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Recep Tayyip Erdogan en conférence de presse avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis le 13 mai.
«Environ 1 000 membres du Hamas sont actuellement soignés dans les hôpitaux de mon pays.» Le 13 mai, alors qu'il recevait le Premier ministre hellène Kyriakos Mitsotakis à Ankara, dans le cadre d'un réchauffement diplomatique entre la Turquie et la Grèce, Recep Tayyip Erdogan a déclaré de manière inédite que son pays soignait des combattants du parti gazaoui.
Au cours de 𝕏 la conférence de presse, le président turc n'a pas manqué de rappeler sa position à l'égard du conflit à Gaza, qualifiant une nouvelle fois le Hamas d'organisation «de résistance».
«Je ne suis pas d'accord avec votre position, je ne peux pas être d'accord quand tant de membres du Hamas sont tués. L'Occident entier les attaque avec toutes sortes d'armes et de munitions», a-t-il encore ajouté.
Plus de 19 000 tonnes d'aide humanitaire livrées par la Turquie
C'est la première fois que les autorités turques annoncent ouvertement soigner des combattants du Hamas. Depuis le début du conflit, la Turquie se cantonnait à une aide humanitaire. En effet, selon une infographie publiée par Reliefweb qui regroupe les informations humanitaires à travers le monde, le TRC (Turkish Red Crescent) fournit environ 10 000 repas chauds par jour à la population gazaouie via Soup Kitchen de Rafah.
De surcroît, l'action humanitaire turque a envoyé plus de 19 000 tonnes de denrées au cours de neuf expéditions vers le port d'El Arish en Égypte pour rassembler l'aide à destination de la bande de Gaza. Ces données datent du 17 avril dernier. Depuis, La «flottille de la liberté», composée de trois bateaux, est toujours bloquée au port de Tuzla, dans la province d'Istanbul, rapportait fin avril L'Orient-Le Jour.
Ce blocage de l'aide humanitaire turque a provoqué l'ire d'Ankara. En effet, dans un communiqué publié le 2 mai sur la plateforme X (ex-Twitter), le ministère turc du Commerce avait annoncé la fin de toutes ses exportations et importations vers et depuis Israël, en raison de «l'aggravation de la tragédie humanitaire» dans les territoires palestiniens.
«Les transactions d'exportation et d'importation liées à Israël ont été interrompues, couvrant tous les produits», selon le document. Le ministère avait insisté sur le fait qu'il appliquerait «ces nouvelles mesures de manière stricte et décisive», et ce, jusqu'à «ce que le gouvernement israélien autorise un flux ininterrompu et suffisant d'aide humanitaire vers Gaza».
Le chef de la diplomatie israélienne qualifie Erdogan de «dictateur»
Le commerce bilatéral entre les deux pays pesait 6,8 milliards de dollars en 2023, a précisé Reuters. Cette année-là, selon l'Union des exportateurs turcs et l'agence de statistiques Turkstat, les seules exportations turques vers Israël ont représenté 5,43 milliards de dollars.
Cette décision d'Ankara n'avait pas manqué de faire réagir Israël. Le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz s'en est pris ouvertement au président Erdogan. «C'est ainsi que se comporte un dictateur, ignorant les intérêts du peuple et des hommes d'affaires turcs et ignorant les accords commerciaux internationaux», a déclaré le diplomate dans un 𝕏 message posté sur X le 2 mai.
Pour prendre le contre-pied de cette mesure, Israël Katz avait déclaré avoir demandé à son ministère de s'atteler «immédiatement avec toutes les parties concernées du gouvernement» à «créer des alternatives» aux échanges commerciaux avec la Turquie, «en se concentrant sur la production locale et les importations en provenance d'autres pays».