
Par Nate Bear, le 18 novembre 2025
Les derniers e-mails et SMS d'Epstein confirment que nous sommes gouvernés par une élite sans scrupules, dépourvue d'humanité et d'éthique, qui s'est taillé un État sur mesure, opérant en dehors de toute légalité.
Peut-être avez-vous déjà eu cette impression avant l'affaire Epstein. On peut en effet citer une myriade de preuves circonstancielles pour étayer cette affirmation, mais rien ne vaut la correspondance décomplexée entre les membres de l'establishment pour illustrer ces réalités.
Pour clarifier ce qui a été exposé, des politiciens, des membres de la famille royale, des universitaires, des scientifiques, des banquiers, des financiers, des business angels, bref, toutes les couches de la haute société politique, économique et culturelle, fréquentaient un homme déjà condamné et emprisonné pour viol et trafic d'enfants à des fins sexuelles. Je pense qu'il est inutile de rappeler la chronologie (pour ceux qui n'auraient pas suivi). Ces derniers e-mails et messages entre Epstein et ses amis couvrent la période de 2015 à 2019, soit des années après son plaidoyer de culpabilité et sa condamnation en 2008 pour des crimes sexuels sur des enfants.
Dans ces dernières fuites, deux aspects ont retenu mon attention. D'une part, ils démontrent que les grandes lignes, sinon les détails, des histoires qualifiées de complots sont essentiellement vraies. Ce n'est pas une réflexion particulièrement originale ou poussée, mais je pense qu'elle mérite qu'on s'y attarde. Même si on doit résister à la tentation d'adhérer à des théories du complot farfelues, il faudrait peut-être se demander si les attaques qualifiant l'idée d'un réseau pédophile d'élite de "délire" n'ont pas été délibérément orchestrées pour détourner l'attention.
Ensuite, et c'est selon moi bien plus important, les médias mainstream ne se donnent même pas la peine de tenter une analyse de la situation actuelle. Ces fichiers sont pourtant une mine d'informations. Il s'agit de plus de vingt mille e-mails et SMS échangés entre un trafiquant sexuel condamné et les grands noms de l'élite occidentale. Pour tout journaliste digne de ce nom, c'est une mine d'or. Pourtant, on ne voit que des articles banals énumérant les personnes mentionnées dans les e-mails, le style de reportage insipide des "qui a dit quoi, et quand". D'autres se concentrent de manière obsessionnelle sur l'impact de cette affaire sur Donald Trump. Ne vous méprenez pas, je serais ravi que cela permette enfin de faire tomber Trump. Je pense que nous le serions tous. Cela aurait dû être fait depuis longtemps. Mais ce que révèlent les investigations sur Epstein va bien au-delà de ses implications avec Trump.
Cette affaire d'une portée considérable devrait faire le bonheur des journalistes, mais paradoxalement, c'est cette même portée qui empêche les médias traditionnels de relever le défi. En effet, les messages impliquent et démasquent les structures organisationnelles et les mécanismes de pouvoir élitistes que ces médias ont pour mission de protéger et de servir. Cette affaire soulève des enjeux trop importants pour eux. On devine l'emprise du statu quo libéral dans leur couverture insipide de l'affaire, et leur refus tenace de lever le voile. Car au-delà de l'ombre, la vérité pourrait être trop difficile à accepter pour les mentalités centristes.
Par ailleurs, les médias traditionnels semblent incapables de saisir l'ampleur de cette affaire, car ceux qui gravitaient dans l'orbite d'Epstein sont ceux-là mêmes que les médias traditionnels ne cessent de célébrer : des individus présentés comme les cerveaux du monde libéral. Des gens dont la personnalité, l'intelligence et le discernement sont censés nous inspirer confiance en leur capacité à interpréter le monde, le gérer, le dynamiser et le gouverner.
Les agissements du prince Andrew ne sont que pure diversion. Le véritable intérêt est ailleurs. Les relations d'Epstein avec Bill Gates, l'avocat et universitaire de Harvard Alan Dershowitz, l'ancien secrétaire au Trésor Larry Summers, la conseillère juridique de la Maison Blanche d'Obama Kathryn Ruemmler, les milliardaires du capital-investissement Leon Black et Tom Barrack (l'actuel envoyé spécial au Liban, en Syrie et ailleurs), dont les entreprises détiennent une grande partie de l'économie américaine, sont autrement plus intéressantes.
Le véritable sujet concerne les liens qu'Epstein entretenait avec ces personnes, ces universitaires si intelligents, ces politiciens si sensés, ces financiers et banquiers si sérieux, qui fixent les règles et possèdent nos entreprises, nos maisons et nos dettes. Ce sont les grands cerveaux de la civilisation occidentale, aux mains desquels notre monde est, paraît-il, censé être en sécurité.
Au-delà des noms les plus connus, les messages révèlent de nombreux autres intermédiaires importants et influents pour Epstein. L'un d'eux était Miroslav Lajčák, ministre slovaque des Affaires étrangères et président de l'Assemblée générale des Nations unies pendant la période couverte par les e-mails récemment publiés. Epstein a introduit Steve Bannon auprès de Lajcak, et des centaines de références à des rencontres entre Epstein et "Miro" à Rome, Paris, New York ou dans la Caraïbe.
Melanie Walker, neurochirurgienne et ancienne conseillère de Bill Gates, un autre maillon de la chaîne. Son mari, Steven Siofsky, investit dans les technologies et a été cadre chez Microsoft. Boris Nikolic, investisseur dans les biotechnologies et ancien conseiller scientifique de Bill Gates, comptait également parmi ses contacts. Epstein l'a désigné comme exécuteur testamentaire suppléant dans son testament.
Parmi les autres personnalités considérées comme proches d'Epstein, citons Richard Axel, lauréat du prix Nobel de physiologie, James Watson, codécouvreur de la structure en double hélice de l'ADN, l'historien Noam Chomsky et l'ambassadeur britannique récemment limogé aux États-Unis, Peter Mandelson.
Ce n'est pas tant leur association à Epstein que la teneur de leurs propos qui importe.
Dans un e-mail qui n'a pas encore été rapporté, Walker se vante auprès d'Epstein des failles permettant à la Fondation Bill & Melinda Gates de contourner les règles fiscales. Dans un e-mail datant de février 2017, elle écrit :
"J'ai découvert des failles plutôt cool qu'on va pouvoir exploiter... Par exemple, on peut exercer un contrôle sur les dépenses relatives aux subventions étrangères pour continuer à être considérés comme une organisation caritative". Plus loin dans cet échange, faisant référence à Gates, elle écrit à Epstein : "Dieu seul sait comment il réagira... si les lois fiscales sont appliquées et qu'il est obligé de payer, ça risque de lui coûter cher".
Dans un e-mail particulièrement sordide adressé à Epstein, Nikolic raconte qu'il a dragué une Mexicaine mariée qui l'a repoussé, et plaisante avec Epstein en disant que tout ce qui est bon "est de toute façon déjà en main". Dans un autre e-mail, Nikolic se plaint que Bill Gates ne soutient pas financièrement sa "copine de bridge", qui serait l'ancienne maîtresse de Gates, la Russe Mila Antonova, grande joueuse de bridge.
"L'ex-copine de Bill... Cette histoire éclipserait Trump de la une des journaux... L'homme le plus riche du monde est tellement radin que son ex-copine de bridge et maîtresse dort sur le canapé d'un ami".
Une autre conclusion semble aussi difficile à ignorer : le sionisme, Israël et l'identité juive sont le dénominateur commun à tous ceux qui gravitaient autour d'Epstein. Epstein ne semblait pas afficher de préférence idéologique sur le plan politique. Sa quête de pouvoir l'a vu se lier d'amitié avec les Républicains de Bush, les Républicains de Trump et les Démocrates d'Obama. Mais le fil conducteur est ailleurs. Et ce fil, c'était Israël. Il fréquentait exclusivement des sionistes, dont la plupart étaient juifs, et était particulièrement proche de l'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak. Barak est probablement l'ancien Premier ministre auquel Virginia Giuffre fait référence dans ses mémoires posthumes, en parlant de l'homme qui l'a battue et violée sur l'île d'Epstein.
La suprématie ou l'exceptionnalisme juif, appelez cela comme vous voudrez, ressort à plusieurs reprises dans les e-mails. Dans l'un de ses nombreux échanges avec Steve Bannon, alors que celui-ci évoquait ses besoins en matière d'examens médicaux, Epstein a conseillé à Bannon de consulter son ami, le directeur de la Mayo Clinic en Floride, en disant :
"Souviens-toi : l'argent, la médecine, le droit. Pour JUIFS uniquement". » Bannon a répondu : "Je n'ai consulté que des médecins et des avocats juifs depuis que j'ai quitté mon poste dans la marine".
Un peu avant dans l'échange, Epstein a proposé à Bannon son médecin personnel, un type à l'air effrayant nommé Bernie Kruger, dont la start-up médicale a été présentée en termes élogieux dans le New York Times la même année.
Dans un autre SMS, Bannon a déclaré qu'il "va laisser tomber le terme chrétien dans 'chrétien sioniste'", et Epstein lui a répondu qu'il le consacrera "Juif honoraire". Il y a de quoi sourire, sachant que les médias mainstream se sont acharnés à l'époque sur l'antisémitisme présumé de Bannon. Les médias liberaux ont toujours du mal à admettre ou à comprendre que de nombreux Juifs adhèrent aujourd'hui au sionisme radical, et ont donc plus de points communs avec les néonazis qu'avec les antifascistes.
Epstein était également obsédé par la science raciale et la génétique, et il a rassemblé autour de lui des racistes adeptes de ces théories. L'un d'entre eux était Joscha Bach, un professeur allemand de neurosciences et chercheur en intelligence artificielle à l'université de Cambridge. Non seulement Bach a fait part à Epstein de ses idées sur sa méthode pour "rendre les Noirs plus intelligents", mais il a aussi affirmé que la génétique juive confère aux Juifs "une intelligence et une propension à l'anti-autoritarisme, une créativité et une inventivité" dont les Chinois sont dépourvus. Il y a quelques années, Bach a déclaré que le fascisme allemand n'était pas motivé par la haine, "mais par l'amour, un amour très sélectif". Bach est un éminent universitaire dans son domaine et conseille actuellement les entreprises d'intelligence artificielle (IA) sur l'élaboration de modèles d'IA.
Un raciste et eugéniste de plus à la tête de ce que nous nommons la civilisation occidentale technocratique.
Autre sioniste, raciste et islamophobe mentionné dans les e-mails d'Epstein : l'auteur Bill Siegal. Dans son livre The Control Factor, il affirme que le principal danger pour les sociétés occidentales est l'islam et que nous serons tous victimes du djihad si l'Occident ne se débarrasse pas des musulmans. Son livre a été publié par la grande maison d'édition Bloomsbury.
D'autres propos racistes émanent de la publiciste hollywoodienne Peggy Siegal (sans lien de parenté avec Bill). En 2010, elle a envoyé un e-mail à Epstein pour lui dire qu'elle ne se sent pas bien depuis qu'elle a pris l'avion de l'île de Lamu, au Kenya, pour Nairobi, puis pour Amsterdam, et qu'elle est tombée malade à cause de "tous ces terroristes" qui respiraient son air en classe économique. Elle a ensuite demandé à Epstein s'il a vu
Avatar, "un film sur des marines américains blancs exterminés par des Noirs peints en bleu. Le plus gros succès de tous les temps".
James Watson, généticien et intime d'Epstein, est un raciste notoire. En 2007, il a notamment déclaré être
"intrinsèquement pessimiste à propos de l'Afrique, car toutes nos politiques sociales reposent sur le fait que leur intelligence est la même que la nôtre, alors que tous les tests montrent bien que ce n'est pas vraiment le cas".
Il y a aussi leur façon de communiquer, avec un langage vernaculaire abrégé qui élude plus qu'il n'affirme, un mode de reconnaissance et d'accord implicite plutôt qu'explicite. Des clins d'œil, des allusions linguistiques, quelque chose qui s'apparente à une sorte de code secret.
Le contenu des e-mails d'Epstein permet de clarifier les enjeux. Les super-riches contre tous les autres. Cette affaire devrait contribuer à élucider l'existence de ce qu'Ernst Fraenkel appelait un "double État" : deux États en un, un État prérogatif intégré, fonctionnant indépendamment des lois et des règles de l'État normatif global. Un État réservé au cercle restreint de ceux qui détiennent l'argent, le pouvoir, et l'influence nécessaires pour faire ce que bon leur semble, y compris violer et se livrer au trafic d'enfants.
L'impact potentiel des e-mails d'Epstein devrait inciter à repenser la politique de classe, d'où l'importance de les replacer dans leur contexte et de les interpréter correctement, en évitant de les réduire à des scoops pour tabloïds ou à des sujets de débat stérile pour médias libéraux.
Pour faire simple, Epstein et sa bande avaient, et ont toujours trop d'argent, trop de pouvoir et bénéficient de beaucoup trop d'impunité. Ils peuvent acheter des jets et des îles privés, et s'envoler vers lesdites îles pour commettre tous leurs méfaits. Tous ces privilèges doivent leur être retirés.
Grâce à des mécanismes financiers et sociétaux officiels et officieux, des comptes offshore aux réseaux sionistes, les élites établies se sont dotées d'un État fantôme exempt des règles auxquelles la majorité est soumise dans nos États normatifs. Bien qu'opérant au sein de cet État fantôme, ces élites entendent influencer l'État normatif, car c'est lui qui alimente les privilèges de leur État fantôme.
Selon la version officielle, Epstein n'était qu'une brebis galeuse fréquentant d'autres brebis galeuses.
Il n'en est rien.
Epstein et ses comparses ne sont que les pommes pourries d'un verger empoisonné.
Et déraciner chaque arbre devient une priorité.
Traduit par Spirit of Free Speech