par Karine Bechet-Golovko.
La mission des experts de l'IAEA prend fin, laisse deux « observateurs » sur place. Désormais, il va falloir présenter un rapport, puisqu'acter le transfert de la station atomique à l'Ukraine n'a pas été possible, malgré deux tentatives. Le 6 septembre, les experts vont partir et une réunion inconfortable pour Grossi doit être organisée sur demande de la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU. En attendant, les autorités locales de Energodar demandent le passage formel de la centrale nucléaire sous contrôle de la Russie. L'enjeu réel est bien plus ici.
La mission des experts de l'AIEA, pour l'instant, n'est pas une grande réussite pour le monde global. Nous rappellerons qu'après le départ particulièrement rapide de Grossi, la première tentative de prise par la force de la centrale par des commandos atlantico-ukrainiens ayant échoué le jour de son arrivée, la présence des experts nucléaires n'a pas permis de limiter les tirs d'artillerie, ni sur Energodar, ni sur la centrale elle-même. Un obus tiré d'Ukraine hier encore a touché un réacteur, heureusement à l'arrêt, en perçant le premier mur de protection. Il en faut plus pour provoquer une catastrophe atomique, mais les faits sont là. Avant-hier, l'artillerie ukrainienne a touché 4 fois la centrale et pas un mot dans les médias occidentaux. Donc, non seulement la présence des experts de l'AIEA n'empêche pas les tirs, mais aucune déclaration claire n'est faite aux médias occidentaux en ce sens. La pétition remise par les habitants à Grossi a été totalement oubliée.
N'oublions pas qu'avant-hier, l'armée russe a bloqué la seconde tentative de prise par la force de la centrale, plus de 250 hommes, pas tous Ukrainiens, n'ont pas eu le temps d'aborder. La mission de l'AIEA prend fin le 6 septembre, finalement, il n'y a plus rien à faire dans les parages. Ainsi, ils partiront, laissant derrière eux deux « observateurs ». Soyons clairs, et sans naïveté aucune, que peuvent faire ces deux hommes, j'entends pour la sécurité de la station ? Rien, à part transmettre des renseignements de l'intérieur et faire du recrutement parmi le personnel. Mais c'est une autre question.
Non seulement, Kiev n'a pas pu inclure ses « journalistes » dans la mission de Grossi, devant fournir le bon discours, mais les experts de l'AIEA travaillent sur place avec les représentants de Rosatom. Bref, tant qu'ils sont sur place, ils ne peuvent ouvertement mentir - le moment de vérité va arriver dès leur départ. La réunion prévue au Conseil de sécurité du 6 septembre va être intéressante : soit Grossi va devoir démentir les tortures et parler des tirs ukrainiens, et alors il se trouvera dans la même position qu'Amnesty Internationale, soit il pourra produire le discours attendu de lui, mais sans prise de pouvoir de la centrale et poussant la Russie à moins de conciliation - ce qui n'est objectivement pas dans leur intérêt, puisque la possibilité d'action du monde global à travers l'AIEA dépend directement de la collaboration de la Russie.
Mais peu importe la comm, ce qui est important, c'est ce qui se passe sur le terrain. Et sur le terrain, l'évolution est très intéressante. L'administration de Energodar parle du transfert de la centrale atomique sous contrôle russe et concrètement vers Rosatom. Ce transfert est fondamental, car la situation est cocasse : les Ukrainiens, qui y travaillent, touchent leur salaire de l'institution ukrainienne NAEK, tout en travaillant sous contrôle des Russes et sous les tirs des Ukrainiens.
« À cet égard, il y a beaucoup de nuances, car les gens travaillent pour nous ici, les salaires sont payés là-bas. Il y a un moment social associé à cela. Et, franchement, nous aimerions [que la transition de la centrale nucléaire de Zaporijia sous la pleine supervision de la Fédération de Russie se produise]. Le passage [rapide] de NAEK à la Fédération de Russie, sous tutelle de Rosatom, bien sûr, produira un effet positif, qui sera un tournant. En principe, c'est déjà arrivé, car la commission Rosatom est constamment sur le territoire de la centrale. Et le compte à rebours [jusqu'à] la transition directement sous les auspices de Rosatom était déjà lancé cet été »
Ce serait effectivement une évolution logique et une réponse adéquate à la situation, sans parler de l'incertitude des Ukrainiens, qui travaillent dans la centrale et ont besoin de comprendre, surtout avec le fanatisme de Kiev et sa législation de plus en plus large sur le « collaborationnisme », que la Russie n'est pas de passage, donc qu'ils ne risquent rien.
source : Russie Politics