Lauriane Bernard, France-Soir
Vue aérienne de l'Institut de virologie de Wuhan (Hubei, Chine).
HECTOR RETAMAL / AFP
Dimanche 26 février, le quotidien économique américain The Wall Street Journal a annoncé que le Département de l'Énergie des États-Unis considère désormais la fuite de laboratoire comme l'origine du Covid-19 « la plus probable ». Une hypothèse longtemps considérée complotiste, mais qui semble aujourd'hui devenue possible, dans ce contexte de fortes tensions diplomatiques entre Washington et Pékin.
Pour rappel, les réseaux sociaux ont cessé de censurer la théorie d'une origine humaine du Covid-19 aux alentours d'avril 2021. Par ailleurs, les conclusions d'un rapport du FBI datant d'août 2021 viennent d'être publiquement confirmées par la Maison Blanche ce 28 février. Le document concluait déjà à un possible accident de laboratoire à Wuhan.
Le Département de l'Energie américain a changé d'avis
L'épidémie de Covid-19 a « très probablement » été provoquée par une fuite de laboratoire, conclut un rapport du Département de l'Énergie des États-Unis (DoE) tout juste déclassifié à la demande du Parti républicain. C'est ce qu'a révélé le Wall Street Journal dimanche dernier, en ajoutant qu'un accident serait peut-être survenu dans un laboratoire de la ville de Wuhan, toujours d'après la même administration.
Auparavant indécise sur l'origine du Sars-CoV 2, l'agence américaine a évolué sur les positions qu'elle tenait en octobre 2021. La déclassification du document nous permet d'apprendre que le DoE se range désormais à l'avis du FBI. Quatre agences issues de la Communauté du renseignement des États-Unis continuent néanmoins à privilégier la piste de la zoonose. Quant à la CIA, elle refuse toujours de trancher entre les deux hypothèses.
Quand et pourquoi le département de l'Énergie américain a-t-il changé d'avis ? Un haut responsable du renseignement américain a déclaré au Wall Street Journal que la mise à jour de l'évaluation sur l'origine du virus avait été effectuée à la lumière de nouveaux renseignements, d'une étude plus approfondie de la littérature universitaire, et en consultation avec des experts extérieurs au gouvernement, sans pour autant préciser quand.
Les origines du Covid-19, la réponse du berger à la bergère ?
Cela fait un peu plus d'une semaine que Washington accuse Pékin de vouloir soutenir l'offensive russe en lui livrant des armes, malgré plusieurs démentis des autorités chinoises.
Le mardi 21 février, le représentant permanent de la Chine aux Nations Unies réclamait l'ouverture d'une enquête indépendante concernant l'incident Nord Stream. Le mardi suivant, Christopher Wray, le directeur du FBI, accusait le Chine de bloquer l'enquête menée par les États-Unis sur les causes de la pandémie.
De prime abord, alors que la Chine réclame d'éventuelles investigations en mer Baltique, il est à souligner que c'est spécifiquement le département de l'énergie qui fait évoluer ses conclusions en envisageant une hypothèse qui incriminerait le laboratoire de Wuhan. « Pour le moment, il n'y a pas de réponse définitive qui ait émergé de la Communauté du renseignement sur la question des origines du virus », a reconnu le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, au lendemain de la parution de l'article du Wall Street Journal.
Rien que le fait d'intégrer la thèse de l'accident comme source de la pandémie dans le champ des possibles paraissait encore impensable il y a quelques mois.
L'hypothèse interdite maintenant envisagée
« Vous souvenez-vous de la réponse des médias "institutionnels" et des réseaux sociaux au premier semestre 2020 lorsque quelqu'un contredisait le consensus ? Ils étaient coupables de "crime" de "désinformation" », interpelle Edward Snowden tout en relayant l'article sur son compte Twitter.
Corporations must never again be permitted to police speech.
En effet, début 2020, l'idée même d'une fuite accidentelle d'un coronavirus résultant de recherches en laboratoire était vite rattrapée par la patrouille du fact-checking. La réputation de scientifiques de renom, qui n'ont fait qu'émettre cette hypothèse, a été trainée dans la boue, comme en témoigne cet article de Conspiracy Watch à l'encontre du regretté Pr Luc Montagnier, prix Nobel de médecine.
Certains vérificateurs de faits à la mémoire courte s'en défendent maintenant, mais la presse du monde entier s'est fait le relai du discours servi par Peter Daszak dans sa tribune de mars 2020. Si la vérité entourant les origines de l'épidémie ne parvient pas encore à émerger, les révélations du quotidien économique américain confirment une chose: les hypothèses impossibles d'hier peuvent être acceptées aujourd'hui, dans la plus grande docilité de nos censeurs.