27/08/2019 reseauinternational.net  6 min #160852

Contre le G7, arme de séduction massive pour imposer le capitalisme

Est-ce que le G-7 profite des incendies pour tenter d'internationaliser l'Amazonie ?

par Aram Aharonian.

Les incendies dévastateurs qui ont déjà ravagé près d'un demi-million d'hectares de forêt amazonienne au Brésil ont également mis le feu à la réunion du Groupe des Sept en France et ont brûlé et laissé dans un état critique l'Accord de Libre-Échange signé récemment entre l'Union Européenne et le Mercosur.

Paradoxalement, la capitulation des gouvernements néolibéraux du Mercosur a sauvé la rencontre des sept pays capitalistes les plus industrialisés (États-Unis, Canada, France, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne et Japon) et a donné une impulsion au Président français Emmanuel Macron pour se relancer comme figure internationale de la défense de l'environnement.

Mais le plus remarquable, c'est que dans l'imaginaire collectif international, il a relégué les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) au rang de pays sous-développés incompétents qui ont besoin de la tutelle du monde « civilisé » pour survivre, car s'ils restent seuls ils détruisent la planète.

Les incendies de l'Amazonie se sont propagés avec des risques inattendus dans le domaine de la diplomatie européenne, lorsque le Président français Emmanuel Macron a accusé son homologue brésilien, Jair Bolsonaro, de lui avoir menti sur ses engagements en faveur de l'environnement et annoncé sa décision de s'opposer à l'Accord de Libre-Échange (ALE) entre l'UE et le Mercosur.

Macron a profité de l'énorme incendie en Amazonie, des propos provocateurs de Bolsonaro et surtout de l'absence de réaction intelligente et souveraine des trois autres pays du Mercosur (Argentine, Paraguay et Uruguay), non seulement pour attaquer l'accord secret signé récemment mais aussi pour ouvrir la porte à l'offensive du G-7 pour l'internationalisation de l'Amazonie, « les poumons de la planète » (et, bien entendu, de ses ressources).

La mini-crise diplomatique s'est étendue au reste de l'Europe, et la décision de Macron a été soutenue par l'Irlande. L'Allemagne et le Canada ont également encouragé la discussion sur la question de l'Amazonie. Macron, dans un discours qualifié de manichéen, a souligné qu'à cause de Bolsonaro et de sa politique en Amazonie, il s'opposera à l'accord entre l'Union Européenne et le Mercosur, qui a servi à cacher une fois de plus les responsabilités des sept puissances dans les drames actuels, dont l'inégalité mondiale qu'elles promeuvent.

Selon des documents publiés cette semaine par un site britannique, Bolsonaro et son cabinet inondé de militaires auraient un plan précis pour l'Amazonie : construire une autoroute et une centrale hydraulique au cœur de la jungle, un projet qui remonte à l'époque de la dictature militaire brésilienne (1964-1983).

La réaction du gouvernement français a été prise avec prudence par le gouvernement argentin, qui avait célébré l'Accord de Libre-Échange inégal entre le Mercosur et l'UE, conclu en juin après 20 ans de négociations. Mais le gouvernement néolibéral de Mauricio Macri est en voie de disparition, ce qui rend douteux que cet ALE soit approuvé au Congrès, étant donné l'opposition des syndicats, des entreprises et, surtout, du secteur productif.

Bien sûr, Macron n'a pas parlé du Japon et de sa chasse prédatrice à la baleine, de l'Allemagne et de sa multinationale Bayer, propriétaire de l'écoterroriste Monsanto, de l'Italie et de son mépris de la condition humaine face à la crise des migrants en Méditerranée, et que tous en tant que promoteurs et fournisseurs d'armes qui alimentent les conflits comme celui du Yémen, soutiennent des dictatures et écrasent la région du Moyen-Orient.

Dans un discours plus médiatique que politique, Macron a invité les citoyens à « répondre à l'appel des océans et de la jungle en feu«, sans oublier qu'en raison de sa politique coloniale toujours en vigueur, la France se positionne aussi comme un pays amazonien (pour la Guyane française).

« Nous allons lancer non pas un simple appel mais une mobilisation de tous les pouvoirs » réunis à Biarritz, et ce « en association avec les pays de l'Amazonie pour lutter contre les incendies et investir dans la reforestation«, a-t-il dit.

Toujours Président du Conseil Européen, Donald Tusk a également remis en question la ratification de l'accord commercial entre l'UE et le Mercosur si le Président du Brésil, Jair Bolsonaro, ne combat pas les incendies en Amazonie brésilienne. De même, Tusk a averti que « cela ne facilitera pas » le départ du Royaume-Uni de l'UE sans accord préalable.

Alors que la France et l'Irlande menaçaient de ne pas approuver cet accord, la Finlande, qui préside actuellement l'Union Européenne, a proposé d'imposer des restrictions sur les importations de viande en provenance du Brésil, le deuxième fournisseur mondial de viande, afin de faire pression sur le pays pour préserver l'Amazonie.

« Il n'y a aucune possibilité que l'Irlande vote en faveur de l'accord si le Brésil ne respecte pas ses engagements environnementaux«, a averti le Premier Ministre irlandais Leo Varadkar.

La réaction de Macron s'est produite au milieu d'une tension extrême entre les deux pays, un jour après que Bolsonaro l'ait accusé « d'avoir une mentalité colonialiste«, qui « instrumentalise une question interne du Brésil et des autres pays amazoniens » avec « un ton sensationnaliste qui n'aide pas à résoudre le problème«.

Signé fin juin, l'accord UE-Mercosur, qui créerait un marché de 780 millions de consommateurs, est critiqué non seulement dans les pays du Mercosur, mais aussi en Europe par le secteur agricole de plusieurs pays, mais également par les environnementalistes et les ONG. Les parlementaires européens - en marge du sommet du G-7 - ont mis en garde contre la menace de Bolsonaro de « quitter le Mercosur » si la formule Alberto Fernández-Cristina Kirchner remportait les élections en Argentine en octobre prochain.

Certains analystes européens préfèrent interpréter la crise entre le Brésil et certains pays européens comme un triomphe de Donald Trump, allié de Bolsonaro et sceptique face au changement climatique (comme son imitateur brésilien), ennemi du multilatéralisme, de l'UE et de l'accord UE/Mercosur.

Mais au-delà de l'Accord de Libre-Échange inégalitaire, les Sud-Américains doivent être clairs : derrière les discours sur la protection de l'environnement, dans l'esprit des dirigeants des sept principaux pays capitalistes, se cache l'appropriation des « poumons de la planète » et de ses énormes richesses.

Source :  ¿El G-7 aprovecha los incendios para intentar la internacionalización de la Amazonia?

traduction  Réseau International

 reseauinternational.net

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