troubles majeurs et la montée de la résistance. Les restrictions israéliennes, la violence des colons et le gel des recettes fiscales vitales ont détruit les infrastructures civiles, entraîné la paupérisation des familles et érodé la confiance en la capacité de l'Autorité palestinienne à maintenir une certaine stabilité.
Les raids militaires et les arrestations, notamment dans les gouvernorats de Ramallah, Naplouse et al-Khalil, vont susciter une indignation croissante et intensifier la résistance, augmentant les risques d'affrontements à grande échelle.
Les attaques des colons ont atteint un niveau record, coïncidant avec la saison de la récolte des olives, et ont entraîné l'incendie, la destruction et le vol de dizaines de milliers d'oliviers, sources de subsistance et composantes du patrimoine culturel palestinien. Combinées aux nouvelles manœuvres de l'armée d'occupation en Cisjordanie et dans la vallée du Jourdain, ces tendances constituent un cocktail explosif de désespoir socio-économique, de résistance organisée, d'occupation brutale et de violence des colons.
Traduit par Spirit of Free Speech