18/08/2022 reseauinternational.net  4min #213959

 Blinken en Afrique ou l'histoire d'un autre échec occidental

En pleine crise énergétique, l'Occident enchaîne les visites en Afrique

par Tufan Aktaş et Hassan Isilow.

Les rivalités avec la Russie, exacerbées par la guerre en Ukraine, se font aussi ressentir sur le continent africain riche en ressources naturelles.

Les besoins en énergie qui sont apparus après la guerre russo-ukrainienne et la rivalité politique avec la Russie, ont réveillé l'intérêt des puissances mondiales pour les pays africains.

Alors que de nombreuses visites de haut niveau de dirigeants occidentaux ont été effectuées sur le continent ces derniers mois, l'Occident cherche les moyens d'améliorer ses relations avec les pays africains, tant sur le plan politique qu'économique.

Selon les analystes, l'Afrique est perçue par l'Occident comme le « marché du futur » notamment grâce à sa population jeune et ses ressources naturelles.

Ainsi, le chancelier allemand Olaf Scholz a effectué une tournée en Afrique en mai, qui comprenait le Sénégal, le Niger et l'Afrique du Sud.

Puis, c'est le président français Emmanuel Macron qui s'est également rendu au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau du 25 au 28 juillet.

Le président italien Sergio Mattarella s'est rendu, en juillet (du 4 au 7) aussi, en Zambie après le Mozambique, qui possède de riches réserves de gaz.

Immédiatement après la visite du ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov en Égypte, en Éthiopie, en Ouganda et en République démocratique du Congo (23-27 juillet), le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'est rendu en République d'Afrique du Sud, en République démocratique du Congo et en Rwanda (7-12 août).

« Chacun voit des opportunités différentes »

Dirk Kotze, expert politique à l'Université d'Afrique du Sud, a déclaré à l'Agence Anadolu (AA) que « tout le monde cherche des moyens de s'associer à l'Afrique en raison des opportunités qu'ils y voient ».

L'influence de la Russie sur le continent se situe principalement en Afrique du Nord, estime Kotze, pour qui il ne serait pas correct de dire qu'il existe un conflit direct entre les États-Unis et la Russie en Afrique subsaharienne.

« La Russie n'est pas un géant économique comme la Chine, qui est considérée comme une menace en Afrique », déclare Kotze

Pour l'expert, les États-Unis s'efforcent d'exporter des vaccins et de profiter des opportunités énergétiques, alors qu'après la guerre russo-ukrainienne, les pays occidentaux se sont tournés vers l'Afrique pour répondre à leurs besoins en gaz.

Le besoin de pétrole et de gaz pousse l'Europe vers l'Afrique

L'analyste politique sud-africain, Iqbal Jassat, déclare pour sa part que l'Europe a « désespérément » accru son intérêt pour l'Afrique après son opposition à la Russie.

Les pays africains subissent la pression des pays européens en raison de leurs réserves de gaz et de pétrole, affirme Jassat, qui rappelle que la capacité de l'Afrique à répondre à ce besoin est limitée.

Le professeur Mustafa Mheta, de l'Université nationale de Somalie, estime que ses visites des dirigeants des puissances mondiales ont mis en lumière la position stratégique de l'Afrique « tant qu'elle fournit les ressources nécessaires ».

Message d'égalité de Blinken

Le secrétaire d'Etat américain Blinken, qui a donné le message d'un « partenariat égal » à l'Afrique du Sud, pays qui n'a pas pris parti dans la guerre russo-ukrainienne et n'a pas ouvertement soutenu les pays occidentaux, a déclaré que certains pays africains ont été contraints de coopérer avec la Russie en raison du « manque d'alternatives ».

Blinken, qui a assuré que les États-Unis considèrent les pays d'Afrique subsaharienne comme une grande puissance stratégique, a déclaré que son pays souhaitait travailler avec les nations africaines en tant que partenaires égaux dans les domaines de l'économie, du climat, de l'énergie, de la démocratie et des relations internationales.

Lavrov, le chef de la diplomatie russe, quant à lui, a répété que dans chaque pays qu'il a visité, l'Occident a accusé la Russie d'être responsable de chaque problème, et a expliqué qu'ils n'étaient pas responsables de la crise alimentaire.

source :  Agence Anadolu

traduction Tuncay Çakmak

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